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Archive pour la catégorie 'CRUISE Tom'

Mission Impossible : Dead Reckoning, part 1 (id.) – de Christophe McQuarrie – 2023

Posté : 4 octobre, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, ACTION US (1980-…), CRUISE Tom, McQUARRIE Christopher | Pas de commentaires »

Mission Impossible Dead Reckoning part 1

Le sentiment que me procure la saga Mission Impossible ne fait que se renforcer depuis que Christopher McQuarrie est devenu le yes-man de Tom Cruise : voilà bel et bien et définitivement les films d’action les plus ébouriffants et les plus enthousiasmants qui soient, mais quand Cruise redeviendra-t-il cet acteur qui savait surprendre et se mettre en danger ?

Ce sentiment est d’autant plus fort que cet épisode 7 (ou plutôt 7A, avant la sortie du 7B l’été prochain) a beau être jouissif comme aucun autre film d’action depuis Fallout, il donne pour la première fois l’impression de ronronner, en citant d’autres films de la saga : la tempête de sable de Ghost Protocole notamment, mais surtout le premier opus, dont on retrouve un personnage oublié depuis, celui de Kittridge (« Kittridge, you’ve never seen me very upset ! »).

On pourrait voir ça comme une manière de boucler la boucle, cette mission en deux films ayant été annoncée un temps comme un ultime baroud pour Ethan Hunt (mais Cruise semble être revenu depuis sur ses bonnes intentions… peut-être que le box-office en demi-teinte lui fera entendre raison après tout). Mais cela sonne surtout comme une incapacité à se réinventer, comme si, presque trente ans après, on avait fait le tour.

Il faut dire aussi que la saga n’avait pas été conçue comme la série cohérente qu’elle est devenue sous la houlette de JJ Abrams, puis McQuarrie, mais comme une sorte d’anthologie qui consisterait à confier chaque épisode à un cinéaste à la personnalité forte, chacun devant réinventer le personnage de Hunt, et la manière de filmer l’action. En cela, le très mal aimé épisode 2 signé John Woo reste sans doute le plus radical de tous les films de la série…

Avec McQuarrie, on est loin de ces audaces. Et Cruise s’enferme de plus en plus dans un processus de surenchère qui ne peut pas être sans fin. Comment pourrait-il aller plus haut que le Burj Khalifa ? Comment pourrait-il faire plus dangereux que s’accrocher à un avion cargo qui décolle ? Le plus beau, c’est qu’il y arrive encore, avec une poignée de séquences hallucinantes…

Deux d’entre elles, surtout, marquent les esprits. La plus immersive : celle où, à moto, il saute d’une falaise avant d’ouvrir son parachute, séquence filmée au plus près de l’acteur-cascadeur, assez incroyable. La plus inventive : celle où Hayley Atwell et lui traversent à la verticale les wagons d’un train accroché dans le vide, moment de suspens assez classique sur le papier, mais totalement réinventé à l’écran.

Mais même ces moments exceptionnels, si bluffants soient-ils, n’arrivent plus à totalement nous surprendre. Un peu sur le principe : oui, c’est dingue, mais on n’en attend pas moins… La saga continue à innover, à repousser les limites, mais une sorte d’habitude s’est installée, qui est le signe qu’il serait peut-être temps de passer à autre chose.

Un autre signe que Cruise s’installe dans une logique routinière très personnelle : on avait déjà remarqué qu’il ne mangeait jamais, mais voilà qu’il est désormais totalement désexué, franchissant encore une étape dans ce sens après Top Gun : Maverick. Ça n’a pas toujours été le cas : il y avait une certaine sensualité dans les rapports de son personnage avec Emmanuelle Béart ou Thandie Newton, dans les premiers films. Ici, pas le moindre trouble manifeste entre Hunt et le personnage joué par Hayley Atwell.

Personnage que l’on découvre ici, et qui prend d’emblée une importance centrale, repoussant au second plan celui autrement plus passionnant, et troublant, de Rebecca Ferguson, qui était pourtant le plus enthousiasmant des derniers épisodes. Comme si ce personnage dirigeait la saga vers des zones plus incertaines dont le duo Cruise/McQuarrie ne voulait pas.

