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Archive pour juin, 2012

Brumes (Ceiling Zero) – de Howard Hawks – 1936

Posté : 26 juin, 2012 @ 10:45 dans 1930-1939, CAGNEY James, HAWKS Howard | Pas de commentaires »

Brumes

Voilà un Howard Hawks particulièrement méconnu. Mineur, c’est vrai, mais tout de même hautement recommandable. Interrogé à ce sujet plus de quarante après plus tard, James Cagney reconnaîtra d’ailleurs que Ceiling Zero est le sommet de sa collaboration avec Pat O’Brien, avec qui la star formait un tandem-vedette à l’époque.

Le film est adapté d’une pièce de théâtre de Frank ‘‘Spig’’ Wead, ancien aviateur à qui John Ford rendra hommage en 1957 dans L’Aigle vole au soleil, inspiré de sa vie. Malgré son thème, le film reste d’ailleurs curieusement très théâtral, respectement le plus souvent l’unité de lieu et de temps, et les différents actes de la pièce. Rien de très spectaculaire, donc, dans cette histoire de pilotes de l’aéropostale qui bravent les conditions météo les plus difficiles pour acheminer leur courrier : tout repose sur les personnages et la curieuse nostalgie qui teinte le film d’une couleur inattendue.

Car les héros de ce film sont déjà des êtres d’un autre temps. Les pionniers de l’aéropostale n’ont plus rien à prouver, si ce n’est à eux-mêmes, et les temps héroïques ont disparu au profit d’une ère dominée par les règles de sécurité et le profit. Les deux vieux compères, O’Brien et Cagney, sont deux vétérans qui affrontent chacun à leur manière les affres du temps : O’Brien en s’adaptant à l’ère du temps, devenant même le garant du respect des règles ; et Cagney en refusant absolument toute évolution personnelle.

En apparence insouciant, dragueur et irrespectueux des règles, il est une aberration dans ce monde auquel il n’appartient plus vraiment. Et son inconséquence d’un autre temps aura des conséquences dramatiques… C’est le dur passage à l’âge adulte qu’appréhende le personnage de Cagney, et ce passage se fait dans la douleur.

Hawks mène son film au rythme de ses grandes comédies (La Dame du Vendredi…), mais il y a là une gravité et une profondeur qui évoquent d’autres classiques du cinéaste (La Captive aux yeux clairs…). La construction du film est très théâtrale, et pourtant la mise en scène de Hawks fait complètement oublier ces contraintes. Ces faux-semblants font tout le sel de ce film apparemment très simple, mais riche et passionnant.

The Dark Knight, le chevalier noir (The Dark Knight) – de Christopher Nolan – 2009

Posté : 25 juin, 2012 @ 10:46 dans 2000-2009, FANTASTIQUE/SF, NOLAN Christopher | 2 commentaires »

The Dark Knight

La question a déchiré les amoureux du justicier de Gothman City : ce deuxième Batman de l’ère Christopher Nolan est-il le meilleur de tous ? Je continue à placer Batman le défi, le chef d’œuvre de Tim Burton, sur la plus haute marche, mais The Dark Knight est une vraie, et grande réussite. Comme dans Batman begins, Nolan cite régulièrement les films de Tim Burton, avec une noirceur tout aussi marquante, mais avec un réalisme revendiqué.

Prolongement direct du précédent (qui se terminait d’ailleurs par une scène-teasing qui annonçait l’arrivée du Joker), The Dark Knight va plus loin sur tous les plans : plus spectaculaire, plus noir, plus pessimiste, plus foisonnant, le film reprend les mêmes thèmes, mais avec une ambition décuplée. Et le résultat est à la hauteur, ce qui confirme l’adage bien connu : meilleur est le méchant, meilleur est le film.

En parlant de méchant, la prestation de Heath Ledger a été largement acclamée, d’autant plus que le jeune acteur était mort quand le film est sorti. Monstrueux et impressionnant, il fait du Joker un méchant d’anthologie sidérant et mystérieux, très loin du cartoonesque Jack Nicholson du premier Batman de Burton. Aussi barré que le grand Jack, aussi machiavélique, mais nettement plus profond, d’autant plus que, à la différence de Burton, Nolan ne dit rien de la genèse de ce super-méchant, qui s’invente autant de passés qu’il a d’interlocuteurs. Pourquoi est-il si méchant ? Parce que !

Il y a toutefois une injustice autour de la géniale prestation de Heath Ledger : aussi impressionnante soit-elle, elle ne mérite pas qu’on oublie comme cela a été fait celle de Aaron Eckhart. Car le procureur Harvey Dent qu’il interprète est bel et bien le plus grand personnage du film, le plus attachant et le plus repoussant qui soit, le plus séduisant et le plus tragique. Quand on pense au Double-Face interprété par Tommy Lee Jones (au creux de la vague, alors) dans les années 90, on réalise à quel point Joel Schumacher a plongé la mythologie de Batman dans des méandres de nullité.

