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Archive pour la catégorie 'NEWMAN Paul'

L’Outrage (The Outrage) – de Martin Ritt – 1964

Posté : 24 octobre, 2022 @ 8:00 dans 1960-1969, NEWMAN Paul, RITT Martin, WESTERNS | Pas de commentaires »

L'Outrage

Le cinéma de Kurosawa a décidément nourri le western. Après Les 7 Mercenaires d’après Les 7 Samouraïs, et la même année que Pour une poignée de dollars d’après Yojimbo, c’est Rashomon que Martin Ritt refait à la sauce westernienne. Avec une dévotion flagrante pour le chef d’œuvre original, et avec fort peu de recul.

D’emblée, quelque chose de ce remake qui se contente de transposer l’histoire et les parti-pris de Rashomon dans un décor de western. Dès cette première scène, où trois personnes se rencontrent dans une gare abandonnée, sous une pluie battante. C’est exactement de la même manière que le film de Kurosawa commençait, mais dans un temple auquel cette gare miteuse fait furieusement penser. Comme ce décor désertique et montagneux que l’on devine derrière le rideau de pluie et l’obscurité.

Mais quelque chose cloche, donc. Peut-être est-ce la bande son, ces voix post-synchronisées trop claires, et le sentiment que Ritt ne sait pas quoi faire du bruit de la pluie lorsqu’il passe du présent des narrateurs aux différents flash-backs. Ou peut-être est-ce l’aspect quasi-caricatural, en tout cas désincarné, des personnages, réduits à leur type : un vieux prospecteur (Howard Da Silva, très bien), un escroc (Edward G. Robinson, truculent) et un pasteur (William Shatner, transparent). Sans vraie personnalité, en tout cas.

Le procédé narrative est le même que le film d’Akira Kurosawa : un enchevêtrement de flash-backs, et autant de points de vue qui racontent en se contredisant la rencontre fatale entre un couple de gringos (Claire Bloom et Laurence Harvey) et un bandit mexicain, joué par Paul Newman… Euh… Paul Newman en bandit mexicain ? Avec accent à couper au couteau et peau tannée soulignant ses yeux bleus ? V’là une idée qui sent le délire de fin de soirée arrosée… Il n’est pas mauvais d’ailleurs, dans ce rôle, mais difficile de croire à un personnage quand ce qu’on voit à l’écran, eh bien c’est un acteur trop grimé.

Bon. Dans Rashomon, chaque point de vue révélait quelque chose du narrateur, en plus d’apporter un nouvel éclairage sur le fait divers. Ici, c’est moins convaincant. Et comme Martin Ritt, réalisateur souvent inspiré, n’est quand même pas Kurowawa, son seul talent ne suffit pas à éviter le sentiment de redite, d’un point de vue à l’autre. Surtout que ces flash-backs subjectifs ont une tendance à tirer en longueur.

Bref. Pas convaincu par ce remake inutile, qui n’apporte rien et dont on se dit qu’il est à la fois un objet de dévotion, l’œuvre d’un cinéaste avide de se rapprocher de son modèle, et un film taillé pour un public américain pas prêt à se taper du Japonais sur grand écran.

La Couleur de l’argent (The Color of Money) – de Martin Scorsese – 1986

Posté : 21 octobre, 2022 @ 8:00 dans 1980-1989, CRUISE Tom, NEWMAN Paul, SCORSESE Martin | Pas de commentaires »

La Couleur de l'argent

L’idée même de séquelle semble totalement étrangère de l’œuvre de Scorsese. Il y en a pourtant bien une, si si : La Couleur de l’argent, suite très tardive de L’Arnaqueur, l’un des grands rôles de Paul Newman dans les années 1960. Ironiquement, c’est avec ce rôle déjà tenu vingt-cinq ans plus tôt (et les suites sont également rares dans la filmo de l’acteur : à part La Toile d’Araignée, suite de Détective privé, je n’en vois pas d’autre) que ce dernier décrochera son unique Oscar.

