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Archive pour la catégorie 'FORD Harrison'

Indiana Jones et le cadran de la destiné (Indiana Jones and the dial of destiny) – de James Mangold – 2023

Posté : 14 juillet, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, ACTION US (1980-…), FANTASTIQUE/SF, FORD Harrison, MANGOLD James | Pas de commentaires »

Indiana Jones et le cadran de la destinée

Quinze ans déjà qu’on avait quitté notre aventurier préféré, vieillissant mais encore fringuant, à l’issue d’un épisode pour le moins faiblard malgré quelques beaux moments. Quinze ans d’annonces et de rendez-vous manqués, et voilà qu’il revient à l’aube du grand âge, et sans le regard d’un Spielberg qu’on croyait immuable. Sans Lucas aussi, ce qui pour le coup est plutôt rassurant.

Et curieusement, ce grand âge et ce regard neuf sont sans doute les meilleures nouvelles de ce cinquième opus tardif (42 ans depuis le premier film quand même) et enthousiasmant, qui nous cueille d’emblée avec une longue séquence introductive qui nous ramène à la grande période de la trilogie originelle. Même époque ou presque (la fin de la guerre en l’occurrence), mêmes ennemis (les Nazis), même rythme effréné, même nonchalance rigolarde d’un Harrison Ford rajeuni numériquement.

L’illusion est presque parfaite. Presque, parce qu’on n’échappe pas tout à fait à une espèce de lissage numérique, qui dresse une petite distance entre l’action et le spectateur. Plutôt bluffant quand même, et mené à un rythme d’enfer par un James Mangold dont on attendait le meilleur, et qui ne nous offre rien d’autre, bien plus qu’un disciple appliqué : un cinéaste enthousiasmant qui garde son identité tout en s’inscrivant ouvertement dans la lignée de Spielberg.

Après ces vingt premières minutes de pure nostalgie, la transition est brutale, et rude. Vingt-cinq ans ont passé. L’archéologue aventurier est désormais un universitaire vieillissant sur le point de sa retraite. Et c’est dans un appartement sans charme de New York qu’on le retrouve, émergeant difficilement d’une nuit trop courte. Corps fatigué, visage accusant ses 80 printemps, voix un peu plus éraillée, regard lessivé par les années et les drames récents de sa vie.

Et là, la claque : qu’un héros aussi mythique, incarné par une aussi grande star, dans une saga aussi importante, assume à ce point son âge, sans tricher, sans même rien en cacher (jamais Harrison Ford n’avait encore dévoilé aussi frontalement les effets de l’âge sur son corps), voilà qui tranche pour le moins radicalement avec le tout venant des grosses productions hollywoodiennes. Et le fait de retrouver d’abord Harrison Ford comme revenu d’une autre époque ne fait que renforcer la brutalité de ce vieillissement, qui sera constamment l’un des thèmes forts du film, si ce n’est son axe central.

Le film de Mangold séduit aussi par son refus de céder à peu près à toutes les tendances mortifères du cinéma hollywoodien actuel : il évite la surenchère gratuite, ne cède pas au fan service jusqu’au-boutiste, et ne tire pas un trait sur les événements du quatrième volet, ce que bien d’autres sagas (de Terminator à Halloween) ne se sont pas gênés de faire. Au contraire : ce qui pouvait sembler être des boulets tout pourris fournissent les éléments les plus émouvants de ce film. Et non, on ne peut pas en dire plus sans gâcher quelques surprises, et une conclusion magnifique qui remuera les fans de la première heure.

Il y a, quand même, tout ce qu’on attend d’un Indiana Jones : des escales dans plusieurs continents, quelques réminiscences des premiers épisodes (le retour de Sallah notamment, dans un rôle modeste mais truculent et nostalgique), des courses-poursuites dans les modes de transport les plus inattendus (séquence géniale dans un tuk tuk à Tanger, séquence rigolote à cheval dans la fameuse parade des héros de la lune à New York), et un artefact aux pouvoirs mystérieux, en l’occurrence un cadran imaginé par Archimède il y a 2000 ans, censé permettre le voyage dans le temps.

