Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour octobre, 2012

L’Etroit mousquetaire (The Three must get there) – de Max Linder – 1922

Posté : 16 octobre, 2012 @ 6:32 dans 1920-1929, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS, LINDER Max | Pas de commentaires »

L'Etroit mousquetaire

Dans cette parodie des 3 mousquetaires, Linder se permet à peu près tout : alterner les décors parisiens d’époque et les rues de grandes villes américaines, faire téléphoner D’Artagnan, montrer une automobile tirée par deux porteurs, ou un Cardinal passer son temps à caresser les quatre derniers cheveux d’un moine à l’air ahuri… Linder se permet tous les délires, dans ce qui reste son film le plus connu.

Délirant, le film colle pourtant assez fidèlement à l’intrigue de Dumas, dont le cinéaste était un grand admirateur. Il était aussi un ami de Doug Fairbanks, et l’idée de cette parodie lui est venue en voyant avec lui l’adaptation du roman dont il était le héros bondissant.

Et on voit bien que L’Etroit mousquetaire s’amuse autant de l’œuvre romanesque que du cinéma de Fairbanks. Linder est ici plus bondissant que jamais. Il délaisse le haut de forme (à l’exception d’une petite scène en forme de clin d’œil), et arbore l’assurance bondissante de son ami, sautant des murs de dix mètres comme une fleur, et affrontant des dizaines de soldats à lui seul, sans se départir de son sourire ultra-bright.

Une manière de moquer gentiment les films à grand spectacle de son ami. Le résultat, plein d’anachronismes et d’idées totalement loufoques, inspirera des tas d’autres films, jusqu’à aujourd’hui. Linder signe ici à la fois l’un de ses plus gros succès, son plus grand classique, l’un de ses films les plus singuliers, et un film qui reste la référence incontournable de tout un pan du cinéma comique, de Jean Yanne aux Monty Python.

• Ce court métrage fait partie du programme En compagnie de Max Linder.

Sept ans de malheur (Seven years bad luck) – de Max Linder – 1921

Posté : 16 octobre, 2012 @ 6:19 dans 1920-1929, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS, LINDER Max | Pas de commentaires »

Sept ans de malheur

Avec ce moyen métrage au rythme trépidant, Max Linder semble vouloir aller au bout de toutes les idées de sketchs qu’il avait en tête. Bourré d’idées géniales et de gags irresisistibles, le film est une tornade qui, comme Soyez ma femme, fait oublier les faiblesses de sa construction par un rythme et une imagination débridés.

Sur le point de se marier, Max fait la bringue, se fâche avec sa fiancée, est trahi par son meilleur ami, se fait dépouiller de tout son argent par une bande de voleurs loin de chez lui, et se fait passager clandestin d’un train pour retrouver sa belle…

Mais l’histoire n’est qu’un prétexte pour aller d’un point à un autre, d’un gag au suivant et pour enchaîner les séquences qui fonctionnent parfaitement individuellement. Et quelques-unes sont particulièrement mémorables.

La première, pour commencer, variation géniale sur une idée souvent utilisée : deux sosies qui bougent simultanément de part et d’autre d’un faux miroir. Faut reconnaître que ce gag, vu 1 000 fois depuis, a été rarement aussi réussi et drôle qu’ici. Et Linder, maître absolu de son film, a l’intelligence et l’humilité de ne pas s’y donner le beau rôle, ce qui n’est pas si courant chez les grandes stars du burlesque.

La suite est étonnante. max affronte les dangers de la circulation, improvise un bal endiablé avec ses serviteurs, et joue au jeu du chat et de la souris (un thème récurrent chez lui) avec les contrôleurs d’un train, se déguise tour à tour en contrôleur noir, en voleur et en chef de gare aux grosses joues… J’avoue un petit faible pour cette dernière séquence qui n’est peut-être pas la plus drôle, mais l’art du déguisement de Linder a un côté réjouissant assez irresistible.

Linder finit par un passage en prison, où il côtoie un gros dur qui l’oblige… à lui gratter le dos. C’est totalement con, mais c’est très, très drôle.

