Les Liens du sang – de Jacques Maillot – 2008
Lyon, 1979. Un frère flic, un autre qui sort de prison, des rapports compliqués… Une histoire vieille comme le polar, vieille comme le cinéma, vieille comme la fiction en fait, dont Jacques Maillot tire un polar à l’ancienne. L’intrigue se déroule dans la France de Giscard ? Le film aurait pu être tourné dans cette France-là, tant l’esthétique renvoie à cette période.
Ce qui surprend d’ailleurs dès les premières séquences, c’est la froideur des images, et le faux rythme qui lui aussi renvoie clairement aux polars des années 70. Déroutant, même : il faut quelques minutes pour entrer dans l’histoire, pour trouver sa place dans cette intrigue d’un autre temps, si ouvertement daté. Surtout que Jacques Maillot semble tout faire pour éviter un rythme trop facile, terminant chaque scène par un fondu noir qui s’apparente à une pause. A moins que, plus simplement, il ne sache pas enchaîner des scènes…
Il faut du temps pour y rentrer, donc, mais ça vient. Peu à peu, il y a une vérité inattendue qui se dégage de cette histoire (inspirée d’une histoire vraie, mais ce n’est pas la question), et de ces rapports si ambigus entre les deux frères, qui n’arrivent jamais à se parler vraiment en se regardant dans les yeux.
Guillaume Canet est d’une justesse parfaite, formidable en petit frère au regard un peu paumé. François Cluzet paraît moins juste, plus caricatural. Pourtant, ce qui semblait être une forme de cabotinage révèle au fil du film le mal-être d’un homme pas bien dans sa peau, pas à l’aise avec ses sentiments. Et c’est beau, finalement.
Et le film l’est aussi dans sa manière de confronter des hommes et des femmes à la brutale réalité. Qu’ils soient flics ou truands, tous sont ramenés d’une manière ou d’une autre à leur simple situation de mortels, souvent dans des brusques accès de violence froide, particulièrement percutants.
Inégal, mais intense, le film aura droit à un remake américain : Blood Ties, réalisé par Guillaume Canet lui-même.