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LIVRE : La Fille peinte – d’Edmond T. Gréville – 1962

Posté : 7 novembre, 2025 @ 8:00 dans GREVILLE Edmond T., LIVRES | Pas de commentaires »

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Ce blog étant dédié au cinéma, et non à la littérature (j’aimerais bien, mais j’ai un métier, une famille, et les journées ne font que 24 heures), c’est le tout premier roman qui a droit à sa chronique ici. Et cette chronique sera cinématographique, et pas littéraire.

Il se trouve que La Fille Peinte est signé Edmond T. Gréville, grand réalisateur français un peu trop oublié, dont j’ignorais qu’il avait écrit plusieurs romans avant de faire ses débuts derrière une caméra. Celui-ci marque le retour à l’écriture du cinéaste en fin de parcours. Et c’est avec une grande curiosité que je l’ai ouvert.

Deux impressions fortes me sont vite venues. La première : Gréville a une belle plume, et un vrai talent pour faire ressentir la force des éléments, un peu comme il l’avait fait au cinéma avec Le Diable souffle, l’un de ses meilleurs films. D’ailleurs, la deuxième impression se confirme très rapidement : cette histoire là ressemble fort à celle du Diable souffle, qu’il a réalisé une quinzaine d’années plus tôt.

Alors oui, c’est bel et bien la même histoire que Gréville adapte sous forme de roman, avec les mêmes personnages et la même intrigue. Un homme solitaire (Charles Vanel au cinéma) amène sur sa petite île au milieu du Rhône une jeune femme croisée dans un club de Paris et tombe amoureux d’elle avant de recueillir un mystérieux sourd-muet, visiblement recherché…

C’est la même histoire, et la même ambition : celle de rendre palpable le poids des éléments qui entourent ce trio et se referment sur lui, renforçant les enjeux dramatiques au rythme de la crue qui menace l’îlot et son microcosme. Le plaisir, en tout cas, est aussi fort. Et le livre refermé, on n’a qu’une envie : découvrir les premiers romans de Gréville. Ah non : une deuxième envie aussi, celle de revoir ses films…

Partie de campagne – de Jean Renoir – 1936

Posté : 28 octobre, 2025 @ 8:00 dans 1930-1939, COURTS MÉTRAGES, RENOIR Jean | Pas de commentaires »

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Un carton ouvrait le film, lors de sa première projection en 1946, dix ans après le tournage : Partie de campagne n’a jamais été totalement terminé. Deux cartons d’intertitres complètent donc le récit, en l’occurrence au tout début en guise d’introduction, et avant la dernière scène, en guise de lien entre deux époques. Mais à vrai dire, le film est, en l’état, à peu près parfait.

Avec ses 41 minutes, Partie de campagne fait en tout cas partie des premiers très grands chefs d’œuvre de Renoir, une adaptation (par le réalisateur) d’une nouvelle de Maupassant, et une pure merveille de mise en scène, de délicatesse, qui capte aussi bien la fragrance d’un dimanche à la campagne que la persistance d’un regret au long cours.

L’histoire est très simple : une famille de petits bourgeois parisiens arrivent à la campagne, pour un dimanche au bord de l’eau, troublant les calmes habitudes de deux amis qui décident, pour tromper l’ennui, d’aller séduire les deux femmes du groupe, la mère et la fille, pendant que le père de famille (ce bon Gabriello) et son futur gendre, innocents dans tous les sens du terme, sont trop occupés à pêcher.

Renoir se montre à la fois tendre et ironique, dans sa manière de filmer ces Parisiens un peu ridicules dans leur amour si ostensible pour la campagne (« c’est quand même salissant »). Cynique ? Même pas. Renoir aime ses personnages, quels qu’ils soient : aussi bien cette mère au rire trop fort que ce canotier au sourire si triste. Tous, ou presque (il n’épargne pas le futur gendre, outrancièrement grotesque, sans doute parce qu’il représente l’échec à venir de la vie de la jeune femme), trouvent grâce à ses yeux.