• Ce court métrage fait partie du programme En compagnie de Max Linder.

Soyez ma femme (Be my wife) – de Max Linder – 1921

Posté : 16 octobre, 2012 @ 6:04 dans 1920-1929, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS, LINDER Max | Pas de commentaires »

Soyez ma femme

Le film s’ouvre sur un gag brillant. La première image est une ombre chinoise qui nous montre Max arrosant la tête d’une jeune femme… C’est en tout cas ce que le spectateur, et la vieille tante acariâtre, croient : car Max arrose en fait des fleurs dans un vase dont la forme évoque un visage féminin. L’illusion est suffisante pour que la tante mette Max à la porte, ce qui l’arrange bien puisqu’elle n’attendait qu’une excuse pour l’éloigner de sa nièce, pour qui elle préfère un autre prétendant, mou et lâche.

Suivent plusieurs séquences mémorables au cours desquelles Max rivalise d’imagination pour s’approcher de sa belle. D’abord déguisé en épouvantail dans le jardin, puis en professeur de piano arborant une fausse barbe… avant de simuler une bagarre violente avec un cambrioleur imaginaire.

Les séquences se succèdent presque comme des sketchs indépendants : les transitions et la construction du scénario ne sont pas forcément les points forts de Linder. Mais qu’importe : l’acteur est excellent, et le gagman est génial. Qu’il porte les frusques de l’épouvantail, ou qu’il se fasse passer pour un héros, il ne se départit jamais de son charme à toute épreuve, ni de sa superbe. Et c’est cette assurance absolue qui est le cœur d’un personnage jubilatoire.

• Ce court métrage fait partie du programme En compagnie de Max Linder.

En compagnie de Max Linder – de Max Linder et Maud Linder – 1921/1922/1963

Posté : 16 octobre, 2012 @ 5:53 dans 1920-1929, 1960-1969, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS, LINDER Maud, LINDER Max | 1 commentaire »

En compagnie de Max Linder

En compagnie de Max Linder, c’est un programme signé par la fille du cinéaste en 1963, sur le modèle que ce que Chaplin avait fait quatre ans plus tôt avec sa Revue de Charlot : un bout-à-bout de trois courts ou moyens métrages qui permet à un public d’une nouvelle génération de découvrir ces vieilles bobines muettes.

Même principe pour Linder, donc, avec trois films particulièrement importants de sa carrière. Lui qui était la première immense gloire du burlesque, lui qui a inspiré les plus grands (Chaplin n’a jamais caché son admiration et ce qu’il devait au Français), rêvait de conquérir l’Amérique. Après un essai peu concluant à la Essanay (où il remplaçait Chaplin, encore lui), c’est avec ces trois films qu’il s’est imposé, brièvement, à Hollywood.

Les deux premiers (Soyez ma femme et Sept ans de malheur) sont montés dans l’ordre inverse de leur sortie en salle, pour donner l’illusion qu’il s’agit d’une même histoire. Radicalement différent, le troisième (L’Etroit Mousquetaire) clôt ce programme qui permet de réaliser que le cinéma de Linder, comme celui d’une poignée de grands noms du burlesque, passe merveilleusement bien l’épreuve du temps.

En compagnie de Max Linder est édité dans un magnifique coffret DVD ou blue ray aux Editions Montparnasse, avec dix courts métrages des années 10, un documentaire passionnant réalisé lui aussi par Maud Linder, et un beau livre de soixante pages. Ce coffret somptueux est en vente le 6 novembre.

Invasion Los Angeles (They live) – de John Carpenter – 1988

Posté : 16 octobre, 2012 @ 5:30 dans 1980-1989, CARPENTER John, FANTASTIQUE/SF | 1 commentaire »

Invasion Los Angeles (They live) - de John Carpenter - 1988 dans 1980-1989 invasion-los-angeles

C’est probablement le film le plus ouvertement « série B » de Carpenter, celui en tout cas où il a les comédiens les plus cheap, confiant même le rôle principal à un catcheur célèbre de l’époque, Roddy Pipper. Mais qu’importe : They live est l’un des meilleurs films du cinéaste, l’un de ceux qu’il préfère, tourné à une époque (très courte) de grande liberté. Après l’échec de Jack Burton, Carpenter avait décidé de retrouver un cinéma beaucoup plus fauché, mais qui collait totalement avec ce qu’il savait faire de mieux. Résultat : Prince des ténèbres et ce Invasion Los Angeles, deux de ses plus grands chef-d’œuvre.