La Couleur de l’argent est un cas unique dans la filmo de Scorsese. C’est aussi l’un de ses films les plus mal aimés. Pour lequel j’ai pourtant toujours eu une grande affection, pour plusieurs raisons. Et d’abord, peut-être, parce qu’il est assez fascinant de revoir si longtemps après un personnage découvert à une époque où on ne parlait pas encore de saga ou d’univers étendue. Revoir le personnage d’Eddie Felson si longtemps après est passionnant. Et puis Scorsese et son scénariste Richard Price proposent du personnage une évolution très convaincante : vingt-cinq ans après ses déboires, l’ancien champion de billard a remisé la queue sans vraiment s’éloigner des salles de billards, où il écoule ses livraisons de whisky.

Il a vieilli bien sûr, il est un peu fatigué, sa vue a baissé, et il semble s’être rangé. Fini pour lui les arnaques d’autrefois. Jusqu’à ce qu’il rencontre un jeune joueur de billard nettement plus frimeur que lui au même âge, mais tout aussi doué, qui lui redonne l’envie de regoutter à la fièvre du jeu et des petites arnaques. Mais les temps ont changé : sa vision de l’arnaque était inséparable d’un amour du jeu. Il découvre que le cynisme domine tout.

Les prestations presque opposées de Newman et de Tom Cruise incarnent parfaitement cette évolution. Tom Cruise, tout juste sorti du triomphe de Top Gun, qui dévoile déjà ses ambitions, prenant le contrepied de ce que le public attend de lui. Et dans un rôle radicalement différent, il se glisse dans l’univers d’un grand, et donne la réplique à un autre grand, au sommet. Leurs face à face sont formidables

Scorsese filme chaque partie de billards comme si elle était le reflet des tensions des personnages. Le face-à-face tardif entre Eddie et Vincent est particulièrement puissant, véritable guerre d’ego où chaque coup est rendu. Il y a beaucoup de parties dans le film, et jamais le moindre signe de redite. Scorsese fait avec le billard ce qu’il avait fait avec la boxe dans Raging Bull : chaque « combat » est hyperstylisé, et souligne la dramatisation du moment. Du pur cinéma.

Absence de malice (Absence of Malice) – de Sydney Pollack – 1981

Posté : 18 septembre, 2021 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, NEWMAN Paul, POLLACK Sydney | Pas de commentaires »

Absence de malice

Sydney Pollack, cinéaste engagé, aime associé le film de genre et la critique du système américain. C’est une constante, qui a souvent donné d’excellents films, des Trois Jours du Condor à Havana (oui, j’aime Havana). Absence de malice n’est pas son film le plus connu, pas le plus célébré, pas le plus intense non plus, il faut le reconnaître. Mais il trouve sa place dans une filmographie très cohérente (même si pleine de surprises).

Paul Newman est excellent dans le rôle d’un petit chef d’entreprise que le FBI et les journalistes désignent comme l’héritier naturel de son truand de père. Un homme normal et sans histoire, emporté dans la spirale infernale du « système », thème pollackien par excellence. Le film manque d’intensité, disais-je. Mais Pollack excelle à décrire un univers inhumain, d’où personne ne surnage vraiment.

Newman lui-même, victime de moins en moins conciliante, qui comprend vite que pour garder la tête hors de l’eau dans cette Amérique-là, il faut adopter le point de vue et les méthodes de ceux qui vous détruisent. Et que dire de Sally Field, très bien en journaliste dont l’idéalisme fait si peu de cas des dégâts collatéraux de ses scoops ? Cynique, cruel, sans concession, Absence de malice s’inscrit dans la lignée des grands films de Pollack, à la fois film noir passionnant et miroir tendu à un certain système, déshumanisé et dénué d’empathie.

