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Archive pour la catégorie 'par réalisateurs'

Face à face (Knight moves) – de Carl Schenkel – 1992

Posté : 12 mai, 2025 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, SCHENKEL Carl | Pas de commentaires »

Face à face

Le tueur en série qui répond à une logique très personnelle, et originale… Il y en a eu un paquet dans le cinéma américain depuis le début des années 90 (en gros depuis le succès du Silence des Agneaux). Parfois pour le meilleur (les pêchés capitaux de Seven), parfois pour le pire (Hangman et… son jeu du pendu). Face à face, avec sa partie d’échecs macabre, se situe, disons, dans une moyenne acceptable.

Il m’avait même assez emballé à sa sortie. Mais j’étais jeune, pas exigeant, et fan de Christophe Lambert, alors… Depuis, je suis devenu moins jeune, sans doute plus exigeant, et j’ai découvert avec effroi que Christophe Lambert était un acteur désastreux. Charismatique et cool quand il est bien utilisé, mais mauvais quand il s’agit de jouer quoi que ce soit.

Et là, il faut bien admettre qu’il est le principal défaut de ce thriller plutôt malin et efficace, dont certains passages clés sont gâchés par son incapacité absolue à passer d’une émotion à l’autre. Et puis son éternel regard de myope ne peut pas tout. Difficile de voir en lui le grand champion d’échecs qu’il est censé incarner. Oui, c’est dur, mais on est toujours plus dur avec ses idoles d’hier…

Bon. Une fois passée cette prise de conscience, le duo-couple qu’il forme avec Diane Lane, sa compagne d’alors (autrement plus convaincante) fonctionne plutôt bien. Et il y a l’impeccable Tom Skerritt, dont l’autorité naturelle fait des merveilles (et compense la présence très bovine de Daniel Baldwin, pas le plus enthousiasmant des frangins).

Et puis Carl Schenkel fait le job. Avec les effets grandiloquents en vogue à l’époque, et sans génie. Mais avec une vraie efficacité, qui suffit à maintenir la tension, et à se souvenir que, oui, à sa sortie, ce thriller m’avait emballé.

LIVRE : Passé la Loire, c’est l’aventure – de Gilles Grangier (entretiens avec François Guérif) – 1989-2021

Posté : 11 mai, 2025 @ 8:00 dans GABIN Jean, GRANGIER Gilles, LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Passé la Loire c'est l'aventure

« Passé la Loire, c’est l’aventure »… Rien que le titre donne envie de se plonger dans les souvenirs de Gilles Grangier, réalisateur qu’on aurait sans doute définitivement entouré sans le regard plein d’acuité de cinéphiles comme Bertrand Tavernier, qui défendait bec et ongle le bougre en reconnaissant la volatilité de son œuvre, mais surtout quelques grandes réussites.

Et c’est vrai qu’il y a quelques perles (souvent noires) dans la longue filmographie très inégale de Grangier. Des perles un peu trop vite éclipsées par une poignée de nanars assez indéfendables, comme les derniers films de sa longue collaboration avec Gabin (Les Vieux de la vieille et Archimède le clochard ne sont pas renversants, L’Âge ingrat et Le Gentleman d’Epsom sont pires). Mais le gars a aussi réalisé Le Rouge est mis ou Le Sang à la tête avec Gabin. Et sans lui, des réussites méconnues comme Reproduction interdite ou 125 rue Montmartre. Alors…

L’importance de Gabin dans son parcours est évidente, pour le meilleur et pour le pire : sa rencontre marque son âge d’or, et la tendance paresseuse de l’acteur son déclin. D’ailleurs, c’est à lui, Gabin, qu’on doit la belle citation qui donne son titre au livre : sur le tournage du Cave se rebiffe, une manière pour « le vieux » de refuser d’aller tourner en Amérique du Sud les scènes du film s’y déroulant vraiment.

C’est en tout cas tout un pan du cinéma français qui déroule dans ce livre : le cinéma populaire assumé d’un artisan qui prenait son art au sérieux, et que la Nouvelle Vague n’a pas épargnée. Ce n’est pas à proprement parler une autobiographie : Grangier livre ses souvenirs liés à chacun de ses films (jusqu’au plus obscur) dans le cadre d’une interview au long cours avec François Guérif. Un peu sur le modèle du fameux Hitchcock/Truffaut.

