Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour août, 2021

Vivement dimanche ! – de François Truffaut – 1983

Posté : 31 août, 2021 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1980-1989, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Vivement dimanche

Truffaut tire sa révérence (très prématurément) sur une série noire, l’un de ces films de genre inspirés de la littérature anglo-saxonne qui ont émaillé sa carrière depuis Tirez sur le pianiste. Il renoue d’ailleurs avec un noir et blanc au grain très semblable.

C’est peut-être le plus classique de ses polars, le plus simple dans sa narration. Cette histoire d’une secrétaire qui risque tout pour innocenter son patron bien peu reconnaissant, accusé de meurtres, est aussi le plus hitchcockien des films de Truffaut, grand admirateur du maître.

Le mélange de suspense et de légèreté, le thème du faux coupable, le rythme, le personnage même de la secrétaire, qui serait allé comme un gant à la blonde Grace Kelly. Mais pour Truffaut, c’est la brune Fanny Ardant qui s’y colle, tout juste sortie du superbe La Femme d’à côté.

Tout le film tourne autour d’elle, reléguant le patron Jean-Louis Trintignant à un rôle d’observateur constamment bousculé et débordé par la tornade Ardant. Elle est de toutes les scènes, ou presque, et c’est elle le vrai sujet du film, ou plutôt l’amour que lui porte Truffaut, qui la filme comme personne.

Chaque plan semble caresser le visage de Fanny Ardant, souligner la douceur et la sensualité de sa silhouette, l’insolence irrésistible de son regard et de son sourire. Ce film, c’est une déclaration d’amour par caméra interposé.

Fahrenheit 451 (id.) – de François Truffaut – 1966

Posté : 30 août, 2021 @ 8:00 dans 1960-1969, FANTASTIQUE/SF, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Fahrenheit 451

Les dernières images sont d’une beauté saisissante : ce bal des « hommes-livres » qui se croisent en disant des trésors de la littérature, comme étouffés par la partition de Bernard Herrmann. Ou comment, par la force des images et de la musique, crier son amour des livres…

Pari quand même très audacieux que celui de Truffaut, qui se lance dans l’adaptation d’un classique de la science-fiction, genre auquel on ne l’aurait jamais associé spontanément. Bien sûr, ce n’est pas n’importe quel classique qu’il choisit d’adapter, mais celui de Ray Bradbury, qui décrit un monde où la lecture est prohibée, et les livres systématiquement brûlés par les pompiers, qui n’éteignent plus les incendies depuis bien longtemps.

La rencontre de Truffaut et de la SF laisse dubitatif pendant environ une minute trente, lorsque le film s’ouvre sur le véhicule des pompiers qui sort de sa caserne. Là, le style futuriste rétro fait craindre le pire. Et c’est vrai que ce n’est pas dans la mise en image du futur qu’il est le plus convaincant. Truffaut a certes tourné avec Spielberg (c’était pour Rencontre du troisième type), mais ce dernier est nettement plus convaincant quand il s’agit de créer un univers visuel futuriste. Comparer leurs deux visions des hommes de loi volants est assez cruel pour le Français.

Mais ces scènes sont rares, et finalement assez anodines. Truffaut, le littéraire, l’amoureux des livres et des mots, signe avant tout un grand cri d’amour pour la littérature. Mieux : pour l’éveil au plaisir de lire, à travers le regard d’Oskar Werner, sorti de Jules et Jim, parfait en pompier pyromane qui finit par s’interroger sur le bien fondé de son métier, et par ouvrir un livre en cachette, d’abord avec curiosité, puis avec passion.

Belle idée d’avoir confié à Julie Christie deux rôles, deux facettes opposées de la femme, comme un double symbole de la vie qui s’offre au personnage principal. Belle idée aussi d’ouvrir le film sur un générique parlé, pour nous introduire à ce monde où l’écrit n’a pas le droit de cité. Curieusement, Fahrenheit est peut-être le plus taiseux des films de Truffaut, qui préfère l’évocation, voire l’invocation.

