L’Etroit mousquetaire (The Three must get there) – de Max Linder – 1922
Dans cette parodie des 3 mousquetaires, Linder se permet à peu près tout : alterner les décors parisiens d’époque et les rues de grandes villes américaines, faire téléphoner D’Artagnan, montrer une automobile tirée par deux porteurs, ou un Cardinal passer son temps à caresser les quatre derniers cheveux d’un moine à l’air ahuri… Linder se permet tous les délires, dans ce qui reste son film le plus connu.
Délirant, le film colle pourtant assez fidèlement à l’intrigue de Dumas, dont le cinéaste était un grand admirateur. Il était aussi un ami de Doug Fairbanks, et l’idée de cette parodie lui est venue en voyant avec lui l’adaptation du roman dont il était le héros bondissant.
Et on voit bien que L’Etroit mousquetaire s’amuse autant de l’œuvre romanesque que du cinéma de Fairbanks. Linder est ici plus bondissant que jamais. Il délaisse le haut de forme (à l’exception d’une petite scène en forme de clin d’œil), et arbore l’assurance bondissante de son ami, sautant des murs de dix mètres comme une fleur, et affrontant des dizaines de soldats à lui seul, sans se départir de son sourire ultra-bright.
Une manière de moquer gentiment les films à grand spectacle de son ami. Le résultat, plein d’anachronismes et d’idées totalement loufoques, inspirera des tas d’autres films, jusqu’à aujourd’hui. Linder signe ici à la fois l’un de ses plus gros succès, son plus grand classique, l’un de ses films les plus singuliers, et un film qui reste la référence incontournable de tout un pan du cinéma comique, de Jean Yanne aux Monty Python.
• Ce court métrage fait partie du programme En compagnie de Max Linder.