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Archive pour la catégorie 'SAVILLE Victor'

Cette nuit et toujours (Tonight and every night) – de Victor Saville – 1945

Posté : 21 janvier, 2022 @ 8:00 dans 1940-1949, COMEDIES MUSICALES, SAVILLE Victor | Pas de commentaires »

Cette nuit et toujours

Que voilà une heureuse surprise. De ce film musical, je n’attendais pas grand-chose d’autre qu’une poignée de numéros chantés et dansés, ce qui aurait déjà pu suffire à mon bonheur, étant assez fan de Rita Hayworth, et conscient que la belle était sur le point d’enchaîner (ou presque) ses deux plus grands films dans un tout autre genre : Gilda et La Dame de Shanghai.

Elle est, bien sûr, somptueuse, Rita Hayworth, à rendre n’importe quel personnage complètement dingue. Elle en séduit bien un ou deux dans ce film, hommage appuyé à un cabaret londonien n’ayant jamais fermé ses portes durant la guerre, pas même aux pires moments des bombardements.

Beau sujet, dont on pouvait craindre quand même qu’il se limite à une succession de numéros, avec un vague fil conducteur. C’est d’ailleurs ce que le début du film semble annoncer, avec la présence d’un photographe du magazine Life qui fait un reportage-prétexte dans les coulisses du théâtre. Le film est beaucoup plus que ça. Les numéros sont nombreux, et ils sont filmés dans leur intégralité, avec leur existence propre. Mais ils s’inscrivent dans un beau mouvement général, avec de vrais enjeux dramatiques.

Le film est séduisant, porté par les superbes couleurs du chef op Rudolph Maté, chaudes et cosy, comme l’appartement très londonien de l’amoureux joué par Lee Bowman. Il n’est pas parfait, non plus. On y trouve de jolis morceaux musicaux qui auraient mérité d’être filmées avec plus de vie, des seconds rôles à peine survolés, et quelques excitantes mais bizarrement à peine ébauchées.

Parmi les beaux moments, on retiendra la demande en mariage, et la manière dont la copine commence « I’ll be… » sans oser finir sa phrase en réalisant qu’elle parle à un prêtre… Un moment curieux, aussi, où le film musical se transforme brièvement en comédie musicale, où les personnages se mettent à chanter en coulisses, dans leur quotidien. C’est le moment où la frontière se lève entre la scène et la vie, où les comédiens décident de dormir sur place pour ne pas voir leurs nuits constamment écourtées par les alarmes.

Le Mystère de la section 8 (Dark Journey) – de Victor Saville – 1937

Posté : 3 juillet, 2015 @ 2:07 dans 1930-1939, SAVILLE Victor | Pas de commentaires »

Le Mystère de la section 8

Plein de bien belles choses dans ce film d’espionnage pré-World War II, dont l’action se déroule durant la Grande Guerre, mais dont on sent bien qu’il est produit pour mettre en garde contre l’imminence d’un nouveau conflit mondial.

La première bonne idée est d’avoir situé la plus grande partie de l’intrigue dans une Suède qui revendique sa neutralité, et où se retrouvent tous ceux qui tentent d’échapper à la guerre en cours en Europe. A commencer par cette maison de haute couture qui sert de couverture à une espionne au service des Anglais, et où une employée française et une employée allemande ne cessent de s’envoyer des pics… Une ville neutre, mais où chacun semble participer à sa manière à l’effort de guerre, en jouant double-jeu.

Un double-jeu poussé à l’extrême puisque notre espionne anglaise tombe amoureuse de celui qu’elle doit démasquer : le chef d’un réseau d’espionnage à la solde des Allemands. C’est cette romance impossible qui donne les plus beaux moments du film, en particulier le moment où les deux espions tombent enfin le masque. « Enfin, plus de mensonges » soufflent-ils, tout en ayant conscience que se dévoiler leur identité respective officialise pour de bon leurs statuts d’ennemis.

Dans le rôle de l’espionne, Vivien Leigh est superbe, comme toujours, d’une justesse et d’une intensité absolues. Conrad Veidt est parfait lui aussi, incarnant merveilleusement cette vieille rigidité teutonne qui s’effrite légèrement mais sérieusement devant cet amour inattendu qui le trouble, jusque dans cette incroyable séquence de bataille navale qui sépare les amants, peut-être pour mieux les sauver.

La réalisation, hélas, n’est pas totalement à la hauteur de ce beau sujet. Un peu trop raide pour le coup, et manquant par moments cruellement de rythme. La complexité du scénario dans la première partie méritait un peu plus d’allant et de folie, que Saville ne parvient que rarement à donner à son film. Un film qui tient avant tout pour le scénario et les acteurs, qui font bien mieux que sauver les meubles.

 

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