Avec ce petit budget malin, Carpenter revisite un genre qui n’a cessé d’inspirer sa filmo : la SF parano des années 50, qui évoquait sans le dire la peur « rouge » de la guerre froide. Ici, c’est au contraire le capitalisme galopant des années Reagan, et le mal-être grandissant des sans-grades, que Carpenter pointe du doigt, dans ce qui reste son film le plus ouvertement politique.

John Nada, c’est le nom du héros : un « nada » effectivement, un anonyme parmi tant d’autres, qui traverse une Amérique exsangue à la recherche d’un boulot. Ce qu’il trouve, c’est une communauté de sans-abris qui passent leurs journées à travailler dur sur les chantiers, et leurs nuits à espérer que la police ne vienne pas les déloger, dans une société qui n’a pas envie de voir ces pouilleux s’installer sous ses fenêtres.

Par hasard, Nada découvre une curieuse paire de lunettes de soleil, qui lui ouvre les yeux, et lui révèle le monde tel qu’il est vraiment : dominé par des extra-terrestres à visage humain, qui diffusent des messages invisibles pour transformer les hommes en esclave : de l’argent, du pouvoir, du confort…

Difficile de faire critique sociale plus évidente, et série B plus jouissive. Sans moyen, quasiment sans effets spéciaux, avec un thème musical redondant et profondément addictif (signé par Carpenter himself), le réalisateur signe un film d’une force sidérante, malin, brut et brutal (avec une interminable baston entre les deux héros), qui s’achève par un « what’s the fuck » qui n’est pas sans évoquer une autre fin carpenterienne inoubliable : celle de Los Angeles 2013.

Décidément, selon Carpenter, L.A. a bien besoin d’un peu plus d’anarchie…

Kirikou et les hommes et les femmes – de Michel Ocelot – 2012

Posté : 16 octobre, 2012 @ 5:09 dans 2010-2019, DESSINS ANIMÉS, OCELOT Michel | Pas de commentaires »

Kirikou et les hommes et les femmes

Troisième long métrage pour le minuscule bambin africain créé par Michel Ocelot, et je dois tout de suite avouer que je n’ai pas vu les deux autres. Mais la surprise est bonne : l’œuvre d’Ocelot vaut tout le bien qu’on en dit. Ce long métrage est en fait un ensemble de cinq courts indépendants aux sujets variés, et tous passionnants. Avec même deux pépites à ne pas rates…

Dans l’ordre : Kirikou et sa mère accueillent une voisine un rien acariâtre ; Kirikou part à la recherche d’un vieux villageois disparu ; Kirikou rencontre un touareg égaré que les villageois rejettent parce qu’il est différent ; Kirikou découvre l’art du griot ; Kirikou apprend à jouer de la flûte…

Ce sont ces deux derniers segments qui sont, et de loin, les plus réussis. Parce que ce sont celles où l’art d’Ocelot s’approche le plus de l’épure et de la simplicité des sentiments et des émotions. Kirikou est un personnage passionnant quand il représente l’innocence la plus pure.

Ce sont les moments les plus anodins qui touchent le plus au cœur : une veillée autour d’un feu, le regard impénétrable d’un homme touareg, la mère de l’enfant qui apparaît jouant de la flûte, Kirikou s’allongeant près de sa mère endormie…

Michel Ocelot est plus qu’un dessinateur inspiré : c’est un vrai cinéaste qui sait créer l’émotion à partir de petits riens, tout en assénant mine de rien des messages de tolérance et d’ouverture d’esprit pas idiot et pas lourdingue.

