Avant d’imaginer Jurassic Park, le romancier, scénariste et réalisateur Michael Crichton avait déjà créé un parc d’attraction du futur, dans ce petit classique de la SF, malin et bien fichu. A quelle époque l’histoire se déroule-t-elle ? A quoi ressemble la société ? On n’en saura à peu près rien, mais c’est une époque où les vacances les plus funs consistent à s’immerger dans une période de l’histoire reconstituée jusqu’au moindre détail, où les figurants sont tous des robots, répliques parfaites des hommes.
Au choix : le far-west, le Moyen-Âge ou l’empire romain, trois périodes marquées par le sexe débridé, la morale discrète et la violence facile, ce qui attire visiblement des tas de touristes franchement désireux de s’encanailler, et qui reviennent de ces vacances enchantés d’avoir pu tuer une demi-douzaine d’hommes (en se persuadant sans trop réfléchir qu’il s’agissait bien de robots) et baiser autant de prostitués ou de femmes facilement séduites (en n’imaginant pas trop qu’il ne s’agissait pas de vraies femmes)…
Crichton signe mine de rien une œuvre profondément cynique, qui inspirera beaucoup les grands films de SF de Paul Verhoeven : la filiation est évidente dès la séquence d’ouverture, spot télévisé vantant les mérites de ce parc d’attraction, un procédé que le « Hollandais violent » reprendra dans Total Recall, celui de ses films qui évoquera le plus ce Mondwest.
Un autre classique plus récent s’inscrit clairement comme un rejeton du film de Crichton : Terminator, qui reprendra en le développant le thème des machines prenant le pouvoir. Car les robots en ont marre de se faire tripoter par des vieux libidineux ou de se faire descendre par des citadins trop excités par leur revolver.
C’est un autre aspect du film que Crichton réussit parfaitement : faire monter la tension à travers ce robot taciturne interprété par Yul Brynner, dans l’un de ses rôles les plus emblématiques. Constamment abattu par le même homme (Richard Benjamin, très bien en avocat coincé venu se « déniaiser » avec son pote James Brolin, tous deux s’éclatant à se découvrir une âme de machos et de tueurs), le pistolero-robot semble de plus en plus sur le point d’éclater, ses yeux fixes reflétant une colère sourde impressionnante.
Les vingt dernières minutes sont les moins intéressantes. Une fois que la révolte est commencée, la tension retombe un peu, et l’enjeu se résume alors à un simple suspense, certes plutôt efficace. Crichton lui-même semble conscient de n’avoir plus grand-chose à dire, étirant inutilement la conclusion en rajoutant quelques rebondissements grand-guignolesques, sans doute ajoutés uniquement pour rapprocher le métrage des 90 minutes standards.
Reste que Mondwest, avec ses personnages peu aimables et sa critique acerbe de la société, est une belle réussite. Un gros succès commercial aussi, qui aura droit à une suite trois ans plus tard : Les Rescapés du futur, toujours avec Yul Brynner.
• Rien d’autre que le film dans le DVD édité chez Aventi.