Golem, le tueur de Londres (The Limehouse Golem) – de Juan Carlos Medina – 2016
Toujours très photogénique, ce Londres meurtrier de la fin du 19e siècle. On n’a pas affaire à Jack l’Eventreur ici, mais c’est tout comme. En surnommant son mystérieux tueur le « Golem », le film inscrit moins l’intrigue dans la culture juive que dans la mythologie horrifique dont le tueur de White Chapel est un illustre représentant.
Juan Carlos Medina réussit d’ailleurs plutôt bien à recréer cette atmosphère si particulière d’une ville grouillante de vie, où la richesse et la misère se mélangent autour de lieux qui symbolisent le vice, ou le plaisir c’est selon. En l’occurrence un théâtre où se noue et se dénouent les couples, plus ou moins légitimes, et dont la façade brillante cache mal des secrets inavouables.
Un bon point pour la reconstitution, donc, pleine de vie. Un bon point aussi pour Bill Nighy en flic de Scotland Yard, dont on se demande pourquoi il n’a jamais eu ce genre d’emploi auparavant tant son physique acéré colle parfaitement à ce que devait être ce superflic raté, placardisé pour des suspicions d’homosexualité. Nighy est parfait aussi dans l’évocation jamais frontale de cette « déviance » si mal venue à l’époque, comme dans l’obsession de sa quête.
Il aurait d’ailleurs pu ne jamais trouver ce genre d’emploi : Bill Nighy a été appelé à la dernière minute pour remplacer son pote Alan Rickman, très malade, qui mourra pendant le tournage. Le film lui est dédié, bien sûr.
Efficace et plaisant, ce Golem manque aussi de surprise : cet univers criminel d’un Londres poisseux a fait l’objet d’innombrables films depuis le Lodger d’Hitchcock. Avec quelques pépites, au fil des décennies. Mais il faut bien reconnaître qu’il n’y a ici rien de franchement nouveau, surtout que Medina fait tellement attention à brouiller les pistes bien comme il faut qu’on se doute au bout de 10 minutes que le meurtrier est, en gros, le personnage le plus insoupçonnable (pas manqué).
Si, quand même. Il y a une ambition très louable dans la forme, lorsque Kildare (le flic) passe en revue les différents crimes et les différents suspects, et que les projections de son esprit prennent corps à l’écran. Là, le film renouvelle le genre, comme lorsqu’il invoque des personnages bien réels (Karl Marx, ou le comédien Dan Leno). Pas totalement enthousiasmant, non, mais plutôt plaisant tout de même…