Et ce petit drame se noue dans une nature qui, s’il y avait la couleur, évoquerait sans aucun doute la palette des impressionnistes, et celles du père Renoir qui a su si bien peindre les fêtes au bord de l’eau, et notamment les canotiers. Après des débuts marqués par les échecs à répétition, Partie de campagne donne le sentiment (peut-être grâce à la réussite du Crime de monsieur Lange) d’être l’œuvre totalement personnelle d’un cinéaste libéré au sommet de son art. La suite, d’ailleurs, sera un enchaînement de chefs d’œuvre.

La Vie est à nous – de Jean Renoir – 1936

Posté : 27 octobre, 2025 @ 8:00 dans 1930-1939, BECKER Jacques, BRUNIUS Jacques B., CARTIER-BRESSON Henri, DOCUMENTAIRE, LE CHANOIS Jean-Paul, LIME Maurice, RENOIR Jean, UNIK Pierre, ZWOBADA André | Pas de commentaires »

La Vie est à nous – de Jean Renoir – 1936 dans 1930-1939 54865292029_75590ceba6_z

Un film étendard pour Renoir, dont on continue à se demander neuf décennies après s’il est devenu le cinéaste attitré du Parti Communiste par pure conviction ou par amour. Sans doute un peu des deux, et qu’importe au fond : La Vie est à nous existe, et il reste le plus mémorable de tous les films tournés à la gloire d’un parti politique en France, ce qui est déjà énorme.

Et on échappera pas à l’expression « film de propagande », bien sûr. On est même en plein dans le sujet. La Vie est à nous a beau être profondément attachant, l’honnêteté pousse à reconnaître que Renoir y utilise grosso-modo le même langage qu’une certaine Leni Rifenstahl quelques mois plus tôt avec son Triomphe de la volonté : le langage du cinéma, parfaitement maîtrisé, au service d’une idéologie.

Celle que sert Renoir a le mérite d’être profondément humaniste, tournée vers le peuple qui souffre et promouvant le collectif et l’entraide. En se vautrant certes dans une idolâtrie pro-soviétique d’avant la rupture qui fait pour le moins tiquer aujourd’hui : Stalline et Lénine comme modèles d’humanistes, on fait plus consensuel. Mais comme on dit, il faut remettre dans le contexte : en 1936, on ne savait pas, on ne voulait pas encore savoir, ou quelque chose quelque part entre les deux…

La Vie est à nous est ce qu’on peut sans hésitation appeler un film à message. La première partie, un rien lénifiante, l’illustre bien : un enseignant vante les atouts et les richesses de la France devant une classe captivée, avant de lancer un « pauvres petits » en voyant partir ses élèves, conscient d’être dans un territoire populaire peuplé de laissés pour compte. Le ton est donné : la France est riche, mais surtout pour les riches.

La suite, c’est le directeur du journal L’Humanité qui la rythme, en lisant des courriers de lecteurs qui sont autant de témoignages, qu’illustre Renoir sous la forme de courtes fictions. C’est là que le film est le plus passionnant, grâce à la puissance des images et à la force de la mise en scène, qui réussit en quelques minutes à peine à cerner le poids de la société et la force du collectif.

Je dis Renoir, mais le film est comme il se doit collectif, réalisé par une poignée d’auteurs (parmi lesquels Le Chanois sous pseudo, et le fidèle assistant de Renoir Jacques Becker) sous la supervision dudit Renoir. Le film, quand même, porte clairement sa marque, dans sa manière de filmer les gens du peuple, dans leur environnement, et dans leur force collective.

Dans ce domaine, les toutes dernières images du film rattachent définitivement La Vie est à nous à la grande tradition du cinéma soviétique de la grande période, celle de la fin du muet : un montage ultra dynamique qui associe les mouvements de la foule, la musique lyrique, les bruits des machines et les cultures florissantes dans les champs. Un véritable hymne, et un film brillant dans sa forme.

