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Archive pour la catégorie 'LEHMANN Maurice'

L’Affaire du courrier de Lyon – de Maurice Lehmann (et Claude Autant-Lara) – 1937

Posté : 9 novembre, 2021 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, AUTANT-LARA Claude, LEHMANN Maurice | Pas de commentaires »

L'Affaire du courrier de Lyon

L’affaire du courrier de Lyon, c’est avant tout un authentique fait divers survenu en 1796, sous le Directoire. Le crime lui-même, l’attaque meurtrière d’une voiture chargée d’une riche cargaison, est tristement banale. L’enquête et le procès qui ont suivi le sont moins, puisqu’ils ont abouti à la condamnation et à l’exécution d’un innocent, père de famille bourgeois reconnu à tort par plusieurs témoins.

Ce fait divers a donné lieu à plusieurs films entre la fin du muet et les premières années du parlant, dont une version réalisée par Léon Poirier. Mais la plus célèbre est celle-ci, signée par Maurice Lehmann (Fric-Frac) et son assistant Claude Autant-Lara. Le film pousse loin le thème de la ressemblance entre l’accusé et le véritable coupable, en confiant les deux rôles au même Pierre Blanchard, acteur au jeu souvent excessif, mais qui finit par atteindre une belle gravité tragique ici.

Curieusement, on sent bien que l’intérêt des réalisateurs se détache assez vite du personnage du faux coupable, pour se focaliser sur le sentiment de culpabilité qui gagne d’autres personnages a priori plus secondaires : deux des vrais coupables d’abord, joués par Jean Tissier et le truculent Dorville, et surtout le juge instructeur qu’interprète Jacques Copeau, grand homme de théâtre, créateur du Vieux Colombier et maître de Louis Jouvet, qui n’a tourné que dans une poignée de films pour le cinéma.

Bien sûr, les personnages de Pierre Blanchard et de Dita Parlo (sa femme) sont forts et tragiques. Mais ce personnage de juge est le plus passionnant du film, celui aussi qui inspire le plus Lehmann, dans quelques scènes au cours desquelles les doutes prennent forme dans l’esprit de cet homme si convaincu d’être le garant de la vérité, scènes où la mise en scène se fait soudain plus intense, plus virtuose aussi, donnant corps à ces doutes.

Le film est aussi très réussi pour la peinture qu’il dresse de cette période révolutionnaire, du sentiment d’insécurité, du fossé qui sépare la vie parisienne et la province pourtant distante de quelques kilomètres seulement (« C’est bien un cheval de Parisien, ça ! »), et de l’inhumanité d’une police et d’une justice encore balbutiantes, dont cette affaire sera l’un des révélateurs. Comme Lesurque, le faux coupable, deviendra l’un des symboles de l’erreur judiciaire.

Fric-Frac – de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara – 1939

Posté : 18 avril, 2013 @ 2:50 dans 1930-1939, AUTANT-LARA Claude, LEHMANN Maurice | Pas de commentaires »

Fric-Frac – de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara – 1939 dans 1930-1939 fric-frac

Un jeune homme un peu niais, employé dans une bijouterie, est manipulé par un couple d’escrocs. Ce postulat est à la base de nombreux films noirs. Ce n’est évidemment pas le cas ici : Maurice Lehman signe (mais le film est aussi attribué à Claude Autant-Lara, qui « supervise ») une comédie échevelée qui file la patate, et qui évite soigneusement tout sentiment de gravité.

Pas étonnant que Fric-Frac ait connu un tel succès populaire lors de sa sortie en salles : à la veille de la Drôle de Guerre, le film répondait à un besoin de se détacher d’un quotidien trop lourd. La présence de trois des plus grandes vedettes de l’époque est un autre argument de poids : Fernandel, Arletty et Michel Simon, au sommet de leur talent. Pas mal…

Contrairement à la plupart des films des années 30, celui-ci est quasiment totalement dénué d’arrière-plan social. Le personnage de Fernandel a beau répété régulièrement que le pays est en crise (déjà) et que trouver un nouveau boulot est mission impossible (déjà), un vrai vent de légèreté souffle sur cette fantaisie réjouissante.

Dans ce casting trois étoiles, Michel Simon s’impose grâce à un cabotinage jouissif. Avec ses éternelles mimiques et sa voix chevrotantes, l’acteur réussit le prodige de se renouveler constamment et d’être d’une justesse inattendue malgré ses excès. Arletty est pas mal non plus, avec l’abattage qu’on lui connaît. Face à eux, Fernandel est un peu en retrait, mais il tient parfaitement son rôle : celui d’un jeune naïf qui découvre un argot forcément fleuri et un milieu aux antipodes du sien. Hélène Robert fait mieux que résister : elle est formidable dans le rôle de la fille du patron, revêche mais sexy et émouvante.

Irrésistible et joliment léger, le film procure un plaisir immense, simple, et sans arrière-pensée.

 

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