L’Assassin habite au 21 – de Henri-Georges Clouzot – 1942

Posté : 12 octobre, 2012 @ 3:29 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, CLOUZOT Henri-Georges | Pas de commentaires »

L'Assassin habite au 21 1

J’ai toujours eu un faible pour ce premier film réalisé par Clouzot, une petite merveille légère et irrésistible, souvent considérée comme une comédie policière mineure. Libre adaptation (par Clouzot et l’auteur lui-même) d’un polar de Steeman (qui fait partie de ces écrivains très en vogue dans les années 30/40, mais dont le style paraît bien vieillot aujourd’hui), le film est la suite de Le Dernier des Six, dont Clouzot avait déjà signé l’adaptation un an plus tôt. Pierre Fresnay et Suzy Delair y retrouvent leurs rôles : celui du commissaire Wens et de sa petite amie, apprentie chanteuse grande gueule et casse couilles.

Chacun de leur côté (lui pour éviter d’être renvoyé, elle pour attirer l’attention d’un impresario), ils tentent de démasquer « Monsieur Durand », un tueur en série qui sévit à Paris, et dont le commissaire apprend qu’il est l’un des pensionnaires d’une pension de famille, les Mimosas. Wens s’y fait admettre en se faisant passer pour un pasteur, et sa douce ne tarde pas à l’y rejoindre.

L’intrigue policière n’intéresse pas vraiment Clouzot, qui se concentre bien davantage sur les personnages, leurs comportements au sein d’une communauté hétéroclite confrontée à l’irruption du Mal et du soupçon (le même thème qu’il développera, en bien moins léger, dans Le Corbeau). Surtout, il privilégie l’humour, fait peut-être unique dans sa filmographie. Les dialogues, gouailleurs et caustiques, sont particulièrement réussis. « Je ne peux pas me rendre compte, je suis une vraie jeune fille », lance une vieille pensionnaire des Mimosas. « Mes compliments », lui répond Wens… C’est brillant, croustillant, et c’est comme ça jusqu’à la fin.

Le couple Fresnay/Delair est un autre moteur de l’humour et du rythme imparable de ce film. Parce qu’ils sont totalement opposés, lui raide comme la justice, elle totalement exubérante, ces deux-là forment un couple de comédie idéal. Suzy Delair d’ailleurs, souvent tête à claque dans ses films, est formidable ici, en partie grâce au contrepoint que lui offre Fresnay.

L'Assassin habite au 21 2Et les moindres seconds rôles sont exceptionnels, avec une mention spéciale à Pierre Larquey, acteur de second plan génial et indispensable, qui donne un relief formidable à un personnage qui, sur le papier, n’en a guère. Noël Roquevert en faux militaire, et Jean Tissier en artiste de music-hall haut en couleurs, sont excellents eux aussi.

Le moindre petit rôle a la gouaille si séduisante de ce Paris disparu, et j’avoue un petit faible pour André Gabriello, le gros flic bonhomme au débit impossible, et pour le tout jeunôt Raymond Bussières qui lui chante du haut de son lampadaire « J’emmerde les gendarmes, et la maréchaussée, et la maréchaussée… ».

Et puis il y a le rythme, imparable et jubilatoire, et l’intelligence de la mise en scène, qui utilise merveilleusement les beaux décors. Dès la toute première séquence, Clouzot impressionne par la maîtrise de son art. En quelques minutes, il plante le contexte, et signe une belle séquence de suspense tout droit issue du réalisme poétique. La toute première scène de sa filmographie, et déjà un chef d’œuvre.

Kill the Gringo (Get the Gringo / How I spent my summer vacation) – d’Adrian Grünberg – 2012

Posté : 12 octobre, 2012 @ 1:21 dans 2010-2019, GRÜNBERG Adrian | Pas de commentaires »

Kill the gringo

A force d’être dans le creux de la vague, il fallait bien ça arrive : Mel Gibson a enfin droit à son direct-to-dvd, un premier film (signé Adrian Grünberg, assistant réalisateur pour Oliver Stone, Steven Soderbergh… ou Mel Gibson sur Apocalypto), tourné en DV et avec un petit budget, qui n’a eu droit à une sortie en salle nulle part… Fini, le Mel, malgré les bonnes critiques reçues pour sa précédente prestation dans Le Complexe du Castor ? Ce serait aller un peu vite en besogne, parce que ce Kill the Gringo (connu un temps sous le titre How I spent my summer vacation), non seulement n’a rien de honteux, mais se révèle même une excellente surprise.