Les politiques, les forces de l’ordre, les journalistes, personne ne sort grandi de ce jeu de massacre fort bien écrit, et réalisé avec une certaine efficacité… mais oui, sans cette flamme qui aurait fait la différence, sans cette passion qui aurait fait de la « croisade » de Paul Newman une sorte de porte-étendard, un film majeur sur un certain journalisme, plus tourné vers les « coups » que vers la vérité. Un rendez-vous manqué, tout de même…

Paris Blues (id.) – de Martin Ritt – 1961

Posté : 20 août, 2021 @ 8:00 dans 1960-1969, NEWMAN Paul, RITT Martin | Pas de commentaires »

Paris Blues

Paul Newman et Sidney Poitier, musiciens de jazz américains, piliers des nuits des cabarets parisiens… Arrivent Joanne Woodward et Diahann Carroll, touristes américaines de passage à Paris (et amoureuses dans la vraie vie des deux acteurs), qui vont ravir leur cœur, et les sortir de cette parenthèse enchantée que représente ce Paris mythique, coupé du temps et de son époque.

Aux manettes : Martin Ritt, l’homme qui a créé le plus beau couple du cinéma américain deux ans plus tôt (Woodward et Newman, donc, dans Les Feux de l’été), qui signe ici l’une de ses plus belles mises en scène. C’est un Paris de carte postale, c’est vrai, où chaque plan met en valeur Notre-Dame, la Tour Eiffel, les Champs Elysées, ou l’un des décors d’Alexandre Trauner.

Un travelling magnifique, au début du film, donne d’ailleurs l’une des clés du film, révélant un décor digne des classiques français du « réalisme poétique ». Le choix de Trauner n’est pas innocent : c’est un Paris idéalisé que Ritt met en scène, un Paris qui flirte constamment avec la caricature, comme lors de ce bœuf improvisé sur les toits, d’une beauté irréelle.

Le parti-pris est totalement assumé. Paris Blues, c’est une sorte de rêverie, l’histoire de deux hommes réfugiés dans un Eden improbable, et forcément éphémère, loin du « vrai monde », que Diahann Carroll rappelle régulièrement à Sidney Poitier : cette Amérique où la couleur de peau est encore un problème, et où les musiciens n’ont pas la même liberté. Paris Blues raconte un réveil, un retour à la réalité. Beau film nostalgique.

On pardonne volontiers à Ritt les quelques facilités, la vision trop pittoresque de ce Paris-là (pittoresque d’ailleurs revendiquée dans un dialogue), peut-être un peu moins la manière dont Serge Reggiani est mis en scène en drogué, franchement excessive. Le film, d’ailleurs, est surtout précieux pour la place qu’il réserve à la musique.

Omniprésente, jusqu’à l’obsession, la musique est l’essence des personnages, et du film. Martin Ritt la filme longuement, intensément. Beaux moments, libres et simplement vivants, que Newman et Poitier incarnent avec enthousiasme, surtout lorsqu’ils donnent la réplique à Louis Armstrong himself. Ce Louis Armstrong comme un symbole de la liberté et d’une certaine insouciance, dont l’image est recouverte dans le dernier plan du film, là encore comme un rude retour à la réalité.

WUSA (id.) – de Stuart Rosenberg – 1970

Posté : 16 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1970-1979, NEWMAN Paul, ROSENBERG Stuart | Pas de commentaires »

WUSA

« What we’ve got here is failure to communicate »… Cette phrase inoubliable caractérisait Luke la main froide dans la précédente collaboration de Newman et Rosenberg. Trois ans plus tard, le personnage de Newman dans WUSA se présente lui-même comme un « communicator », autant dire l’antithèse revendiquée de Luke, une sorte de double négatif qui, lui, joue le jeu que la société attend de lui. Quitte à perdre son âme.

A la brader, même… Newman, producteur, s’offre un rôle particulièrement antipathique : celui d’un paumé dans le sou qui se fait embaucher par une radio d’extrême droite au service de suprématistes blancs. Et qui accepte de véhiculer des messages aux antipodes de ses convictions. Jusqu’à oublier ces convictions, noyées dans les hectolitres d’alcool qu’il ingurgite.

Tellement imbibé et cynique qu’il humilie à répétition l’idéaliste et fragile Anthony Perkins, et snobe la sérénité que la pauvre Joanne Woodward pourrait lui apporter. Elle est formidable, dans ce rôle de femme abîmée par la vie, vivotant de ses charmes.

