Pour l’amour du ciel (E’ più facile che un cammello…) – de Luigi Zampa – 1950
Gabin a eu son Liliom, si si. Hélas, il ne l’a pas eu grâce à un Fritz Lang ou à un Frank Borzage, mais devant la caméra de Luigi Zampa, figure du néoréalisme italien qui en signe une variation à l’italienne, mélange de farce et d’humanisme tantôt séduisant, tantôt navrant.
Gabin est un grand patron un peu cynique, persuadé d’être un type bien. Le cœur sur la main, le sourire aux lèvres, toujours prompt à rappeler que lui aussi vient du peuple, en oubliant de dire que s’il est arrivé au sommet, c’est en épousant la fille du patron, qu’il n’a cessé depuis de tromper, laissant « de beaux souvenirs » à ses nombreuses conquêtes, sans jamais s’inquiéter de l’avenir de ces petits « souvenirs », devenus grands.
Alors quand il est fauché par un camion, forcément, il est tout surpris de se voir refusé l’accès au paradis, pour des brouilles, alors qu’un évêque proche du pape est en train de dîner chez lui. « Si c’est pas une référence, ça ! » Surtout que le pire de ses actes qu’on lui reproche concerne un type dont il n’a jamais entendu parler. Quand il obtient quelques heures de sursis sur terre, il sait que c’est ce type qu’il doit rendre heureux, coûte que coûte.
Le patron, c’est Gabin. Sa « victime », c’est Carette. Forcément, le plaisir de retrouver ses deux-là face à face est présent, et c’est le genre de plaisirs qu’on ne refuse pas, même si on est loin de La Grande Illusion. Loin, ne serait-ce que dans la vérité des personnages, jamais loin de la caricature. Parfois même au-delà, comme ce prétendu duc sossotant, grotesque, la comtesse bécasse, ou la fillette tête à claque.
Le personnage principal est à peine plus intéressant, mais il est campé par un Gabin assez étonnant, tout en retenue. Cette retenue filmée le plus souvent comme un contrepoint à l’hystérie ambiante est ce qu’il y a de plus réjouissant dans cette farce sur une trame sociale, à moins que ce ne soit un drame social filmé avec une légèreté toute burlesque… Une curiosité, disons.