Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour janvier, 2019

Poulet au vinaigre – de Claude Chabrol – 1985

Posté : 31 janvier, 2019 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1980-1989, CHABROL Claude | Pas de commentaires »

Poulet au vinaigre

« Ecoute ta mère : touche pas à ça, c’est une lève-tard ! » Stéphane Audran, en invalide victime des bourgeois d’une ville de province, ne serait-elle pas plus odieuse encore que lesdits bourgeois, dans cette nouvelle charge très chabralienne, qui valut à son cinéaste l’un de ses plus grands succès populaires ?

A vrai dire, il n’y a pas grand-monde à sauver, dans cette bourgade de Seine-Maritime où les petits secrets bien pourris ne sont l’exclusivité de personne. En vrac : un notaire hautain (Michel Bouquet, qui d’autre…), un médecin malsain et un garagiste au sang chaud associés pour virer à tout prix l’invalide en question de chez elle ; le fils de ladite, postier qui épie les premiers et ouvre leurs lettres (Lucas Belvaux) ; sa collègue un rien nymphomane, qui pique dans la caisse (Bernadette Laffonf) ; et bien sûr le flic le plus célèbre du cinéma de Chabrol, l’inspecteur Lavardin, arrogant et violent, pas à un dérapage près.

Dans le rôle, Jean Poiret fait preuve d’une antipathie gourmande, dans une interprétation réjouissante qui fait beaucoup pour le charme du film. Surtout que la présence de ce personnage très fort est loin d’étouffer le reste : il n’apparaît que très tardivement, et ne revient que de loin en loin, comme le sparadrap de Dupont dont ce microcosme à l’équilibre vacillant n’arriverait pas à se débarrasser.

Tellement peu présent que Chabrol (et ses producteurs) en ressentira une sorte de frustration, enchaînant l’année suivante avec un Inspecteur Lavardin qui annoncera d’emblée l’ambition, et avec une éphémère série éponyme.
C’est d’ailleurs une nouveauté dans le cinéma de Chabrol : l’intérêt du film repose avant tout sur ce flic intarissable sur les œufs au plat du matin, et sur les petites gens, eux-mêmes victimes de la férocité du cinéaste. Des personnages atypiques que l’on retrouve dans un univers, lui, bien familier. Du Chabrol dans le texte, où les bourgeois sont très exactement comme on les attend.

Highway Patrol : Motorcycle A (id.) – épisode réalisé par Lambert Hillyer – 1956

Posté : 30 janvier, 2019 @ 8:00 dans 1950-1959, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (acteur), HILLYER Lambert, POLARS/NOIRS, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Highway Patrol Motorcycle A

Clint Eastwood a tourné face à Broderick Crawford. Juste ça, ça mérite que l’on jette un œil à cet épisode d’une série télé totalement oubliée aujourd’hui : Highway Patrol, show totalement à la gloire des forces de l’ordre, dans la lignée (mais en plus policée) des polars de série B des années 40, genre où Anthony Mann ou Richard Fleischer ont fait des débuts très remarqués.

On n’est clairement pas à ce niveau là : Highway Patrol est tout juste sympathique, grâce surtout à la présence décidément toujours marquante de son acteur principal, Broderick Crawford donc, voix grave et profonde qu’on écoute sans moufter, tant le gars dégage une autorité naturelle. Sympathique, mais aussi anonyme dans sa mise en scène, et modeste dans son propos.

Si on en parle ici, c’est donc parce que le jeune Clint Eastwood, entre deux apparitions sans envergure sur grand écran, tient ici un second rôle un peu plus consistant : celui d’un motard en blouson de cuir victime de la hargne d’un patron de bar, bien décidé à débarrasser sa petite ville de la présence des bikers, qu’il accuse de tous les maux de la terre depuis qu’une bande à motos à mis la ville à sac, estropiant par la même occasion sa femme.

Sauf que Clint et son pote sont des motards sympas qui ne voulaient que manger un morceau. Et sauf que la mesquinerie du cafetier va se terminer en drame. Heureusement, Broderick Crawford et les flics de la Highway Patrol ne sont pas dupes, et ils vont remettre les choses à leur place en moins de trente minutes : le temps que dure cet épisode.