Je veux voir – de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige – 2008

Posté : 14 octobre, 2025 @ 8:00 dans 2000-2009, DOCUMENTAIRE, HADJITHOMAS Joana, JOREIGE Khalil | Pas de commentaires »

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Il y a quelque chose de magnifique avec Catherine Deneuve, c’est cette curiosité et cette ouverture qui semblent sans fin. Alors que d’autres (Delon, pour ne citer que lui) se sont enfermés dans leur statut d’icône, elle, qui a pourtant sa place depuis des décennies parmi les icônes, ne cesse de s’aventurer en terres inconnues.

C’est le cas avec cet objet filmique étonnant, qui ne répond au fond qu’à une envie : celle de ses deux réalisateurs libanais de filmer leur pays tel qu’il est au lendemain de la guerre de 2006 face à Israël, de s’aventurer entre les ruines du Liban pour tenter d’y retrouver la beauté enfouie sous les décombres.

Le procédé est proche du documentaire. Catherine Deneuve, dans son propre rôle donc, arrive à Beyrouth pour recevoir un prix, et insiste pour être emmenée dans le Sud, où les combats ont été les plus violents. « Je veux voir », lance-t-elle en guise d’explication. Elle est accompagnée par l’acteur Rabih Mroué (dans son propre rôle itou), et suivie par une équipe de cinéma menée par Joana Hadjithomas et Khalil Joreige eux-mêmes.

Ces derniers s’effacent la plupart du temps, et ne réapparaissent que pour rappeler qu’on n’est pas dans une fiction. Pas totalement dans un documentaire non plus, même si le film est largement improvisé, et que c’est le regard de Deneuve découvrant les traces de la violence qui est le fil rouge. Une sorte d’entre deux un peu bancal dans un premier temps, mais qui finit par créer comme un étrange envoûtement.

Ce mini road-trip (quelques heures dans une même journée) vers le Sud, vers la frontière avec Israël, c’est aussi la rencontre de deux acteurs : l’un comédien libanais, l’autre star internationale, qui découvrent ensemble les ravages de la guerre, la peur des mines, le ballet impressionnant des avions israéliens, et ce village en ruines où Rabih n’arrive pas à retrouver la maison de son enfance. Bouleversant.

Pas d’autre histoire que celle-là : la rencontre de deux artistes que tout sépare dans une terre pleine de beautés et de gravas. Le sourire de Deneuve qui s’épanouit dans les derniers instants du film vaut à lui seul le voyage.

LIVRE : Ma vie et mes films – de Jean Renoir – 1974

Posté : 17 août, 2025 @ 8:00 dans LIVRES, RENOIR Jean | Pas de commentaires »

LIVRE Ma vie et mes films

Jean Renoir écrit comme il parle, et cela fait beaucoup pour le plaisir que la lecture de ses livres procure. C’était déjà le cas avec la belle biographie très personnelle qu’il a consacrée à son père. C’est le cas avec cette autobiographie tout aussi personnelle : au fil des pages, on a vraiment le sentiment d’entendre la voix et le début si particuliers de son auteur.

Le terme « autobiographie » est, d’ailleurs, un peu discutable. Certes, Renoir raconte son parcours, d’une manière à peu près chronologique, de son enfance au côté d’un père pas comme les autres, jusqu’à ses derniers films et la conscience qu’il a que sa carrière est derrière lui, conscience affirmée sans amertume qui donne au livre un ton joliment nostalgique.

Malgré la construction (à peu près) chronologique, le livre est divisé en chapitres thématiques qui permettent à Renoir d’évoquer ses grandes amitiés, ses grands souvenirs de tournage, ses belles rencontres professionnelles, son rapport à son père et aux grands peintres qui l’entouraient, et surtout sa vision de la vie, du monde et des rapports humains.

Cette vision du monde, on la connaît par cœur depuis La Grande Illusion : les affinités ne se font pas en fonction des frontières (ce qu’il appelle la division verticale), mais en fonction des intérêts communs (la division horizontale). En résumé : un banquier et un ouvrier français n’auront pas forcément grand-chose à se dire, mais deux artisans de pays et de cultures différents auront toujours des sujets de discussion.

