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Archive pour la catégorie 'ALLEGRET Marc'

Fanny – de Marc Allégret et Marcel Pagnol – 1932

Posté : 17 juillet, 2024 @ 8:00 dans 1930-1939, ALLEGRET Marc, PAGNOL Marcel | Pas de commentaires »

Fanny

Ce deuxième opus de la trilogie marseillaise commence exactement là où se terminait le premier : par le départ de Marius, qui laisse derrière lui un César éploré, et une Fanny dont il ne sait pas qu’elle attend son bébé.

A la tendresse extrême de Marius succède une sorte de désenchantement un peu cruel, mais toujours bienveillant. Il y a beaucoup de bonté dans cette histoire au fond très cruelle. Cette cruauté désenchantée se traduit par une évolution délicate mais flagrante du style même du film, dans la mise en scène cette fois confiée à Marc Allégret.

Alors que le premier ne sortait jamais de ce microcosme de quartier reconstitué en studio, comme le décor d’un bonheur à portée de main, Fanny s’ouvre sur le monde extérieur, ou plutôt laisse le monde extérieur troubler ce bel équilibre.

Les scènes en décors naturels, dont plusieurs ont probablement été tournées à l’arrache en caméra caché, viennent troubler la quiétude de ce qui était jusqu’alors un Marseille de carte postale, apportant trouble et inconfort.

Son amour parti, Fanny est confrontée aux réalités de la vie, et c’est rude. Oriane Demazis est une belle incarnation de la douleur résignée, entourée par deux figures paternelles bienveillantes : Panisse, le bon Panisse, qui épouse malgré tout (Fernand Charpin, très touchant), et César, décidément immense Raimu.

Entrée des artistes – de Marc Allégret – 1938

Posté : 2 décembre, 2021 @ 8:00 dans 1930-1939, ALLEGRET Marc | Pas de commentaires »

Entrée des artistes

Il y a deux films dans Entrée des artistes. D’abord, celui que l’histoire a retenu : une vision quasi-documentaire des coulisses du Conservatoire, avec Louis Jouvet dans le rôle d’un professeur d’art dramatique qui pourrait s’appeler Louis Jouvet, que l’on voit donner des cours à quelques-uns de ses élèves, parmi lesquels Bernard Blier.

Cette partie là du film est passionnante, et assez fascinante parce qu’elle nous donne à voir les difficultés, la cruauté même de l’apprentissage du métier d’acteur. La mise en scène y est pleine de vie, pleine d’humanité et d’empathie pour ces personnages qui, d’une certaine manière, ont tous décidé de renoncer à quelque chose pour vivre cette vie d’incertitude et de passion. Jouvet y règne en maître. Ou plutôt non : il y est un maître qui ne règne pas, qui se met constamment au niveau de ses élèves. Il y est absolument magnifique, dans un rôle forcément difficile : presque lui. Et ce presque lui, il l’incarne avec une justesse absolue.

Il s’y livre aussi, mine de rien, comme dans cette scène superbe où il refuse le renoncement de l’une de ses élèves. « J’ai eu 17 ans, je ne les ai plus parce que tu les as… Les 17 ans, il n’y en a pas pour tout le monde à la fois. » Du Henri Jeanson dans le texte, mais dieu que Jouvet les dit bien, ces mots de Jeanson, son auteur préféré, celui qui lui offrira le sublime écrin des Amoureux sont seuls au monde. Ici, Jeanson joue admirablement sur la présence du grand Jouvet, dans ce rôle si visiblement transparent.

La porosité entre la fiction et la réalité est au cœur du film. Cela peut donner une autre très belle scène, approche méta comme les aime Jeanson, le futur scénariste de La Fête à Henriette. François et Isabelle dans une chambre au petit matin, presque entièrement habillés. Et lui : « Au cinéma, quand on veut montrer avec subtilité, sans le dire, à cause des enfants au-dessus de 6 ans, que deux êtres se sont aimés, on promène le regard du spectateur tout autour de la chambre. On lui montre une cigarette qui se consume, un lit défait, un oreiller qui est tombé par terre… » Exactement ce que montre la caméra d’Allégret dans le même mouvement.

