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Archive pour la catégorie 'BEAUDINE William'

Les Moineaux (Sparrows) – de William Beaudine – 1926

Posté : 30 septembre, 2011 @ 8:45 dans 1920-1929, BEAUDINE William, FILMS MUETS, PICKFORD Mary | Pas de commentaires »

Sparrows

Voilà l’un des grands chef d’œuvre du muet, un film terrifiant et d’une grande cruauté, que Charles Laughton avait sans aucun doute en tête lorsqu’il a réalisé La Nuit du Chasseur. La comparaison est facile, mais il est difficile de ne pas la faire, tant on sent l’influence que Sparrows a eu sur le classique de Laughton. Mary Pickford, qui joue une adolescente alors qu’elle a déjà 33 ans, trouve là sans doute le rôle le plus fort de toute sa carrière, dans ce qui est peut-être son meilleur film.

L’histoire se passe dans un marais perdu du Sud des Etats-Unis, présenté comme un Enfer sur Terre. Au milieu de marécages impossibles à traverser, un couple de fermiers odieux tout droit sorti d’un conte horrifique des frères Grimm exploite des orphelins qui lui ont été confiés, mais qu’il fait travailler durement toute la journée, les faisant dormir dans une grange sans le moindre confort, et sans soin. Le portrait semble horrible… C’est pire encore : le film ne fait l’impasse sur aucun sévices, et aucun drame. On assiste même à la mort d’un bébé, dans une scène un peu trop mystique, mais bouleversante…

Toute la première partie repose sur cette peinture d’une jeunesse brisée, et aux efforts faits par Mary Pickford et ses petits protégés (les « moineaux » du titre) pour survivre et améliorer leur quotidien, pour échapper aux brimades de leurs bourreaux ou de l’affreux fils (vraiment très laid, ce pauvre garçon) de ces derniers, aussi méchant que ses parents. La charge est d’autant plus forte que le film de William Beaudine est une charge qui était alors d’actualité : dans les années 20, ces « fermes de bébés » existaient bel et bien, et recueillaient des orphelins, aussi bien que des enfants dont les parents ne pouvaient pas s’occuper eux-mêmes. Reste juste à espérer que la cruauté présentée dans le film dépasse la réalité d’alors…

Beaudine, qui fera l’essentiel de sa carrière « parlante » en dirigeant de petites productions parfois très limites (dont le Voodoo Man déjà chroniqué sur ce blog), rappelle qu’il est l’un des grands cinéastes du muet. C’est d’une caméra virtuose qu’il filme cette histoire, bénéficiant il est vrai d’un décor extraordinaire : la reconstitution de cette ferme et du marais qui l’entoure, gothique et inquiétante, fait beaucoup pour le film. Et puis au milieu du film viennent deux rebondissements tragiques : la mort du bébé, et l’enlèvement de la fillette d’un milliardaire. Le fermier se voit confier la garde de la petite fille, pendant que ses kidnappeurs récupèrent la rançon. Mais effrayé par l’arrivée possible de la police, le fermier décide de tuer l’enfant… Ce qui décide Mollie (Mary Pickford) à s’enfuir avec sa bande de gamins, tentant leur chance à travers les marais et leurs dangers…

Et c’est un autre film qui commence, plus fort encore : Beaudine tire le meilleur de son effrayant décor, utilisant la pénombre et les puits de lumière de ces sous-bois, la profondeur de champs (magnifique plan avec les enfants en file indienne à l’arrière plan, tandis qu’on découvre d’inquiétants crocodiles au premier plan) ou le montage alterné (le course du chien qui se rapproche dangereusement et rapidement des enfants) comme les plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma. Toute cette deuxième partie se regarde presque sans respirer, tant la tension est palpable.

C’est du très, très grand cinéma. Le happy end est un peu convenu, c’est vrai, mais qu’importe. Les horreurs de la première partie, et le suspense terrible de la seconde partie risquent de ne pas vous sortir de la tête avant longtemps. Promis…

Voodoo Man (id.) – de William Beaudine – 1944

Posté : 23 septembre, 2011 @ 11:05 dans 1940-1949, BEAUDINE William, CARRADINE John, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Voodoo Man

Comme quoi un bon réalisateur peut sauver à peu près n’importe quel projet débile… Solide cinéaste du muet (on lui doit notamment le formidable Sparrows avec Mary Pickford), Beaudine filme sans complexe ce scénario totalement improbable, sans moyen, avec des acteurs désespérants, mais avec un talent indéniable. Malgré les regards appuyés et l’accent ronflant de Bela Lugosi, malgré les yeux qui roulent de George Zucco, malgré les petits sauts de cabri et l’air ahuri de John Carradine (qui, la même année, tournait l’excellent Barbe-Bleue d’Ulmer), le film échappe au ridicule, et s’avère réellement effrayant… Je m’attendais à rire bien franchement devant l’un de ces petits films d’horreurs tellement navrants qu’ils en deviennent drôles, mais le suspense fonctionne parfaitement bien.