Ce n’est pas inoubliable, loin s’en faut, mais c’est une (petite) étape dans la carrière de Clint…

Le Val d’enfer – de Maurice Tourneur – 1943

Posté : 29 janvier, 2019 @ 8:00 dans 1940-1949, TOURNEUR Maurice | Pas de commentaires »

Le Val d'enfer

Ah ! le travail ! Ah ! la famille ! Ah ! la patrie ! Et Dieu le bordel que peut amener une jeune étrangère ivre de liberté, dans une société masculine si bien ordonnée…

Le Val d’enfer est sans doute le plus discutable moralement de tous les films de la Continental, pour parler avec des termes mesurés. La firme allemande a donné naissance à une poignée de chefs d’oeuvre indiscutables, durant l’Occupation, évitant soigneusement de faire de ces films des armes de propagande. Là, pour une fois, ce constat est mis à mal.

Le « val d’enfer », c’est une vallée poussiéreuse et brûlante coupée du monde, où un homme entre deux âges a installé une mine à ciel ouvert. Il y vit avec ses vieux parents, et ses ouvriers réunis dans un même baraquement, pour la plupart sans femmes. Taiseux et rude, l’homme est aussi droit et fier. Juste, d’après tous ses proches, mais aussi intraitable avec son propre fils, qui a eu l’outrecuidance de sortir du droit de chemin, et qu’il refuse de pardonner.

La rencontre entre cet homme et cette jeune femme au passé difficile, fille d’un ami qui vient de mourir et qu’il recueille chez lui, et qui aspire simplement à vivre, pourrait être le point de départ d’un film noir à l’américaine. Le scénario en fait un contraste entre une vie droite de labeur et de devoirs, et une aspiration à la liberté qui tourne à la débauche. Douteux, pour le moins.

Pourtant. Est-ce la manière dont Tourneur filme les personnages dans leur environnement, hostile et marquant ? Est-ce l’interprétation de Ginette Leclerc, de Gabriel Gabrio (dans son tout dernier rôle, avant sa disparition prématurée), de Gabrielle Fontan et Edouard Delmont (magnifique couple de vieux) et de l’ensemble de la distribution, formidable ? En tout cas Le Val d’enfer est un film passionnant… et finalement assez beau. Humainement, le drame est d’une grande justesse, en partie parce que l’interprétation elle-même évite soigneusement les clichés et les types les plus courants du cinéma de cette époque.

Et puis il y a cette étrange figure d’ange vengeur, le mystérieux « Sauvage » (Georges Patrix), encore un taiseux, dont la distance sympathique finit par prendre une tournure presque démoniaque. Et c’est lui qui propulse le drame vers un revirement heureux pour (presque) tous les personnages. Mais à quel prix…

E.T. l’extraterrestre (E.T. the Extra-Terrestrial) – de Steven Spielberg – 1982

Posté : 28 janvier, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

E.T. l'extraterrestre

Une merveille. Que dire de plus que ce simple constat : E.T. est une merveille, un film d’une délicatesse et d’une tendresse folles, le chef d’œuvre d’un amoureux du cinéma devenu le plus grand cinéaste de sa génération, une œuvre visuellement splendide, bouleversante, bienveillante et jamais mièvre. Ben oui : que dire de plus ?

Si vous avez des enfants, organisez vite une projection en famille. Sinon… eh bien empruntez ceux des voisins. Le bonheur, total, vient aussi des coups d’œil lancés à mes rejetons. Le petit, 6 ans, les paupières fixes et la bouche grande ouverte. Le grand, 13 ans, qui aurait préféré mater 58 minutes pour vivre, ne cherche pas longtemps à cacher ses larmes. Celui du milieu, 10 ans, partage ses émotions en serrant ou desserrant le bras de sa maman… Et à la fin, un grand silence, une même émotion, un même enthousiasme.

C’est rare, des films capables d’emporter comme ça toute une famille. Rare et précieux. Bref, E.T. est une merveille. A partir de quelle image, précisément, ce constat est-il généralisé ? A partir de l’apparition des « méchants », silhouettes sans visages qui reviendront comme un fil rouge, et comme une belle leçon sur la notion de bien et de mal ? Ou à partir de ce moment, simple et magnifique, où la balle que le petit Elliot a lancé dans la remise revient comme par magie ?

C’est du pur Spielberg, ça. Du niveau de la fameuse scène entre Roy Scheider et son fils dans Les Dents de la mer, scène dont on retrouve l’esprit tout au long d’E.T.. Spielberg s’y livre une nouvelle fois de manière très personnelle, évoquant avec beaucoup de sensibilité ses propres regrets en tant que fils.