La séquence où la belle bibliothèque est découverte, et brûlée, et où apparaissent les couvertures de tant de chefs d’œuvre, ou de nanars, et même le Mein Kampf d’Hitler, est superbe, déchirante dans ce qu’elle dit de la liberté et du libre-arbitre. En opposant les écrans envahissants et abrutissants à la beauté inspirante des livres, Truffaut signe un film qui paraît aujourd’hui encore, au moins sur le fond, vraiment d’actualité.

L’Amour en fuite – de François Truffaut – 1979

Posté : 29 août, 2021 @ 8:00 dans 1970-1979, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

L'Amour en fuite

Antoine et Christine divorcent. Ils sont même le premier couple à divorcer par consentement mutuel, signe une nouvelle fois que la saga Doinel est aussi pour Truffaut une manière d’illustrer l’air du temps. Aussi, mais avant tout, Antoine Doinel reste ce gamin mal aimé par ses parents, éternellement marqué par une jeunesse pas heureuse, constamment à la recherche de sa place dans le monde. Le double parfait et inoubliable du cinéaste.

Forcément, cet ultime film de la sage a quelque chose de testamentaire, même si Truffaut était encore jeune (on imagine ce qu’il aurait pu continuer à filmer depuis quarante ans, avec Jean-Pierre Léaud, son alter ego des premiers temps) et qu’il tournera encore quelques grands films dans le court temps qui lui restait à vivre. Etrangement testamentaire même : Doinel n’a que 35 ans environ, mais déjà à l’heure du bilan, les extraits des quatre premiers films émaillant le récit.

Récit un rien nostalgique, même si tourné vers l’avenir, et la vie. Doinel retrouve les femmes qui ont marqué sa vie : Christine (Claude Jade) et Colette (Marie-France Pisier), et les regards sont emplis d’une tendresse qui n’existe plus que dans les souvenirs. Et ses ex n’ont qu’un désir : qu’Antoine s’engage vraiment avec sa nouvelle petite amie, interprétée par une toute jeune Dorothée, comédienne éphémère et charmante.

Beaucoup d’extraits des précédents films, donc, mais L’Amour en fuite n’est pas pour autant une compilation, ou un film passéiste. Mais Truffaut semble tourner une page, faire ses adieux au personnage en revenant sur son parcours, avec un regard forcément subjectif (Doinel a publié un livre, présenté comme un roman, qui raconte sa jeunesse et ses amours) qui donne une épaisseur inédite à tout son parcours.

L’Amour en fuite n’existe que par les films qui ont précédé. Mais il leur donne également une nouvelle dimension, comme un accomplissement tardif pour Truffaut ou Doinel, vingt ans tout juste après leurs premiers pas conjoints. Mal aimé, mal compris sans doute, L’Amour en fuite referme en beauté l’une des sagas les plus passionnantes du cinéma français.

Domicile conjugal – de François Truffaut – 1970

Posté : 28 août, 2021 @ 8:00 dans 1970-1979, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Domicile conjugal

Deux ans seulement séparent Baisers volés et Domicile conjugal, mais ces deux ans représentent beaucoup dans la saga d’Antoine Doinel. Le jeune homme qui passait d’une femme à l’autre, d’un métier à l’autre, comme incapable de s’installer, est désormais un homme marié, sur le point de devenir père. Une nouvelle étape dans son parcours d’homme. Pas la dernière, forcément.

Le cinéma de Truffaut ne cesse de le démontrer : le réalisateur n’est pas homme à se contenter d’une situation, si belle soit-elle. Antoine Doinel est heureux, bien marié, bien entouré. Mais il reste profondément ce gamin mal aimé, plein de troubles, qui n’envisage l’amour que comme un tout, tombant amoureux moins de la femme que de tout son univers, y compris ses parents, et leur amour parental qui lui a tant marqué.

Il est touchant, Doinel, éternellement prisonnier de ses manques enfantins. Quittant sa femme (la douce Claude Jade, promesse d’une stabilité impossible) pour une aventure avec une Japonaise dont l’exotisme ne cesse de le décevoir, il n’a peut-être jamais été aussi proche de celle dont il s’éloigne pourtant inexorablement.