La grande originalité du film, c’est sans doute la nature du grand méchant. Et ce grand méchant, ce n’est pas le personnage dangereux et (encore) mystérieux d’Essai Morales, sorte de nemesis de Hunt dont le prochain film nous dévoilera sans doute les secrets. Non, le grand méchant est… une intelligence artificielle, plongeant la saga dans une actualité qui, pour le coup, est assez troublante.

C’est sans doute la première fois que j’écris une chronique aussi négative sur un film qui, finalement, m’a procuré tant de plaisir. Voilà toute l’ambivalence de la carrière récente de Tom Cruise, acteur dont je ne me lasserai jamais de revoir les grands films, d’Eyes Wide Shut à Collateral, acteur dont j’attends chaque nouveau film d’action avec impatience (et Dead Reckoning Part 2 ne fera pas exception), mais acteur qui, à 60 ans bien tapé, pourrait peut-être enfin se réinventer ?

Entretien avec un vampire (Interview with the vampire) – de Neil Jordan – 1994

Posté : 10 mars, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, CRUISE Tom, FANTASTIQUE/SF, JORDAN Neil | Pas de commentaires »

Entretien avec un vampire

Il fut un temps où Tom Cruise était un acteur caméléon. A cette époque où, devant la caméra de Brian De Palma, il tournait l’adaptation d’une série TV un peu vieillotte (qui n’était pas encore la plus enthousiasmante des franchises d’action), il passait allégrement d’un genre à l’autre, d’un univers à l’autre : comédie romantique (Jerry Maguire), thriller paranoïaque (La Firme), grand film introspectif (Eyes Wide Shut).

Et voilà qu’il s’empare, contre l’avis de l’autrice Anne Rice, d’un personnage de vampire déjà culte dans la littérature : Lestat, grand blond athlétique qu’il incarne avec une conviction sans faille, révélant une intensité, une menace et des fêlures à côté desquelles beaucoup d’observateurs étaient passés jusqu’alors. Bien sûr, il y avait déjà eu Né un 4 juillet, mais le personnage de Ron Kovic, tel qu’il l’incarne dans sa jeunesse d’avant la guerre, n’était pas si loin de l’image de tête brûlée qui a fait la gloire de l’acteur.

Rien de tout ça dans Lestat, vampire apparemment sans état d’âme, sans empathie pour les mortels ou pour ses semblables, qui habite la Nouvelle Orléans de la fin du XVIIIe siècle comme un seigneur ou un demi-dieu ayant droit de vie et de mort sur les habitants de la ville. Un personnage auquel Tom Cruise apporte une profondeur et des failles inattendues, qui ne sont jamais assénées, toujours suggérées par des gestes, des regards…

C’est là qu’il « enfante » un autre vampire : un riche propriétaire ravagé après la mort de sa femme, qui rencontre ce vampire lui proposant de passer de l’autre côté, de renoncer à sa vie de mortel pour être son compagnon de vie… ou de mort… ou d’éternité. C’est Brad Pitt, et c’est son personnage qui est au cœur du récit. Et lui aussi est formidable, aussi intense et complexe que Cruise. Un mort-vivant, dans tous les sens du terme, qui laisse passer la vie et son humanité sans réagir, avec une fausse passivité qui ne trompe que lui.

Cela fait beaucoup d’éloges pour les deux stars, et encore pas grand-chose sur le film lui-même. C’est que revoir Entretien avec un vampire presque trente ans après me laisse à peu près la même impression que la première vision, et que le souvenir qu’elle m’avait laissé. La mise en scène de Neil Jordan est impeccable, et nous offre une plongée assez saisissante dans les nuits humides du Sud américain. La violence, parfois extrême, et le sang, souvent en profusion, créent un malaise authentique. Mais non, impossible de se laisser emporter vraiment et totalement.

Entretien avec un vampire est un film souvent impressionnant, esthétiquement parfait, mais étrangement froid. Plutôt que d’être réellement happé, on admire avec un peu de recul la prestation de Cruise et Pitt, ou celle d’Antonio Banderas, Christian Slater et surtout Kirsten Dunst, vampire enfermée à jamais dans un corps d’enfant. Etrange expérience de spectateur, finalement pas si loin de celle que vit le personnage de Pitt.