Pas de cynisme, pas d’effets faciles. Spielberg signe une fable intemporelle, que lui seul peut-être pouvait réussir sans tomber dans le grand-guignol, la cul-cul-terie ou la grandiloquence. E.T. est un récit initiatique bouleversant, c’est aussi une grande leçon de vie qui reste d’une acuité incroyable aujourd’hui. Cette peur irrépressible de l’étranger, de celui que l’on ne connaît pas… La photo d’Elliot et de son p’tit pote de l’espace devrait être placardée un peu partout. Juste pour mémoire.

La Chienne – de Jean Renoir – 1931

Posté : 27 janvier, 2019 @ 8:00 dans 1930-1939, RENOIR Jean | Pas de commentaires »

La Chienne

Jean Renoir est à l’aube d’une décennie magnifique quand il signe cette adaptation d’un roman de Georges de la Fouchardière et André Mouëzy-Eon, dont Fritz Lang signera un formidable remake une quinzaine d’années plus tard (La Rue rouge, sommet du film noir). C’est aussi son deuxième film parlant, après le moyen métrage On purge bébé, tourné la même année.

Dès ses premiers parlants dans le parlant, Renoir y privilégie le son direct, l’une de ses marques. C’est loin d’être évident à l’époque, et techniquement, c’est encore balbutiant. Il faut donc tendre l’oreille pour bien saisir tous les dialogues. Voilà pour la petite réserve. Petite, parce que même quand il ahane ses répliques, Michel Simon est formidable, extraordinaire en « petit homme » qui va se mettre à croire à une vie plus excitante.

Et parce que Jean Renoir, en dépit d’une approche sonore pas terrible et d’un montage par moments franchement flottant, fait le choix d’une narration très visuelle, où les mouvements de caméra, le choix des angles parfois inattendus, renforcent constamment la cruauté du film. Ces fulgurances sont particulièrement flagrantes lors du « climax » du film, cette séquence terrible où le petit homme explose, incapable d’emmagasiner d’avantage d’humiliations.

Renoir filme le théâtre de la vie dans ce qu’il a de plus sombre, en rappelant constamment que tout n’est qu’apparence et jeu. Il ouvre ainsi son film par un théâtre de marionnettes, et filme des musiciens de rue au moment le plus dramatique de son histoire. Il signe aussi une critique acerbe du monde des arts, omniprésent, qu’il connaît bien, lui le fils du grand Auguste (dont on voit d’ailleurs une toile dans la séquence finale).

Renoir fera mieux au cours de cette décennie (La Grande Illusion, La Règle du Jeu…), mais La Chienne annonce la seconde naissance d’un grand cinéaste, après ses années muettes. Un film sombre qui doit aussi beaucoup à ses comédiens formidables, notamment Janie Marèse en vamp tragique. Pour l’actrice, ce rôle inoubliable sera son chant du cygne : elle mourra au lendemain du tournage lors d’un accident de voiture. Le conducteur n’était autre que Georges Flamant, son amant dans La Chienne

Get Carter (id.) – de Stephen T. Kay – 2000

Posté : 26 janvier, 2019 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, KAY Stephen T., STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Get Carter

Je ne dis pas que ce film est bon, ni même qu’il y a quelque chose à y sauver. A vrai dire, je serais tenté de dire l’inverse : si, sur le principe, on peut trouver une certaine excitation à voir Stallone dans un remake de ce petit classique hard boiled des seventies, tous les parti-pris sont simplement catastrophiques.

Bref, je ne dis pas que Get Carter est réussi, je dis juste qu’il est un maillon incontournable si on veut appréhender correctement la carrière hors normes de Stallone. Je ne dis d’ailleurs pas qu’il faut l’appréhender correctement. Juste que j’en ai envie.

Après les échecs (injustes, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire) de Daylight et Copland, Stallone sait qu’il doit se renouveler. Il le croit, en tout cas : quelques années plus tard, c’est en revenant à ses personnages fétiches qu’il finira par sortir de l’ornière. Son inspiration, en l’occurrence, est assez évidente : c’est du côté du Payback avec Mel Gibson que Stallone lorgne. Pourquoi pas.

