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tout le cinéma que j’aime

Archive pour mai, 2020

La Revue de Charlot (The Chaplin Revue) – de Charles Chaplin – 1918, 1923, 1959

Posté : 27 mai, 2020 @ 8:00 dans 1895-1919, 1920-1929, 1950-1959, CHAPLIN Charles, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

La Revue de Charlot

Dans la dernière partie de sa carrière, Chaplin est souvent revenu sur ses jeunes années, sonorisant La Ruée vers l’or, ou composant des musiques pour ses grands classiques. En 1959, il choisit trois de ses meilleurs courts métrages pour en faire un programme de deux heures.

The Chaplin Revue vaut bien sûr pour ces trois films : Une vie de chien, Charlot soldat et Le Pèlerin. Il vaut aussi pour les courtes introductions de Chaplin lui-même en voix off, qui d’un ton rigolard évoque le contexte de Charlot soldat avec quelques vraies images de la Grande Guerre tirées de l’Imperial War Museum : « Il n’y avait pas de bombes atomiques, ni de missiles téléguidées, il n’y avait que des canons, des baïonnettes et des gaz toxiques. C’était le bon temps ! »

Surtout, le programme s’ouvre avec quelques extraits d’un film documentaire que Chaplin a tourné dans les coulisses de ses studios en 1918 : How to make movies. Il n’en garde que deux minutes (sur seize connues), mais cette introduction enjouée et pleine d’humour apparaît comme un beau chant d’amour au cinéma muet : « J’ai composé deux heures de musique, qui seront sans doute plus belles que le bruit des pas sur le gravier », commente Chaplin.

Un roi à New York (A King in New York) – de Charles Chaplin – 1957

Posté : 25 mai, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, CHAPLIN Charles | Pas de commentaires »

Un roi à New York

Peut-être le plus mal aimé des films de Chaplin, celui qui m’a en tout cas toujours paru être injustement sous-estimé. Oui, certains gags viennent d’une époque révolue, dont Chaplin fut l’incontestable roi (la scène du restaurant, avec l’orchestre très bruyant et les mimes pour commander). Et oui, Chaplin brasse énormément de thèmes forts, au risque de simplement les survoler.

En vrac, il égratigne la télévision, le Maccarthysme, le jeunisme, l’omniprésence de la publicité et toute forme d’intolérance… Et c’est vrai que certains de ces thèmes sont moins convaincants que les autres. Mais qu’importe, s’il y a bien une certaine naïveté, elle est d’une honnêteté et d’une conviction désarmantes.

Et quel plaisir de voir Chaplin, le vieux clown, se mettre en scène tel qu’en lui-même, conscient d’être devenu un dinosaure dans un monde qui n’est plus le sien, et finalement pas si différent de ce qu’il était du temps de Charlot. Lorsque le roi Shahdov se met à rire franchement, enfin, c’est d’ailleurs devant un spectacle de pantomime qui renvoie évidemment aux propres heures de gloire de Chaplin…

Un roi à New York est un film tout aussi personnel que Les Feux de la rampe. Une fois de plus, le film ne se comprend qu’au regard de la trajectoire personnelle de Chaplin. Sa critique rigolarde de la télévision évoque ainsi celle du cinéma parlant dans Les Lumières de la Ville ou Les Temps modernes. Et le parcours de ce roi sans patrie est évidemment une manière d’aborder son propre statut de cinéaste interdit de séjour aux Etats-Unis : Un roi à New York est son premier film tourné en Europe.

Mine de rien, il s’explique aussi. Communiste, Chaplin ? Cette bonne blague, aussi grotesque que d’évoquer un roi communiste, ce que fait la tristement fameuse commission des activités anti-américaines dans le film. Pour Chaplin, aucun parti politique n’a d’importance, seul compte l’humain. Et autant il rit (et fait rire) de la télévision ou de la chirurgie esthétique, autant ce thème-là est abordé avec une vraie gravité.

Derrière la critique de cette Amérique des années 50, on sent l’amour que porte Chaplin à ce pays qui lui a tout offert. Un amour inconditionnel, et malheureux, qui domine cette comédie parfois potache mais toujours sincère. C’est pour cette sincérité que le film est beau. Parce que le poids de son passé est là, toujours, dans chaque scène. Toute son histoire personnelle irrigue le film. Chaplin est son propre sujet, l’unique raison d’être du film.