En feuilletant les pages, les souvenirs de Grangier font mine de rien le lien entre les débuts du parlant et la Nouvelle Vague. Il évoque sa rencontre avec Maurice Tourneur, grand maître du muet qui sera l’un de ses mentors (passionnant). Il se souvient d’actrices comme Jeanne Moreau « avec son côté un peu salope » (discutable). Il égratigne des acteurs qu’il n’appréciait visiblement pas des masses comme Pierre Fresnay, dominé par une Yvonne Printemps pas bien sympathique (très drôle).

200 pages ne permettent pas d’entrer dans le détail, et on a parfois un peu le sentiment de survoler les choses. Mais cette petite virée dans les mémoires de Grangier donne franchement envie de revoir certains de ces films un peu trop vite mis de côté.

Le Cavalier noir – de Gilles Grangier – 1945

Posté : 10 mai, 2025 @ 8:00 dans 1940-1949, COMEDIES MUSICALES, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Cavalier noir

Il y a au moins cela de formidable dans l’ambition de voir l’intégrale d’une œuvre, que cela pousse à découvrir des films qu’aucune autre raison imaginable justifierait de voir. La découverte des premiers films de Grangier est ainsi la découverte d’un pan totalement oublié du cinéma. Autant les cinéphiles passionnés gardent un souvenir ému de quelques-uns de ses grands films noirs, autant les légèretés de ses débuts n’ont pas laissé une grande trace…

Après le sympathique Ademaï bandit d’honneur, place donc à une opérette filmée, dont la star est l’héritier alors désigné de Tino Rossi, Georges Guétary. Un chanteur, donc, dont la douce voix résonne à plusieurs reprises tout au long du film, très visiblement filmées en playback sur le plateau. Un chanteur, mais à peine un acteur, reconnaissons le.

Ça n’a d’ailleurs aucune importance, puisqu’il n’y a à peu près rien à jouer dans cette opérette filmée, sorte de croisement jamais vraiment convainquant entre les mythes de Robin des Bois et Carmen, situé dans les forêts et les grands domaines des Flandres, au XVIIIe siècle. Mais ça non plus n’a pas grande importance.

A vrai dire, pas grand-chose n’a vraiment d’importance. Pas l’histoire en tout cas, tournée en dérision par le scénario ironique d’André-Paul Antoine et l’interprétation toute en dérision (pas retenue) de Jean Tissier ou Allerme, tous deux en roue libre.

On serait même pas loin de trouver le temps long tout au long de ces 75 minutes de métrage, s’il n’y avait quelques petits moments prometteurs. Oh ! Pas grand-chose : de brefs plans de coupes qui captent un regard suspendu, un geste arrêté, créant une sorte de bulle dans l’atmosphère de comédie musicale, au son irréel de la voix de Guétary. Pas grand-chose, vraiment, mais des bribes de cinéma, à deux ou trois reprises, qui laissent espérer d’autres choses.

Ademaï, bandit d’honneur – de Gilles Grangier – 1943

Posté : 9 mai, 2025 @ 8:00 dans 1940-1949, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Ademaï bandit d'honneur

Gilles Grangier fait partie de ces réalisateurs un peu trop vite enterrés par les critiques de la future Nouvelle Vague. On lui doit quelques grandes réussites (Le Sang à la tête…), et pas mal de raretés très recommandables (125 rue Montmartre…), que sa dernière partie de carrière (L’Âge ingrat…) a fait oublier. C’est un peu dommage, et c’est une injustice manifeste qu’il serait peut-être bon de réparer en se plongeant dans sa filmographie.

A commencer par sa toute première réalisation, projet remarquablement dénué d’intérêt, si ce n’est celui de lui donner sa première chance. Sa deuxième, pour être précis : Grangier avait un pied dans le cinéma depuis une petite dizaine d’années, et enchaînait les boulots. Figurant, doublure, régisseur, assistant… Il s’était vu confier la réalisation d’un film pour la première fois par la firme allemande UFA… en 1939, juste avant la déclaration de guerre.

Il lui faudra donc attendre une mobilisation, une blessure, et un appel de l’acteur Noël-Noël pour faire ses vrais débuts de cinéaste. Pour un film dans lequel il n’avait guère de chance d’apporter quelque chose de personnel, puisqu’il s’agit pour Noël-Noël de retrouver son personnage fétiche d’Adémaï, le paysan naïf, qu’il a créé au music-hall et interprété dans plusieurs films (courts ou longs entre 1932 et 1935.

Cette suite tardive, la dernière interprétée par Noël-Noël, ne vaut que pour l’interprétation de l’acteur, qui joue la naïveté et la candeur d’une manière assez irrésistible. C’est à peu près tout ce qu’on peut souligner de cette comédie, dont le principal intérêt repose sur le décalage entre son personnage principal, un peu lunaire, et le contexte dans lequel il est propulsé : celui d’une vendetta entre deux familles en Corse.