Sauf que le film est aussi indispensable pour comprendre une bonne fois pour toutes l’importance d’un réalisateur aux commandes d’un film. Zooms utilisés à l’excès, plans désaxés, montage syncopé… Tout l’attirail lourdingue du réalisateur de bouses est réuni pour faire de ce film… eh bien une bouse. Ajoutez des dialogues lourdingues (« still pretty ? – yeah, like cat pee on the snow »).

Qu’est-ce qu’il reste ? Ben pas grand-chose. Pour l’anecdote : juste les retrouvailles de Stallone et Michael Caine, le Carter original qui avait autrement plus de classe, vingt ans après s’être donnés la réplique dans A nous la victoire, devant la caméra de John Huston. Ce n’était peut-être pas un chef d’œuvre, mais c’est un peu plus glorieux sur un CV.

Complot à Dallas (Executive Action) – de David Miller – 1973

Posté : 22 janvier, 2019 @ 8:00 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, LANCASTER Burt, MILLER David, RYAN Robert | Pas de commentaires »

Complot à Dallas

« Y a-t-il eu vraiment conspiration ? Nous ne saurions nous prononcer sur la question… » Ah ! ces phrases toutes faites. En abordant frontalement l’assassinat de JFK, ce film ne laisse pourtant guère de doute à l’interprétation : complot il y a eu, et c’est au cœur de ce complot qu’on nous entraîne, au plus près des conspirateurs, petit groupe d’hommes de l’ombre influents qui voient en la famille Kennedy une menace durable sur l’Amérique, et leurs intérêts.

Cette thèse en vaut bien une autre. Mais le parti-pris est à la fois trop simple, et très étonnant : c’est à la mise en place du complot que l’on assiste, d’une manière totalement linéaire, brute et mécanique, à peu près sans aucune zone d’ombre. C’est étonnant, parce que ce parti-pris pose plusieurs problèmes d’un point de vue cinématographique, et donc de l’intérêt que suscite ce sujet pourtant passionnant en soit.

Premièr problème : on connaît la fin. Sans vouloir spoiler, disons que le complot va fonctionner, et que JFK va bel et bien être assassiné, un certain 22 novembre à Dallas. Oui, ça n’a l’air de rien, mais ça enlève du coup tout enjeu dramatique au truc. Dans son JFK, Oliver Stone prendra un parti-pris radicalement différent, l’assassinat étant le point de départ du truc. Pas d’enquête ici, mais un simple déroulé des faits dont le principal intérêt est de voir comment les faits connus sont intégrés à la théorie du scénario.

Deuxième problème : le film adopte le point de vue de conspirateurs, d’hommes froids et calculateurs pour qui la violence et le meurtre sont des solutions « normales ». Difficile de s’attacher à quelque personnage que ce soit. Sans doute la perception a-t-elle changé depuis 1973. A l’époque, dix ans tout juste après les faits, le film de David Miller était le premier à remettre ouvertement en cause les conclusions de la commission Warren. Ce simple fait suffisait sans doute à rendre le film spécial. En 2019, ça ne suffit clairement plus.

Pas désagréable, mais froid et impersonnel, pour le coup. A l’image de Robert Ryan, dans l’un de ses derniers rôles, qui se contente de traverser le film sans avoir l’air réellement impliqué. A vrai dire, seul Burt Lancaster réussit à insuffler un petit quelque chose d’humain à son personnage. Par petites touches, il suggère un lourd passé et une violence latente qui emporte tout, y compris sa propre santé. Sans pour autant chercher à le rendre sympathique ou attachant. Même dans un film moyen, Burt est grand.

A nous la victoire (Escape to Victory) – de John Huston – 1981

Posté : 21 janvier, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, HUSTON John, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

A nous la victoire

Eh oui, Stallone a tourné sous la direction de John Huston. OK, pas pour le meilleur film de ce dernier (pas au top en ce tout début des années 80: il venait de réaliser Phobia), mais quand même. Sur un CV, un film de Huston, ça vous classe immédiatement un acteur…

Auréolé de sa jeune gloire rocky-esque, le trentenaire déjà fort musclé se voyait encore comme un possible acteur de composition à l’époque: entre deux épisodes de sa saga déjà bien entamée (cette année-là, il sort aussi Rocky 3), il s’essaye à différents genres, passant de l’univers de Norman Jewison (F.I.S.T.) au polar noir très seventies (Les Faucons de la nuit). Avec, donc, une sorte d’apothéose: être embauché par Huston en personne.