C’est généreux et inventif, avec ce petit plus qui change tout : Indiana Jones est vieux. Et il le sait. « Those days are come and gone », lance-t-il à son vieil ami avant de s’envoler pour une aventure qui ressemble furieusement à un ultime baroud d’honneur pour un homme qui se sait en bout de course. Mais il a de beaux restes, pour le moins, et tiens largement sa place dans les nombreux morceaux de bravoure.

Et puis Mangold réussit haut la main là où Spielberg et Lucas avaient échoué en 2008 : avec le sidekick d’Indy, et avec le grand méchant. Oublié l’agaçant personnage de Shia LaBeouf. Dans le rôle de la filleule d’Indiana Jones, Phoebe Waller-Bridge apporte une fraîcheur et une fausse légèreté assez parfaites. Dans celui du Nazi de service, Mads Mikkelsen est formidable, évitant les clichés faciles, et s’imposant comme le méchant le plus fascinant de la saga.

Et cette dernière scène, dont on ne peut rien dire, mais qui assure au personnage une sortie digne de lui. Le film offre deux heures trente de pur plaisir nostalgique. Mais même s’il n’y avait que cette dernière scène, elle justifierait que Harrison Ford renfile son Fedora pour cette cinquième et ultime fois. Et puis, qu’une saga basée sur une idée presque cartoonesque de l’action se conclue sur un épisode abordant frontalement le vieillissement, ça a quand même pas mal de gueule…

* Voir aussi : Les Aventuriers de l’Arche perdueIndiana Jones et le Temple maudit, Indiana Jones et la Dernière Croisade et Indiana Jones et le Royaume du Crâne de cristal.

La Poursuite des Tuniques bleues (A Time for killing) – de Phil Karlson – 1967

Posté : 6 janvier, 2023 @ 8:00 dans 1960-1969, FORD Harrison, KARLSON Phil, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Poursuite des Tuniques Bleues

Grand cinéaste de films noirs, Phil Karlson a aussi signé une poignée de westerns dont l’un, au moins, est formidable : Le Salaire de la violence, tourné en 1958. Plus tardif, cette Poursuite des Tuniques bleues n’est pas du même niveau : on peut lui reprocher quelques faiblesses étonnantes, particulièrement du côté des personnages.

Celui de Glenn Ford pour commencer, censé être le héros du film, et qui traverse une grande partie de l’histoire dans une sorte d’apathie incompréhensible. Hormis la première et la dernière séquences, il se contente d’être là, comme emprunté dans un uniforme yankee trop lourd, ou trop étroit… Difficile aussi de comprendre l’importance laissée à deux duos de soldats quasi-comiques (deux Confédérés qui passent le film à se battre, deux Nordistes qui tentent d’échapper à l’action) dans un film aussi sombre…

Parce qu’il est sombre ce film. Malgré son apparente simplicité (des prisonniers sudistes s’évadent, des soldats nordistes les pourchassent), le film de Karlson, écrit par le scénariste de 3h10 pour Yuma (un rôle autrement plus mémorable pour Glenn Ford), s’avère un pamphlet pacifiste assez fort, et d’une amertume surprenante. Si l’apathie de Ford est si gênante, c’est que son personnage semble d’abord très prometteur : cet officier forcé de donner la mort pour obéir aux ordres d’un officier déshumanisé.

Dans cette première scène, véritable moment de torture morale, le regard de Ford émeut par la lassitude qu’il dégage : alors que la guerre de Sécession touche à sa fin, la mort qui continue à frapper paraît plus absurde et révoltante que jamais. Dans cette scène très forte, qui semble annoncer une filiation avec Le Bon, la brute et le truand (les prisonniers massés derrière un grillage), un autre Ford apparaît brièvement : Harrison, dix ans avant Star Wars, tout jeune et tout débutant.