On peut trouver ça beau, ou un peu naïf. A vrai dire, on se dit en lisant ce livre que Renoir lui-même sait que la réalité n’est sans doute pas si simple, et que l’homme est, au fond, profondément complexe. Pour preuve : son rapport à la France, qu’il quitte en 1940, au moins autant par dépit après l’échec cruel de La Règle du jeu que pour fuir l’occupation nazie. Et son rapport à Hollywood, où il n’a au fond jamais trouvé vraiment sa place, mais qu’il n’a quitté que parce que les studios ne voulaient plus de lui…

L’homme est complexe, mais profondément attachant. Son parcours est sinueux, mais fascinant. Et sa vision du cinéma est passionnée et passionnante. Avec les mots simples de l’artisan qu’il n’a cessé d’être depuis ses débuts de céramiste dans l’ombre de son peintre de père, Jean Renoir livre mine de rien une sorte de manifeste de l’art et du plaisir de filmer, un plaisir basé sur la vie qu’il n’a cessé de chercher à capter avec sa caméra.

Yellowstone (id.), saison 2 – série créée par Taylor Sheridan et John Linson – 2019

Posté : 23 juillet, 2025 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, ACTION US (1980-…), BIANCHI Ed, COSTNER Kevin, DAHL John, FERLAND Guy, KAY Stephen T., LINSON John, RICHARDSON Ben, SHERIDAN Taylor, TÉLÉVISION, WESTERNS | Pas de commentaires »

Yellowstone saison 2

Cette saison 2 confirme et renforce toutes les impressions laissées par la saison 1 : Yellowstone est une sorte de variation punchy et passionnante des intrigues (famille et business compris) de séries comme Dallas. Le côté « punchy et passionnant » ayant son importance. Sur le fond, rien de bien révolutionnaire, donc : au royaume des affaires, la corruption et la violence sont rois.

Sur la forme, on retrouve tout le savoir-faire « à l’ancienne » mis en place par Taylor Sheridan, avec un sens du rythme imparable, et une générosité dans l’action et les rebondissements qui frôlent le trop-plein. Les personnages principaux ont d’ailleurs une capacité étonnante à guérir très vite, que ce soit de coups potentiellement modernes, de blessures par balle, ou de cancers.

Ce pourrait être là une sérieuse réserve. Mais on a depuis longtemps déjà balayé la vraisemblance, au profit du principal intérêt de la série. Et il est de taille : le plaisir immense qu’elle procure, avec sa prolifération de rebondissements, de ressors dramatiques intenses et violents, et ses personnages hantés de l’intérieur, qui semblent gagner encore en charisme et en profondeur.

Au-delà du destin de la famille Dutton, qui se bat pour protéger ses acquis, Sheridan glisse mine de rien quelques belles scènes qui témoignent d’un vrai intérêt pour le sort réservé aux Indiens. Sans angélisme : le personnage de Thomas Rainwater, le chef de la réserve indienne, est un homme d’affaires au fond aussi impitoyable et manipulateur que les autres. Mais avec un regard finalement assez rare sur le sort des tribus indiennes condamnées à vivre aux portes de leurs terres ancestrales.

Le personnage de Monica, quelque peu en retrait dans la première saison, prend ici une ampleur nouvelle, et devient une sorte de symbole de la cause indienne, dans ce qu’elle raconte lors des cours qu’elle donne à l’université, ou dans ce qu’elle vit dans cette communauté de blancs (la scène d’humiliation dans le magasin est particulièrement frappante).

La prolifération de sous-intrigues donne souvent le sentiment que la série repose en partie sur le réflexe du zapping, quitte à évacuer trop vite certains enjeux. Mais tout revient toujours à l’essentiel : cette famille Dutton si dysfonctionnelle, et la manière dont chacun de ses membres, si haïssable, finit par dégager une troublante humanité.