Cela donne aussi un final qui tire vers le polar, et qui lui peine à convaincre. Entrée des artistes n’est, hélas, que ponctuellement centré sur les coulisses du Conservatoire. L’essentiel de l’intrigue est donc basé sur l’histoire d’amour d’Isabelle et François (Jeanine Darcey et Claude Dauphin), et à la passion contrarié de Cœcilia (Odette Joyeux), trois apprentis comédiens pour lesquels la frontière entre la réalité et la comédie a une tendance à être floue. Sur le papier en tout cas, mais Allégret échoue à donner du corps à ce trouble qu’on imagine central dans le scénario de Jeanson, et on reste largement étranger à la passion de ce triangle amoureux.

Dommage. Entrée des artistes est sans doute d’avantage un film de scénariste que de réalisateur. On y prend toutefois un vrai plaisir, grâce aux excellents seconds rôles (les incontournables Dalio, Blier, Roquevert, et une mention à Carette, formidable en petit journaliste un peu dépassé), et pour la vision qu’il nous offre de Jouvet au travail. Même si le plan, tellement long et enamouré qu’il en devient gênant, est là pour nous rappeler qu’on est bien dans une fiction, et pas dans un documentaire…

Zouzou – de Marc Allégret – 1934

Posté : 12 novembre, 2021 @ 8:00 dans 1930-1939, ALLEGRET Marc, COMEDIES MUSICALES, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Zouzou

Aimable curiosité, dirons-nous, que ce film qui hésite constamment entre le drame amoureux et l’opérette. Curiosité que l’on retient avant tout pour la rencontre inattendue, et forcément historique, entre une Joséphine Baker au sommet de sa popularité, et un Jean Gabin en pleine ascension : Zouzou s’inscrit entre deux films de Julien Duvivier (Maria Chapdelaine et Golgotha).

Avec Joséphine Baker et Gabin, venu lui-même du music-hall, on pouvait s’attendre à un festival de numéros chantés et dansés. Pourtant, à de rares exceptions près (une chouette chanson dans un bal pour Gabin, surtout), il faut attendre les vingt dernières minutes pour que le film se transforme en une quasi-comédie musicale. Changement assez abrupt et radical, qui expédie un peu vite le triangle amoureux plein de promesses.

Le drame amoureux, donc… Baker et Gabin sont jumeaux. Si si. Enfin presque : c’est leur père d’adoption qui l’affirme, joli rôle pour l’indispensable Pierre Larquey en homme de cirque vieillissant. Mais en grandissant, la sœurette tombe amoureuse du frérot, ce dernier ne gardant pour elle qu’une profonde affection fraternelle. Oups. On ne peut pas dire que cette trame tienne ses promesses hélas, si ce n’est une dernière image assez belle, vision douce-amère du triomphe de l’artiste.

On ne peut pas dire non plus que les numéros musicaux soient transcendants, tentative un peu maladroite de s’inscrire dans la lignée d’un Busby Berkeley. Mais il y a une chose qui tire vraiment le film vers le haut, c’est la qualité des décors, signés Alexandre Trauner : à la fois ceux d’un Paris populaire en avance sur le réalisme poétique, et ceux du show musical où triomphe Joséphine Baker, franchement impressionnants. Ça, et le plaisir de découvrir un Jean Gabin encore tout jeunot, même si ce Zouzou est clairement en retrait par rapport à d’autres de ses films de jeunesse : Cœur de Lilas, La Belle Marinière ou Le Tunnel.

Le Blanc et le noir – de Robert Florey et Marc Allégret – 1930

Posté : 3 mars, 2021 @ 8:00 dans 1930-1939, ALLEGRET Marc, FLOREY Robert | Pas de commentaires »

Le Blanc et le noir

Adaptée d’une pièce de Sacha Guitry, dont elle garde la structure en quatre actes et l’unité de lieu, cette comédie a cette particularité de moins faire rire que glacer le sang par la cruauté hallucinante des situations, et par un cynisme dont on a un peu de mal à définir s’il est assumé au troisième degrés ou s’il est le fruit d’une vision de blanc condescendant (pour rester soft). Peut-être un peu des deux…

Un couple de bourgeois s’engueule. Neuf mois plus tard, la femme accouche d’un bébé noir. L’homme décide de tout faire pour cacher la vérité à sa femme (qui n’a pas encore vu le bébé) et fait appel à l’assistance publique pour échanger l’enfant avec un bon petit blanc, bien rose, sous le regard approbateur de ses amis et du médecin de famille.