La suite du film n’est pas tout à fait à la hauteur, mais réserve de belles surprises. Karlson réussit en tout cas à faire émerger des bribes d’humanité dans cette longue poursuite pleine de violence. Il filme des personnages fatigués, des hommes simples pour la plupart, qui ne demandent qu’à rentrer chez eux (jamais vu des soldats au cinéma réclamant à ce point de rentrer chez eux), mais contraints par des officiers aveuglés par leur devoir, ou leur rancœur : George Hamilton, pas mal en Sudiste que l’on sent tiraillé entre son envie de tuer et des restes d’humanité qui affleurent…

Et au milieu, une jeune femme, jouée par Inger Stevens, qui pourrait n’être qu’un argument charme comme il y en a tant dans l’histoire du western, mais qui s’avère beaucoup plus intéressante, beaucoup plus centrale. Sans dévoiler la fin du film, on peut quand même souligner ce dernier plan, lorsque la caméra se retrouve soudain au-dessus de la scène, cadrant Inger Stevens et Glenn Ford si proches, et si loin. Karlson est un cinéaste puissant.

Ennemis rapprochés (The Devil’s Own) – d’Alan J. Pakula – 1997

Posté : 2 avril, 2021 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, FORD Harrison, PAKULA Alan J. | Pas de commentaires »

Ennemis rapprochés

La grande critique, à la sortie en salles, voulait que Harrison Ford et Brad Pitt donnent l’impression de jouer dans deux films différents. C’est assez vrai, mais la critique semble assez injuste, à vrai dire. Pas que le film ne mérite pas de critique : il est effectivement à moitié convaincant, seulement, et donne bien souvent le sentiment de rater sa cible.

Mais cette impression de deux grands acteurs qui se croisent sans se comprendre vraiment est, au fond, le sujet même du film. D’un côté, Brad Pitt, figure de l’IRA armée qui vit dans la violence et la mort depuis que son père a été abattu sous ses yeux alors qu’il n’était qu’un gamin (ce qui nous donne un prologue en forme de compilation de clichés irlandais). De l’autre, Harrison Ford, flic new-yorkais d’origine irlandaise, droit comme la justice, bon père de famille, habité par des idéaux dont il ne dévie jamais, et qui n’a jamais tiré sur qui que ce soit en vingt-trois ans de police…

Comment voulez-vous que ces deux-là se comprennent vraiment, alors qu’ils vivent dans des univers si radicalement différents ? Le premier côtoie la violence au quotidien, le second ne la comprend plus et n’aspire qu’à une vie de famille rangée dans son paisible quartier pavillonnaire du New Jersey. Le sujet est fort, et assez beau. Il donne lieu à quelques très belles scènes, parce que ces deux-là, s’ils ne se comprennent pas, s’aiment d’un amour filial.

C’est parfois beau, donc, et c’est parfois lourdement appuyé. Très lourdement, comme cette réplique finale qui fait lever les yeux au ciel : « On n’a jamais eu le choix, ni toi, ni moi ». Franchement, quand un réalisateur arrive sur le plateau en devant filmer un tel dialogue, dans un tel contexte, ne doit-il pas comprendre qu’il ferait mieux de retravailler son scénario ? Quelque chose, en tout cas, quine soit pas si abêtissant pour le spectateur (des fois qu’on n’aurait pas compris ce qui se joue).

Ford est très bien, mais en terrain connu. Pitt est d’une intensité assez émouvante. La rencontre de ces deux-là ne fait pas vraiment d’étincelles, mais elle évite au moins les sentiers battus. Pakula, finalement, signe une réflexion pas si facile sur la violence et ses effets, et sur les chemins qu’impose la vie. « On n’a jamais eu le choix »

Firewall (id.) – de Richard Loncraine – 2006

Posté : 28 janvier, 2021 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, FORD Harrison, LONCRAINE Richard | Pas de commentaires »

Firewall

En 2006, Harrison Ford a 64 ans, et n’a plus connu de gros succès personnel depuis pas mal de temps. Son dernier film, Hollywood Homicide, a été tourné trois ans plus tôt et n’a pas laissé de grands souvenirs, et il ne tournera plus avant de renfiler le Fedora d’Indiana Jones, deux ans plus tard. Bref, Harrison Ford est au creux de la vague, et semble ne plus vraiment savoir quoi faire de sa carrière.

