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Archive pour la catégorie 'MILLER Claude'

Garde à vue – de Claude Miller – 1981

Posté : 18 février, 2017 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1980-1989, MILLER Claude | Pas de commentaires »

Garde à vue

Modèle de mise en scène, acteurs en état de grâce, décors formidables… Garde à vue est l’un des très grands films français de la décennie, une œuvre de commande pourtant pour le réalisateur Claude Miller, attaché au projet après le refus de plusieurs autres, visiblement peu inspirés par le scénario signé Michel Audiard. Miller, lui, loin d’être étouffé par la force des dialogues (brillants, loin des facilités dans lesquelles l’auteur est parfois tombé dans ses polars tirant vers la parodie), signe un chef d’œuvre que l’on sent personnel, un huis-clos troublant et fascinant.

Assistant de Godard, Miller s’inscrit pourtant plus dans la tradition du cinéma de Carné (dont il fut également l’assistant) : celui du Jour se lève, autre drame filmé dans un impressionnant décor de studio. Loin, en tout cas, du cinéma-vérité cher à la Nouvelle Vague. De « l’extérieur », à l’exception de quelques plans, on ne voit que la pluie qui tombe à travers les fenêtres de ce bureau austère où se concentre l’intrigue. L’intrigue, ou plutôt le face-à-face intime entre un flic (Lino Ventura) et son notable de suspect (Michel Serrault). D’autant plus dérangeant que les questions semblent très vite déborder du simple cadre de l’enquête.

Il est question d’un assassin ayant tué deux fillettes. Mais c’est bien plus le mystère Maître Martinaud qui est au cœur du film : un notaire riche et médiocre, mal marié, mal aimé, mal compris, et peut-être tueur abject. Mais aussi son inquisiteur, flic droit et intègre dont on finit par se demander s’il cherche la vérité ou sa vérité. Une double introspection, en quelque sorte.

Ventura et Serrault sont exceptionnels, deux acteurs qui semblent appartenir à deux univers de cinéma, pour des personnages appartenant à deux mondes différents. La joute verbale entre ces deux-là (auxquels s’ajoute un Guy Marchand génialement grotesque, et une Romy Schneider glaçante) est formidable parce que les mots sont forts, et parce que le rythme est parfait. Et parce que la caméra de Miller, loin d’étouffer entre les murs tristes de cette salle d’interrogatoire, circule avec une fluidité exemplaire.

Fascinante, passionnante, cette Garde à vue tendue et bouleversante est une merveille.

Thérèse Desqueyroux – de Claude Miller – 2012

Posté : 21 janvier, 2013 @ 2:34 dans 2010-2019, MILLER Claude | Pas de commentaires »

Thérèse Desqueyroux – de Claude Miller – 2012 dans 2010-2019 therese-desqueyroux

Le dernier film de Claude Miller, décédé peu après le tournage, n’a pas la puissance de ses grands chefs d’œuvre (Garde à vue, Un secret…), mais cette adaptation d’un roman de François Mauriac est une réussite, un film dérangeant et assez bouleversant, dont l’austérité colle parfaitement au sujet.

L’histoire se passe dans les Landes, au début du siècle dernier. Thérèse (Audrey Tautou, impressionnante dans un rôle difficile, tout en intériorité), fille d’un propriétaire terrien, est promise depuis l’enfance à un mariage avec le fils d’une autre riche famille. Elle le sait, l’accepte, et le fait avec résignation, prête à faire tout ce qu’il faut « pour le bien de la famille ».

Seulement, un imprévu vient tout chambouler : la soudaine passion de sa belle-sœur pour un jeune homme, passion sans lendemain mais qui trouble Thérèse. Soudain, tous ces arrangements familiaux, cette prison d’hypocrisie, aliénante, deviennent insupportables.

Thérèse Desqueyroux flirte avec le film noir, le drame social. Mais c’est avant tout le portrait d’une femme complexe, littéralement prisonnière d’un mode de vie archaïque, qu’elle ne supporte plus et qui la pousse à commettre l’irréparable. Des personnages comme ça, on en a vu souvent, sauf que Thérèse est une victime consentante : cette vie d’arrangements et d’hypocrisie, elle l’a voulue, et le sait.

Infiniment délicate, la mise en scène de Miller illustre parfaitement la complexité de ce personnage (magnifique) en quête de sensation, de vie. Une mise en scène élégante, avec une petite pointe de mystère très séduisante.

Grand directeur d’acteurs, Miller offre à Audrey Tautou son plus beau rôle à ce jour, donne à Francis Perrin un superbe rôle de père/propriétaire lui aussi très complexe, et révèle la puissance de jeu de Gilles Lellouche, exceptionnel dans le rôle du marie Desqueyroux, force brute dont le regard se perd à force de ne pas comprendre les gestes de sa femme.

Miller tire le rideau en beauté.

 

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