Avec Domicile conjugal, Truffaut filme l’absurdité des drames de l’âge adulte. L’enfance n’est jamais très loin finalement. Le nouveau travail de Doinel le prouve : embauché par un groupe américain pour piloter des maquettes de bateau destinées à on ne sait trop quoi. Job absurde, qui annonce avec beaucoup plus de dérision et de légèreté celui de Depardieu dans La Femme d’à côté.

Absurde, tendre, attachant… Doinel est un personnage tout de même exceptionnel, dans sa manière d’incarner la banalité de l’homme tout en étant absolument unique, dans son détachement ou son insolence. Domicile conjugal, plus encore que Baisers volés, est fait de petits riens, d’anecdotes, d’accidents de la vie. Mais c’est justement la vie elle-même qui en sort, passionnante dans sa banalité même. Il faut un Truffaut pour trouver de la magie dans le quotidien d’un homme qui cherche à créer la fleur rouge ultime dans la cour de son immeuble…

Tequila Sunrise (id.) – de Robert Towne – 1988

Posté : 27 août, 2021 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, TOWNE Robert | Pas de commentaires »

Tequila Sunrise

Il y a de bien belles images dans ce polar très daté années 80. Des plans américains, souvent, qui jouent avec la lumière éclatante de Californie, ces ciels oranges, bleues ou presque marrons selon l’heure du jour. Des silhouettes en ombres chinoises, ou des couleurs à peine perceptibles dans une lumière entre chien et loup. Robert Towne, nettement plus réputé pour son travail de scénariste (Chinatown) que de réalisateur, s’applique, pour le moins.

Il manque tout de même un liant, ce mouvement que l’on attend d’un grand film. Tequila Sunrise est, visuellement, un beau film, mais un film qui semble par moments enchaîner les jolies photos pour illustrer des magazines, ou les vitrines des cinémas. C’est une réserve qui n’est pas anodine, mais saluons malgré tout les efforts et la beauté de certains plans : il y a tant de polars, alors comme aujourd’hui, qui n’ont pas même cette ambition.

Curieusement, c’est surtout sur le scénario que le film pêche. A la fois trop complexe dans ses rebondissements, et trop simplistes dans les rapports humains entre les personnages, Tequila Sunrise ne sonne jamais vraiment juste. Le triangle amoureux est convenu : ces deux amis, l’un flic, l’autre voyou, amoureux de la même femme. Convenu, et jamais vraiment inquiétant : on sent bien que, peu importe la beauté renversante de Michelle Pfeiffer, le flic Kurt Russell et le voyou Mel Gibson s’aiment trop profondément pour se faire du mal.

Mais il y a un autre triangle amoureux, qui serait presque plus prometteur, et dont Mel Gibson serait le cœur, tiraillé entre son amitié indéfectible pour son pote de toujours Kurt Russell, et celle plus obscure qui le lie à un grand trafiquant de drogue dont je tairai le nom pour ne pas spoiler un rebondissement qu’on voit venir très tôt. Prometteur, mais pas beaucoup plus intense, hélas.

Pas désagréable, mais Tequila Sunrise ne dépasse jamais le stade de sympathique polar estampillé eighties, avec chanson de Duran Duran pour l’atmosphère, et quelques seconds rôles qu’on aimait bien : J.T. Walsh et Raul Julia, deux gueules pour toujours associés aux films de genre de cette époque. L’époque où Mel et Kurt étaient d’une jeunesse éclatante.

La Femme d’à côté – de François Truffaut – 1981

Posté : 26 août, 2021 @ 8:00 dans 1980-1989, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

La Femme d'à côté

Pour Truffaut, la passion, quelle qu’elle soit, a toujours gardé le souffle de l’adolescence, cette pureté incandescente qui dévore tout. C’est vrai de sa cinéphilie, c’est aussi vrai de l’amour qu’il vit ou qu’il filme. Dans La Femme d’à côté, il fait les deux, en filmant pour la première fois son ultime amour, Fanny Ardant, comme une incarnation définitive de cette passion dévorante, suffocante.

