La Fureur de vivre (Rebel without a cause) – de Nicholas Ray – 1955
Rebel without a cause est un classique, pas un film irréprochable. Résumer le caractère fuyant d’un père sans caractère en le mettant en scène en tablier, occupé à des tâches ménagères, est une image qui passe quand même difficilement en 2020. Certes. Mais Rebel without a cause est, quand même et toujours, un film majeur.
Avec ce film, Nicholas Ray signe sans doute l’œuvre ultime sur la jeunesse qui souffre, sur le cruel et violent passage à l’âge adulte, sur cette période impitoyable de l’adolescence : les doutes, la violence du changement, la solitude, et surtout ce besoin viscéral d’avoir des repères.
James Dean est le symbole parfait de cette transition violente. Parce qu’il porte sur son visage la tragédie annoncée, mais aussi pour ce que l’on sait de son propre destin bien sûr, qui tient toute sa place à la fois dans sa mythologie et dans le poids que sa présence à l’écran continue à avoir.
Ray réussit ce que peu d’autres cinéastes ont réussi : donner corps à cette violence-là, à cette jeunesse si pleine de doutes. L’intrigue du film se déroule sur une seule journée, et les drames qui s’y déroulent marquent chacun une étape dans l’affirmation du personnage principal, fils en quête d’attention, tiraillé entre des parents qui ne le comprennent pas.
Vu à 15 ans, Rebel without a cause est de ces films qui vous marquent à vie. Vu trente ans plus tard, il est de ces films qui vous rappellent l’adolescent que vous étiez, et qui vous souffle dans un cri douloureux que certaines choses ne changent pas. L’émotion, en tout cas, est toujours là, immense. Un classique vraiment intemporel.