C’est bien anecdotique, bien mineur, mais Ademaï bandit d’honneur fait partie de ces films dont le seul titre fait partie de l’inconscient collectif. Le découvrir répond au moins à une certaine curiosité. Et procure un petit plaisir bien innocent, qui donnerait presque envie de découvrir les premières apparitions d’Ademaï. Sans qu’il y ait une urgence caractérisée.

L’Esprit pervers (Strangers in the night) – d’Anthony Mann – 1944

Posté : 7 mai, 2025 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, MANN Anthony | Pas de commentaires »

Strangers in the night

Republic Pictures n’est pas la Warner, ni même la RKO. Et il y a dans son immense production de l’époque une quantité de séries B, C ou D assez pénibles, qui paraissent bien longues malgré leur durée généralement très courte.

Mais il y a de temps en temps un jeune cinéaste plein de talent, émergeant, qui vient prouver l’importance que revêt le réalisateur, même dans le système si verrouillé des studios hollywoodiens : Anthony Mann en l’occurrence, pas encore le grand homme de westerns, et pas encore non plus l’auteur de grands films noirs.

Sa grande période, celle des T-Men et autres Raw Deal, commencera trois ans plus tard. Mais Mann est déjà un très solide cinéaste, qui termine en quelque sorte sa période de formation : l’année suivante, il signera The Great Flamarion, qui fera déjà forte impression.

Mais dès Stranger in the night, petite production de 56 minutes montre en main, avec des acteurs de seconde zone (William Terry, Virginia Grey), il fait des merveilles, multipliant les images qui frappent la rétine par leurs jeux d’ombres ou la profondeur de champs, et tirant d’un scénario original mais outré des sommets d’angoisse.

L’idée de base est belle : un soldat blessé au combat rentre au pays pour rencontre enfin une jeune femme avec laquelle il a entretenu une relation épistolaire pendant qu’il était au front, après avoir découvert son nom sur la page de garde d’un livre qu’il a aimé. C’est beau, non ?

Il doit la retrouver dans la maison où elle vit avec sa mère, vaste bâtisse construite au sommet d’une falaise, coupée du monde et renfermant un secret qu’on ne tardera pas à pressentir. L’ombre de Rebecca plane, sans écraser l’originalité du récit. Rebecca, mais aussi Laura d’ailleurs, sorti la même année, pour l’importance que joue un tableau.

Sans en dire plus, disons quand même que Mann sait réserver ses effets, nous gratifiant d’un accident de train, d’un suspense au verre de lait (tiens, encore une référence flagrante, à Soupçons cette fois). Et autant d’occasions pour le jeune cinéaste de faire ses armes, dans un petit noir corsé et excitant.

Blue Steel (id.) – de Kathryn Bigelow – 1989

Posté : 6 mai, 2025 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, BIGELOW Kathryn | Pas de commentaires »

Blue Steel

Kathryn Bigelow, un film de motards et un film de vampires au compteur, signe ici son premier polar, dont elle co-écrit le scénario. Et la plume à la main, la cinéaste se révèle à la fois ambitieuse… et pas d’une grande légèreté.

Sur le papier, Blue Steel ne manque pas d’intérêt, mais n’évite pas quelques grosses ficelles, et des facilités assez énormes. Mais qu’importe : l’intérêt du film ne repose pas vraiment sur la seule intrigue, prenante mais finalement pas tellement différente de tous les polars tendus de l’époque.

En quelques mots : Jamie Lee Curtis (parfaite) est une jeune flique à peine promue, qui abat dès son premier jour de service un braqueur devant quelques témoins. L’un de ces derniers, fasciné par le geste de la jeune femme, s’empare de l’arme du braqueur, disparaît sans demander son reste, et se lance dans une virée meurtrière, tout en séduisant notre fliquette.

C’est tortueux à souhait, et le suspense ne cesse de monter jusqu’à un final un eu grand-guignolesque, gâché par une surabondance de ralentis qui atténuent paradoxalement la tension. Mais re-peu importe.

Si Blue Steel est un film mémorable (et il l’est, malgré tout), c’est pour l’interprétation de Jamie Lee Curtis, parfait mélange de fragilité et de détermination, d’innocence et de révolte. Une jeune femme en pleine (rude) mutation, donc.

C’est aussi, et surtout, pour la manière dont Bigelow filme New York, nous plongeant au cœur d’une ville tentaculaire et grouillante de vie. La plupart du temps sans esbroufe, sa mise en scène est d’une efficacité énorme, et totalement immersive. Sur ce point, une sorte de version plus pêchue du Scorsese de Taxi Driver.

