Yellowstone (id.), saison 2 – série créée par Taylor Sheridan et John Linson – 2019
Cette saison 2 confirme et renforce toutes les impressions laissées par la saison 1 : Yellowstone est une sorte de variation punchy et passionnante des intrigues (famille et business compris) de séries comme Dallas. Le côté « punchy et passionnant » ayant son importance. Sur le fond, rien de bien révolutionnaire, donc : au royaume des affaires, la corruption et la violence sont rois.
Sur la forme, on retrouve tout le savoir-faire « à l’ancienne » mis en place par Taylor Sheridan, avec un sens du rythme imparable, et une générosité dans l’action et les rebondissements qui frôlent le trop-plein. Les personnages principaux ont d’ailleurs une capacité étonnante à guérir très vite, que ce soit de coups potentiellement modernes, de blessures par balle, ou de cancers.
Ce pourrait être là une sérieuse réserve. Mais on a depuis longtemps déjà balayé la vraisemblance, au profit du principal intérêt de la série. Et il est de taille : le plaisir immense qu’elle procure, avec sa prolifération de rebondissements, de ressors dramatiques intenses et violents, et ses personnages hantés de l’intérieur, qui semblent gagner encore en charisme et en profondeur.
Au-delà du destin de la famille Dutton, qui se bat pour protéger ses acquis, Sheridan glisse mine de rien quelques belles scènes qui témoignent d’un vrai intérêt pour le sort réservé aux Indiens. Sans angélisme : le personnage de Thomas Rainwater, le chef de la réserve indienne, est un homme d’affaires au fond aussi impitoyable et manipulateur que les autres. Mais avec un regard finalement assez rare sur le sort des tribus indiennes condamnées à vivre aux portes de leurs terres ancestrales.
Le personnage de Monica, quelque peu en retrait dans la première saison, prend ici une ampleur nouvelle, et devient une sorte de symbole de la cause indienne, dans ce qu’elle raconte lors des cours qu’elle donne à l’université, ou dans ce qu’elle vit dans cette communauté de blancs (la scène d’humiliation dans le magasin est particulièrement frappante).
La prolifération de sous-intrigues donne souvent le sentiment que la série repose en partie sur le réflexe du zapping, quitte à évacuer trop vite certains enjeux. Mais tout revient toujours à l’essentiel : cette famille Dutton si dysfonctionnelle, et la manière dont chacun de ses membres, si haïssable, finit par dégager une troublante humanité.