Cet avant-dernier film de Truffaut est peut-être son plus beau, avec La Peau douce, dont il est une sorte de variation sur un même thème. Un film modeste en apparence, visuellement simple et direct, qui met en scène des personnages sans histoire, dans une petite communauté bien tranquille où rien ne se passe jamais.

Bernard (Depardieu), qui mène une vie paisible avec sa femme et son jeune fils, jusqu’au jour où un couple emménage dans la maison voisine. Terrible hasard : la femme, c’est Mathilde (Fanny Ardant), avec qui Bernard a vécu une passion traumatisante huit ans plus tard. L’un comme l’autre pensaient s’en être sorti, jusqu’à ces retrouvailles inattendues.

« Ni avec toi, ni sans toi », résume Madame Jouve, la narratrice, elle-même rescapée, ou plutôt estropiée, de la passion amoureuse. Entre ces deux là, c’est électrique, au-delà du fusionnel. Qu’ils se frôlent simplement ou qu’ils arborent un détachement feint, la tension est immédiate, totale, transcendée par la musique magnifique de Georges Delerue, qui nous transporte littéralement.

Un sommet : la panique de Mathilde, qui fuit la cérémonie dont elle est l’attraction principale, fuyant en même temps tous les fards et masques sociaux dont elle se couvre constamment, pour s’effondrer dans le recoin d’un bosquet, pour un lâcher prise aussi absolu que bouleversant.

Truffaut n’est pas un romantique naïf : c’est un romantique du XVIIIe siècle, marqué par le jeune Werther. Dans son film, l’amour a une pureté tragique indissociable d’une certaine innocence de la jeunesse. Quarante ans après, La Femme d’à côté garde toute sa force et sa beauté tragique. Un chef d’œuvre.

Volpone – de Maurice Tourneur – 1940

Posté : 25 août, 2021 @ 8:00 dans 1940-1949, TOURNEUR Maurice | Pas de commentaires »

Volpone

A Venise, un riche armateur humilié par trois hommes mesquins décide de se venger. Pour cela, il se fait passer pour moribond avec l’aide d’un parasite rencontré en prison… La pièce de Ben Johnson inspirera bien plus tard à Mankiewicz un Guêpier pour trois abeilles au titre évocateur. En 1940, c’est Maurice Tourneur qui est aux manettes pour une adaptation signée Jules Romains. Belle affiche, donc, très prometteuse, d’autant plus que les deux rôles principaux sont tenus par Harry Baur et Louis Jouvet.

Prometteur, oui. Mais l’exubérance très théâtrale d’Harry Baur, une fois n’est pas coutume, agace dès les premières minutes. A ce niveau là, ce n’est plus du cabotinage, ni du sur-jeu. C’est une sorte d’extravagance jusqu’au-boutiste qui sonne constamment faux. Harry Baur est un grand acteur, à la présence généralement incroyable. Là, on ne voit que Louis Jouvet, d’un naturel et d’une discrétion pourtant exemplaires qui éclipse tous les seconds rôles, de Fernand Ledoux à Charles Dullin, le déjà vieux complice de Jouvet de l’époque du Vieux Colombier.

Volpone est donc une comédie agaçante, plus que grinçante. C’est surtout un film très discutable quand on se souvient qu’on est en 1940, et que même si le personnage est présenté comme un « levantin », il arbore les artifices les plus répugnants que l’antisémitisme d’alors réserve aux Juifs, à commencer par un faux nez démesuré, digne du tristement fameux Juif Süss, sorti la même année.

La comparaison s’arrête là : Volpone est avant tout une comédie cynique, avec une intrigue joliment retorse et quelques beaux moments. Une fable dont personne ne sort grandi, grand jeu de massacre dont le personnage d’Harry Baur, si caricatural et manipulateur soit-il, apparaît au final comme le plus humain peut-être, le plus attachant de tous. Mais entre le cabotinage des uns et la caricature parfois gênante, le talent de Maurice Tourneur ne suffit pas. Celui de Jouvet si, par moments.

