La Brigade des stupéfiants (Port of New York) – de Laszlo Benedek – 1949
Encore un film à la gloire de ces hommes (et non, pas de ces femmes) qui œuvrent pour la sécurité des bons Américains. Un véritable genre en soi, à l’intérieur du polar des années 40/50. Ici, ce n’est pas un service, mais deux que le film met en valeur : les « stups » et la brigade des finances, unis à travers deux super-flics dans une lutte dangereuse contre un mystérieux trafiquant de drogue.
Les flics, ce sont Scott Brady et Richard Robert, deux « heavy » pas franchement portés sur l’humour, qui affrontent les dangers avec un flegme du plus bel effet machiste. Le mystérieux trafiquant, c’est Yul Bryner, encore chevelu et se délectant (un peu trop) d’un vrai rôle de méchant. Mais le vrai personnage principal, c’est celui qui donne son titre original au film.
Le port de New York, donc, présenté par la voix off inaugurale comme le plus grand du monde, comme un eldorado pour les touristes, et comme un cauchemar pour ceux qui veulent faire respecter la loi. Une zone de non-droit, en quelque sorte, paradis inattaquable des trafiquants qui y font entrer la drogue pour tout le pays.
Côté intensité, Benedek signe un film raide et parfaitement efficace. Côté émotion, il fait un peu l’impasse, racontant cette enquête comme s’il lisait un procès-verbal désincarné. Il y a des drames, il y a des morts, il y a de la peur. Mais de larmes, point. Là où le film est vraiment très fort en revanche, c’est dans sa manière de filmer la ville, si souvent à l’honneur au cinéma, comme si on la découvrait vraiment pour la première fois.
C’est la plus grande force de ce film passionnant et audacieux, où chaque meurtre frappe par sa brutalité, et qui s’autorise de faire disparaître très prématurément l’un des personnages principaux, mais dont la froideur clinique entrave la puissance qu’il aurait pu avoir, et qui aurait pu en faire l’un des grands sommets du genre.