Risky Business (id.) – de Paul Brickman – 1983

Posté : 4 novembre, 2022 @ 8:00 dans 1980-1989, BRICKMAN Paul, CRUISE Tom | Pas de commentaires »

Risky Business

Avant Top Gun, il y eut Risky Business, premier gros succès pour Tom Cruise, film devenu culte grâce à une scène, qui fit de l’acteur de 21 ans l’une des coqueluches de l’Amérique d’alors : Cruise, en chemise et caleçon, les mollets bien en valeur, se lançait seul dans une danse évocatrice au son de la chanson « To old time rock & roll ».

Presque quarante ans plus tard, le film surprend encore par l’audace de son propos : c’est quand même l’histoire d’un fils de bonne famille, bien propre sur lui (il s’appelle Joel Goodson, c’est dire), qui abandonne joyeusement toutes ses illusions d’enfant pour se lancer dans le capitalisme en devenant mac à succès après sa rencontre avec une jolie prostituée (Rebecca De Mornay, la petite amie d’alors de Tom). Difficile de faire plus cynique.

Cela étant dit, le film, formellement, est très marqué par l’esthétique des années 80, dont Cruise devient instantanément l’une des grandes figures, avec son sourire tout en dents, ses lunettes de soleil et sa joyeuse insolence. Ce n’est pas déplaisant, c’est même assez amusant par moments, particulièrement dans la première partie où le jeune homme bien comme il faut se retrouve confronté à des tentations auxquelles il n’est pas habitué. Mais ça ne va jamais plus loin.

A vrai dire, Risky Business serait sans doute tombé dans un oubli éternel (et pas immérité) s’il ne marquait pas justement l’éclosion de celui qui allait devenir la plus grande star de sa génération. Il lui faudra toutefois attendre trois ans et le triomphe de Top Gun pour que les portes de la gloire s’ouvrent bien grandes pour lui.

La Couleur de l’argent (The Color of Money) – de Martin Scorsese – 1986

Posté : 21 octobre, 2022 @ 8:00 dans 1980-1989, CRUISE Tom, NEWMAN Paul, SCORSESE Martin | Pas de commentaires »

La Couleur de l'argent

L’idée même de séquelle semble totalement étrangère de l’œuvre de Scorsese. Il y en a pourtant bien une, si si : La Couleur de l’argent, suite très tardive de L’Arnaqueur, l’un des grands rôles de Paul Newman dans les années 1960. Ironiquement, c’est avec ce rôle déjà tenu vingt-cinq ans plus tôt (et les suites sont également rares dans la filmo de l’acteur : à part La Toile d’Araignée, suite de Détective privé, je n’en vois pas d’autre) que ce dernier décrochera son unique Oscar.

La Couleur de l’argent est un cas unique dans la filmo de Scorsese. C’est aussi l’un de ses films les plus mal aimés. Pour lequel j’ai pourtant toujours eu une grande affection, pour plusieurs raisons. Et d’abord, peut-être, parce qu’il est assez fascinant de revoir si longtemps après un personnage découvert à une époque où on ne parlait pas encore de saga ou d’univers étendue. Revoir le personnage d’Eddie Felson si longtemps après est passionnant. Et puis Scorsese et son scénariste Richard Price proposent du personnage une évolution très convaincante : vingt-cinq ans après ses déboires, l’ancien champion de billard a remisé la queue sans vraiment s’éloigner des salles de billards, où il écoule ses livraisons de whisky.

Il a vieilli bien sûr, il est un peu fatigué, sa vue a baissé, et il semble s’être rangé. Fini pour lui les arnaques d’autrefois. Jusqu’à ce qu’il rencontre un jeune joueur de billard nettement plus frimeur que lui au même âge, mais tout aussi doué, qui lui redonne l’envie de regoutter à la fièvre du jeu et des petites arnaques. Mais les temps ont changé : sa vision de l’arnaque était inséparable d’un amour du jeu. Il découvre que le cynisme domine tout.