Pour le reste, on est en terrain connu : Christian Bale apporte au justicier masqué le trouble nécessaire, Michael Caine est parfait en majordome, Morgan Freeman itou en variation batmanienne de Q, et Gary Oldman est toujours aussi génial en commissaire Gordon. Film de la surenchère, The Dark Knight enchaîne les séquences d’anthologie, avec des faux Batman en pagaille, un semi-remorque qui se retourne à la verticale, et des dizaines de moments inoubliables.

Reste plus qu’à attendre le prochain Batman, qu’on nous annonce encore plus sombre et spectaculaire. Christopher Nolan place la barre très haut !

Batman begins (id.) – de Christopher Nolan – 2005

Posté : 24 juin, 2012 @ 10:17 dans 2000-2009, FANTASTIQUE/SF, NOLAN Christopher | 1 commentaire »

Batman begins

Ce Batman-là gagne à être revu. J’avais gardé le souvenir d’un curieux mélange des genres, à la fois adaptation assumée de comics, et film noir et âpre. Pas très convaincant. A le revoir quelques années après la sortie, le mélange des genres est toujours aussi marquant, mais le jugement est nettement plus positif. Gonflée et originale, cette renaissance du justicier masqué (pas Zorro, l’autre), dix ans après la double-torture infligée par Joel Schumacher, est un film d’une grande audace, et absolument passionnant.

Audacieux, Christopher Nolan, qui sortait de son très sous-estimé Insomnia, se permet de ne sortir le costume de Batman qu’au bout de près d’une heure de métrage. Conçu dès le départ comme le premier volet d’une trilogie (c’est en tout cas ce qu’il affirme alors que le troisième opus est TRES attendu), ce Batman begins porte bien son nom, tout entier consacré à la naissance du justicier masqué.

Ainsi, toute la première partie raconte la descente aux enfers de l’héritier le plus riche et le plus puissant de Gotham City : Bruce Wayne, playboy un peu inconséquent marqué par l’assassinat de ses parents quand il était gosse, dans un flash-back qui fait le pont avec le premier Batman de Tim Burton, dont Nolan se démarque très nettement tout en le respectant visiblement. Hanté par son deuil, hanté par le Mal qui gangrène la mégalopole de plus en plus profondément, Bruce sent qu’il a un rôle à jouer, mais qu’il doit dépasser ses peurs. Le voilà alors parti pour un voyage qui pourrait être sans fin, qui le mène dans les pires prisons des pays de l’Est, puis dans une sorte de monastère dans les sommets du Népal.

Les années passent, et Bruce apprend. Nolan prend le temps de s’intéresser à cet apprentissage, d’en dévoiler longuement toutes les étapes. Et cette première moitié du film contribue à la noirceur du personnage, qui en devient totalement crédible (pas évident, a priori, de rendre convaincante la psychologie d’un type qui se déguise en chauve-souris pour affronter les méchants), et d’une profondeur inattendue.

Réalisateur très ambitieux, Nolan n’est ici pas aussi sensoriel que pour Memento ou Insomnia, mais sa mise en scène, brute et directe, est d’une efficacité redoutable, et le gigantisme de son film ne prend jamais le pas sur la profondeur de ses personnages.

Casting impeccable, aussi, avec un Christian Bale qui dose parfaitement le personnage de Batman/Bruce Wayne, à la fois ultra-entraîné, et d’une grande vulnérabilité. Les seconds rôles, de Morgan Freeman à Michael Caine en passant par Liam Neeson, sont excellents. Mention spéciale à Gary Oldman, génial dans le rôle du commissaire Gordon, loin de l’imposant Pat Hingle des précédents Batman. Flic intègre et usé par la corruption généralisée qui l’entoure, il contribue largement à ancrer le film dans un réalisme troublant, que Nolan approfondira encore dans les suites, The Dark Knight.

• Voir aussi : The Dark Knight rises.

Mademoiselle Minuit (Mademoiselle Midnight) – de Robert Z. Leonard – 1924

Posté : 23 juin, 2012 @ 7:53 dans 1920-1929, FILMS MUETS, LEONARD Robert Z. | Pas de commentaires »

Mademoiselle Minuit

Robert Z. Leonard n’est décidément pas un réalisateur bien intéressant. Ce Mademoiselle Midnight, l’un de ses premiers longs métrages, n’est pas désagréable à suivre, mais il semble tout bonnement faire l’impasse sur une décennie d’évolution de l’art cinématographique. Plan-plan, manquant de rythme, réalisé sans inspiration, le film est en plus haché par d’innombrables cartons, qui pourraient tout aussi bien se passer d’images, en tout cas dans la première partie.

