Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour mai, 2025

Breezy (id.) – de Clint Eastwood – 1973

Posté : 14 mai, 2025 @ 8:00 dans 1970-1979, EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

Breezy

Une main sortit de la pénombre pour se plaquer sur un torse trop flasque… Et soudain, Clint Eastwood devint un grand cinéaste. Ceux qui ont attendu Impitoyable (ou même Honkytonk Man) pour savoir que Clint était grand sont sots, ou n’ont pas vu Breezy.

Avec ce film, tourné avec une liberté formelle qui évoque son Play Misty for me inaugural, Eastwood prouve définitivement qu’il est bien plus que la star de Dirty Harry : un véritable auteur, avec une sensibilité et une délicatesse que beaucoup ne découvriront que vingt ans plus tard, avec le sublime Sur la route de Madison.

Breezy est déjà une merveille, bien au-delà de cette seule scène d’une beauté renversante : William Holden qui se dévêt dans l’obscurité, et la main de Kay Lenz qui apparaît comme sortie d’un rêve. C’est une merveille, parce que Clint tire un film d’une délicatesse infinie d’un sujet casse-gueule et dérangeant, dont on devine qu’il lui est personnel.

L’histoire d’amour entre une toute jeune femme à peine sortie de l’adolescence, et un homme d’âge mûr… Clint lui-même aurait pu interpréter ce personnage, sans doute trop proche de sa proche personnalité : Kay Lenz, physique juvénile et longiligne, évoque curieusement Sondra Locke, avec qui Clint n’a pas encore tourné, mais qui sera son grand amour de la décennie à venir.

Il a d’ailleurs hésité à jouer lui-même le rôle, se jugeant finalement trop jeune (il avait 43 ans), et préférant le confier à William Holden (55 ans sur le papier, mais en paraissant beaucoup plus). Le choix peut paraître timoré, il est judicieux : la différence d’âge, et le fossé immense entre la pureté de Kay Lenz et le visage (et le corps) marqué de Holden, voilà le sujet du film.

Film diablement courageux, même dans cette époque post-soixante-huitarde, qui aurait facilement pu tourner au graveleux et à l’auto-complaisance de mâles d’âge mûr, Breezy dépasse le simple portrait d’époque. Eastwood signe même une œuvre intemporelle (simplement ramenée dans son époque par la musique de Michel Legrand), complexe et d’une humanité folle. Bien ? Pas bien ? Le film va au-delà de la question, et ose un point de vue humain. C’est à la fois troublant, parfois dérangeant, et sublime.

La Nuit avance (La Noche avanza) – de Roberto Gavaldon – 1953

Posté : 13 mai, 2025 @ 8:00 dans * Polars sud-américains, 1950-1959, GAVALDON Roberto | Pas de commentaires »

La Nuit avance

Belle découverte décidément que ce Roberto Gavaldon, dont le cinéma romanesque et engagé frappe fort. C’est le cas de cette Nuit avance, à la fois très inspirée par le cinéma hollywoodien, et très mexicain.

Hollywoodien, parce que Gavaldon signe ce qui ressemble fort à un film de boxe, dans la lignée de Nous avons gagné ce soir ou Le Champion. A ceci près que la pelote basque remplace la boxe. Ce qui assure un spectacle nettement plus inattendu : le sport n’est pas celui qui a le plus marqué l’histoire du cinéma. Ce n’est d’ailleurs pas le plus cinégénique, mais les longues séquences qui lui consacrées contribuent à planter le décor, et à la montée de la tension.

Mexicain, parce que le film est une critique acerbe de la société mexicaine d’alors avec son machisme dominant, sujet fort que Gavaldon aborde frontalement, donnant le rôle principal à une sorte de prototype de macho, odieux et dominateur, qu’incarne un Pedro Armendariz qui ne fait rien pour le rendre sympathique.

Choix audacieux, quand même, de construire un film autour d’un type aussi détestable, qui méprise violemment tous ceux qui l’entourent ou qu’il croise, ses collègues de sport comme ses conquêtes féminines.

