Sorority House (id.) – de John Farrow – 1939
Sororité, en bon français, signifie quelque chose comme « communauté de femmes », ou « solidarité entre femmes ». Merci Google. En anglais, c’est donc la même chose, et le savoir permet de comprendre que le titre, étrange, a un rapport très direct avec ce qui se passe à l’écran.
C’est donc l’histoire d’une jeune fille qui part à l’université grâce aux sacrifices financiers de son père, brave épicier dans une petite ville tranquille. Arrivée à la fac, elle découvre une micro-société qui entièrement autour des clubs d’étudiantes, les « sorority houses » du titre, donc. Elle découvre aussi l’obsession des nouvelles arrivantes pour y être admises.
C’est une petite chose, qui flirte souvent avec un sujet plus grave : on se dit qu’à force de se sacrifier pour sa fille, il va lui arriver des malheurs, à ce brave père veuf et aimant. Mais non : Sorority House reste léger et optimiste, une petite chose fort sympathique, à laquelle le bon John Farrow donne le rythme qu’il faut. Sans faire partie des grands piliers du cinéma hollywoodien de l’époque, Farrow déçoit quand même rarement.
Et il fallait bien un cinéaste aussi talentueux que lui pour donner du relief à cette histoire cousue de fil blanc, et pleine de bons sentiments : une fois convenu que rien de dramatique ne va se produire (il y a pourtant quelques occasions), on voit bien où tout ça nous mène. Mais on a beau ne jamais être surpris par quoi que ce soit, on a beau trouver la morale du bon papa très… américaine, eh bien on fond quand même devant cette jolie histoire d’apprentissage.
Du bon sentiment ? Des beaux sentiments en tout cas, et une bienveillance parfaitement charmante, et séduisante. Et puis il y a quand même quelques moments mémorables de pure mise en scène, à commencer par la première rencontre entre la jeune héroïne et le beau gosse du campus, avec des trouvailles visuelles autour d’une échelle rétractable que n’auraient pas reniées les grands du cinéma muet.
Et, au passage, un couple de cinéma sans aspérité, mais tout mignon : Anne Sirley, une ancienne enfant star qui fut l’une des Alice de Disney, et que l’on a quand même vue dans City Girl de Murnau, Liliom de Borzage ou Steamboat round the bend de Ford… tout ça avant ses 17 ans ; et James Ellison, le Buffalo Bill qui n’était qu’un second rôle dans Une aventure de Buffalo Bill de De Mille.