Gibson, qui a produit et co-écrit le film, trouve même là l’un de ses meilleurs rôles de durs à cuire, dans un film vraiment « hard-boiled », qui reste rude et âpre jusqu’au bout, tenant les promesses que n’avait pas tout à fait tenues Payback, autre film hard-boiled du Mel, à la réputation pourtant bien meilleure.

Dans Kill the Gringo, l’image n’est pas très belle, DV oblige, mais le débutant Grünberg signe un premier film admirablement tendu, dont l’essentiel de l’action se déroule à l’intérieur d’une prison mexicaine hallucinante, qui tient moins du pénitencier classique que de la zone de non-droit de New York 1997. Version bidonville, moite et et poussiéreuse. Mel, arrêté à la frontière par des flics corrompus qui lui volent son butin, y est enfermé et oublié. Il y rencontre un gamin de 9 ans et sa mère, et découvre que le gosse est le réservoir à foie du patron des lieues, malade ayant besoin d’une transplantation.

Après une entrée en matière vive et tendue, le film patine un peu, à l’arrivée en prison. Mais la dernière moitié est bourrée d’éclats de violence qui font vraiment mal, sans oublier d’être cool pour autant. Dommage que « la » grande fusillade au milieu du film soit gâchée par un ralenti constant glonflant, qui casse le rythme. Mais Grünberg se rattrape sur les autres poursuites et fusillades, notamment le dernier affrontement, glaçant.

Pas un chef d’œuvre, non, mais Mel Gibson, même au creux de la vague, même avec le poids des ans sur son visage, attire toujours la caméra comme peu d’autres stars. Ce Kill the Gringo vaut nettement plus que le précédent actionner de l’acteur, Hors de contrôle, qui avait eu droit à une grosse sortie en salles, et qui était nettement plus insipide et ennuyeux. Et vive le DVD !

La Montagne mystérieuse (The Beast of Hollow Mountain) – d’Edward Nassour et Ismael Rodriguez – 1956

Posté : 12 octobre, 2012 @ 1:15 dans 1950-1959, FANTASTIQUE/SF, NASSOUR Edward, RODRIGUEZ Ismael | Pas de commentaires »

La Montagne mystérieuse

On ne compte pas les films de dinosaures tournés dans les années 50. Mais dans cette interminable liste largement nanardesque, ce Beast of Hollow Mountain sort du schéma traditionnel, qui nous montre des explorateurs découvrant des terres inconnues, peuplées de lézards géants. Bien avant La Vallée de Gwangi, autrement plus prestigieux (notamment grâce aux effets spéciaux de Ray Harrihausen), le film imagine l’irruption de monstres préhistoriques dans un western a priori très traditionnel. Autre point commun entre les deux films : ils s’inspirent d’une idée de Willis O’Brien, le précurseur de l’animation image par image.

Produit par la United Artists et filmé en Cinemascope, le film, à défaut d’être une grosse production, n’est pas non plus l’une de ces séries Z qui plébiscitaient les dinos. Il y a là, mine de rien, une vraie ambition, avec de nombreux figurants (ce qui nous change de l’inénarrable King Dinosaure, présent dans le même coffret DVD que ce Beast…), un scénario bien construit qui tiendrait le coup même sans l’aspect fantastique de la chose, et surtout une vision réaliste assez bien trouvée du Mexique de la fin du 19ème siècle.

Ce western mexicain, basé sur la rivalité amoureuse de deux éleveurs, est surtout réussi lorsqu’il montre la vie quotidienne de ce petit village : le jour de marché, le travail banal des cow-boys, les soirées des familles riches, les balades dominicales dans les rues… On n’attendait pas ça dans un tel projet.