Il n’y a d’ailleurs pas grand monde de vraiment attachant dans ce film. Les hommes sont dominateurs et manipulateurs. Les femmes sont au mieux soumises. Pourtant, une grande humanité se dégage du film, qui doit sans doute à la personnalité du cinéaste, dont l’engagement transparaît dans cette histoire tragique d’une chute annoncée.

Un vrai film de boxe, sans boxe. Et un vrai manifeste anti-machisme.

Face à face (Knight moves) – de Carl Schenkel – 1992

Posté : 12 mai, 2025 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, SCHENKEL Carl | Pas de commentaires »

Face à face

Le tueur en série qui répond à une logique très personnelle, et originale… Il y en a eu un paquet dans le cinéma américain depuis le début des années 90 (en gros depuis le succès du Silence des Agneaux). Parfois pour le meilleur (les pêchés capitaux de Seven), parfois pour le pire (Hangman et… son jeu du pendu). Face à face, avec sa partie d’échecs macabre, se situe, disons, dans une moyenne acceptable.

Il m’avait même assez emballé à sa sortie. Mais j’étais jeune, pas exigeant, et fan de Christophe Lambert, alors… Depuis, je suis devenu moins jeune, sans doute plus exigeant, et j’ai découvert avec effroi que Christophe Lambert était un acteur désastreux. Charismatique et cool quand il est bien utilisé, mais mauvais quand il s’agit de jouer quoi que ce soit.

Et là, il faut bien admettre qu’il est le principal défaut de ce thriller plutôt malin et efficace, dont certains passages clés sont gâchés par son incapacité absolue à passer d’une émotion à l’autre. Et puis son éternel regard de myope ne peut pas tout. Difficile de voir en lui le grand champion d’échecs qu’il est censé incarner. Oui, c’est dur, mais on est toujours plus dur avec ses idoles d’hier…

Bon. Une fois passée cette prise de conscience, le duo-couple qu’il forme avec Diane Lane, sa compagne d’alors (autrement plus convaincante) fonctionne plutôt bien. Et il y a l’impeccable Tom Skerritt, dont l’autorité naturelle fait des merveilles (et compense la présence très bovine de Daniel Baldwin, pas le plus enthousiasmant des frangins).

Et puis Carl Schenkel fait le job. Avec les effets grandiloquents en vogue à l’époque, et sans génie. Mais avec une vraie efficacité, qui suffit à maintenir la tension, et à se souvenir que, oui, à sa sortie, ce thriller m’avait emballé.

LIVRE : Passé la Loire, c’est l’aventure – de Gilles Grangier (entretiens avec François Guérif) – 1989-2021

Posté : 11 mai, 2025 @ 8:00 dans GABIN Jean, GRANGIER Gilles, LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Passé la Loire c'est l'aventure

« Passé la Loire, c’est l’aventure »… Rien que le titre donne envie de se plonger dans les souvenirs de Gilles Grangier, réalisateur qu’on aurait sans doute définitivement entouré sans le regard plein d’acuité de cinéphiles comme Bertrand Tavernier, qui défendait bec et ongle le bougre en reconnaissant la volatilité de son œuvre, mais surtout quelques grandes réussites.

Et c’est vrai qu’il y a quelques perles (souvent noires) dans la longue filmographie très inégale de Grangier. Des perles un peu trop vite éclipsées par une poignée de nanars assez indéfendables, comme les derniers films de sa longue collaboration avec Gabin (Les Vieux de la vieille et Archimède le clochard ne sont pas renversants, L’Âge ingrat et Le Gentleman d’Epsom sont pires). Mais le gars a aussi réalisé Le Rouge est mis ou Le Sang à la tête avec Gabin. Et sans lui, des réussites méconnues comme Reproduction interdite ou 125 rue Montmartre. Alors…

L’importance de Gabin dans son parcours est évidente, pour le meilleur et pour le pire : sa rencontre marque son âge d’or, et la tendance paresseuse de l’acteur son déclin. D’ailleurs, c’est à lui, Gabin, qu’on doit la belle citation qui donne son titre au livre : sur le tournage du Cave se rebiffe, une manière pour « le vieux » de refuser d’aller tourner en Amérique du Sud les scènes du film s’y déroulant vraiment.

