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Archive pour la catégorie 'VERNAY Robert'

La femme que j’ai le plus aimée – de Robert Vernay – 1942

Posté : 27 juin, 2014 @ 5:29 dans 1940-1949, VERNAY Robert | Pas de commentaires »

La Femme que j'ai le plus aimée

Tourné peu avant le plus célèbre et le plus ambitieux de ses films, son adaptation du Comte de Monte Cristo, La Femme que j’ai le plus aimée est un film nettement plus modeste, et beaucoup plus imparfait de Robert Vernay. Loin de sa grande fresque à venir, le cinéaste signe un film à sketches reliés entre eux par une thématique et une colonne vertébrale qui sert à passer les plats. Un jeune homme, plaqué par son grand amour, pense au suicide, mais est sauvé par les amis de son oncle, chez qui il vit, hommes vieillissants et dignes qui, chacun, racontent un drame caché de leur passé : une déception amoureuse qui les a poussé au bord du suicide.

Le film a les qualités de l’époque : une série de comédiens réjouissants dont certains ne font qu’une apparition (Bernard Blier, assez formidable en croque-mort glacial et imperturbable) mais dont la truculence fait des merveilles. C’est d’ailleurs un quasi-sans faute, à peine émettrai-je des réticences sur la prestation de Jean Tissier, too much comme souvent.

Le film a aussi les défauts du genre : le film à  sketches a souvent une propension à tirer à la ligne. Et ici particulièrement : le thème du film coupe court à tout semblant de suspense, l’issue des relations qui se nouent étant joué d’avance, même si Vernay joue habilement avec les ruptures du ton, passant efficacement du mélancolique (cette artiste qui renonce à l’amour pour retrouver la flamme de son art) au burlesque (le faux mort qui découvre ce que sa femme et son meilleur pensent vraiment de lui sur son lit de mort).

Arletty donne curieusement peu de relief à son personnage de comédienne sans le sou qui tombe amoureuse de son propriétaire, chirurgien au grand cœur. Mais Mireille Balin est particulièrement pétillante dans celui d’une épouse qui le mari qu’elle avait quitté quelques mois plus tôt. Ruiné, mais insouciant parce qu’il s’est trouvé une vocation d’homme de théâtre. Très légères en apparence, ces retrouvailles cachent pourtant un cynisme cruel : le nouveau départ du couple se fait au détriment d’un huissier (Tissier) dont la jeune femme utilise les sentiments.

C’est d’ailleurs lorsque le film joue la carte du cynisme qu’il est le plus réussi. Notamment dans le sketch consacré au fils trop riche et trop dilettante d’un industriel, qui tente en vain de séduire la fiancée du fondé de pouvoir de son père. Après avoir succédé à son père, il retrouvera la jeune femme vieillie, négligée, fatiguée par des journées de travail trop longues. Et lui reprochera ce laisser aller sans le moindre état d’âme, avec une vraie cruauté. « Quand j’ai travaillé toute la journée, j’ai pas le cœur à faire du charme » répondra-t-elle.

Mais le film est essentiellement léger, et gentiment canaille, avec quelques allusions lourdes de sous-entendus : « J’ai jamais essayé la pipe, ça sent mauvais », lance Arletty. Ou ce dialogue entre Jean Tissier et Mireille Balin : « Je devrais vous saisir – Eh bien saisissez moi. » Pas de quoi se relever la nuit, certes, mais fort sympathique.

Le Comte de Monte Cristo. 2ème époque : Le Châtiment – de Robert Vernay – 1943

Posté : 30 juin, 2013 @ 4:34 dans 1940-1949, VERNAY Robert | Pas de commentaires »

Le Comte de Monte Cristo. 2ème époque : Le Châtiment - de Robert Vernay - 1943 dans 1940-1949 le-comte-de-monte-cristo-2

A la fin de la première partie, Edmond Dantès revenait incognito parmi les siens, et jouait les anges gardiens pour les rares qui lui étaient restés fidèles. Cette seconde partie sonne l’heure de la vengeance. Morcef, De Villefort et Caderousse vont morfler. Dantès, lui, ne va rien gagner…

Ce deuxième film laisse la même impression que le premier : Robert Vernay signe une adaptation très soignée et passionnante de l’œuvre de Dumas, mais trop sage, trop appliquée. Un film d’acteurs (tous excellents), un « film de patrimoine » auquel manque une vraie personnalité, voire un brin de folie.

Par moments, quand même, la mise en scène de Vernay devient plus inspirée. Celle où De Villefort, démasqué en pleine audience, titube dans les couloirs déserts du tribunal vers l’ombre immobile et implacable de Dantès / Monte Cristo. En une séquence presque surréaliste, Vernay résume tout : le poids de la culpabilité, le temps qui a passé, cruel, et l’absence de salut pour un Dantès qui ne tirera rien de bon de sa vengeance.

Vernay filmera lui-même une autre adaptation du roman, en couleur et avec Jean Marais. Un film qui, dans mon (très vague) souvenir, n’est pas à la hauteur de celui-ci.

Le Comte de Monte Cristo. 1ère époque : Edmond Dantès – de Robert Vernay – 1943

Posté : 30 juin, 2013 @ 4:31 dans 1940-1949, VERNAY Robert | Pas de commentaires »

Le Comte de Monte Cristo. 1ère époque : Edmond Dantès - de Robert Vernay - 1943 dans 1940-1949 le-comte-de-monte-cristo-1

On parle souvent de cette première adaptation de Robert Vernay (il en signera une seconde une quinzaine d’années plus tard, avec Jean Marais) comme de la meilleure version ciné du roman de Dumas. C’est oublié un peu vite le film muet de Henri Fescourt qui, même imparfait, était parsemé d’éclairs de génie et de recherches formelles qui font un peu défaut ici. Le film de Vernay est une belle production, ambitieuse et parfaitement rythmée, mais un rien trop sage.

Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les versions Vernay et Fescourt de l’évasion de Dantes. Strictement identiques sur le papier, les deux séquences ont loin d’avoir le même impact à l’écran : dans le film muet, c’était un plan d’une grande audace et inoubliable ; ici, Vernay passe totalement à côté de l’enjeu dramatique du moment, signant des images trop plates et anti-spectaculaires.

Le film de Robert Vernay semble placer tous ses efforts dans les décors et l’interprétation, effectivement irréprochable. Pierre Richard-Willm, en particulier, porte parfaitement le poids du destin de ce qui reste l’un des personnages les plus tragiques du patrimoine français.

La séquence de son arrestation est l’une des plus belles du film, parce qu’elle arrive durant un moment de bonheur total dont on connaît évidemment l’issue avant les personnages. Curieusement, Robert Vernay ne filme que le début de ce moment-clé, alors que Dantès pense encore que son arrestation n’est qu’une méprise, et qu’il va être rendue à sa fiancée. Son sourire et son insouciance sont terribles parce qu’on connaît la suite…

Surtout, les seconds rôles sont exceptionnels. De Charles Granval dans le rôle du bon armateur Morel, à Alexandre Rignault dans celui du fourbe et lâche Caderousse, ou Marcel Herrand, le contrebandier au grand cœur.

Cette première partie est avant tout un film d’acteur. Vernay signe une mise en scène soignée et efficace, qui est surtout impressionnante par ce qu’elle ne montre pas. La mort du bijoutier est particulièrement marquante, et révèle toute la bassesse et la cruauté de personnages qui sont aussi détestables que minables. Après son évasion, Dantès, lui, se contente de récompenser ceux qui ne l’on pas oublié, gardant sa vengeance pour la seconde partie

 

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