Le plus réussi dans ce film, c’est la relation entre ces deux-là, les regards qu’ils se portent, la tendresse qu’ils retrouvent. Mais aussi la distance que lui garde entre eux. Rosenberg réussit parfaitement à rendre perceptible le poids de leurs passés respectifs, et leurs difficultés à trouver leur place dans ce monde.

Il échoue en revanche à donner corps à cet engrenage qui va mener au chaos. Le portrait croisé de ces deux paumés est passionnant. La charge sociale et politique, critique d’une société radicalisée, est nettement moins convaincante. Reste de beaux moments intimes, et le sentiment déchirant du gâchis que laisse planer le mot Fin.

Les Feux de l’été (The Long Hot Summer) – de Martin Ritt – 1958

Posté : 13 mars, 2019 @ 8:00 dans 1950-1959, NEWMAN Paul, RITT Martin | Pas de commentaires »

Les Feux de l'été

Il symbolise quelque chose de la jeunesse mal aimée d’une certaine Amérique, ce quasi débutant nommé Paul Newman. Une beauté magnétique, des yeux bleus qui vous scotchent dès le premier plan, et cette moue boudeuse si fascinante. Bref, avant d’enchaîner avec Le Gaucher et La Chatte sur un toit brûlant, Paul Newman a déjà une carrure de mythe avec ce film méconnu mais très réussi.

C’est bavard, très bavard même. Mais Martin Ritt est un cinéaste visuellement très inspiré. Et la vérité des personnages fait oublier les défauts du film. Newman est grand, Joanne Woodward est formidable. Ces deux-là ne ressemblent à aucun autre acteur. Comment pouvaient-ils passer l’un à côté de l’autre ? Improbable, leur couple est déjà magnifique. Quant à Orson Welles, en roue presque libre, il réussit à être intense et très émouvant.

Finalement, le plus embêtant avec cette adaptation de Faulkner, c’est qu’elle évoque d’une manière trop proche La Chatte… (d’après Tennessee Williams), avec ce patriarche vieillissant et despotique, ses tensions familiales, son décor brûlant, et Paul Newman au centre bien sûr. Le film de Richard Brooks est un chef d’œuvre absolu, bien sûr. Forcément, la comparaison a tendance à enterrer le film de Ritt, surtout que ce dernier n’a pas la même cohérence, ni la même puissance émotionnelle.

Mais Martin Ritt sait filmer ses personnages, leur donner du corps, de la matière, et ce petit quelque chose un peu trouble qui fait la différence. Il filme des jeunes femmes qui ont peur de ne pas trouver un homme, un homme trop proche de sa mère, un fils humilié par son père… A peu près que des personnages un peu malades, un peu à la marge. Mais sans jamais en rajouter sur le drame et l’émotion, avec même une sorte de vision quasi-cartoonesque que le personnage de Newman illustre bien.

Il y a en tout cas de la vie, du rythme, et la naissance d’un couple mythique qui va vite devenir inséparable, et que Martin Ritt retrouvera lui-même trois ans plus tard, avec Paris Blues.

La Tour infernale (The Towering Inferno) – de John Guillermin – 1974

Posté : 26 octobre, 2018 @ 8:00 dans 1970-1979, GUILLERMIN John, NEWMAN Paul | Pas de commentaires »

La Tour infernale

Le film catastrophe n’est pas né avec La Tour infernale : le genre est à peu près aussi vieux que le cinéma, et a déjà eu une sorte d’âge d’or dans les années 30, avec des films (formidables) comme San Francisco, La Mousson, ou L’Incendie de Chicago. Et puis son producteur, Irwin Allen, avait déjà connu un gros succès deux ans plus tôt avec L’Aventure du Poséidon, sur un modèle similaire. Mais les bases que le producteur impose au genre deviennent vite incontournables. Le triomphe du film lors de sa sortie en salles n’y est pas pour rien.

La dimension biblique omniprésente quarante ans plus tôt (la catastrophe venait quasi-systématiquement débarrasser la terre de ses pêcheurs) est un peu estompée, mais il en reste quelque chose. On peut être certain que les salauds vont tous mourir, que les enfants et les animaux vont survivre, et que les couples illégitimes seront les premiers à succomber. Pas manqué ici, mais on pardonne bien volontiers cet excès de bonne conscience judéo-chrétienne : le sacrifice annoncé de ces amants qui se cachent pour s’adonner à la luxure est l’une des séquences les plus belles et déchirantes de ce film qui ne manque pourtant pas de morts.