C’est en tout cas tout un pan du cinéma français qui déroule dans ce livre : le cinéma populaire assumé d’un artisan qui prenait son art au sérieux, et que la Nouvelle Vague n’a pas épargnée. Ce n’est pas à proprement parler une autobiographie : Grangier livre ses souvenirs liés à chacun de ses films (jusqu’au plus obscur) dans le cadre d’une interview au long cours avec François Guérif. Un peu sur le modèle du fameux Hitchcock/Truffaut.

En feuilletant les pages, les souvenirs de Grangier font mine de rien le lien entre les débuts du parlant et la Nouvelle Vague. Il évoque sa rencontre avec Maurice Tourneur, grand maître du muet qui sera l’un de ses mentors (passionnant). Il se souvient d’actrices comme Jeanne Moreau « avec son côté un peu salope » (discutable). Il égratigne des acteurs qu’il n’appréciait visiblement pas des masses comme Pierre Fresnay, dominé par une Yvonne Printemps pas bien sympathique (très drôle).

200 pages ne permettent pas d’entrer dans le détail, et on a parfois un peu le sentiment de survoler les choses. Mais cette petite virée dans les mémoires de Grangier donne franchement envie de revoir certains de ces films un peu trop vite mis de côté.

Le Cavalier noir – de Gilles Grangier – 1945

Posté : 10 mai, 2025 @ 8:00 dans 1940-1949, COMEDIES MUSICALES, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Cavalier noir

Il y a au moins cela de formidable dans l’ambition de voir l’intégrale d’une œuvre, que cela pousse à découvrir des films qu’aucune autre raison imaginable justifierait de voir. La découverte des premiers films de Grangier est ainsi la découverte d’un pan totalement oublié du cinéma. Autant les cinéphiles passionnés gardent un souvenir ému de quelques-uns de ses grands films noirs, autant les légèretés de ses débuts n’ont pas laissé une grande trace…

Après le sympathique Ademaï bandit d’honneur, place donc à une opérette filmée, dont la star est l’héritier alors désigné de Tino Rossi, Georges Guétary. Un chanteur, donc, dont la douce voix résonne à plusieurs reprises tout au long du film, très visiblement filmées en playback sur le plateau. Un chanteur, mais à peine un acteur, reconnaissons le.

Ça n’a d’ailleurs aucune importance, puisqu’il n’y a à peu près rien à jouer dans cette opérette filmée, sorte de croisement jamais vraiment convainquant entre les mythes de Robin des Bois et Carmen, situé dans les forêts et les grands domaines des Flandres, au XVIIIe siècle. Mais ça non plus n’a pas grande importance.

A vrai dire, pas grand-chose n’a vraiment d’importance. Pas l’histoire en tout cas, tournée en dérision par le scénario ironique d’André-Paul Antoine et l’interprétation toute en dérision (pas retenue) de Jean Tissier ou Allerme, tous deux en roue libre.

On serait même pas loin de trouver le temps long tout au long de ces 75 minutes de métrage, s’il n’y avait quelques petits moments prometteurs. Oh ! Pas grand-chose : de brefs plans de coupes qui captent un regard suspendu, un geste arrêté, créant une sorte de bulle dans l’atmosphère de comédie musicale, au son irréel de la voix de Guétary. Pas grand-chose, vraiment, mais des bribes de cinéma, à deux ou trois reprises, qui laissent espérer d’autres choses.