Alors il cherche à retourner dix ou quinze ans en arrière, à une époque où chacun de ses films rencontrait son public. A une époque aussi où on attendait le Harrison Ford de l’année avec enthousiasme, et en sachant qu’on y retrouverait sa patte à lui, cette capacité qu’il a d’incarner des maris sans histoire embarqués dans des histoires qui le dépassent.

Firewall est un thriller qui fleure bon les années 90. Autrement dit : le film ne révolutionne pas le genre, et offre un suspense sans surprise, confortable, et plutôt efficace. Ou : Harrison Ford est en terrain connu, et ne surprend pas. Mais il convainc, comme toujours, et c’est sur les détails que ça se joue.

Lui qui incarne mieux que quiconque l’image de l’aventurier intrépide et audacieux quand il joue les archéologues réussit à être crédible en informaticien dépassé. Et incapable de sauter d’un mur de deux mètres sans se vautrer lamentablement.

Firewall ne vaut d’ailleurs que pour lui. Entre de bons acteurs qui n’ont pas grand-chose à jouer (Virginia Madsen, Alan Arkin, Robert Forster, Robert Patrick) et un scénario qui n’évite pas les énormes ficelles (le coup du collier du chien… sérieusement?!), Richard Loncraine mène sa barque sans génie, mais sans provoquer l’ennui. Voilà.

L’Appel de la forêt (The Call of the Wild) – de Chris Sanders – 2020

Posté : 9 avril, 2020 @ 8:00 dans 2020-2029, FORD Harrison, SANDERS Chris | Pas de commentaires »

L'Appel de la forêt

Il y a tout ce qu’on attend d’un grand film d’aventures familial dans cette adaptation de Jack London. Des grands sentiments, de l’action, de l’émotion, des paysages splendides, des tas de rebondissements… Cahier des charges parfaitement rempli, pourrait-on souligner cyniquement. Certes, rien ne manque ici. Et ce n’est pas ce film qui bousculera les codes du film d’aventure. C’est une manière de voir les choses, qui a du vrai.

Il y en a une autre : celle du père qui partage un beau moment d’émotion au cinéma avec son fils. Conscient d’être devant un spectacle pas révolutionnaire, mais profondément généreux. Chris Sanders signe une mise en scène ample et spectaculaire, qui met en valeur une nature splendide : celle du Yukon des chercheurs d’or et des pionniers. Un retour à la nature d’une belle sincérité, sujet archi-rebattu qui reste percutant.

Les effets spéciaux sont bien un peu encombrants. Buck, le héros canin du film, est une pure création numérique. Normal, vu ses mimiques et ses réactions si précises. Mais même si sa perfection manque un peu de spontanéité et de naturel, il séduit ce Buck, révélant le meilleur des autres personnages : les autres animaux (numériques itou), mais aussi ses maîtres successifs, Omar Sy (en postier du grand Nord) et Harrison Ford, très bien dans son premier rôle original depuis cinq ans, celui d’un homme qui cherche la solitude dans les grands espaces déserts.

En vieil aventurier qui en a encore sous le pied, Harrison Ford émeut et enthousiasme. À le voir descendre des rapides en canoë ou crapahuter dans la neige, on en vient à rêver de le revoir un Fedora sur la tête et un fouet à la main.

L’Ascension de Skywalker / Star Wars, épisode IX (Star Wars : Episode IX – The Rise of Skywalker) – de JJ Abrams – 2019

Posté : 21 février, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, ABRAMS J.J., FANTASTIQUE/SF, FORD Harrison | Pas de commentaires »

Star Wars 9 L'Ascension de Skywalker

Avec l’épisode 7, JJ Abrams avait signé une suite à la fois réussie et trop, beaucoup trop respectueuse. Cinéaste de la déférence par excellence (et pas seulement pour Super 8, son hommage énamouré à Spielberg), l’homme ne s’est jamais départi de sa logique de créateur de séries TV. Tous ses films, ou presque, relèvent de cette logique, avec souvent le sentiment qu’il veut s’inscrire dans un tout plutôt que bousculer les codes.