Un singe en hiver – de Henri Verneuil – 1962

Posté : 24 août, 2021 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

Un singe en hiver

Un roman alcoolisé de Blondin, les dialogues d’Audiard, un Gabin qui s’engage dans la décennie la plus plan plan de sa carrière, Verneuil derrière la caméra… Sur le papier, Un singe en hiver n’a pas exactement les attraits d’un grand film audacieux. Mais la magie opère. Dans ces années 60 dominées par les films aimables et paresseux de Le Chanois, La Patellière et même Grangier (dont les films sont nettement plus enthousiasmants durant la décennie précédente), c’est avec Verneuil que Gabin tourne ses meilleurs films, les plus surprenants et les plus aboutis.

De cette virée alcoolisée dans les rues désertes d’une petite ville normande du bord de mer, le réalisateur tire toute la belle dimension nostalgique, déchirante. Gabin, homme vieillissant qui n’a même plus l’alcool pour digérer ses souvenirs du Yang-Tse-Tiang, autrement dit de sa jeunesse disparue, de la liberté qu’il a goûtée le temps de quelques mois qui continuent à le hanter. Et Belmondo, jeune père de famille à la recherche d’un bonheur perdu, qui arrive dans cette petite ville paumée pour retrouver sa fille. Il n’y croise d’abord que Gabin, patron d’hôtel avec qui il se découvre une communauté de cafard.

On rit, beaucoup, parce que les deux acteurs sont formidables, et parce que les dialogues d’Audiard sont aux petits oignons. Mais on rit jaune, l’éclat de rire aux lèvres et la boule au ventre, les deux sentiments constamment liés par une soif de liberté et de folie qui, l’alcool aidant, n’a plus la moindre limite. « Je crois que ta femme va être fâchée » lâche Belmondo à Gabin au cœur de cette virée de la dernière chance : la conscience de la réalité du quotidien est toujours là, bien présente derrière l’apparente légèreté.

Verneuil n’est pas un cinéaste renversant, c’est un fait. Sa mise en scène est discrète, sobre, effacée même. Elle est surtout modeste, toujours au service du texte et des personnages. Entre les deux monstres, le vieux et le jeune, l’alchimie est magnifique. Trente ans les sépare, mais une filiation évidente apparaît dès la première rencontre, une même gourmandise, une même soif de vivre qui semble n’éclater vraiment qu’au contact l’un de l’autre.

Leur rencontre dépasse toutes les qualités ou les défauts du film. Ils passent beaucoup de temps ensemble, et il se passe constamment quelque chose : une sorte de communion de folie, ou l’écho d’une jeunesse évanouie. « Tiens, t’es mes 20 ans ! » lance Gabin avant d’embrasser Belmondo. De la première série de verres partagés dans le « bar chinois » au tir de feux d’artifices sur la plage en passant par la scène de tauromachie au carrefour, Un singe en hiver c’est avant tout ça : la rencontre réjouissante et émouvante de deux âges.

West Point : épisode White Fury (id.) – épisode réalisé par James Sheldon – 1957

Posté : 24 août, 2021 @ 8:00 dans 1950-1959, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (acteur), SHELDON James, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

West Point White Fury

On replonge dans les débuts de carrière de Clint Eastwood avec cet épisode d’une série anthologique tombée dans l’oubli (surtout en France, où elle n’a jamais été diffusée), dont les héros sont des élèves de la prestigieuse académie militaire de West Point. A chaque épisode des personnages nouveaux : seul le cadre reste le même, et encore.

Dans l’épisode qui nous intéresse ici, West Point n’apparaît qu’au tout début et à la toute fin. Deux cadets profitent d’une journée d’hiver de repos pour aller skier dans les montagnes voisines. Le père de l’un d’eux, un officier, s’écrase avec son petit avion devant leur nez, loin de tout secours. Les deux jeunes hommes réussiront à prévenir des secours en tripatouillant la radio endommagée, pour envoyer un signal en morse.