Surtout, c’est la construction du film qui sera reprise ad-nauseum dans d’innombrables grosses productions pas toujours (même rarement) aussi inspirées : une première partie qui permet de présenter les nombreux personnages, puis une succession de morceaux de bravoure qui donnent l’occasion à un casting all-stars de briller, chacun à son tour.

En l’occurrence, le scénario (signé Stirling Silliphant, comme …Poséidon) est d’une efficacité redoutable, à la fois dans la manière d’introduire et de faire vivre (ou mourir) les personnages, mais aussi dans celle de les plonger au cœur de l’action, en évitant l’effet surenchère. Réalisateur pas toujours très inspiré (son King Kong de triste mémoire), John Guillermin l’est particulièrement pour utiliser les trois dimensions (la hauteur, surtout) de son beau décor : une tour présentée comme la plus haute du monde, à San Francisco, bientôt ravagée par les flammes.

Et quel casting ! Faye Dunaway se contente, certes, de jouer les faire-valoirs, mais tous les autres acteurs sont parfaitement bien servis : Jennifer Jones, Fred Astaire, William Holden, Robert Wagner, Robert Vaughn… et surtout Steve McQueen et Paul Newman, les deux stars du film, dont l’alchimie, même à distance, est pour quelque chose dans l’aspect toujours moderne du film. Les deux rois de la cool-attitude au cœur de l’enfer, ça a de la gueule.

Luke la main froide (Cool Hand Luke) – de Stuart Rosenberg – 1967

Posté : 23 septembre, 2018 @ 8:00 dans 1960-1969, NEWMAN Paul, ROSENBERG Stuart | Pas de commentaires »

Luke la main froide

Quinze ou vingt ans que je n’avais pas vu ce film, qui avait bercé ma prime cinéphilie. Et, bonheur ! Je le redécouvre avec la même émotion, et le même plaisir immense.

Cool Hand Luke est, définitivement, un film magnifique, et peut-être le plus beau rôle de Paul Newman. Le plus iconique en tout cas. Jamais sa cool attitude légendaire, cette nonchalance apparente cachant un mal-être évident, n’ont été aussi bien utilisés que dans ce petit chef-d’œuvre.

D’un strict point de vue visuel et de rythme, le film est une merveille. Stuart Rosenberg, en état de grâce, enchaîne les plans superbes, sublimant une nature immense et pourtant austère, parfait contrepoint à la situation des personnages.

Des prisonniers, donc, purgeant des peines très variées pour des méfaits très divers. Newman, lui, a décapité des parcmètres un soir de beuverie, espèce de double tragique de son personnage dans Cat on a hot tin roof. Un jeune homme désœuvré, perdu entre l’enfance et l’âge adulte, souffrant d’une jeunesse gâchée, et confrontée à la barrière cruelle des générations. « What we’ge got, here, is failure to communicate » : cette phrase lancée par le gardien en chef illustre bien cette barrière.

Parenthèse dans un film presque exclusivement masculin, la rencontre avec Arletta, la mère crevarde, est l’une des plus belles scènes de toute la filmographie de Newman, un moment absolument bouleversant qui vous tire des larmes qui n’en finissent plus de couler.

Il y a des tas de moments inoubliables, comme ça. L’incroyable scène du gobage des œufs, la sublime scène du deuil, l’affrontement homérique avec George Kennedy (formidable), brute qui réalise peu à peu l’absurdité de sa posture…

Autant de moments qui soulignent les difficultés du rapport à l’autorité, de la maturité… Ce personnage de Luke est inoubliable, symbole d’une certaine idée de la liberté, face à une société répressive et liberticide. Un acteur en état de grâce, dans un film magnifique.