Tout ça pour dire que, malgré un épisode 8 qui avait été une agréable surprise, cet épisode 9 ne présageait rien de franchement excitant. Le vague plaisir de retrouver une dernière fois Luke, Leia et Chewie, peut-être. Et un intérêt encore plus vague pour le destin réservé aux nouveaux héros qui, sans jouer les vieux cons, n’ont jamais réussi à faire oublier ceux de la trilogie originelle.

Dès les cinq premières minutes, Abrams surprend donc très positivement. Loin de l’aspect bien trop sage de sa première participation à l’univers de Star Wars, il ouvre cette conclusion par des images d’une noirceur abyssale. On sent d’emblée que la mort sera un élément central du film, et c’est bien à la mort que l’on doit les éléments les plus forts.

La présence de Carrie Fisher est, en soi, particulièrement troublante. L’actrice est morte avant le tournage de cet épisode 9, mais son personnage de Leia est bien présente, grâce à des scènes pas conservées dans les deux films précédents. A l’inverse, des personnages morts et enterrés sont de retour, pour de simples apparitions, ou pour des rôles centraux : ce sera même le grand méchant, qui rassemble une armée de morts sortant de l’ombre dans une séquence franchement impressionnante, qui ne ressemble à aucune autre de la saga.

JJ Abrams semble vouloir rattraper les erreurs de son épisode 7, à commencer par la disparition frustrante de Han Solo. Surtout, il ose ce qu’il n’avait pas oser auparavant : inventer de nouvelles formes, de nouveaux motifs. Il imagine l’affrontement à distance de deux Jedi, assez fascinant. Et filme une analogie troublante avec la nuit de cristal, dans cette scène nocturne sur la planète où Poe Dameron retrouve son passé, et où on découvre la population martyrisée par les troupes de l’Empire.

Finalement, les personnages historiques sont relégués à de courtes apparitions, toutes marquantes (on oubliera quand même le cadeau fait à Billie Dee Williams qui retrouve son personnage de Lando Calrissian pour ne pas en faire grand-chose). Et l’intrigue se resserre sur le trio formé par Rey (Daisy Ridley), Finn (John Boyega) et Poe (Oscar Isaac) et sur le duel fratricide entre Rey et Kylo Ren (Adam Driver). Deux aspects qui peinaient à convaincre vraiment jusqu’à présent, et qui prennent enfin une nouvelle dimension. Réjouissant.

La saga Star Wars

A propos d’Henry (Regarding Henry) – de Mike Nichols – 1991

Posté : 16 octobre, 2019 @ 8:00 dans 1990-1999, FORD Harrison, NICHOLS Mike | Pas de commentaires »

A propos d'Henry

Un avocat sans scrupule, père et mari peu aimant, se prend une bastos dans la tête au soir d’une journée bien pourrie. Il survit, mais se réveille privé de la parole, cloué dans son lit et amnésique. Il réapprend peu à peu et réalise qu’il n’aime pas l’homme qu’il était…

Sur le papier, du bon gros mélo qui tâche. A l’écran, une chronique belle, juste et assez délicate portée par l’interprétation tout en sensibilité d’Harrison Ford, magnifique et tout en retenu. Même si, dans ce rôle aux antipodes du thriller, l’acteur réussit à glisser un plan où, l’index tendu, il se mesure à un adversaire (sa fillette, cette fois). On ne se refait pas.

Le scénario, pourtant, n’évite pas totalement les clichés : faire du personnage principal un avocat cynique et froid, mauvais père de famille, est une facilité qui aurait pu peser sur tout le film. Les premières scènes, d’ailleurs, sont un peu lourdes. Mais dès que le réalisateur s’attache aux petites choses de la rééducation, et du retour à la vie, le film devient délicat et beau.

Grâce, en partie, au beau couple formé par Annette Benning et Harrison Ford, deux acteurs tendres et impeccables. C’est du pur mélo, oui, avec tout ce qu’on en attend, y compris le joli chien indispensable pour toute famille américaine digne de ce nom. On devrait s’en agacer, mais non : séduit, qu’on est, par la délicatesse de l’histoire, et par l’interprétation de Ford.