Les prestations presque opposées de Newman et de Tom Cruise incarnent parfaitement cette évolution. Tom Cruise, tout juste sorti du triomphe de Top Gun, qui dévoile déjà ses ambitions, prenant le contrepied de ce que le public attend de lui. Et dans un rôle radicalement différent, il se glisse dans l’univers d’un grand, et donne la réplique à un autre grand, au sommet. Leurs face à face sont formidables

Scorsese filme chaque partie de billards comme si elle était le reflet des tensions des personnages. Le face-à-face tardif entre Eddie et Vincent est particulièrement puissant, véritable guerre d’ego où chaque coup est rendu. Il y a beaucoup de parties dans le film, et jamais le moindre signe de redite. Scorsese fait avec le billard ce qu’il avait fait avec la boxe dans Raging Bull : chaque « combat » est hyperstylisé, et souligne la dramatisation du moment. Du pur cinéma.

Top Gun : Maverick (id.) – de Joseph Kosinski – 2020-2022

Posté : 26 juin, 2022 @ 8:00 dans 2020-2029, CRUISE Tom, KOSINSKI Joseph | Pas de commentaires »

Top Gun Maverick

De cette suite incroyablement tardive (36 ans, quand même, entre leurs sorties en salles respectives), Tom Cruise fait son premier film 100 % nostalgique. Au choix : du pur fan-service, ou une mise en abîme de l’obsolescence programmée vers laquelle la star elle-même se dirige inexorablement. En fait non, pas « au choix » : Top Gun 2 est tout ça à la fois.

A vrai dire, on a rarement vu un film répondre à ce point à toutes les attentes des fans… Côté surprises, on repassera donc. Mais qu’importe, vraiment : la sortie (et le triomphe) de ce « Maverick » rappelle à quel point le premier Top Gun reste en dépit de ses outrances un authentique film culte, et à quel point Tom Cruise reste une star comme il n’en existe plus beaucoup (plus du tout?).

Le côté fan-service, donc, atteint des sommets que même les plus grands fans n’espéraient sans doute pas. Le film s’ouvre ainsi exactement de la même manière que celui de Tony Scott : même musique, mêmes images de l’animation sur le pont d’un porte-avion, même carton d’introduction… 36 ans après, l’effet est étonnant, procurant un petit picotement, à mi-chemin entre l’excitation et la nostalgie.

Et puis Tom Cruise apparaît, dans un hangar aux murs tapissés de photos de sa jeunesse et de ses amis d’hier (du premier Top Gun, donc) : le regretté Goose, et Iceman, dont la présence flottera constamment sur cette suite. Le premier par la présence de son fils, devenu lui-même pilote et en rébellion contre celui qui fut le meilleur ami de son père. Le second par la présence fantomatique de Val Kilmer, en rémission d’un cancer de la gorge, et à qui le film réserve une fort jolie scène, forcément très attendue.

Cruise a le même sourire éclatant, mais le regard un peu fatigué. La même folie, mais la conscience bien présente que le temps lui est compté. Ce qu’on ne cesse d’ailleurs de lui rappeler. Et ce que les réminiscences du passé ne cessent de lui rappeler, tant elles sont nombreuses : le fils de Goose (Miles Teller, très bien) qui se met au piano d’un bar pour jouer « Great Balls of Fire » comme son père autrefois ; une partie de foot américain sur la plage qui évoque furieusement une célèbre partie beach-volley ; des combats de coqs entre jeunes pilotes ; une moto qu’on chevauche sans casque au soleil couchant ; une maison sur la plage…

Autant de moments qui confrontent joliment Maverick – et Tom Cruise – au temps qui passe. Une scène, surtout : celle de la première soirée au bar, où le héros jadis si arrogant et populaire se fait (littéralement) mettre à la porte de ce grand moment de camaraderie, et se retrouve seul dans la nuit, face à ses fantômes. C’est beau. Un peu triste, un peu amer, mais beau.

Bien sûr, Joseph Kosinski (qui avait déjà dirigé Tom Cruise dans Oblivion) se contente en grande partie de marcher dans les traces de Tony Scott. A l’opposée d’un Denis Villeneuve qui, lui, s’appropriait l’univers de l’autre frère Scott (Ridley), faisant de son Blade Runner 2049 une relecture à la fois fidèle à l’esprit mais totalement réinventée du Blade Runner original, Kosinski n’invente rien. A une exception près quand même, et elle est de taille : les séquences aériennes.