La dernière scène est peut-être celle qui résume le mieux sa pensée. Le gamin (joué par Michael, le fils de Chaplin), aux si grandes idées communistes, a dénoncé des gens pour sortir ses parents de prison. Parce qu’au fond, pour Chaplin, derrière les convictions politiques, il y a d’abord l’humain. Et ce gamin est avant tout un fils qui veut revoir ses parents. C’est beau, d’une amertume abyssale et déchirante avec le regard perdu de l’enfant…

Mais Chaplin ne termine pas tout à fait son film sur cette image. Il ajoute une scène de départ, anodine, de celles qui annoncent un retour prochain. Chaplin a été mis à la porte de son pays d’adoption, et il ne ménage pas ses critiques dans son film. Mais il ne s’agit pas d’un divorce définitif : ce retour, il l’espère, on le sent. Toute proportion gardée, l’exilé continue sa vie en attendant des jours meilleurs… comme d’autres exilés presque deux décennies plus tôt, tels qu’il les filmait dans Le Dictateur.

Lost Girls (id.) – de Liz Garbus – 2020

Posté : 24 mai, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2020-2029, GARBUS Liz | Pas de commentaires »

Lost Girls

Flics incompétents, témoins cyniques ou simplement insensibles… Les hommes n’ont pas le beau rôle, et c’est tout le sujet de ce beau film inspiré d’une histoire vraie : comment une femme larguée se débat pour survivre, et pour sa fille disparue, avec qui elle a failli en tant que mère.

Le sous-titre le dévoile : cette histoire de disparition n’a jamais été élucidée. Pas totalement, non, et je n’en dirais pas plus, même si on n’est clairement pas dans un polar à intrigue. Ce n’est pas le suspense qui importe ici, mais le portrait de cette femme pas aimable, pas aimante, mais qui se révèle à elle-même dans la tragédie.

Dans ce rôle âpre et intense, Amy Ryan est formidable. Au moins autant que dans Gone baby gone, l’excellent film de Ben Affleck dans lequel elle interprétait, déjà, la mère d’une enfant disparue (rôle qui lui avait d’ailleurs valu une nomination à l’Oscar du meilleur second rôle). Elle est même assez incroyable, bloc prêt à exploser face à un Gabriel Byrne étonnant en flic à la fois classe… et nul.

Lost Girls ne révolutionne pas le genre, auquel il n’apporte même pas grand chose de neuf, c’est vrai. Mais le regard (de femme) porté sur les victimes désemparées (des femmes) face à des flics butés (des hommes) est édifiant. Et la réalisatrice Liz Garbus soigne le moindre de ses plans, pour créer une atmosphère dérangeante et glauque, d’une grande force.

L’Impossible monsieur bébé (Bringing up Baby) – de Howard Hawks – 1938

Posté : 23 mai, 2020 @ 8:00 dans 1930-1939, BOND Ward, HAWKS Howard | Pas de commentaires »

L'Impossible Monsieur Bébé

Oui, Howard Hawks a un talent assez extraordinaire pour filmer les dialogues dans ses comédies, avec ces dialogues qui se chevauchent sans le moindre temps mort, et cette manière d’accélérer le mouvement. Cela donne un rythme hallucinant à ce film, comme à toutes ses grandes incursions dans le genre. Oui.

Pourtant, aussi vive et enlevée soit cette comédie, j’ai eu bien du mal à me passionner pour ce vaudeville entre ville et campagne, avec léopards et récits de chasse. Il y a des tas de scènes franchement géniales : celle de la robe arrachée dans le restaurant, la longue séquence de la prison, ou celle du léopard sur le toit, qui m’a franchement fait fondre. Des scènes où on affiche un grand sourire, à défaut de grands rires francs, et où une certaine poésie affleure sous la folie de l’histoire.

Mais cette folie semble aussi par moments trop libre, pas assez maîtrisée, et un peu vaine. Cary Grant est réjouissant en paléontologue distrait et naïf. Katharine Hepburn est un rien exaspérante en héritière fonceuse et totalement in love. Les seconds rôles sont parfaits, pas la moindre baisse de régime, des moments d’anthologie…

Mais alors quoi ? D’où vient ce désintérêt qui va et vient constamment. Pas de l’ennui, non, mais un désintérêt poli, qui donne envie de souffler pour que ce squelette de dinosaure se casse la gueule au plus vite. Peut-être n’étais-je tout simplement pas dans de bonnes dispositions… A revoir pour vérifier.