Cette première partie échoue sur toute la ligne dans son intention : ancrer une histoire simple mais pleine de suspense, dans un arrière-plan historique important. Alors on croise Louis Napoléon, l’impératrice Eugénie, et même Lincoln, mais on se demande bien pourquoi, car jamais le souffle de l’Histoire en marche ne touche vraiment l’histoire de notre « mademoiselle minuit »…

Mae Murray, starlette de l’époque, pas vraiment passionnante ni sexy, interprète cette jeune femme qui hérite à la fois de la riche propriété mexicaine de son père, victime d’un sinistre complot, et du caractère fêtard de sa grand-mère qui fut en son temps bannie de la cour impériale pour ses penchants nocturnes. Sacré héritage, dont son oncle fourbe a bien l’intention de profiter, faisant passer sa nièce pour folle pour mettre la main sur le domaine.

Heureusement, un agent américain est là pour sauver la belle (mouais…), et le film par la même occasion. Car ce héros en apparence un peu benêt, mais intègre et bon, est interprété par Monte Blue, et que Monte Blue est un acteur aussi atypique que passionnant. Sa dégaine improbable, son air gentiment ahuri, a fait de lui un comédien très en vogue dans les années 20 (notamment dans Comédiennes, de Lubitsch, tourné cette même année et nettement plus recommandable).

Curieusement, son entrée en scène coïncide avec une montée en puissance du film, qui gagne en rythme et en folie, se dégageant de plus en plus de cette ambition historique idiote.

Et puis Leonard réussit quelques belles séquences, comme cette scène de fête de rue dans la nuit mexicaine, fiévreuse et endiablée ; et le morceau de bravoure finale est d’une efficacité imparable.

L’Inconnu du Nord-Express (Strangers on a train) – d’Alfred Hitchcock – 1951

Posté : 23 juin, 2012 @ 8:54 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, HITCHCOCK Alfred | Pas de commentaires »

L'Inconnu du Nord-Express

C’est l’un des Hitchcock les plus acclamés, et pourtant, cette adaptation d’un bon roman de Patricia Highsmith m’a toujours semblé en deçà des plus grands films du maître. Peut-être parce que l’idée de base, aussi géniale soit-elle, suffit à peine à un long métrage. D’ailleurs, si le début est excellent, et la fin carrément formidable, Strangers on a train souffre d’un long ventre mou qui, malgré de bons moments, enchaîne les rebondissements inutiles dans un rythme un peu lent.

Dommage, car la mise en place de l’histoire est magistrale. La caméra de Hitchcock, brillantissime, introduit la rencontre improbable, dans un train, de deux hommes qui n’auraient jamais dû se rencontrer : un grand joueur de tennis (Farley Granger), et un fils de bonne famille (Robert Walker, probablement le taré le plus authentique de toute la filmographie hitchcockienne).

Face au sportif aux manières parfaites, cet héritier oisif et très prolixe crée d’emblée le malaise, qui ne fait que grandir à mesure que l’on découvre la vie de ce jeune homme qui partage avec une mère étouffante une relation trouble et malsaine. Hitchcock a bien souvent montré des mères possessives et castratrices dans ses films. Mais il est rarement allé aussi loin. Celle-ci est d’autant plus effrayante qu’elle est presque comique, et que l’horreur qu’elle inspire tient à de petits détails (elle fait les ongles de son fils…).

Dans ce train, les deux hommes (enfin, surtout Robert Walker) en viennent à évoquer leurs misères respectives, et les meurtres qui pourraient tout résoudre. Walker évoque même ce qui serait le crime parfait : si les deux hommes échangeaient leurs meurtres, il n’existerait aucun mobile… Les films de Hitchcock sont émaillés de ces discussions autour de crimes de sang, vues comme d’aimables amusements. Mais dans sa folie, Walker prend cette discussion pour un pacte… et assassine bel et bien l’ex-femme de Granger, lors d’un plan mémorable vu par le prisme des lunettes de la victime.

Ce plan exceptionnel marque hélas une rupture de ton dans le film. Car la suite, aussi bien foutue soit-elle, manque cruellement de rythme et se révèle bien trop longue. Les rebondissements inutiles se succèdent, comme s’il avait fallu « allonger la sauce » pour obtenir un long métrage. On a donc droit à une longue demi-heure pas très emballante.

Paradoxalement, c’est cette même limite narrative qui fait la force de la dernière demi-heure du film, magistrale. Le ressors dramatique de cette ultime partie est mince, très mince : il s’agit de mettre la main sur le briquet de Guy-Farley Granger, l’un de ces macguffin qu’affectionne le cinéaste. Hitch réussit la gageure d’étirer le temps au maximum, et de baser le suspense, hyper efficace, sur des choses on ne peut plus banales : l’issue d’un match de tennis, le briquet qui tombe dans un caniveau, le soleil qui tarde à se coucher… même un carrousel de chevaux de bois devient source de terreur, se transformant en une terrible machine de mort.

Rien que pour cette demi-heure, L’Inconnu du Nord-Express est un film important. C’est la virtuosité de Hitchcock, à son meilleur : débarrassé de toute logique narrative, de toute volonté de faire avancer l’histoire, le cinéaste se contente de filmer la peur et le suspense. D’une manière brute, incroyable, et totalement jouissive…

 

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