Mosquito Coast (The Mosquito Coast) – de Peter Weir – 1986

Posté : 2 juillet, 2018 @ 3:03 dans 1980-1989, FORD Harrison, WEIR Peter | Pas de commentaires »

Mosquito Coast

Après l’excellent Witness, Peter Weir et Harrison Ford rempilent pour ce beau film d’aventures et d’obsession, qui fut l’un des seuls échecs publics de Ford durant cette décennie incroyable pour lui (deux Star Wars, trois Indiana Jones, un classique absolu de la SF, jetez donc un œil à sa filmo). Échec injuste, ne serait-ce que pour l’acteur, dont la prestation est l’une de ses plus intenses.

Américain moyen un peu lunaire, père de famille et inventeur du dimanche, révulsé par la société capitaliste et ses pièges dont il veut se défaire radicalement, il embarque sa femme, ses enfants et une machine de son invention qui fait de la glace sans électricité, direction la forêt vierge où il a acheté une « ville » perdue au cœur de la jungle. Et où il s’emploie à construire une machine à glace géante, qui domine cette micro-société comme une espèce de dieu omnipotent.

Cette aventure a tout du voyage obsessionnel, une sorte d’Apocalypse Now familial qui ne prend jamais le spectateur dans le sens du poil. La symbolique n’est pas légère : plus la famille s’enfonce profondément dans la jungle, plus le père s’enferme dans la folie et l’obsession. Mais Weir est un excellent réalisateur, qui sait tirer le meilleur parti de ses décors (naturels), et qui sait surtout filmer des personnages dans toute leur complexité.

Ford est extraordinaire, donc, mais le pivot du film, c’est son fils, joué par la comète River Phoenix (qui jouera Indy jeune dans La Dernière Croisade), tantôt acteur, tantôt spectateur impuissant au regard bouleversé et bouleversant. Jusque dans ses imperfections, avec ses quelques lenteurs et ses outrances, Mosquito Coast est un film fascinant et déchirant.

Blade Runner 2049 (id.) – de Denid Villeneuve – 2017

Posté : 7 avril, 2018 @ 8:00 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, FORD Harrison, VILLENEUVE Denis | 2 commentaires »

Blade Runner 2049

S’il y a une suite qu’on n’attendait pas, c’est bien celle-ci. Trente-cinq ans après le classique de Ridley Scott (c’était l’époque où le cinéaste était un grand inventeur de formes, remember ?), Dennis Villeneuve s’attaque à ce monument de la science-fiction avec le soutien de Scott, certes, mais aussi avec l’assurance d’un talent bien affirmé depuis quelques films.

Bref, Villeneuve y va sans complexe. Son Blade runner 2049, dont l’intrigue se déroule trente ans après le premier film, est bel et bien une suite : l’ancien traqueur de répliquants Rick Deckard (Harrison Ford) est d’ailleurs toujours de la partie, on a droit à une courte (et dispensable) apparition de Gaff (Edward James Olmos), et les références au film original sont omniprésents.

Mais Villeneuve signe un film qui est avant tout le sien. Ridley Scott, d’ailleurs, n’a pas été tendre avec lui, regrettant la longueur du métrage et les lenteurs de l’intrigue. C’est pourtant dans ces « lenteurs » que repose une grande partie du charme du film, dans cette manière de transformer un blockbuster en une quête métaphysique dont le moment le plus spectaculaire est une bagarre à mains nus dans l’eau…

On caricature à peine : comme l’errance nocturne de Deckard autrefois, celle du répliquant-tueur de répliquants Ryan Gosling a tout de la dérive désabusée. C’est lui désormais le personnage central : Deckard, disparu depuis longtemps, est devenu une sorte de mythe que l’on ne retrouvera, dans un drôle d’état et dans une drôle de retraite, que tardivement.

Ce changement de perspective est particulièrement réussi, et permet de creuser une idée déjà bien présente dans le premier film : et si c’était dans les Répliquants, cette création de l’homme, que se trouvait désormais la plus grande part d’humanité ? Les interrogations de L (Gosling) renvoient ainsi à celles de Rutger Hauer, et son histoire d’amour avec son hologramme fait joliment écho à celle de Deckard avec Rachel, centrale ici encore.