Eden – mini-série réalisée par Dominik Moll – 2021

Posté : 5 mai, 2025 @ 8:00 dans 2020-2029, MOLL Dominik, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Eden

Une image, furtive, domine cette mini-série de six épisodes et ne cesse de la hanter : sur une plage grecque, la baignade des estivants est (à peine) troublée par l’irruption d’un canot pneumatique plein de migrants, qui débarquent et traversent la plage devant des témoins qui réagissent à peine…

Cette image, qui ne dure que quelques secondes (sur près de cinq heures de métrage) est une clé incontournable pour appréhender cette mini-série chorale, qui tente à travers une dizaine de personnages de capter le drame, mais aussi l’absurdité, de la crise migratoire.

Dominique Moll, aux manettes, aborde le sujet avec un mélange d’ambition démesurée et de simplicité totale. A travers ces six épisodes, il cherche rien moins que d’aborder tous les aspects de la crise. Mais il le fait avec des personnages et des situations qui sont autant de cas d’école. Pas des caricatures, mais des types.

Au cœur du récit : trois destins différents de migrants. Un ado et son frère qui tentent de traverser l’Europe pour rejoindre l’Angleterre, comme tant d’autres. Un jeune Syrien qui tente de tourner la page de son histoire pour étudier en Allemagne, bien accueilli par une famille aimante. Et en France, un coupe, venu de Syrie aussi, lui étant un grand médecin dont le témoignage semble important.

Autour de ces personnages en gravissent d’autres : des Grecs employés d’un camp de réfugiés, une famille allemande très bienveillante, des rencontres de passage, et une Française qui gère des camps de réfugiés, dont on ne sait trop si elle est motivée par son envie de faire de l’argent ou son humanité.

C’est Sylvie Testud, et son personnage est le moins convainquant de la série, le plus caricatural pour le coup, constamment filmé entre deux avions. L’émotion vient des autres personnages, confrontés à des drames autrement plus intimes et autrement plus touchants. Autour de destins parallèles, dont la plupart convergent vers la France, dans l’ultime épisode.

Chronique garantie sans divulgâchage. Tout juste peut-on souligner qu’entre espoir et désespoir, la frontière est parfois très ténue. C’est le sentiment qui domine dans ces beaux épisodes, édifiants et intimes.

Le plus sauvage d’entre tous (Hud) – de Martin Ritt – 1963

Posté : 4 mai, 2025 @ 8:00 dans 1960-1969, NEWMAN Paul, RITT Martin, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Plus sauvage d'entre tous

Il y a quelque chose du Brick de Cat on a hot tin roof dans le personnage de Hud, qu’interprète Paul Newman cinq ans plus tard. Mais dans une version très sombre, plus cruelle que cynique : un homme en lutte contre son père, contre le monde, contre lui-même…

Hud est adapté d’un roman de Larry McMurtry, et on sent bien la patte du romancier. Comme dans son chef d’œuvre, Lonesome Dove, c’est l’histoire d’un monde qui touche à sa fin, et que les anciens regardent se déliter avec amertume. En l’occurrence le patriarche, joué par Melvyn Douglas, aussi désabusé par la chute de son monde que par l’égoïsme de son propre fils.

C’est un monde qui s’écroule, symbolisé par ce troupeau promis à l’abattage parce qu’il est porteur d’un virus contagieux. Avec ce troupeau, c’est tout le monde qu’il s’est construit qui va disparaître, ne laissant que des types comme Hud, qui ne recherche que son plaisir et son profit, sans plus croire en rien.

Sans doute Hawks, ou Wellman, auraient-ils donné un aspect plus tendu à cette histoire tragique, mais Ritt s’en sort très bien, offrant même à Newman l’un de ses plus beaux rôles, l’un des plus forts en tout cas, et aussi l’un des plus détestables, son égoïsme le poussant même jusqu’aux portes du viol.

Sur ce plan là aussi, Hud est un film remarquable, dans sa manière de filmer les relations toxiques, la domination machiste des hommes, et donnant à Patricia Neal un très grand rôle, celui d’une femme ballottée d’un sale type à l’autre. Et si c’était elle le cœur de ce film, beau et brutal ?