The Craving (id.) – de Francis Ford (et John Ford) – 1918

Posté : 22 mai, 2020 @ 8:00 dans 1895-1919, FILMS MUETS, FORD Francis, FORD John | Pas de commentaires »

The Craving

Parfois attribué à John Ford, The Craving est sans doute l’œuvre exclusive de Francis Ford, le grand frère, celui qui a amené le grand John (Jack à l’époque) à se lancer dans le cinéma. Ce dernier était déjà réalisateur (et déjà grand) : antérieur à The Craving, on connaît Straight Shooting et Bucking Broadway, deux westerns formidables. Il a toutefois participé d’une manière ou d’une autre au tournage de The Craving, apparemment comme assistant réalisateur de son frère, co-scénariste, et peut-être co-réalisateur…

Quoi qu’il en soit, le film n’a rien de fordien. Enfin si, peut-être, mais pas du Ford que l’on connaît : l’autre, le frangin, celui dont on ne connaît que très peu des films qui lui ont valu une certaine gloire dans les années 1910, celui que Ford (le vrai, le grand) fera travailler souvent en lui confiant des rôles de vieux poivrots barbus.

Dans The Craving, Francis Ford n’est pas encore barbu, mais il est déjà poivrot. Un héros, qui terrassera le méchant et emballera la fille. Un scientifique, inventeur d’un explosif puissant dont le méchant convoite la formule. Mais un poivrot, qui picole jusqu’à être pris de crises de delirium tremens.

L’histoire, compliquée et sans grand intérêt, semble n’exister que pour aboutir à ces moments de délire éthylique, où les visions du Francis donnent lieu à des trucages qui font leur petit effet. De simples transparences, bien sûr, mais que l’aîné des Ford filme avec un vrai sens du cadre et de l’effet.

Le film manque de rythme, pêche par un scénario un peu con en plus d’être embrouillé, mais quelques scènes sont de grandes réussites. Celle où Francis regarde de minuscules danseuses s’ébattre dans son verre en est une. Celle où il s’imagine (en deux exemplaires) hanter les champs de batailles d’Europe en est une autre.

Pourtant, c’est peut-être lorsqu’il se filme face à un miroir dans des plans de trois-quarts dos assez dynamiques, que Ford est le plus percutant. Ou lorsqu’il enchaîne les gros plans dans une scène de restaurant, créant immédiatement une tension forte entre ses personnages.
Pas du grand art, non, mais une belle curiosité, et un film qui donne envie d’en voir plus de l’autre Ford.

L’Odyssée de Charles Lindbergh (The Spirit of St. Louis) – de Billy Wilder – 1957

Posté : 21 mai, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, STEWART James, WILDER Billy | Pas de commentaires »

L'Odyssée de Charles Lindbergh

On n’attendait pas Wilder dans un tel projet, relativement hagiographique : l’histoire de la mythique traversée de l’Atlantique par Charles Lindbergh, d’après les mémoires de ce dernier. Le film occulte complètement tout ce qui n’a pas trait à l’aviation, tous les aspects détestables du personnage. Le choix est radical, et payant : qu’importe finalement la personnalité de Lindbergh, ce n’est pas l’homme qui intéresse Wilder, mais la grandeur de l’épopée.

On n’attendait pas Wilder sur ce terrain. Pourtant, le film est une grande réussite, et un film qui porte très clairement la patte de son auteur. Dans les quelques moments de comédie bien sûr, en particulier une irrésistible et courte séquence sur un aérodrome militaire, avec Carleton Young en officier exaspéré. Mais aussi dans quelques détails typiquement wilderiens, qui rattachent Lindbergh, seul dans son cockpit, à l’humanité qu’il a quittée en décollant: ce miroir si important, ou cette mouche avec laquelle se noue un dialogue inattendu.

Wilder est un auteur complet. Son film est aussi remarquable pour l’intelligence de son scénario que pour la précision de sa mise en scène, y compris dans les longs passages où Lindbergh est seul dans son avion, où l’intérêt est constamment relancé par un incident, un sourire, un plan inattendu.

James Stewart fait aisément oublier qu’il a vingt-cinq ans de trop pour son rôle. Les cheveux peroxydés, l’œil toujours aux aguets, cette moue qui passe si aisément du sourire à l’inquiétude… Il est (forcément) formidable dans ce rôle iconique, dont il ne retient justement que cet aspect d’icône, avec une humanité magnifique. Et un beau mélange de gravité et de légèreté, comme lorsqu’il lance aux pêcheurs qu’il survole : « Which way to Ireland ? » et se demande pourquoi ils ne lui répondent pas…

On connaît la fin. Sans vouloir spoiler outre-mesure : il va le traverser, cet océan atlantique. Pourtant, on vit l’incertitude, les angoisses, les rêveries de ce personnage confronté à lui-même, qui se remémore les événements qui l’ont amené à traverser cette immensité d’eau enfermé dans un espace si petit. On tremble avec lui, on piquerait presque du nez avec lui, et on ressent une émotion immense lorsqu’on découvre les paysages (si caricaturaux) d’Irlande, où qu’on survole enfin Paris (si caricaturale).