Ademaï, bandit d’honneur – de Gilles Grangier – 1943

Posté : 9 mai, 2025 @ 8:00 dans 1940-1949, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Ademaï bandit d'honneur

Gilles Grangier fait partie de ces réalisateurs un peu trop vite enterrés par les critiques de la future Nouvelle Vague. On lui doit quelques grandes réussites (Le Sang à la tête…), et pas mal de raretés très recommandables (125 rue Montmartre…), que sa dernière partie de carrière (L’Âge ingrat…) a fait oublier. C’est un peu dommage, et c’est une injustice manifeste qu’il serait peut-être bon de réparer en se plongeant dans sa filmographie.

A commencer par sa toute première réalisation, projet remarquablement dénué d’intérêt, si ce n’est celui de lui donner sa première chance. Sa deuxième, pour être précis : Grangier avait un pied dans le cinéma depuis une petite dizaine d’années, et enchaînait les boulots. Figurant, doublure, régisseur, assistant… Il s’était vu confier la réalisation d’un film pour la première fois par la firme allemande UFA… en 1939, juste avant la déclaration de guerre.

Il lui faudra donc attendre une mobilisation, une blessure, et un appel de l’acteur Noël-Noël pour faire ses vrais débuts de cinéaste. Pour un film dans lequel il n’avait guère de chance d’apporter quelque chose de personnel, puisqu’il s’agit pour Noël-Noël de retrouver son personnage fétiche d’Adémaï, le paysan naïf, qu’il a créé au music-hall et interprété dans plusieurs films (courts ou longs entre 1932 et 1935.

Cette suite tardive, la dernière interprétée par Noël-Noël, ne vaut que pour l’interprétation de l’acteur, qui joue la naïveté et la candeur d’une manière assez irrésistible. C’est à peu près tout ce qu’on peut souligner de cette comédie, dont le principal intérêt repose sur le décalage entre son personnage principal, un peu lunaire, et le contexte dans lequel il est propulsé : celui d’une vendetta entre deux familles en Corse.

C’est bien anecdotique, bien mineur, mais Ademaï bandit d’honneur fait partie de ces films dont le seul titre fait partie de l’inconscient collectif. Le découvrir répond au moins à une certaine curiosité. Et procure un petit plaisir bien innocent, qui donnerait presque envie de découvrir les premières apparitions d’Ademaï. Sans qu’il y ait une urgence caractérisée.

MUSEE : Institut Lumière (Lyon)

Posté : 8 mai, 2025 @ 8:00 dans MUSÉES | Pas de commentaires »

MUSEE Institut Lumière

Un séjour à Lyon sans visiter l’Institut Lumière ? Inimaginable… Toujours pas remis de la disparition de Bertrand Tavernier, cet inlassable passeur, c’est avec passion (et avec ma famille) que je découvre enfin ce lieu dont il fut l’une des âmes, avec Thierry Frémeaux (qui, ce jour-là, était à Cannes pour dévoiler les films en compétition).

Arrivés à vélo, dès le coin de la rue passé, cette élégante (et imposante) bâtisse impressionne : celle où vécut la famille Lumière, là même où le père Antoine avait installé son usine de photographie, dont les ouvriers devaient devenir en 1985 les premières acteurs de cinéma de l’histoire du cinéma. Coincée entre deux immeubles, donnant sur une place de marché, elle a de l’allure, cette bâtisse.

Et elle a une histoire. C’est là que les frères Lumière ont vécu, c’est là qu’ils ont réussi leurs premières inventions, c’est là qu’ils ont tourné « le » tout premier film… Et c’est là qu’a été créé l’Institut Lumière, ce lieu nécessaire de mémoire du cinéma, qui réunit des salles de projection, la plus grande librairie spécialisée de France, le siège d’un éditeur précieux, un lieu de préservation des films, et un musée dédié à la naissance du cinéma.