Sauf qu’on a connu Huston nettement plus impliqué que dans ce drôle de film d’évasion qui semble totalement anachronique en ce début de décennie, avec un camp de concentration qui ressemble plus à un club de vacances vaguement contraignant, avec ses gardiens débonnaires et ses tentatives d’évasion pour la forme. Tout ça passerait sans problème si le film était une comédie, mais non.

D’ailleurs, la toute première scène, sombre et intense, vient d’emblée souligner le danger mortel qui plane sur le personnage. Une belle scène d’ailleurs, visuellement très soignée comme toutes les (rares) séquences nocturnes qui suivront, et qui crée une atmosphère que l’on ne retrouvera à aucun moment. A se demander même si cette première scène n’a pas été rajoutée in fine pour rendre l’atmosphère du film moins « conviviale »…

Drôle de film en tout cas, qui évoque l’organisation d’un match de football entre des soldats prisonniers de tous les pays alliés qui doivent affronter une sélection nationale de la wehrmacht. Le climax, c’est bien sûr le match lui-même, « chorégraphié » par le mythique Pelé, qui joue lui-même au côté d’autres grands noms du foot que les spécialistes connaissent sans doute. Un match qui possède une force dramatique indéniable, même si Huston filme ça à l’arrache et monte à la va-comme-je-te-pousse.

Le film de sport a cette capacité d’emporter et d’émouvoir (même dans des réussites très discutables comme Rocky 4). C’est le cas ici. Quelques plans accrochent la rétine (celui sur Pelé à sa sortie du terrain, très beau), et cette caméra qui semble filmer n’importe comment finit par dégager une sorte de vérité brute et brouillonne, qui donne à la Marseillaise qui ne manque pas de retentir dans le stade une vraie force émotionnelle.

Pas un ratage complet, donc, mais Huston est visiblement en roue libre la plupart du temps et semble ne pas même chercher à créer une sorte de cohérence entre les personnages, livrés à eux-mêmes pour la plupart. Max Von Sydow en affable officier allemand, Michael Caine en entraîneur passionné, Sylvester Stallone en chien fou américain, Jean-François Stévenin en résistant très impliqué, ou Carole Laure (« introducing Carole Laure », comme le générique l’annonce, elle qui avait déjà une bonne dizaine d’année de carrière…). Aucun n’est mauvais, mais chacun semble faire son film dans son coin. C’est un peu gênant…

American Sniper (id.) – de Clint Eastwood – 2014

Posté : 20 janvier, 2019 @ 8:00 dans 2010-2019, EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

American Sniper

A l’exception très notable de Sully, on ne peut pas dire que les derniers Clint Eastwood m’aient franchement emballé. Depuis que le grand Clint a pris sa quasi-retraite d’acteur (retraite dont il sort d’ailleurs dans quelques jours avec La Mule… Chouette !), et surtout depuis qu’il ne s’intéresse plus qu’aux « héros » de l’Amérique contemporaine, son cinéma a une petite tendance à la froideur qui me laisse quelque peu de marbre.

Je ne pouvais quand même pas décemment passer indéfiniment à côté de ce American Sniper, adaptation de l’autobiographie de Chris Kyle, tireur d’élite devenu un mythe pour avoir dessouder à lui seul 160 types (ou femmes, ou enfants) durant la guerre d’Irak, et mort quelques mois seulement avant le début du tournage. Un film qui a valu à Clint son plus gros succès populaire (à 84 ans !), et une polémique tenace autour d’une pseudo glorification patriotique de l’acte de tuer.

Patriotique, American Sniper ? Dans sa toute dernière partie, sans le moindre doute. Mais la conclusion hagiographique n’enlève rien au fait qu’avant ces quelques ultimes minutes, il y a plus de deux heures d’un portrait pas si glorieux que ça d’un Américain moyen confronté à la guerre. Un Américain profond même, bouseux du Texas un peu bas du front que Clint filme avec sa frontalité habituelle : pas question pour lui d’encenser ni de dénoncer, il montre simplement un homme dans sa complexité.

On pourrait penser aussi que le personnage de l’épouse de Chris Kyle est sacrifié, elle qui doit se contenter de jouer celle qui voit son homme se renfermer sur lui-même et sur ses fantômes, sans pouvoir toujours comprendre ce qu’il ressent. Mais ce personnage, joué par Sienna Miller, est le parfait alter ego du spectateur, jamais vraiment invité à pénétrer dans le subconscient de Kyle.