Finalement – de Claude Lelouch – 2024

Posté : 3 mai, 2025 @ 8:00 dans 2020-2029, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

Finalement

Finalement, pour reprendre le titre qui ressemble à une épitaphe, les films de Lelouch ne parlent plus que de Lelouch lui-même. Ça a peut-être toujours été le cas, mais cette tendance atteint une dimension quasi-absolue dans ce dernier long métrage, qui semble n’être construit que comme un vaste hommage à la filmographie de Lelouch. Parce qu’on n’est jamais mieux servi…

Jusqu’à en faire une sorte de suite de La Bonne Année, dont on voit quelques images. Le héros, joué par Kad Mérad, est né de l’histoire d’amour entre Lino Ventura et Françoise Fabian, qui reprend son rôle, dans la même logique que Jean-Louis Trintignant et Anouck Aimée dans Les plus belles années d’une vie. Ajoutons d’innombrables clins d’œil à d’autres films lelouchiens, dans des dialogues pas très fins (« l’aventure sera toujours l’aventure », « les uns dans les autres »)…

Bref, un festival d’autocitations qui, au fond, a quelque chose de très émouvant : c’est le regard d’un cinéaste qui n’a jamais eu de problème avec sa propre personne, et qui se sait en bout de course. Un cinéaste qui, au soir de sa vie, livre une espèce de film-somme, où il cherche à faire naître ces petits moments de vie en apesanteur comme il en a souvent réussi.

C’est encore (un peu) le cas ici, même si tout paraît forcé, manquant trop souvent de naturel et de spontanéité. Il y a une raison qui saute aux yeux : au fond, Lelouch n’a, ici, pas grand-chose à raconter si ce n’est son propre chemin, ses propres interrogations vitales.

Il donne quand même l’impression de survoler les belles idées qui émaillent son film : cet avocat qui craque de trop s’être mis à la place de ses clients, habitude qui a une fâcheuse tendance à brouiller la frontière entre la réalité et le fantasme, source intarissable de cinéma.

Ce thème fort laisse finalement vite la place à un autre, plus classique : les doutes et angoisses d’un homme mûr, qui veut encore vivre. C’est tout Lelouch, avec sa soif de vie et de liberté, son goût pour l’amour et les rencontres, son penchant pour les belles images et les chansons sirupeuses, et ses idées parfois très limites sur les rapports entre les hommes et les femmes.

C’est aussi un film où se bousculent les habitués du cinéma de Lelouch et ceux qui rêvaient de l’être, parfois pour le meilleur (joli personnage d’Elsa Zylberstein), parfois pour le pire (Raphaël Mezrahi, assez nul). Mais finalement, un Lelouch attachant. Oubliable et dispensable, mais attachant.

Pile ou face – de Robert Enrico – 1980

Posté : 2 mai, 2025 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1980-1989, ENRICO Robert | Pas de commentaires »

Pile ou face

Pile ou Face, c’est :

1) une mise en scène solide et sans éclat de Robert Enrico ;

2) un face-à-face qui tient ses promesses entre Noiret et Serrault, deux acteurs parfaits, tous deux en terrain connu dans des rôles taillés sur mesure ;

3) des dialogues acides signés par un Michel Audiard très inspiré en ce début des années 80, débarrassé de ses tics d’auteur trop obnubilé par ses bons mots ;

4) une intrigue pour le moins douteuse autour d’un féminicide, ou plutôt d’un crime passionnel comme on disait encore. Le terme n’est jamais utilisé, mais la sympathie pour le possible auteur du crime est tellement manifeste qu’elle crée un franc malaise.

Dans le même registre des parti-pris qu’on a du mal à défendre : pourquoi donc avoir filmé Dorothée nue (oui, la Dorothée du club Dorothée, alors actrice truffaldienne), dans une séquence dont on se dit qu’elle n’existe que pour filmer Dorothée nue…

Le film commence par la mort d’une femme horrible, véritable tyran domestique, qui passe littéralement à travers la fenêtre. Son mari (Serrault) l’a-t-il poussé ? L’enquête conclue que non, mais le flic Noiret est persuadé que oui. Et se met à harceler son suspect idéal.

La sympathie pour le possible criminel a bien du mal à passer. Mais elle souligne le caractère trouble des deux personnages principaux, derrière leur relative bonhomie. Les deux hommes ont des parcours semblables : deux veufs, qui sont passés à côté de leurs rêves, et qui abordent cet état de fait avec des réactions systématiquement opposés.

Entre eux se tissent des liens étranges, entre humiliation et amitié. Le personnage de Noiret, surtout, est assez passionnant, flic rêvant de finir sa carrière sur un succès, si pathétique soit-il. Son obsession évoque en quelques sortes celle de Nicholson dans The Pledge. Toute proportion gardée.

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