« Il serait bicéphale… ou hermaphrodite… il n’y aurait rien à dire… Mais un noir ! » Voilà tout ce que le médecin, vieillard priapique dur d’oreille, trouve à dire au père désabusé que joue Raimu (qui retrouve un rôle qu’il avait tenu sur scène quelques années plus tôt). Et cette réplique si énorme tendrait à faire pencher pour un humour très noir pas dupe. La dernière réplique lancée par Aimos dans le rôle de l’ami fidèle va aussi dans ce sens : « Tout compte fait, ce n’est pas tellement déshonorant », d’un cynisme sans borne.

Le film bouscule, en tout cas, dérange, et laisse un goût amer. Il aborde avec une légèreté troublante la vision qu’a la bonne bourgeoisie blanche d’alors des « nègres ». C’est d’ailleurs tout ce qui peut jurer dans une société si uniformisée qui est tourné en dérision, à l’image de cet obèse obligé de prendre deux chaises pour s’asseoir. Quant au père biologique de l’enfant, le fait qu’il soit un chanteur reconnu fait de lui un noir acceptable… mais quand même, un nègre.

Reste qu’il y a là une cruauté réellement assumée, qui trouve son apogée dans la visite de l’assistance publique, où Raimu va « faire son marché », découvrant des alignements d’enfants parfaitement blancs et sages. Le ton est constamment exagéré, le jeu lui-même des acteurs est volontiers outré (à l’exception de celui de Raimu, dont c’est pourtant le premier film parlant, intense et posé), quelques épisodes font sourire (les apparitions d’un tout jeune Fernandel, dans son tout premier rôle). Mais drôle de comédie quand même, qui bouscule et évite consciencieusement toute zone de confort.

Gribouille – de Marc Allégret – 1937

Posté : 29 octobre, 2019 @ 8:00 dans 1930-1939, ALLEGRET Marc | Pas de commentaires »

Gribouille

Gribouille commence là où beaucoup d’autres films se terminent : par une longue séquence de procès, celui de Michèle Morgan, jeune femme accusée de meurtre. Une victime de la société patriarcale, comme le cinéma français en proposait souvent à cette époque. Qu’elles soient physiques ou morales, les violences faites aux femmes étaient au cœur de nombreux films, contrairement aux idées reçues qu’on pourrait avoir : non, cette prise de conscience n’est pas née avec le mouvement metoo…

Michèle Morgan, donc, toute jeune et pas encore passée sur le Quai des brumes, mais déjà des yeux magnifiques et bouleversants, portant toute la tristesse du monde. Face à elle, Raimu, immense et tellement humain en juré très investi, jusqu’à prendre la pauvrette sous son aile en la faisant passer aux yeux de sa famille pour la fille d’un vieil ami perdu de vue.

C’est un beau film, tendre et cruel à la fois, que signe Allégret. Un film profondément optimiste, malgré tout, mais qui n’oublie rien de la violence des rapports humains. Le personnage de Carette illustre bien cette position : un type sympa et chaleureux a priori, mais avec des accès inquiétants. Tantôt drôle, tantôt glauque. A l’image du film, donc, où comédie et drame se renvoient constamment la balle.

Mais c’est la bonté qui l’emporte, devant la caméra d’Allégret. Avec autant de violence, mais moins de cynisme qu’un Decoin, le réalisateur filme des personnages qu’il aime visiblement sans réserve. Il y a notamment une tendresse énorme entre Raimu, ce commerçant tranquille et généreux, et sa femme, jouée par Jeanne Provost, dont le devenir du couple est une très jolie sous-intrigue.

On notera aussi la participation de Bernard Blier, dans l’un de ses tout premiers rôles, touchant en jeune amoureux que l’on voit troquer son vélo contre un tandem, avant de revenir rendre ce dernier, joli symbole d’un couple qui se fait et se défait…

 

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