LIVRE : Rue du Premier-Film – de Thierry Frémeaux – 2024

Posté : 16 juillet, 2025 @ 8:00 dans FILMS MUETS, FREMEAUX Thierry, LIVRES, LUMIERE Louis et Auguste | Pas de commentaires »

LIVRE Rue du Premier-Film

Rue du Premier-Film, c’est la rue qui borde l’Institut Lumière à Lyon, là même (mais la rue portait alors un autre nom) où les frères Lumière ont posé leur caméra pour la toute première fois, pour filmer les ouvriers sortant de leur usine. Et les majuscules et le tiret sont importants, comme le souligne un Thierry Frémeaux qui nous invite à une visite très intime de ce lieu magique qu’il dirige, en grand amoureux du cinéma et en grand passeur qu’il est.

Le livre est d’abord une commande, de l’éditrice Alina Gurdiel, pour la très belle collection qu’elle dirige chez Stock : « Ma nuit au musée ». Le principe est simple et enthousiasmant : pour chaque livre, elle demande à un auteur de passer une nuit seul dans un musée de son choix, et d’en tirer un livre totalement libre. Ses coups de cœur, ses souvenirs, les réflexions que la cohabitation avec les œuvres et l’intimité du lieu peut lui inspirer.

Thierry Frémeaux le dit : il aurait pu choisir un musée à l’autre bout du monde (sans doute l’éditeur lui aurait-il payé le voyage!). Il préfère rester « chez lui », dans cet Institut Lumière où il a son bureau et sa vie, et qu’il connaît sans doute mieux que quiconque. L’exercice frôle parfois l’autopromotion. « Frôle », seulement, parce que ce qui peut d’abord ressembler à un auto satisfecit dénué de modestie se révèle rapidement un grand et beau chant d’amour à ce lieu chargé d’histoire.

Et c’est très beau de voir cet homme, à la tête de la plus belle institution dédiée au cinéma de patrimoine et du grand festival de cinéma du monde (Cannes, évidemment), garder un enthousiasme d’enfant en arpentant les couloirs chargés d’histoire de cette belle maison, tout en livrant des souvenirs personnels. Et finalement, c’est presque un autoportrait de cinéphile qui se dégage de cette errance nocturne, marquée par la vision de quelques films.

D’ailleurs, comment ne pas être séduit par les rêveries d’un homme qui vite Ozu et Bergman, et s’enthousiasme de la magie qui se dégage des images tournées par Lumière. Me voilà sous le charme de ce livre tout en liberté, comme je l’ai été de la découverte de l’Institut Lumière il y a quelques semaines. Comme un prolongement du plaisir lyonnais.

Yellowstone (id.), saison 1 – série créée par Taylor Sheridan et John Linson – 2018

Posté : 8 juillet, 2025 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, ACTION US (1980-…), COSTNER Kevin, LINSON John, SHERIDAN Taylor, TÉLÉVISION, WESTERNS | Pas de commentaires »

Yellowstone saison 1

Yellowstone, c’est Dallas en mieux. Je pourrais presque arrêter là cette chronique, tant la série phare de Taylor Sheridan (qui réalise les neuf épisodes de cette première saison) reprend les codes des vieux soaps des années 80, 90 : une famille dysfonctionnelle, de la corruption, des mensonges, de la manipulation, et beaucoup de violence. Cela étant dit, je reconnais que ce résumé est un peu réducteur.

Yellowstone, c’est surtout la porte d’entrée la plus cohérente pour comprendre le phénomène que représente Sheridan, qui transforme à peu près tout ce qu’il touche en or depuis quelques années, et qu’on a un peu vite catalogué comme le parangon du conservatisme réactionnaire à l’américaine. C’est aller un peu vite en besogne.

Certes, Sheridan est fasciné par les valeurs américaines telles que la mythologie westernienne n’a cessé de les fantasmer. Grands espaces, grands propriétaires, grandes ambitions, grands chapeaux… Tout est démesuré, jusqu’à un Kevin Costner sans doute choisi parce qu’il représente mieux que quiconque cette Amérique rurale dans le cinéma de ces quarante dernières années. Et parce que Sheridan aime remettre en selle des vedettes vieillissantes en perte de vitesse.