L’intrigue est simple, la réalisation est efficace… Pas de gras, pas d’ennui dans les quelque vingt-cinq minutes de cet épisode qu’on n’attendait pas si prenant. James Sheldon, réalisateur ayant fait toute sa carrière à la télévision, se montre même particulièrement inspiré à deux ou trois reprises : avec un panoramique étonnant partant des grandes étendues enneigées pour se terminer dans la chaleur d’une salle de restaurant, ou encore en faisant du climax une succession de très gros plans sur les yeux des deux cadets.

Sergio Leone n’a donc pas été le premier à remplir un écran avec le regard perçant de Clint Eastwood. Sept ans avant Pour une poignée de dollars, c’est James Sheldon qui l’a précédé, filmant le tout jeune Clint (27 ans) dans l’un des rôles principaux de ce White Fury : celui du pote du personnage principal (Jerome Courtland, ça parle à quelqu’un ?), fils du pilote joué par le charismatique Bruce Bennett.

Mais on ne voit que lui, Clint Eastwood. Parce que c’est Clint Eastwood bien sûr, et qu’on sait le destin qui attend cet acteur qui allait alors d’une panouille à l’autre. Mais pas seulement : comme souvent à cette époque formatrice, en tout cas lorsque la taille de ses rôles lui en donne l’occasion, on le sent très impliqué, s’investissant totalement dans ce rôle légèrement en retrait, aussi bien dans les scènes physiques à ski que dans les moments plus intimes de tension.

Après son joli rôle dans un épisode de la série Death Valley Days, quelques mois plus tôt, la télévision réussit décidément bien au jeune Clint Eastwood, qui trouve là des rôles sans doute plus formateurs et en tout cas plus consistants que ses quelques apparitions au cinéma…

Le Mystère de la chambre jaune – de Bruno Podalydès – 2003

Posté : 23 août, 2021 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 2000-2009, PODALYDES Bruno | Pas de commentaires »

Le Mystère de la chambre jaune Podalydès

Grande adaptation du roman de Gaston Leroux, grande comédie très personnelle de Podalydès, mais pas seulement : cette énième version du Mystère de la chambre jaune (L’Herbier et Tourneur père s’y sont collés bien avant les frangins Podalydès) est aussi la meilleure mise en images de l’univers de Tintin. Avec L’Homme de Rio, disons. Si, si.

C’est tout le génie de Podalydès : rester fidèle à son propre univers, à l’esprit et à l’intrigue du roman originel, tout en invoquant une imagerie tirée de tout autre chose, en l’occurrence l’œuvre de Hergé, dont il est un grand admirateur revendiqué. Le journaliste Rouletabille, sous les traits de Denis P., est évidemment une variation autour du reporter à la houppette. Quant à Sinclair, son fidèle photographe qui le suit comme une ombre, il fait un Milou tout à fait convainquant, profitant d’un arrêt de la voiture pour aller pisser dans un bosquet comme le bon chien qu’il est.

Cette voiture : bricolage improbable inventé par un pseudo-Tournesol vivant dans un château qui évoque furieusement Moulinsard. Où on croise au hasard deux policiers à chapeau melon, un chanteur à la voix crissante, une espèce de gitan inquiétant, et un mystère insondable, bien sûr… Plus qu’une simple adaptation, Podalydès fait de ce Mystère de la chambre jaune un réjouissant grand écart, parfaitement cohérent, réjouissant, et inventif.

Ça se joue dans les petits détails : les quatre personnages qui tournent les pages de leur journal au même moment au début du film, les grognements à peine articulés de Michael Lonsdale, la raideur irrésistible d’Olivier Gourmet, le jeu de coq que se livrent Denis Podalydès et Pierre Arditi, les petits commentaires de Claude Rich (génial)… Et cette bille qui se trimballe dans ce génial interlude évocateur et ludique.

L’intrigue elle-même est d’un autre temps. « C’est décevant », lance même le juge Claude Rich en découvrant la vérité. Tout se joue dans le mouvement, dans la manière dont Podalydès s’amuse avec ses décors, ses comédiens. Tout est jeu, faux semblants, et plaisir pur de cinéma. Les univers de trois grands auteurs (un romancier, un dessinateur et un cinéaste) ne font plus qu’un, et c’est enthousiasmant.

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