Modeste et vivant à la fois, il a quelque chose de très beau, ce musée, qui se concentre sur l’histoire de la famille Lumière, et sur les tout premiers temps du cinéma. Il a quelque chose de très beau, parce qu’il propose une véritable immersion dans ces premiers temps. Plutôt qu’une approche purement didactique, c’est le sentiment de toucher du doigt cette époque de pionniers qui séduit le visiteur. Mieux : qui l’émeut.

Dans la première salle, une riche collection d’appareils de prise de vue ou de projection, qui résument les quelques années de l’invention du cinéma. Et parmi eux, le projecteur qui a été utilisée lors de la fameuse première séance publique payante de cinéma, dans le Salon indien à Paris, cette séance à laquelle trente-trois spectateurs seulement ont assisté, dont Georges Méliès. Se trouver si près de cet appareil procure une émotion assez dingue…

Le fait que cette découverte se déroule dans la maison familiale, près de l’usine où a été tourné le tout premier film (La Sortie des usines Lumière) renforce cette émotion, même s’il ne reste de l’aménagement de la maison familiale que la chambre parentale. Dans les autres pièces, les films Lumière occupent une place de choix, et sont très joliment mis en scène dans des dispositifs variés, qui permettent de découvrir en quelques minutes l’ampleur de l’apport des deux frères à l’art cinématographique, au-delà de la pure invention.

Le musée est une réussite. Le lieu est superbe, comme un îlot au cœur de l’agglomération lyonnaise. Un lieu qui donne envie de se poser, de lire, de voir des films. Un lieu précieux, oui.

L’Esprit pervers (Strangers in the night) – d’Anthony Mann – 1944

Posté : 7 mai, 2025 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, MANN Anthony | Pas de commentaires »

Strangers in the night

Republic Pictures n’est pas la Warner, ni même la RKO. Et il y a dans son immense production de l’époque une quantité de séries B, C ou D assez pénibles, qui paraissent bien longues malgré leur durée généralement très courte.

Mais il y a de temps en temps un jeune cinéaste plein de talent, émergeant, qui vient prouver l’importance que revêt le réalisateur, même dans le système si verrouillé des studios hollywoodiens : Anthony Mann en l’occurrence, pas encore le grand homme de westerns, et pas encore non plus l’auteur de grands films noirs.

Sa grande période, celle des T-Men et autres Raw Deal, commencera trois ans plus tard. Mais Mann est déjà un très solide cinéaste, qui termine en quelque sorte sa période de formation : l’année suivante, il signera The Great Flamarion, qui fera déjà forte impression.

Mais dès Stranger in the night, petite production de 56 minutes montre en main, avec des acteurs de seconde zone (William Terry, Virginia Grey), il fait des merveilles, multipliant les images qui frappent la rétine par leurs jeux d’ombres ou la profondeur de champs, et tirant d’un scénario original mais outré des sommets d’angoisse.

L’idée de base est belle : un soldat blessé au combat rentre au pays pour rencontre enfin une jeune femme avec laquelle il a entretenu une relation épistolaire pendant qu’il était au front, après avoir découvert son nom sur la page de garde d’un livre qu’il a aimé. C’est beau, non ?

Il doit la retrouver dans la maison où elle vit avec sa mère, vaste bâtisse construite au sommet d’une falaise, coupée du monde et renfermant un secret qu’on ne tardera pas à pressentir. L’ombre de Rebecca plane, sans écraser l’originalité du récit. Rebecca, mais aussi Laura d’ailleurs, sorti la même année, pour l’importance que joue un tableau.

Sans en dire plus, disons quand même que Mann sait réserver ses effets, nous gratifiant d’un accident de train, d’un suspense au verre de lait (tiens, encore une référence flagrante, à Soupçons cette fois). Et autant d’occasions pour le jeune cinéaste de faire ses armes, dans un petit noir corsé et excitant.

Blue Steel (id.) – de Kathryn Bigelow – 1989

Posté : 6 mai, 2025 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, BIGELOW Kathryn | Pas de commentaires »

Blue Steel

Kathryn Bigelow, un film de motards et un film de vampires au compteur, signe ici son premier polar, dont elle co-écrit le scénario. Et la plume à la main, la cinéaste se révèle à la fois ambitieuse… et pas d’une grande légèreté.