Cette année-là, Wilder touche à tous les genres : la comédie (Ariane), le drame judiciaire (Témoin à charge) et l’odyssée humaine. Avec la même intelligence, la même intensité, et la même réussite. Un grand, définitivement.

Le Renard et l’enfant – de Luc Jacquet – 2007

Posté : 20 mai, 2020 @ 8:00 dans 2000-2009, JACQUET Luc | Pas de commentaires »

Le renard et l'enfant

Après La Marche de l’Empereur, Luc Jacquet signe une nouvelle ode à la nature, visuellement somptueuse. Pas vraiment un documentaire : s’il filme le règne animal dans ces forêts de l’Ain, c’est du regard d’une fillette qui noue une amitié improbable avec un renard, apprenant autant sur la nature que sur elle-même.

C’est émouvant, les images sont magnifiques, les sentiments sont beaux, et nobles. C’est digne de Disney, c’est d’ailleurs Disney qui distribue le film. Mais Jacquet ne tombe pas pour autant dans la facilité, ou dans l’émotion trop téléphonée. Cette amitié, si mignonne soit-elle (et ils sont très mignons, le renard comme l’enfant), est teintée d’une certaine brutalité. Moralité : si mignons soient-ils, un animal sauvage et un enfant ne sont pas faits pour être amis.

C’est dit, c’est bien mignon pour une soirée de confinement en famille. Et à défaut d’être franchement emballés par cette amitié, au moins est-on subjugués par la beauté des images, et par le défi que mettre en scène de tels personnages (renards, loups, hérissons, lynx…) représente.

Bonjour (Ohayō) – de Yasujiro Ozu – 1959

Posté : 19 mai, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, OZU Yasujiro | Pas de commentaires »

Bonjour

Parce que leurs parents refusent de leur acheter une télévision, deux enfants décident de faire la grève de la parole. Le thème était déjà présent dans Gosses de Tokyo, film muet qu’Ozu a tourné en 1932, et dont Bonjour est, sinon un remake, au moins un prolongement. Une vraie comédie, où le rire prend des voies parfois inattendues, faites de postures de gamins et de pets sonores et foireux…

Comme dans Gosses de Tokyo, Ozu s’amuse à dresser le parallèle entre adultes et enfants. D’une manière sans doute moins évidente ici, mais quand même : ce silence que s’imposent les enfants ressemble fort à une réponse aux phrases vides de sens des adultes.

Ces phrases vides de sens pour lesquelles Ozu a visiblement beaucoup d’affection : quand il y a du sens, c’est souvent à mots cachés, et à mots cinglants. Les échanges entre ces femmes qui vivent dans un quartier japonais traditionnel se font de grands sourires, mais pour mieux sortir des horreurs. Les phrases « pour ne rien dire », elles, sont chargées d’émotion, de bienveillance et d’amour.

Comme souvent chez Ozu, il y a l’irruption de la modernité dans un Japon traditionnel. Si cette opposition est nuancée, Ozu affiche quand même une certaine attirance pour les modes occidentales (la télévision ici, mais aussi l’immeuble en béton, filmé comme un havre de sérénité loin des ragots), tout en ayant une certaine tendresse pour la tradition.

Ce décor de maisons japonaises que surplombe un immense talus, relié à la ville par des câbles électriques, on l’a vu plus d’une fois dans le cinéma d’Ozu. C’est aussi ce qui est beau chez lui : cette capacité à nous emmener dans son univers, de nous y mettre à l’aise, en terrain connu, mais pour mieux nous y bousculer, à petites touches.

En l’occurrence, il le fait avec beaucoup d’humour. C’est très drôle, mais c’est aussi plus que ça. C’est la vie, avec ses faux-semblants, ses moments d’angoisse, ses accès de bien-être. C’est la vie de ce quartier que narre Ozu à sa manière si simple en apparence, mais si pleine de vie justement, avec ses personnages qui se croisent constamment. C’est visuellement somptueux avec ses lignes verticales omniprésentes. Du grand art.