Eastwood ne rend pas son « héros » aimable, il n’en fait pas un chevalier blanc (ou noir) uniquement dédié à la défense de son pays. Sans doute l’est-il en partie, mais libre aussi au spectateur de penser que ce cow-boy texan est parti à la recherche d’un sens à sa vie, et qu’il est devenu accro à l’adrénaline, à la peur, et à la mort. Au risque de se perdre en chemin.

Le choix de Bradley Cooper pouvait faire peur : l’acteur n’est pas franchement le plus enthousiasmant de sa génération. Pourtant, il est remarquable dans ce rôle ingrat pour lequel il se transforme physiquement de manière spectaculaire. Est-ce vraiment un compliment ? En tout cas il est absolument parfait pour jouer les bœufs.

Le film est peut-être un rien trop long. L’enchaînement des « accrochages » et des fusillades a un côté un peu catalogue qui n’était sans doute pas indispensable, d’autant plus que Clint Eastwood n’est pas taillé pour le registre d’une Kathryn Bigelow (celle de Démineurs ou de Zero Dark Thirty). Cela dit, ces séquences de bravoure révèlent un talent qui était loin d’être évident chez Eastwood jusqu’à présent : un sens du cadre et une intelligence de l’action qui renvoient un Ridley Scott aux oubliettes.

Surtout, Eastwood passe avec un vrai bonheur de l’action la plus immersive aux scènes intimistes. Son film parle de la guerre, certes. Mais il parle surtout de cet homme à la dérive et de son couple. Là, on retrouve l’extrême sensibilités du cinéaste, sa manière toute personnelle de coller à ses personnages et de placer quelques petites notes de musique toutes délicates. Voilà une réussite du grand Clint que je n’attendais pas…

Youth runs wild (id.) – de Mark Robson – 1944

Posté : 19 janvier, 2019 @ 8:00 dans 1940-1949, ROBSON MARK | Pas de commentaires »

Youth runs wild

Pas inintéressant, mais franchement lénifiant, cette série B de propagande dont le message clairement affiché est à lui seul une originalité. En substance : les hommes sont partis à la guerre, les femmes travaillent pour la nation, et pendant ce temps, qui veille sur les jeunes, livrés à eux-mêmes et aux dangers de la société ? Hein ? Qui ?

Eh bien oui, pas grand-monde, et du coup l’Amérique des grandes villes se transforme en zone à risque pour tout mineur qui ose franchir les frontières rassurantes du foyer familial. Raconté comme ça, c’est un peu too much. Et ça l’est effectivement, mais d’une drôle de manière rassurante et finalement très politiquement correcte.

On a bien un bon fils de bonne famille qui se laisse embarquer par une bande de vauriens, mais ces vauriens ont bon cœur au fond. On a bien une fille mal aimée par ses parents qui finit par se faire la malle pour bosser comme entraîneuse dans un bar pour adultes, mais son amoureux est là qui guette, et les clients ont trop de respect pour les amours adolescentes pour venir mettre tout ça en danger.

Alors oui, les bons sentiments dominent d’une manière trop évidente, jusqu’aux dernières images à l’euphorie ahurissante : tous les drames traversés sont effacés par un soudain vent d’optimisme et des sourires rayonnants. C’est qu’en cette période de guerre, il ne s’agit pas de plomber le moral du spectateur…

Tout ça commençait pourtant par quelques promesses nettement plus sombres. Et plus convaincantes, disons-le. Le film s’ouvre ainsi sur un plan prémonitoire montrant un camion détruire un panneau incitant les voitures à faire attention aux enfants dans un quartier résidentiel. Et continue par le retour dans la maison familiale d’une jeune mère au regard triste, qui attend des nouvelles de son mari gravement blessé au front. Puis par les premiers signes de déscolarisation de l’enfant prodigue…

Même signé par le grand John Fante, le film reste sage, très sage. Même produite par Val Lewton et réalisée par Mark Robson (tandem à qui on doit des séries B nettement plus convaincantes, comme La 7e victime), cette petite production reste anonyme, trop. Le sujet méritait sans doute quelque chose de plus inconfortable que ce petit film sympathique et agréable. On aurait préféré choc et dérangeant.

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