Sur le papier, Blue Steel ne manque pas d’intérêt, mais n’évite pas quelques grosses ficelles, et des facilités assez énormes. Mais qu’importe : l’intérêt du film ne repose pas vraiment sur la seule intrigue, prenante mais finalement pas tellement différente de tous les polars tendus de l’époque.

En quelques mots : Jamie Lee Curtis (parfaite) est une jeune flique à peine promue, qui abat dès son premier jour de service un braqueur devant quelques témoins. L’un de ces derniers, fasciné par le geste de la jeune femme, s’empare de l’arme du braqueur, disparaît sans demander son reste, et se lance dans une virée meurtrière, tout en séduisant notre fliquette.

C’est tortueux à souhait, et le suspense ne cesse de monter jusqu’à un final un eu grand-guignolesque, gâché par une surabondance de ralentis qui atténuent paradoxalement la tension. Mais re-peu importe.

Si Blue Steel est un film mémorable (et il l’est, malgré tout), c’est pour l’interprétation de Jamie Lee Curtis, parfait mélange de fragilité et de détermination, d’innocence et de révolte. Une jeune femme en pleine (rude) mutation, donc.

C’est aussi, et surtout, pour la manière dont Bigelow filme New York, nous plongeant au cœur d’une ville tentaculaire et grouillante de vie. La plupart du temps sans esbroufe, sa mise en scène est d’une efficacité énorme, et totalement immersive. Sur ce point, une sorte de version plus pêchue du Scorsese de Taxi Driver.

Eden – mini-série réalisée par Dominik Moll – 2021

Posté : 5 mai, 2025 @ 8:00 dans 2020-2029, MOLL Dominik, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Eden

Une image, furtive, domine cette mini-série de six épisodes et ne cesse de la hanter : sur une plage grecque, la baignade des estivants est (à peine) troublée par l’irruption d’un canot pneumatique plein de migrants, qui débarquent et traversent la plage devant des témoins qui réagissent à peine…

Cette image, qui ne dure que quelques secondes (sur près de cinq heures de métrage) est une clé incontournable pour appréhender cette mini-série chorale, qui tente à travers une dizaine de personnages de capter le drame, mais aussi l’absurdité, de la crise migratoire.

Dominique Moll, aux manettes, aborde le sujet avec un mélange d’ambition démesurée et de simplicité totale. A travers ces six épisodes, il cherche rien moins que d’aborder tous les aspects de la crise. Mais il le fait avec des personnages et des situations qui sont autant de cas d’école. Pas des caricatures, mais des types.

Au cœur du récit : trois destins différents de migrants. Un ado et son frère qui tentent de traverser l’Europe pour rejoindre l’Angleterre, comme tant d’autres. Un jeune Syrien qui tente de tourner la page de son histoire pour étudier en Allemagne, bien accueilli par une famille aimante. Et en France, un coupe, venu de Syrie aussi, lui étant un grand médecin dont le témoignage semble important.

Autour de ces personnages en gravissent d’autres : des Grecs employés d’un camp de réfugiés, une famille allemande très bienveillante, des rencontres de passage, et une Française qui gère des camps de réfugiés, dont on ne sait trop si elle est motivée par son envie de faire de l’argent ou son humanité.

C’est Sylvie Testud, et son personnage est le moins convainquant de la série, le plus caricatural pour le coup, constamment filmé entre deux avions. L’émotion vient des autres personnages, confrontés à des drames autrement plus intimes et autrement plus touchants. Autour de destins parallèles, dont la plupart convergent vers la France, dans l’ultime épisode.

Chronique garantie sans divulgâchage. Tout juste peut-on souligner qu’entre espoir et désespoir, la frontière est parfois très ténue. C’est le sentiment qui domine dans ces beaux épisodes, édifiants et intimes.

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