La Chatte sur un toit brûlant (Cat on a hot tin roof) – de Richard Brooks – 1958

Posté : 15 juillet, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, BROOKS Richard, NEWMAN Paul | Pas de commentaires »

La Chatte sur un toit brûlant

« What we’ve got here is failure to communicate… » La célèbre réplique de Luke la main froide aurait pu s’appliquer à cette sublime adaptation d’une pièce de Tennessee Williams, peut-être le sommet de la carrière d’Elizabeth Taylor. Et de Paul Newman d’ailleurs, dont le rôle dans Luke… sera une sorte de prolongement.

La moiteur, le mal-être, la cruauté, le désir contrarié, le besoin d’amour… Richard Brooks signe un film vraiment magnifique, déchirant et troublant, qui respecte les codes du théâtre (unité de lieu, de temps) tout en étant une grande oeuvre cinématographique : la caméra est évidemment importante, tout comme la construction des plans et le montage, chaque détail se conjuguant pour creuser la psyché de ces personnages abîmés.

Un exemple, simple et beau : Newman, qui repousse les avances de Liz, sa femme dont il ne supporte plus les attentions, avant de se réfugier derrière la porte de la salle de bain où il se laisse brièvement aller au contact de la nuisette de la jeune femme. En quelques secondes, le drame qui se noue au sein de ce couple malade prend une dimension inattendue, bouleversante.

Liz Taylor, douloureusement sexy, est magnifique. Paul Newman, fermé et mutique durant une grande partie du film, est d’une intensité incroyable. Burl Ives, monstre plein de fêlures, est impressionnant. La caméra passe de l’un à l’autre pour dresser une sorte de portrait multiple de l’incapacité à partager ses sentiments pour affronter la vie. « J’ai le courage de mourir, auras-tu celui de vivre ? » lance le père à son fils.

De la très belle pièce de Tennessee Williams, Brooks tire un authentique chef d’oeuvre : c’est avant tout le parcours intérieur de Brick, le fils en quête d’amour, rongé par la culpabilité et le dégoût de soi-même. C’est l’histoire d’un fils qui peine à s’accepter en tant qu’homme, à accepter ce que les autres lui offrent : le long chemin vers la paix, qu’il finira par trouver au cours d’un face-à-face père-fils d’une beauté renversante.

Ce film, je l’aimais déjà passionnément quand j’étais adolescent. Des années après, il garde la même force et la même beauté. Le même trouble aussi, fascinant mystère autour de cet ami suicidé dont l’évocation ne fait qu’effleurer une homosexualité latente pourtant bien présente. Paul Newman est un homme perdu qui peine à se trouver. Sa quête de lui-même est magnifique.

L’Arnaqueur (The Hustler) – de Robert Rossen – 1962

Posté : 5 septembre, 2016 @ 8:00 dans 1960-1969, NEWMAN Paul, ROSSEN Robert | Pas de commentaires »

L'Arnaqueur

Paul Newman disait en 1987, lorsqu’il reprenait le rôle d’Eddie Felson dans La Couleur de l’Argent, que c’est dans le beau film de Martin Scorsese qu’il se trouvait pour la première fois bon acteur. Un signe flagrant d’autoflagellation très injustifié. Parce que même si c’est avec sa suite tardive, vingt-cinq ans plus tard, que Newman décrochera l’Oscar, il est absolument magnifique dans le film de Robert Rossen, superbe portrait d’un pur looser.

Et il fallait un interprète habité pour ce rôle, variation sur fond de billard de Sang et Or, le sublime « film de boxe » que Robert Rossen avait réalisé avec John Garfield, autre looser magnifique du cinéma américain. Comme pour la boxe, Rossen filme d’une manière incroyablement dynamique les innombrables parties de billard qui émaillent le film. Non comme de simples interludes, mais comme autant de marches (vers le haut ou vers le bas ?) dramatiquement franchies par Felson/Newman.

L’atmosphère est purement fascinante, grâce aussi à une photo sublime et à une interprétation de première classe : Piper Laurie en alcoolique paumée, à des années lumière de ses fantaisies des années 50, et Jackie Gleason dans le rôle du rival dont la superbe tranche cruellement avec l’attitude autodestructrice de Newman. Le regard désolé qu’il porte à ce dernier, qui se laisse entraîner par son obsession, est un grand moment de cinéma.

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