Sleepers (id.) – de Barry Levinson – 1996

Posté : 18 mai, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, DE NIRO Robert, LEVINSON Barry | Pas de commentaires »

Sleepers

Généreux et douteux, émouvant et agaçant… Sleepers est un film sincère, c’est une chose. C’est aussi un film ambitieux, c’en est une autre. C’est enfin un film discutable.

Sincère : Barry Levinson a de toute évidence beaucoup d’empathie pour ses personnages, gamins du quartier de Hell’s Kitchen dont la jeunesse a été volée par les sévices subits dans un centre de détention, où ils ont été envoyés après une connerie qui aurait pu être tragique. Aurait pu, parce que non : faire de ces gamins des criminels aurait amoindri l’empathie que le réalisateur veut nous faire partager pour ces personnages dont il magnifie la manière de se rendre justice.

Ambitieux : Levinson l’est aussi, trop sans doute. Auréolé de quelques succès fracassants (dont celui de Rain Man surtout), il se voit nettement plus haut qu’il ne l’est vraiment. Au niveau d’un Scorsese à vrai dire, dont le Goodfellas est la référence ultime et évidente pour Levinson, qui veut visiblement filmer son New York comme l’a fait Scorsese avant lui, avec la même fièvre. Raté.

Levinson est un honnête réalisateur, qui réussi quelques scènes très émouvantes. Toutes celles avec De Niro, prêtre compréhensif, sont particulièrement réussies. Celles avec Dustin Hoffman aussi, excellent en avocaillon alcoolique totalement à côté de la plaque. A vrai dire, Levinson est sans doute, avant tout, un directeur de grands acteurs. Pas un grand directeur d’acteurs : il ne fait pas de miracle avec le tiède Jason Patric (sauf une scène, face à De Niro, où il est d’une intensité inattendue). Mais un directeur de grands acteurs, qui sait mettre en valeur ses stars.

C’est déjà beaucoup, surtout pour un film avec un tel casting : on y croise aussi Brad Pitt, Vittorio Gassman et Kevin Bacon (dans un rôle difficile à porter). Mais est-ce suffisant ?

A certains moments, on dirait bien que oui. Mais il y a la longue partie du procès, où sont jugés deux des gamins devenus adultes, qui ont abattu l’un de leurs violeurs. Et cette longue séquence, filmée efficacement avec tous les effets habituels du film de procès, tombe totalement à plat tant les situations elles-mêmes sont peu crédibles, jusqu’au grand n’importe quoi.

Il y a un grand sujet dans ce film. Des grands sujets, même : la pédophilie, les conséquences des erreurs de jeunesse, la difficulté d’aller de l’avant après de tels traumatisme. Des sujets sans doute trop forts pour un réalisateur comme Levinson, et qui finissent par disparaître derrière l’autre sujet : la vengeance. Nettement plus racoleur.

Copie conforme – de Jean Dréville – 1947

Posté : 17 mai, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, DREVILLE Jean | Pas de commentaires »

Copie conforme

Entre deux très grands films (Les Amoureux sont seuls au monde et Quai des Orfèvres), qu’il enchaîne ces années-là, Louis Jouvet s’offre une récréation qui a dû être franchement jouissive à tourner : une fantaisie entre polar et comédie, qui lui permet de se glisser dans la peau d’un vieux duc, d’un déménageur normand, d’un collectionneur de bijou ou d’un modeste marchand de boutons…

En fait, il ne tient « que » deux rôles : celui d’un escroc roi du déguisement, et celui de son sosie trop effacé. Soit un manipulateur cynique et superbe, et un timide mal dans sa peau. Deux opposées que Jouvet interprète avec une même intensité. Ou plutôt deux intensités différentes Avec un (double) naturel remarquable, il donne une vraie personnalité à ses deux personnages, sème le trouble, mais reste lui. Et lui.

Comédie gentiment cynique, bien réalisée par Jean Dréville qui n’en rajoute pas non plus dans la performance. Comme pour le jeu de Jouvet, c’est la sobriété du réalisateur qui fait mouche, avec cette manière de confronter les deux Jouvet à l’image sans la ramener, sans jamais focaliser l’attention sur les trucages simplement utilitaires, et aussi discrets que remarquables.

L’histoire, elle, est sympathique et anecdotique. Le film compte surtout pour ses acteurs (Suzy Delair, aussi), les dialogues d’Henri Jeanson, et le ton surtout, la légèreté et l’allant que Dréville lui donne. Et ce plaisir communicatif d’un Jouvet décidément très grand.

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