Wall Street : l’argent ne dort jamais (Wall Street : money never sleeps) – d’Oliver Stone – 2010
Reconnaissons à Oliver Stone une vraie envie de filmer cette suite tardive, et pas uniquement une volonté de renouer avec un succès envolé depuis longtemps. Dans sa grande époque, le cinéaste plongeait dans le passé relativement récent de son pays. Depuis quelques années, c’est surtout l’actualité qui l’inspire. Les attentats du 11 septembre (World Trade Center), le portrait d’un président tout juste retraité (W)… Le voir s’attaquer à la crise financière semblait donc quasiment inévitable.
Revoilà donc Gordon Gekko, le cynique prince déchu de Wall Street, toujours interprété par l’impeccable Michael Douglas. Ce dernier a perdu de sa superbe lorsque Wall Street 2 commence. Sortant d’une longue peine de prison, ce roi de la magouille à grande échelle réalise que personne ne l’attend, lors d’une scène édifiante et un rien lourdingue : à la porte de la prison, la limousine qui s’arrête ne vient pas le chercher, lui, mais un noir au style clinquant. Les temps ont changé.
Les temps ont tellement changé que le requin d’hier paraît bien sympathique à côté des nouveaux rois de Wall Street. C’est cette confrontation qui intéresse Stone, dans cette Amérique des bulles financières qui s’apprêtent à exploser. Littéralement, d’ailleurs, les images de vraies bulles se multipliant ad nauseum. Pas finaud, pour le coup. Pas plus que la confrontation entre les loups d’hier et ceux d’aujourd’hui non plus, ou que ce réveil humaniste d’un jeune trader (joué par Shia Labeouf, toujours bien, jamais renversant).
Il manque clairement l’intensité dramatique du premier film, comme si Oliver Stone avait perdu la main, ou comme s’il tournait mécaniquement, oubliant la force cinématographique au profit de la seule force du propos. Raté, d’autant plus que c’est le parcours de Gekko qui, sur le papier, était le plus excitant : sa sortie de prison, sa redécouverte d’un monde qui n’est plus le sien, et sa renaissance. On n’en verra rien : la sortie de prison n’est qu’une introduction, que suit une ellipse de plusieurs années, le temps qu’il ait retrouvé de sa morgue et de sa superbe. Bon…