On nous les promettait inédites et spectaculaires, c’est même pour les peaufiner que le premier report de sortie avait été décidé, des mois avant la pandémie. Elles le sont, et bien plus encore. Le dernier tiers du film est largement dominé par ces séquences, proprement ahurissantes tant elles sont immersives. Tout le film, à vrai dire, est construit pour préparer cette mission qui semble suicidaire : détruire un stock d’uranium dans un « pays voyou » jamais nommé (zéro prise de position géopolitique).

Le résultat est bluffant, sidérant même, surtout que, comme tout bon « Tom Cruise movie », il n’y a quasiment pas de CGI à l’horizon. Face à ces séquences, la romance avec Jennifer Connely passe franchement au second plan, derrière la relation avec le rejeton de Goose aussi. Au passage, c’est assez étonnant de voir comment la grande scène d’amour est traitée : avec une sagesse qui frise à la pudibonderie, quand celle avec Kelly McGillis flirtait avec l’érotisme soft. Ce détail dirait-il quelque chose de notre époque ?

Ce serait malhonnête d’affirmer que Top Gun : Maverick est plus réussi que le premier Top Gun, tant Kosinski construit son film en fonction de celui de Scott. Mais quand même, même avec zéro surprise, même avec un cahier des charges épais comme un annuaire de 1986, voilà un vrai grand blockbuster, enthousiasmant et même euphorisant par moments, comme on n’en fait plus. De quoi titiller notre fibre nostalgique. Plus que jamais, Tom Cruise occupe une place unique, et décidément indispensable dans le cinéma hollywoodien.

Le dernier Samouraï (The Last Samurai) – d’Edward Zwick – 2003

Posté : 29 novembre, 2020 @ 8:00 dans 2000-2009, CRUISE Tom, WESTERNS, ZWICK Edward | Pas de commentaires »

Le Dernier Samouraï

Edward Zwick n’est pas le plus fin des réalisateurs, mais son cinéma a souvent une sincérité, une générosité et un souffle épique qui évoquent joyeusement le grand Hollywood. Encore que « joyeusement » n’est peut-être pas le terme le plus adapté, tant l’homme semble attiré par les grands destins sur fond de massacres ou de fins de mondes. C’est bien le cas avec ce Dernier Samouraï, qui s’achève par l’une des tueries les plus franches et radicales de ces dernières décennies.

Une véritable hécatombe, telle qu’on n’en voit pas si souvent, et que traverse un Tom Cruise christique, pas à l’abri des balles, mais comme insensible à leur effet… C’est qu’il morfle, le Tom, pendant ces 2h37 de film, passant allégrement à travers pas mal d’occasion de trépasser violemment et héroïquement. Mais à quoi bon : il n’est finalement qu’un témoin de cette disparition des Samouraïs, une manière hollywoodien de donner un point de vue occidental à de pan d’histoire.

Cruise interprète un officier américain ayant survécu aux combats meurtriers menés par Custer contre les Indiens, qui se réfugie dans l’alcool, et qui revit dans un village reculé du Japon où il a été fait prisonnier par des rebelles qu’il devait combattre. Un village magnifique, dans des montagnes magnifiques, pleines d’arbres en fleurs magnifiques, aux aurores magnifiques, où chacun vit dans une harmonie magnifique, et où il est hébergé par une femme magnifique, épouse d’un guerrier magnifique que lui-même a tué au combat.

Oui, Edward Zwick signe un film esthétiquement très beau, et très hollywoodien dans sa manière de jouer avec les images que l’on attend de ce Japon encore traditionnel. C’est le grand sujet du cinéma que s’approprie Zwick : la confrontation de la tradition et des influences occidentales. Certes, Ozu a fait nettement plus fin sur ce sujet. Mais dans le genre grosse machine hollywoodienne, celle-ci séduit par sa dimension classique et épique.

Outsiders (The Outsiders) – de Francis Ford Coppola – 1983

Posté : 12 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1980-1989, COPPOLA Francis Ford, CRUISE Tom | Pas de commentaires »

Outsiders

Après le flop de Coup de cœur, Coppola devait trouver le bon sujet pour sauver sa société Zoetrope de la faillite… C’est un groupe d’étudiants qui le lui apporte sur un plateau, en lui demandant d’adapter cette histoire, quelque part entre West Side Story et Grease.