Cette histoire d’amour sans contact possible est peut-être la plus belle idée du film, celle qui donne les moments les plus émouvants, les plus humains, et les plus désespérés.

Visuellement, le film est aussi une grande réussite, qui réussit à la fois à être cohérent avec son modèle tout en s’en détachant constamment. Ce Blade Runner 2049 est plus lumineux, et joue d’avantage sur les contrastes d’atmosphères, passant d’une lumière grise et morne à une pénombre jaune du plus bel effet.

Villeneuve multiplie aussi les références au premier film, comme des motifs réminiscents : les répliquants qui passent à travers les murs, les petits animaux en bois qui évoquent les origamis, ou le contact si vivant avec les éléments (que ce soit la pluie ou la neige). Des plans, des cadrages, quelques clins d’œil… Villeneuve accepte la filiation, tout en affirmant sa singularité.

Quant à la fin, elle laisse un rien dubitative. Comme le personnage de Deckard, d’ailleurs. Et là, plusieurs jours après avoir vu le film, et aussi passionnant soit-il, aussi enthousiasmant aussi, une question me taraude encore : cette suite était-elle nécessaire ? Ne risque-t-elle pas d’égratigner la perception que l’on a du chef d’œuvre originelle ? Ou encore, va-t-elle en renforcer encore l’impact ? Il faudra peut-être laisser le temps répondre à ces questions…

Conversation secrète (The Conversation) – de Francis Ford Coppola – 1974

Posté : 20 juin, 2017 @ 8:00 dans * Espionnage, 1970-1979, COPPOLA Francis Ford, FORD Harrison, Palmes d'Or | Pas de commentaires »

Conversation secrète

Entre deux Parrains ici et ici (et deux Oscars du meilleur film), Coppola change radicalement de style (et décroche une Palme d’or). Au lyrisme sublime de ses films sur la mafia (ou, plus tard, de son grand œuvre sur la guerre du VietNam, Apocalypse Now), le cinéaste oppose cette fois un minimalisme qui a souvent fait dire que Conversation secrète était un film plus personnel dans sa carrière.

C’est sans doute faux, mais le fait est que la réussite de ce film apporte une autre dimension à la filmographie de Coppola, qui n’est donc pas que le cinéaste de l’emphase et de la surenchère. Cela dit, c’est bien le triomphe (critique et populaire) du Parrain qui a permis à Coppola de mettre en images ce scénario qu’il avait écrit plusieurs années auparavant.

Dès la scène d’ouverture, ont sent que le réalisateur, également producteur, est dépouillé de toute contrainte. Cela commence donc par une séquence aussi énigmatique que virtuose, qui reviendra tout au long du film, un peu sur le modèle de Blow Up (ou plus tard de Blow Out) : divers objectifs et micros sont braqués sur une place bondée et tentent d’accrocher la conversation qui se noue entre un homme et une femme, tandis qu’un troisième larron les observe sans en avoir l’air.

On est alors en pleine crise du Watergate (même si le film a été écrit avant), et l’Amérique renoue avec la paranoïa post-Dallas. Conversation secrète donne corps à cette politique de l’intrusion et des écoutes illégales, avec une intrigue complexe entièrement basée sur la paranoïa, où la violence n’est jamais plein écran, mais où le danger semble pouvoir sortir de n’importe quel visage avenant. Le (petit) rôle du tout jeune Harrison Ford est en cela très marquant : sa seule présence, même s’il ne fait pas grand-chose pour cela, fait naître un profond malaise.

Le film démystifie aussi cette paranoïa, cette image d’une puissance cachée omniprésente et toute puissante. Car la « main armée » des écoutes, incarnée par un Gene Hackman formidable, est lui-même la première victime de ces intrusions dans la sphère privée. Un homme dont la vie tourne entièrement autour de celles des autres, de personnes qu’il ne connaît qu’à travers des écrans, et qui s’enferme de plus en plus dans une solitude pathétique.

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