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Archive pour la catégorie 'SHERIDAN Taylor'

Ceux qui veulent ma mort (Those who wish me dead) – de Taylor Sheridan – 2021

Posté : 20 avril, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, ACTION US (1980-…), SHERIDAN Taylor | Pas de commentaires »

Ceux qui veulent ma mort

Acteur (un peu), scénariste (Sicario), créateur de séries à succès (Yellowstone)… et réalisateur doué. Taylor Sheridan est à l’aise partout. Mais quoi qu’il fasse, il a un univers bien à lui, une manière de renouer avec le film de genre à l’ancienne, avec un amour immodéré des grands espaces.

Wind River, qu’il a réalisé quatre ans plus tôt, résumait parfaitement le style Sheridan, s’imposant comme le digne héritier des grandes réussites des années 90, Le Silence des Agneaux et Danse Avec Les Loups en tête. Avec Ceux qui veulent ma mort, il reprend grosso modo les mêmes recettes, en inversant la donne : après l’homme pur confronté à la violence dans un paysage glacé, voici la femme pure confrontée à la violence dans un paysage brûlant.

Et quitte à inverser les choses, autant y aller à fond. Comme brûlant, difficile de faire plus fort qu’un giga-incendie. Comme héroïne, là aussi, Sheridan y va à fond : les femmes sont peu nombreuses dans son film, mais c’est elles qui ont la force, les hommes étant relégués aux rangs de faire-valoir, d’observateurs patauds, de victimes ou de monstres.

Sheridan n’avance pas avec une délicatesse extrême, certes, et les premières scènes père-fils sonnent franchement faux. Mais cette histoire de femme du feu protégeant un gamin des terribles tueurs qui le traquent est d’une efficacité assez imparable, filmée avec une concision et un rythme parfaits. Et Angelina Jolie est très convaincante dans le rôle de cette femme forte et hantée.

Wind River (id.) – de Taylor Sheridan – 2017

Posté : 7 novembre, 2017 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, SHERIDAN Taylor | Pas de commentaires »

Wind River

C’est aussi efficace que Le Silence des Agneaux, et aussi bouleversant que Manchester by the Sea… Bref, c’est un film formidable que réussit le scénariste Taylor Sheridan pour son dépucelage derrière la caméra: à la fois un très beau film engagé sur l’injustice dont est toujours victime la minorité des Amérindiens, un film déchirant sur la filiation et la perte d’un enfant, et un grand, un très grand thriller.

Avec ce film, le scénariste de Sicario et Comancheria conclut sa trilogie consacrée à la “frontière américaine moderne”. En l’occurrence, cette frontière-là se situe au cœur des Etats-Unis: dans le Wyoming, l’état le moins peuplé, dominé par une nature à la fois belle et hostile. Et cette nature joue effectivement un rôle central, à la fois cadre omniprésent et dévorant de l’histoire, antagoniste admiré ou haï des personnages, et déclencheur du drame qui se joue.

Le film adopte constamment le rythme imposé par cette nature recouverte de neige: la précipitation n’y a pas sa place, les sons sont feutrés, et tout avance avec une certaine lenteur et une difficulté que la caméra de Sheridan rend constamment palpable, fascinante et presque étouffante par moments.

Il y a ceux qui savent s’y mouvoir: les “natifs” bien sûr (comme Graham Greene, beau clin d’œil à son rôle de Danse Avec les Loups) ou Jeremy Renner, formidable en chasseur en quête de paix. Et il y a les autres, que ces vastes étendues désertes obligent à se confronter à leurs propres démons. Parmi ceux-là, il y a les méchants (dont on ne dira rien ici), et il y a cette très jeune agent du FBI (Elizabeth Olsen, également formidable) qui semble à peine sortir de l’enfance, mais trimbale déjà un regard étonnamment dur, et qui forme un tandem improbable avec Jeremy Renner.

Voilà qui aurait pu tourner au traditionnel buddy movie, source d’engueulades ou de gags c’est au choix. Mais Taylor Sheridan a la bonne idée de ne jamais jouer sur ce registre, préférant souligner le respect mutuel qui se crée immédiatement entre ces deux êtres si différents mais également abîmés par la vie.

La force du film, c’est la manière dont chaque thème, chaque aspect, enrichit les autres: le drame, le suspense, le mystère, l’émotion se nourrissent les uns les autres jusqu’à une conclusion aussi belle que noire. Le crime au cœur de l’histoire ne réserve pas de surprise extraordinaire, mais la manière dont il est traité fait de Wind River l’un des grands thrillers de ces dernières années.

Est-ce la présence de cette jeune recrue du FBI ? Ou cette manière de filmer une réalité ni glamour ni attendue ? L’ombre du Silence des Agneaux est en tout cas bien présente, mais jamais dévorante. Taylor Sheridan l’assume d’ailleurs, en reprenant et détournant habilement le fameux “coup de la porte”, montage trompeur qui faisait naître l’horreur dans le film de Jonathan Demme, et qui révèle ici de manière prématurée (et très maline) tout le mystère.

Pour mieux réussir à imbriquer violence (quelle fusillade!) et émotion, dans un final éblouissant.

 

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