Loin de son univers, a priori : deux gangs de jeunes citadins qui s’affrontent. D’un côté, les Greasers, pauvres gamins sans argent et sans parents. De l’autre, les Socs, fils de riches vivants du bon côté de la ville, mais tout aussi paumés. Parce que quel que soit l’endroit d’où on le regarde, le coucher de soleil est le même, comme le dit l’un des personnages.

Les couchers de soleil… omniprésents et sublimes, comme le symbole d’une innocence perdue, de la perte, ou du début d’autre chose. Un symbole qui était déjà au cœur d’Autant en emporte le vent, auquel on pense fortement : pour les couleurs du crépuscule et ces superbes clairs obscurs, mais aussi parce que le libre lui-même revient régulièrement dans l’histoire.

De ce sujet improbable pour lui, Coppola tire un film d’une beauté renversante. Visuellement, donc, mais aussi et surtout pour cette déchirante nostalgie, ce sentiment de perte que Coppola instille par de longs plans d’une élégance folle, avec une utilisation magistrale et très subtiles de musiques et chansons célèbres (celles d’Elvis, notamment).

Totalement sous le charme de ce film tragique et superbe, et pas seulement pour son extraordinaire casting, qui voit les quasi-débuts de C. Thomas Howell, Matt Dillon, Rob Lowe, Ralph Macchio, Emilio Estevez, Patrick Swayze et Tom Cruise. De ce sujet presque anodin, Coppola tire tout simplement l’un de ses plus beaux films. Une merveille.

Barry Seal : American Traffic (American Made) – de Doug Liman – 2017

Posté : 9 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, CRUISE Tom, LIMAN Doug | Pas de commentaires »

Barry Seal

Entre la fin des années 70 et le milieu des années 80, Barry Seal s’est fait une immense fortune en livrant des armes en Amérique du Sud pour la CIA… et en livrant de la drogue pour le cartel de Medellin. Ce type avait quelques atouts pour ça : il était un pilote d’avion chevronné, et il avait une forte tendance à foncer avant de réfléchir.

C’est une histoire vraie (inspirée de… en tout cas), et c’est aussi pour Tom Cruise la dernière velléité en date (et avant un bon moment, vraisemblablement) de rappeler qu’il est un acteur complet et très doué, avide de nouveaux rôles et de défis autres que purement physiques.

Il prend ici un plaisir évident à jouer les types dénués de tout sens moral, s’amusant même de son image de fonceur pour camper le yes man un peu bas du front. Même son fameux sourire « dents blanches éclatantes » a quelque chose de too much, qui flirte avec l’idiotie. Pas dupe, Tom Cruise, finalement jamais aussi bon désormais que quand il se moque de lui-même.

Image qui semble tirée d’une VHS, musique d’époque, arrêts sur image, voix off insistante, retours en arrière rigolards… Doug Liman tente le pastiche, mais singe surtout le Scorsese de Goodfellas ou de Casino. L’ambition est là, il faut la saluer, et le pari est par moments réussi. Mais Liman n’est décidément pas Scorsese, et son film n’atteint jamais la puissance de ses modèles.

Finalement, le vrai sujet du film, ce n’est ni cette Amérique magouillarde du tournant des années 80, ni Barry Seal lui-même, mais Tom Cruise, la star et l’acteur. Barry Seal n’est réussi que pour sa prestation toute en ironie. Et pour rappeler l’acteur curieux et complet qu’il fut avant de devenir le plus grand des action heroes.

Walkyrie (Valkyrie) – de Bryan Singer – 2008

Posté : 14 janvier, 2020 @ 8:00 dans 2000-2009, CRUISE Tom, SINGER Bryan | Pas de commentaires »

Walkyrie

Walkyrie, c’est l’opération menée par une poignée de dignitaires allemands en 1944 pour éliminer Hitler et négocier la paix avec les Alliés.
C’est aussi, d’une point de vue cinématographique, l’une des toutes dernières velléités manifestes de Tom Cruise de sortie du rôle d’action hero dans lequel il s’est enfermé depuis, avec une volupté gourmande et une réussite évidente, mais en se privant de rôles plus surprenants dans lesquels il excelle pourtant.

C’est le cas avec ce personnage du colonel Von Stauffenberg, officier mutilé sur le front africain, devenu le pilier de cet attentat contre le Führer, dont on sait évidemment qu’il va échouer (on n’est pas chez Tarantino).

