Batman v. Superman : l’aube de la justice (Batman v Superman : Dawn of Justice) – de Zack Snyder – 2016
Dès l’ouverture du film, Zack Snyder marque des points par rapport à son précédent blockbuster. Le côté désincarné de Man of Steel ? Il en fait le sujet de cette suite qui décale le point de vue. Superman est un héros inhumain, trop romantique et spontané pour appréhender toute l’ampleur de ses actes. Batman est tout le contraire.
Voilà pour le contexte, dont la scène d’ouverture trouve les racines dans la dernière séquence du film précédent. En faisant glisser le point de vue, Snyder lui donne une dimension nettement plus humaine, plus dramatique, plus sombre.
La suite a les défauts de Zack Snyder : un esthétisme jusqu’au-boutiste qui repose trop sur les effets numériques pour ne pas être un peu froid ; une incapacité à créer un mouvement réellement fluide entre deux séquences fortes… Mais Batman v. Superman prend nettement plus le temps de suivre ses personnages. Comme si, au fond, Bruce Wayne intéressait plus Snyder que Clark Kent. On le comprend.
A vrai dire, le personnage de Wayne/Batman cristallise tout le mal que l’on pensait du premier film, comme si, au choix : Zack Snyder se rachetait avec ce personnage du nanar qu’il avait commis ; ou Man of Steel n’était en fait qu’une ébauche, ou plutôt une base nauséabonde destinée à donner du sens à l’affrontement à venir entre les deux super-héros.
L’affrontement lui-même tient plutôt ses promesses. Du point de vue de Batman en tout cas, toujours de son point de vue. L’animosité qui l’habite à l’égard de l’homme de Krypton est assez bien vue. La réciproque, en revanche, est difficile à comprendre.
Comme est difficile à comprendre la présence de Wonder Woman, dont on se demande bien ce qu’elle fout là. En fait non, on le comprend trop bien : du teasing pour un Justice League à venir. Une fois l’affrontement promis par le titre tué dans l’œuf, reste trois bons quarts d’heure pour préparer la réponse de DC à Marvel : trois quarts d’heure de grand guignol explosif et kitsch, avec un monstre grotesque et les travers retrouvés du précédent film.
Trois quarts d’heure interminables qui feraient presque oublier les bons points du début : le temps que Snyder se permettait de prendre, et la présence assez intense et convaincante de Ben Affleck, qui rend Batman humain. Et on notera que je n’ai pas dit un mot sur la prestation de Jesse Eisenberg en Lex Luthor. Pas si mal, donc, mais la Justice League, ce sera sans moi…