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Archive pour la catégorie 'WERKER Alfred'

Sherlock Holmes / Les Aventures de Sherlock Holmes (The Adventures of Sherlock Holmes) – de Alfred L. Werker – 1939

Posté : 12 mai, 2024 @ 8:00 dans 1930-1939, LUPINO Ida (actrice), POLARS/NOIRS, Sherlock Holmes, WERKER Alfred | Pas de commentaires »

Sherlock Holmes 1939

On ne change pas une équipe qui gagne… Il faut battre le fer tant qu’il est chaud… Bref : vous voyez ce que je veux dire. Le succès du Chien des Baskerville n’a pas tardé à enclencher le tournage d’une seconde enquête de Sherlock Holmes et de son complice Watson, toujours campés par l’excellent Basil Rathbone et le fendard Nigel Bruce.

Quelques mois seulement séparent la sortie des deux films, ce qui paraît très peu, y compris vu de 2024, alors qu’on pense déjà aux quinze suites potentielles avant même que le premier ne soit tourné. Mais rappelons que personne n’a encore la télévision dans son salon en 1939, et que certaines séries B à suites ressemblent d’avantage à nos séries d’aujourd’hui qu’à de simples films.

C’est déjà le cas de Sherlock Holmes, et ça le sera encore plus à partir du troisième film, où la série prendra une nouvelle direction. Mais n’anticipons pas trop… Après le plus célèbre des romans de Conan Doyle, c’est un recueil de nouvelles qui est librement adapté ici, et qui est surtout l’occasion de rencontrer le principal antagoniste de Holmes : le professeur Moriarty, qu’interprète avec gourmandise le prince maléfique de la série B (et C, et D… et Z), George Zucco.

Et puisqu’on en est aux interprètes, il faut souligner la présence, dans un rôle important, d’Ida Lupino. L’actrice est alors au tournant de sa carrière. Si elle est loin d’être une débutante, elle n’occupera le premier plan qu’à partir de l’année suivante, en enchaînant deux films sous la direction de Walsh : Une femme dangereuse et High Sierra. Ce qui a de la gueule.

Pour l’heure, elle joue les faire-valoir dans un polar de série B dont, finalement, je n’ai pas dit grand-chose. Peut-être parce que le film a les mêmes qualités et les mêmes limites que Le Chien des Baskerville, dont on retrouve le rythme, le suspense et la drôlerie, et cette envie bien sympathique de créer des atmosphères angoissantes.

Après la lande brumeuse, l’intrigue se concentre davantage sur les ruelles de Londres, essentiellement de nuit. Parce que la nuit, c’est comme la brume : c’est très cinégénique, et ça permet de faire des économies de dingue sur les décors. Bref, c’est bien sympathique, plein de dialogues réjouissants. Un plaisir modeste qui ne se refuse pas…

La Dernière Chevauchée (The Last Posse) – d’Alfred L. Werker – 1953

Posté : 2 juillet, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, WERKER Alfred, WESTERNS | Pas de commentaires »

La dernière chevauchée

C’est clairement l’un des grands mystères de l’histoire du western : comment ce film aussi formidable a-t-il pu rester à ce point méconnu, pour ne pas dire totalement inconnu, au fil des décennies ? Car cette petite production est une réussite éclatante, et ça saute aux yeux dès les toutes premières images: dans un noir et blanc magnifique, le retour d’une patrouille partie de longues journées sur les traces de braqueurs, et dont les survivants reviennent avec des visages fermées, graves, marqués par la fatigue et ce qu’ils ont vu…

D’emblée, on est autant marqué par la beauté des images (superbes gros plans sur ces gueules hantées par on ne sait quoi) que par l’originalité et l’ambition du propos, et par ces petits détails qui n’ont l’air de rien : comme le rôle joué par les femmes des cavaliers, qui s’immiscent dans le groupe pour être au côté de leurs compagnons, ramenant des personnages très typés à leur humanité la plus déroutante.

Et il y a Broderick Crawford, excellent acteur qui campe ici un shérif hanté non pas par son passé, mais par l’inaction : un homme d’action justement, qui fit si bien son travail des années plus tôt que la ville, civilisée grâce à ses pistolets, s’est subitement transformée en une sorte de mouroir dans lequel il dépérit à grands coups de whisky. Une épave, moquée par tous, pathétique, que plus personne n’écoute jusqu’à une sorte de renaissance grâce à l’action. Le personnage est passionnant, l’acteur est formidable.

Werker, pas vraiment réputé pour être un cinéaste majeur, semble en état de grâce. Il réussit toutes les scènes, et filme magnifiquement un scénario malin et original, qui nous révèle peu à peu les mystères de cette longue chevauchée à travers une série de longs flash-backs. Procédé certes pas nouveau, mais particulièrement efficace ici.

Pas la moindre faute de goût, mais la moindre baisse de régime… The Last Posse est décidément un véritable mystère. Un petit chef d’oeuvre que la postérité a soigneusement snobbé depuis plus de soixante ans. Un oubli que sa sortie en DVD pourrait bien, enfin, réparer.

* La Dernière Chevauchée est donc disponible dans la collection Westerns de Légende de Sidonis/Calysta, avec une présentation longue et enthousiaste de Bertrand Tavernier qui, lui non plus, ne connaissait pas le film. Et une autre plus courte de Patrick Brion.