On connaît la fin, donc, et elle n’est pas joyeuse. La question réside donc sur la manière dont Singer nous conduit jusqu’à cette fin tragique. Il y a une belle ambition dans ce film, mais aussi quelques limites.

L’ambition, c’est de nous emmener au cœur de ce complot, en restant constamment au plus près des personnages, privilégiant les doutes et les peurs individuelles au détriment d’une action plus globale et plus spectaculaire. Choix gagnant : il y a là une belle intensité, en tout cas dans le dernier tiers du film.

Mais le film a ses limites, donc. Sans doute aurait-il gagné à développer le background des personnages principaux, à les ancrer davantage dans une humanité plus quotidienne. Singer se concentre totalement sur son récit, complexe et finalement peu spectaculaire.
Il le sait, d’ailleurs. Et pour éviter l’ennui, il profite de la moindre occasion (un téléphone qui sonne, un officier qui entre dans une pièce et qui tarde avant de parler…) pour créer un suspense artificiel.

Des facilités, pour le coup, qui retiennent le film au niveau d’un honnête film de genre, efficace et prenant. Ni plus, ni moins. Un film qui marque aussi le début de la collaboration entre Tom Cruise et Christopher McQuarrie, scénariste qui deviendra son bras droit attitré, marquant la suite de sa carrière comme l’avait fait Robert Towne au début des années 90.

Né un 4 juillet (Born on the fourth of july) – d’Oliver Stone – 1989

Posté : 5 mai, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, CRUISE Tom, STONE Oliver | Pas de commentaires »

Né un 4 juillet

Après Platoon et avant Entre ciel et terre, Stone poursuit sa trilogie du VietNam avec cette adaptation (avec l’auteur) du livre autobiographique de Ron Kovic, vétéran de guerre revenu à la vie civile cloué sur un fauteuil, qui deviendra l’un des grands activistes anti-guerre. Un film radicalement différent du précédent, et du suivant, avec lesquels il forme pourtant un ensemble d’une remarquable cohérence.

Stone aurait pu surfer sur le succès de Platoon en creusant le même sillon. Du VietNam, on ne voit pourtant que quelques épisodes, aussi brefs que traumatisants : le massacre « accidentel » de civils, femmes et enfants dans un village, la mort « accidentelle » d’un soldat américain tué par l’un des siens, et puis les blessures de Ron. Rien d’autre, juste ces images qui reviennent en flashs tout au long du film.

Le film parle du traumatisme de la guerre, plus que de la guerre elle-même. Et Ron Kovic est le symbole parfait de ce traumatisme, pour ce qu’il représente de la jeunesse sacrifiée de tout un pays, et pour son destin personnel. Stone mêle ces deux aspects avec beaucoup de force et beaucoup de pudeur aussi. Plus encore que dans Platoon peut-être, la mise en scène est entièrement raccord avec l’état d’esprit de son personnage principal, tantôt va-t-en guerre nationaliste, tantôt vétéran en colère, tantôt jeune homme paumé à la recherche désespérée d’un sens à donner à sa vie.

Il fallait un acteur intense pour donner vie à cette vision de Ron Kovic selon Oliver Stone. Tom Cruise est l’homme de la situation (et pas seulement parce qu’il est né un 3 juillet). Déjà remarqué dans La Couleur de l’argent ou dans Rain Man, son talent protéiforme explose littéralement dans ce film, qui lui donne l’occasion de jouer sur tous les tableaux, du gamin puceau et maladroit au poivrot rageur en fauteuil. Il est assez exceptionnel, sans jamais en faire trop.

Jamais dans la performance pure, jamais dans le clinquant, il incarne un type pas facile à aimer. Un petit con qui se transforme en handicapé plein d’aigreur, avant de trouver une sorte de rédemption tardive. Comme dans tous ses meilleurs films (de Platoon justement, à JFK), Oliver Stone laisse planer un doute sur le fond : son personnage est-il totalement convaincu, ou ne cherche-t-il pas avant tout à trouver un sens à cette vie gâchée ?

Une trajectoire dont Stone s’empare en tout cas pour faire l’un de ses films les plus habités, l’un de ses plus convaincants.

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