La direction d’acteurs, par contre, est pour le moins approximative. Et comme tout le budget, visiblement, est allé aux effets spéciaux et aux figurants, les acteurs n’ont pas été choisis dans le haut du panier…

Cela dit, on ne peut pas dire non plus que les effets spéciaux prennent toute la place : il faut attendre l’heure de projection (le film dure une heure quinze !) pour voir le dinosaure apparaître enfin… et uniquement les pattes dans un premier temps, avec une série de gros plans irrésistibles sur les jambes d’un type qui marche maladroitement avec un déguisement de monstre en latex… absolument pas raccords avec les plans larges du dino, nettement plus convaincants.

Le film, comme ça, alterne le bon et le n’importe quoi. Drôle de mélange, comme si les deux réalisateurs (Edward Nassour, inventeur de la technique d’animation utilisée pour le monstre, et Ismael Rodriguez, très important cinéaste mexicain) avaient travaillé chacun de leur côté avant de tout assembler. C’est en tout cas plaisant, et ça se regarde sans le moindre ennui…

Jack l’Eventreur (Jack the Ripper) – de Robert S. Baker et Monty Berman – 1958

Posté : 11 octobre, 2012 @ 5:47 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, BAKER Robert S., BERMAN Monty | Pas de commentaires »

Jack l'Eventreur 58

Dans la très longue série des films inspirés du plus célèbre tueur en séries, celui-ci est à mettre dans le rayon des belles réussites. Pas un chef d’œuvre, non : Baker et Berman sont d’excellents formalistes, qui assurent d’ailleurs eux-même la photographie de leur film, mais ils sont loin d’être aussi convaincants en terme de direction d’acteurs.

Le principal défaut concerne en effet les personnages, qui peinent à exister réellement. Le plus passionnant d’entre eux — O’Neill, le flic londonien flegmatique et malin joué par Eddie Byrne — est qui plus particulièrement sous-exploité, alors que le film donne le beau rôle à un flic américain sans le moindre relief, interprété par un acteur sans grand charisme (Lee Patterson). Allez pas non plus me demander ce que vient faire ce flic ricain dans l’histoire (d’après le scénario, il profite de ses vacances pour venir donner un coup de main à son pote british sur cette affaire autrement plus excitante que les petits crimes sans intérêt qui se déroulent aux States)… à part bien sûr venir draguer le public américain de l’époque…

Un personnage, quand même, sort du lot : l’une des victimes de Jack, la nouvelle danseuse qui réalise, un peu tard, ce qu’implique réellement son nouveau job. La longue séquence qui lui est consacrée fait d’elle un beau personnage tragique, qui dit beaucoup de la cruauté de cette époque, dans ce quartier par ailleurs plutôt aseptisé par la mise en scène.

L’histoire, elle aussi, est connue et sans grande surprise : le fameux Jack l’Eventreur multiplie les meurtres sordides dans les quartiers populaires de Londres, en 1881. Et comme souvent, dans les adaptations, c’est l’hypothèse d’un tueur issu de la haute bourgeoisie (voire de l’entourage de la monarchie) qui est privilégiée. La version que l’on découvre ici est aussi valable que des tas d’autres, ni plus intéressante, ni plus conne…

Bref, on s’en fiche un peu. Ce qui compte, c’est le brouillard dans les ruelles étroites de White Chapel, les bruits de pas sur les pavés humides, les cris dans la nuit, les bouges mal famés et les putes au verbe haut. Et dans ce registre, Berman et Baker font très fort. Dès les premières images, ils nous offrent absolument tout ce qu’on attend d’un « Jack l’Eventreur » (presque un genre en soi : on dit ça comme on dit un « James Bond » ou un « Charlot ») : une belle suée dans un décor de fantasme cauchemardesque (ou de cauchemar fantasmé, c’est selon). Ils filment merveilleusement bien ces ruelles inquiétantes, toutes en ombres et en recoins, joliment reconstituées en studio.

C’est dans ces séquences nocturnes et extérieures que le film est le plus réussi. Et quand les réalisateurs s’amusent à nous faire peur, multipliant les séquences de meurtres sur le même modèle, mais avec de subtiles variations qui les rendent uniques, et toutes franchement flippantes. Je ne demandais vraiment rien de plus…

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