Il y a donc de la fascination pour cette Amérique du plus fort. Il y a aussi un regard critique, voire acerbe de cette famille Dutton, dont les méthodes s’affranchissent allégrement des contraintes de la loi, et de la morale. A commencer par le patriarche, Costner, à la fois héros et grand méchant de cette saga familiale. Un meneur déterminé et hyper charismatique, et un père odieux qui semble avoir passé sa vie à détruire ses enfants.

Qui sont gratinés, ses enfants. Un ancien militaire qui tente sans y arriver de canaliser sa violence. L’avocat de la famille, méprisé et humilié par tous les siens. Et la fille dont le métier consiste à détruire des carrières, qui tente d’étouffer sous des litres d’alcool le sentiment qu’elle a de ne pas avoir été aimée. Dans l’ordre : Luke Grimes, Wes Bentley et Kelly Reilly, et autant de personnages réellement fascinants.

Au-delà de l’efficacité imparable des scénarios, qui déclinent le combat des Dutton pour sauver leur empire menacé de toutes parts, ce sont ses personnages qui font la réussite de la série. Il faut d’ailleurs ajouter à la liste le personnage de Rip (Cole Hauser), bras droit de Dutton, qui aurait pu être le fils idéal s’il avait été de son sang. Un personnage ténébreux au charisme dingue.

La force de Yellowstone, c’est de mettre en scène une demi-douzaine de personnages qui dépassent en intensité et en charisme l’immense majorité des héros des autres séries. Ce n’est pas étonnant que, maintenant que Yellowstone est terminé (mais j’anticipe, je ne suis qu’à la saison 1), plusieurs suites sont annoncées, l’une autour de Kayce (Luke Grimes), l’autre autour de Beth et Rip. Mais ça, c’est une autre histoire : il y a quatre autres saisons de la série-mère avant ça.

Astérix et Obélix : Le Combat des Chefs – d’Alain Chabat (coréalisé avec Fabrice Joubert) – 2025

Posté : 9 juin, 2025 @ 8:00 dans 2020-2029, CHABAT Alain, DESSINS ANIMÉS, JOUBERT Fabrice, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Astérix et Obélix Le Combat des chefs

Chabat qui renoue avec l’univers d’Astérix, forcément, ça fait envie. Et comme l’ex-Nul, tout en cultivant un univers comique très personnel et immédiatement reconnaissable, aime constamment se renouveler, c’est un choix radicalement différent de son Mission Cléopâtre qu’il fait ici.

Ni long métrage, ni sortie au cinéma, ni incarnations de chair et d’os… Chabat signe une mini-série animée pour Netflix. Et histoire de creuser le fossé avec son méga-succès de 2002, il choisit d’adapter assez fidèlement un épisode « de village », en opposition avec les histoires de voyage d’Astérix.

La plus grande partie de ce Combat des Chefs se déroule donc dans le fameux village gaulois qui continue encore et toujours à résister à l’envahisseur. Sans acteur à l’écran, mais avec un casting vocal de dingue : Chabat lui-même en Astérix, Gilles Lellouche qui renoue avec Obélix après L’Empire du Milieu (spoil : Le Combat des chefs, c’est mieux), Thierry Lhermitte en Panoramix, Laurent Lafitte en César… plus Anaïs Demoustier, Géraldine Nakache, Grégoire Ludig, Jean-Pascal Zadi, Grégory Gadebois, Alexandre Astier, Jeanne Balibar et plein, plein d’autres.

Un casting tellement foisonnant qu’on sort de ces cinq épisodes d’à peine trente minutes à la fois ravi, et un peu frustré, en se disant que l’humour incomparable de Chabat aurait gagné à être incarné physiquement, surtout avec de telles figures du cinéma comique français. C’est la principale limite de la mini-série, qui pour le reste réussit à peu près un sans faute.

