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Archive pour la catégorie 'JIMENEZ Cédric'

La French – de Cédric Jimenez – 2014

Posté : 11 octobre, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 2010-2019, JIMENEZ Cédric | Pas de commentaires »

La French

Il faut au moins reconnaître à Cédric Jimenez son ambition : ils ne sont pas si nombreux, les cinéastes français, à vouloir à ce point tirer le film de genre vers le haut. Ou disons vers ses modèles américains les plus glorieux. Et c’est bien ce qu’il fait avec ce film, pourtant très français et inspiré d’une histoire vraie : la french connection et l’assassinat du juge Michel.

Sa principale limite, sans doute, est d’hésiter constamment entre une reconstitution précise et rigoureuse, et une dramatisation de l’intrigue pour rendre le film plus… plus quoi ? fun ? efficace ? américain ?

C’est clairement une limite, parce que cette histoire n’en avait pas besoin : pas besoin de cette rencontre improbable entre le juge et le parrain qui semble n’avoir été écrite que pour aménager une scène commune à Jean Dujardin et Gilles Lellouche, et pour citer en passant une autre rencontre au sommet, dans le Heat de Michael Mann.

Pas besoin non plus de faire du juge un authentique cowboy qui finit par se mêler physiquement à l’action, comme si son courage n’était pas si flagrant. Des moments censés être immersifs qui ont l’effet totalement inverse sur le spectateur, qui aimerait que le réalisateur lui fasse un peu plus confiance…

Ces réserves faites, il faut reconnaître une belle efficacité, une reconstitution assez bluffante, un vrai sens du rythme, et surtout une belle idée, qui doit beaucoup au chef d’œuvre de Michael Mann d’ailleurs : mettre en scène les deux antagonistes dans leur vie familiale, gommant les différences dans leurs rapports à leurs femmes. Avec pour effet de rendre ce sinistre fait divers humain, et l’affrontement, pour le coup, vraiment dramatique.

Mann n’est pas la seule influence de Jimenez, qui flirte aussi beaucoup du côté de Scorsese, dans cette longue séquence qui permet de planter le décor et de présenter les différents personnages, séquence qui serait brillante si elle ne souffrait de la comparaison avec son modèle évident, Les Affranchis. Disons que c’est le retour de bâton que risque tout cinéaste cinéphile : gare à la comparaison.

Novembre – de Cédric Jimenez – 2022

Posté : 12 décembre, 2022 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 2020-2029, JIMENEZ Cédric | Pas de commentaires »

Novembre

Cédric Jimenez, cinéaste pas toujours délicat, qui s’attaque aux attentats du 13 novembre ? On pouvait craindre le pire. La surprise est bonne. Thriller efficace, Novembre est aussi et surtout une espèce de voyage intense et respectueux au sein de notre mémoire collective. Contrairement à Revoir Paris, qui était une évocation qui se libérait de tout poids lié à une reconstitution précise, le film de Jimenez colle réellement aux événements qui ont bousculé la France ces jours-là.

Mais Jimenez choisit de ne rien filmer des attentats eux-mêmes, prenant le parti-pris (évident à ce stade de notre traumatisme à tous) de ne pas mettre en image des tueries dont, tous, on s’est fait nos propres images insoutenables. Son film reconstitue avec minutie les heures et les jours qui ont suivi, et il a la pertinence d’un témoignage personnel, à ceci près que ce serait celui de flics qui se seraient retrouvés plongés dans cette horreur, confrontés à l’urgence de retrouver et de neutraliser au plus vite les survivants de ces attaques.

Plutôt que de se risquer à une représentation des attentats, Jimenez fait dont appel à notre mémoire. Si son film est si fort, si marquant, c’est parce qu’il donne le sentiment de nous plonger dans les coulisses d’images que l’on a bel et bien vues dans ces heures d’angoisse : ces images vides d’un immeuble criblé de balles par exemples, ou d’une capitale foudroyée par la douleur avec des gyrophares en arrière-plan. Novembre réveille ces souvenirs-là, ces images diffusées à la télévision il y a sept ans, qui ne disaient rien d’autre que l’angoisse, la peur et la douleur collectives.

Novembre restitue un récit derrière ces images d’attente, en nous faisant partager l’urgence de ces policiers qui, eux, n’étaient pas dans l’attente mais dans l’action. Là, Jimenez prend des libertés en inventant des personnages, et particulièrement celui du superflic joué par Jean Dujardin. Mais ces libertés, au service de l’efficacité, ne nuisent pas au propos. Après tout, le film n’est pas un documentaire, mais une fiction. Une fiction qui prend en compte le vécu personnel de chacun de ses spectateurs, ce qui n’est pas une mince affaire.

Alors oui, Novembre est une réussite. Radicalement différent du sensible et très beau Revoir Paris, et finalement assez complémentaire. On en sort en tout cas assez assommé. Moins par l’incroyable déluge de feux de la scène de l’assaut, que par tous les souvenirs, toutes les sensations et émotions, qu’il fait resurgir avec une acuité troublante.

Aux yeux de tous – de Cédric Jimenez – 2012

Posté : 11 janvier, 2013 @ 7:07 dans * Polars/noirs France, 2010-2019, JIMENEZ Cédric | Pas de commentaires »

Aux yeux de tous – de Cédric Jimenez – 2012 dans * Polars/noirs France aux-yeux-de-tous

Typiquement le genre de films construits uniquement sur un parti-pris de mise en scène, et qui peut très facilement tomber dans l’exercice de style un peu vain. Le point de départ : un attentat dans une gare parisienne, qui fait 17 morts et des dizaines de blessés. Le postulat : un hacker de génie a déniché les images de l’attentat, identifier les coupables, et les piste par le seul intermédiaire des caméras de surveillance et autres webcams auxquelles il parvient à avoir accès.

En grande partie, le film, dans sa forme, n’est que ça : uniquement fait de ces images volées que notre mystérieux hacker fait défiler pour démasquer et piéger tous les protagonistes de cet attentat, et pour mettre à jour une conspiration internationale. Tout ça de chez lui, en n’étant qu’un simple spectateur-manipulateur.

Pendant une petite demi-heure, la maîtise de cette narration hors normes est assez bluffante. Cédric Jimenez réussit son pari, et réussit à faire vivre ses personnages (Mélanie Doutey, Olivier Barthélémy, Francis Renaud) à travers ces seules images froides et impersonnelles. Un tour de force.

Et lorsque la mécanique commence à lasser (parce que ça arrive immanquablement), Jimenez fait évoluer son film. Pas de révolution brutale, non : le principe voyeuriste reste de rigueur. Mais le hackeur déshumanisé, dont on ne voit que les yeux froids, assiste à un acte d’une brutale réalité, à laquelle il n’était pas préparé. Le spectateur-internaute s’humanise enfin, et entre dans l’action. Toujours par écrans et téléphone interposés cependant, jamais en se coltant directement avec l’âpre réalité de l’extérieur.

On passera sur le dénouement un peu trop paranoïaque pour être vraiment honnête. Et on retiendra que Cédric Jimenez a réussi son pari : faire d’un exercice de style assez extrême un pur film de genre efficace et tendu comme il faut.

 

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