Le talent de Beaudine n’y est pas pour rien : son sens du rythme ; ses images joliment travaillées, avec de belles séquences de nuit ; et surtout une manière d’étirer l’effroi. Plutôt que de jouer sur les sursauts et les effets de surprise, Beaudine montre clairement le danger venir, et l’effet n’en est que plus saisissant. C’est surtout perceptible lors des deux scènes d’enlèvements : dans un décor désert, deux hommes très inquiétants (dont notre ami Carradine) se dirigent vers une jeune femme qui réalise bientôt le danger…

Même le personnage de Lugosi réussit à surprendre. Il apparaît comme l’un de ces savants fous qu’il a interprété un nombre incalculable de fois : la première scène dans laquelle on le découvre nous le présente dans un étrange laboratoire, « pilotant » un enlèvement par écran interposé, comme s’il manipulait les deux débiles qui travaillent pour lui. Mais son personnage est inhabituellement complexe, et finit par émouvoir autant qu’il effraie.

La star, qui n’allait pas tarder à amorcer son inéluctable déclin, interprète le docteur Marlowe, un marginal qui vit en reclus, et cache, évidemment, un terrible secret : il veut redonner vie à sa femme, morte depuis vingt-deux, mais conservée on ne sait trop comment avec toute la fraîcheur de la jeunesse. Il ne lui manque que la parole et un peu d’esprit ! Et c’est justement pour leur voler cet éclat de vie (grâce à la science vaudou du rigolo George Zucco, acteur culte pour les amateurs de fantastique « bis ») qu’il enlève des jeunes femmes en les faisant tomber dans un piège machiavélique (très conne, mais très flippante, cette route qui se perd dans un inquiétant désert). Pas de bol, la jeune femme qu’il enlève au début du film est la future belle sœur d’un scénariste qui, justement, doit tirer un film de ces disparitions mystérieuses.

Le film surfe sur la mode des pratiques vaudou, un an après le succès du Vaudou de Jacques Tourneur. Mais Beaudine s’en tire avec les honneurs, tirant un film effrayant un sympathique d’ingrédients de base pour le moins difficiles…

NEWS : fin du muet, début du parlant, cinq films restaurés en DVD

Posté : 14 septembre, 2010 @ 4:09 dans 1895-1919, 1920-1929, 1930-1939, BEAUDINE William, CAREWE Edwin, FITZMAURICE George, GRIFFITH D.W., LEONARD Robert Z., LeROY Mervyn, NEWS, WOOD Sam | Pas de commentaires »

News fin du muet

Les Films du Paradoxe éditent fin octobre cinq films hollywoodiens restaurés, dont la plupart sont inédits en DVD. Au programme de cette fournée : deux films du début du parlant, et surtout trois muets particulièrement importants, parmi lesquels Sparrows (1926), le chef d’œuvre de William Beaudine avec Mary Pickford, film qui a visiblement inspiré Charles Laughton pour La Nuit du Chasseur. La petite fiancée de l’Amérique interprète une orpheline qui vit avec d’autres enfants dans la bicoque d’un homme qui les exploite, au cœur des marais. Le film existait déjà en DVD chez Bach Films. Cette nouvelle édition est proposée avec, en bonus, un court métrage de Griffith datant de 1910 : Ramona.

Autre film à ne pas rater : Beyond the Rocks (1922), un film de Sam Wood avec un couple de légende, Gloria Swanson et Rudolph Valentino (c’est leur unique collaboration). Cette histoire d’amour impossible entre une femme mariée et un noble européen, était réputée perdue, jusqu’à sa redécouverte en 2003. En bonus : une présentation par Martin Scorsese, et surtout un autre film tourné par Valentino : Delicious Little Devil, de Robert Z. Leonard (1919).

Les trois autres films sont de vrais raretés, présentés dans des éditions simples, sans bonus.

Evangeline, d’Edwin Carewe (1929) : une histoire d’amour en Acadie, contrariée lorsque les Britanniques envoient les hommes en exil ; l’héroïne passera sa vie à rechercher son bien-aimé…

The Locked Door, de George Fitzmaurice (1929) : l’un des premiers films parlants, et la deuxième apparition de Barbara Stanwyck. L’actrice interprète une jeune femme fraîchement mariée, qui voit réapparaître l’homme qui avait tenté d’abuser d’elle quelques mois plus tôt.

Tonight or never, de Mervyn LeRoy (1931) : Gloria Swanson interprète une chanteuse d’opéra qui finira par devenir une grande cantatrice, lorsqu’elle connaîtra enfin la passion…

Tous ces DVD seront en vente le 20 octobre.

 

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