A la fois fidèle à la BD de Goscinny et Uderzo, et typique de l’œuvre de Chabat, qui réussit la même alchimie improbable (et jamais reproduite dans les autres adaptations live) que dans son film de cinéma, Le Combat des chefs est aussi plein d’inventions visuelles. Si les dessins des personnages ne révolutionnent rien, Chabat et son co-réalisateur Fabrice Joubert nous gratifient de quelques scènes très réussies, particulièrement les plus habituellement casse-gueules.

C’est le cas d’une séquence de rêve très inventive et réjouissante, qui flirte du côté du Aladdin de Disney (la version animée des années 90), ou du long prologue sur l’enfance des héros. C’est par petites touches que Chabat s’empare de ce classique de la BD, pour en garder l’esprit tout en l’inscrivant dans le contexte actuel. Il y est quand même question de totalitarisme et du danger qui pèse sur les démocraties. Bien sûr, tout ça est très léger, et souvent drôle. Mais quand même.

LIVRE : Passé la Loire, c’est l’aventure – de Gilles Grangier (entretiens avec François Guérif) – 1989-2021

Posté : 11 mai, 2025 @ 8:00 dans GABIN Jean, GRANGIER Gilles, LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Passé la Loire c'est l'aventure

« Passé la Loire, c’est l’aventure »… Rien que le titre donne envie de se plonger dans les souvenirs de Gilles Grangier, réalisateur qu’on aurait sans doute définitivement entouré sans le regard plein d’acuité de cinéphiles comme Bertrand Tavernier, qui défendait bec et ongle le bougre en reconnaissant la volatilité de son œuvre, mais surtout quelques grandes réussites.

Et c’est vrai qu’il y a quelques perles (souvent noires) dans la longue filmographie très inégale de Grangier. Des perles un peu trop vite éclipsées par une poignée de nanars assez indéfendables, comme les derniers films de sa longue collaboration avec Gabin (Les Vieux de la vieille et Archimède le clochard ne sont pas renversants, L’Âge ingrat et Le Gentleman d’Epsom sont pires). Mais le gars a aussi réalisé Le Rouge est mis ou Le Sang à la tête avec Gabin. Et sans lui, des réussites méconnues comme Reproduction interdite ou 125 rue Montmartre. Alors…

L’importance de Gabin dans son parcours est évidente, pour le meilleur et pour le pire : sa rencontre marque son âge d’or, et la tendance paresseuse de l’acteur son déclin. D’ailleurs, c’est à lui, Gabin, qu’on doit la belle citation qui donne son titre au livre : sur le tournage du Cave se rebiffe, une manière pour « le vieux » de refuser d’aller tourner en Amérique du Sud les scènes du film s’y déroulant vraiment.

C’est en tout cas tout un pan du cinéma français qui déroule dans ce livre : le cinéma populaire assumé d’un artisan qui prenait son art au sérieux, et que la Nouvelle Vague n’a pas épargnée. Ce n’est pas à proprement parler une autobiographie : Grangier livre ses souvenirs liés à chacun de ses films (jusqu’au plus obscur) dans le cadre d’une interview au long cours avec François Guérif. Un peu sur le modèle du fameux Hitchcock/Truffaut.

En feuilletant les pages, les souvenirs de Grangier font mine de rien le lien entre les débuts du parlant et la Nouvelle Vague. Il évoque sa rencontre avec Maurice Tourneur, grand maître du muet qui sera l’un de ses mentors (passionnant). Il se souvient d’actrices comme Jeanne Moreau « avec son côté un peu salope » (discutable). Il égratigne des acteurs qu’il n’appréciait visiblement pas des masses comme Pierre Fresnay, dominé par une Yvonne Printemps pas bien sympathique (très drôle).

200 pages ne permettent pas d’entrer dans le détail, et on a parfois un peu le sentiment de survoler les choses. Mais cette petite virée dans les mémoires de Grangier donne franchement envie de revoir certains de ces films un peu trop vite mis de côté.

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