3 heures pour tuer (Three Hours to kill) – d’Alfred L. Werker – 1954

Posté : 27 janvier, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, WERKER Alfred, WESTERNS | Pas de commentaires »

Trois heures pour tuer

Avec son air de ne pas faire grand-chose, Dana Andrews apporte toujours ce petit quelque chose de plus que je ne saurais pas définir, une sorte d’assurance selon laquelle le film, quel que soit son degrés de réussite, ne sera pas anodin. Ils ne sont pas si nombreux à avoir ce petit quelque chose : les plus grands en fait, dont Andrews fait bien partie. On l’aime dans le noir bien sûr, et Preminger n’y est pas pour rien, lui qui l’a dirigé dans une poignée de films inoubliables (et pas seulement Laura). Mais le western est un genre qui lui va également particulièrement bien.

Soyons clair : 3 heures pour tuer n’est pas du niveau de L’Etrange Incident, autre histoire de lynchage avec Andrews. Mais le film ne manque pas de qualités, et l’interprétation de l’acteur est peut-être la plus grande de toutes: il apporte le trouble et la pointe de mystère qu’il faut, à ce personnage de fugitif qui revient dans sa petite ville trois ans après l’avoir fuie, pour découvrir qui est l’auteur du meurtre dont il a été accusé à tort.

C’est presque un scénario de film noir, avec une introduction un peu mystérieuse, un long flash-back, et une enquête à hauts risques au cours de laquelle plusieurs suspects se dessinent. Une véritable enquête policière, ce qui n’est pas si courant dans le western, doublée d’une charge contre les sombres visages de la « foule » toujours prompte à juger, à condamner et à exécuter. Tout n’est pas d’une grande finesse dans cette charge, et la fin propose son lot de bons sentiments.

Mais Werker, réalisateur méconnu et souvent intéressant (c’est lui qui a signé l’excellent Il marchait dans la nuit, souvent attribué à Anthony Mann), utilise parfaitement les limites que son scénario lui impose : celles de la ville dont on ne sort presque pas, et surtout celles du temps, ces trois heures que Dana Andrews a devant lui pour démasquer celui qui lui a volé sa vie. Et le suspense tient parfaitement ses promesses.

Seul vrai regret : le second rôle dans lequel est cloîtré la formidable Donna Reed, actrice trop mal utilisée qui tient une place à part dans mon cœur de cinéphile depuis que, adolescent, je suis tombé raide dingue d’elle, comme James Stewart, en voyant La Vie est belle

* DVD très recommandable dans la collection Westerns de Légende de Sidonis/Calysta, avec l’habituelle présentation de Patrick Brion, et une évocation de la carrière de Dana Andrews par le même Patrick Brion.

Il marchait dans la nuit (He walked by night) – de Alfred Werker (et Anthony Mann) – 1948

Posté : 26 janvier, 2012 @ 1:25 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, MANN Anthony, WERKER Alfred | Pas de commentaires »

Il marchait dans la nuit

A en croire Stéphane Bourgoin, grand spécialiste du film noir (et observateur obsessionnel de la noirceur de l’âme humaine), Anthony Mann aurait réalisé la plus grande partie de ce polar sombre, réaliste et très percutant. En tout cas toutes les séquences les plus marquantes du film. En réalité, chaque spécialiste a son opinion, et il est bien difficile de savoir ce qu’a réellement tourné Anthony Mann de ce film officiellement réalisé par Alfred Werker, cinéaste à la mauvaise réputation : Werker est surtout resté dans l’histoire pour avoir accepté de terminer Hello Sister (et d’en retourner la majorité des scènes), dénaturant ainsi totalement ce qui devait être le dernier film de Erich Von Stroheim. On fait mieux, comme carte de visite.

Alors évidemment, la paternité de Mann fait peu de doute, d’autant que le film évoque furieusement un autre film tourné (officiellement cette fois) par le cinéaste cette même année : La Brigade du Suicide. Il y a dans He walked by night la même approche quasi-documentaire, et la même ambition esthétique, avec une nuit qui dévore l’écran et n’en laisse ressortir que les éléments essentiels. La Brigade du Suicide raconte à grand renfort de détails authentique l’enquête en sous-marin d’un flic du fisc américain ; Il marchait dans la nuit sort des cartons une enquête également authentique concernant un mystérieux tueur en série.

Là aussi, le film évite au maximum toute tentation sensationnaliste. Collant le plus fidèlement possible à la réalité d’une enquête de police (pas toujours spectaculaire, ni glorieuse), le film met en valeur ces petites détails souvent passés sous silence dans les films policiers. On y voit notamment (avant L’Enfer est à lui de Walsh) l’importance grandissante donnée à la police scientifique. Il marchait dans la nuit peut ainsi être vu comme le précurseur, avec plus d’un demi-siècle d’avance, de la série Les Experts.

Le film a d’ailleurs eu un impact important sur le petit écran, puisqu’il a directement inspiré Dragnet, qui reste l’une des séries policières les plus célèbres et les plus populaires en Amérique. Son créateur et acteur principal, Jack Webb, apparaît d’ailleurs ici dans le rôle du flic de labo.

L’aspect réaliste et cru du film est frappant, d’autant qu’il est servi par une caméra souvent virtuose. Paradoxalement, c’est lorsqu’il s’éloigne du strict point de vue de la police que le film devient le plus passionnant, et le plus impressionnant : lorsqu’il suit le personnage du tueur en série, interprété avec une froideur jubilatoire par Richard Basehart. Cela donne notamment une très longue séquence finale hallucinante, qui commence par la maison du tueur encerclée par la police, et se termine par une course-poursuite dans les égouts qui évoquent évidemment Le Troisième homme de Carol Reed et Orson Welles, tourné… l’année suivante.

 

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