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Archive pour la catégorie 'RYAN Robert'

Le Jour le plus long (The Longest Day) – de Darryl F. Zanuck, Ken Annakin, Andrew Martin, Bernard Wicki, Elmo Williams et Gerd Oswald – 1962

Posté : 1 avril, 2022 @ 8:00 dans 1960-1969, ANNAKIN Ken, MARTIN Andrew, MITCHUM Robert, OSWALD Gerd, RYAN Robert, WAYNE John, WICKI Bernard, WILLIAMS Elmo, ZANUCK Darryl F. | Pas de commentaires »

Le Jour le plus long

Voilà sans doute le mètre étalon des films de guerre « all stars », qui eurent leur heure de gloire à Hollywood. Une grosse production pensée pour devenir le film de référence sur le sujet (le Débarquement en Normandie), et conçue pour être un événement incontournable à travers le monde. On est une bonne quinzaine d’années après la guerre, et les plus grandes stars des pays impliqués dans ce pan du conflit sont à l’affiche : John Wayne ou Robert Mitchum aux Etats-Unis, Bourvil ou Arletty en France, Curd Jürgens ou Gert Froebe en Allemagne, Richard Burton ou Peter Lawford en Grande-Bretagne…

La liste est longue, et celle des réalisateurs l’est aussi, chacun d’entre eux se voyant confié un point de vue national. Curieux principe qui confirme ce que tout le monde sait à l’époque : Le Jour le plus long est avant tout l’œuvre de son producteur, Darryl F. Zanuck, comme Autant en emporte le vent était peut-être celle de David O. Selznick. Deux hommes de la même génération (tous deux sont nés en 1902), qui incarnent cet âge d’or d’un Hollywood dominé par les producteurs.

Mais le plus curieux dans Le Jour le plus long, c’est que le film fonctionne parfaitement, et que jamais l’effet patchwork ne vient troubler la cohérence de l’ensemble. Tout le savoir-faire hollywoodien est là. Et si on peut émettre quelques doutes sur la représentation du peuple libéré (Fernand Ledoux et Bourvil hilares tandis que les bombes pleuvent autour d’eux), il faut reconnaître la fluidité de ce très long métrage : près de trois heures pour n’oublier aucun aspect du D-Day.

Les préparatifs, la météo capricieuse, l’attente, les erreurs d’appréciation des Allemands, le travail héroïque de la résistance, le sort des parachutistes, celui des premiers à fouler le sable d’Omaha Beach, le sacrifice de ceux qui sont partis à l’assaut de la pointe du Hoc… Surtout ne rien laisser de côté, mettre en valeur l’héroïsme de tous ceux qui ont pris part à ces heures déterminantes. Cela relève parfois plus du travail de mémoire que de l’acte cinématographique, c’est parfois un peu propre et sage (Spielberg a radicalement changé la mise en image de l’événement, depuis). Mais c’est d’une efficacité indéniable.

Et puis un film où on croise John Wayne, Robert Mitchum, Henry Fonda, Bourvil, Arletty, Sean Connery, Madeleine Renaud, Robert Ryan, Fernand Ledoux, Rod Steiger, Mel Ferrer, Edmond O’Brien et Pauline Carton ne peut pas manquer d’intérêt.

Un homme est passé (Bad Day at Black Rock) – de John Sturges – 1955

Posté : 6 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, RYAN Robert, STURGES John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Un homme est passé

Black Rock… Charmante bourgade au milieu des plaines désertiques de l’Ouest américain. La deuxième guerre mondiale est terminée depuis deux mois, mais la ville semble être la même qu’aux grandes heures de la conquête de l’Ouest.

C’est dans ce lieu comme oublié par le temps qu’un homme descend du train, premier visiteur depuis quatre ans. En quelques heures seulement, cet étranger va réveiller un secret mal enfoui, déclenchant haine et mauvaise conscience…

John Sturges filme cette histoire comme un authentique western, genre dont il est un grand spécialiste. Mais s’y ajoute la mauvaise conscience d’un pays qui a maltraité sa population d’origine japonaise au lendemain de Pearl Harbor. Les camps créés pour les parquer comme des menaces intérieures sont évoquées. Au-delà, c’est tout le racisme et la violence liés à l’histoire du pays qui pèsent.

Sturges aborde cette culpabilité par le prisme du film de genre, western ou noir, qu’importe. Il le fait avec un dispositif dramatique qui confine à l’épure la plus totale. Unité de lieu, de temps, une demi-douzaine de personnages seulement (et quel casting : Robert Ryan, Ernest Borgnine, Lee Marvin, Walter Brennan, autour de Spencer Tracy). Mais le scénario est formidable, et la mise en scène d’une précision remarquable.

Un homme est passé (pour une fois, le titre français est bien plus beau et fort que le titre original) est aussi un modèle de tension et de suspense. Tracy est grand et garde longtemps le mystère sur la nature exacte de son personnage, simple visiteur ou… ? Grand film, à tous les niveaux.

Complot à Dallas (Executive Action) – de David Miller – 1973

Posté : 22 janvier, 2019 @ 8:00 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, LANCASTER Burt, MILLER David, RYAN Robert | Pas de commentaires »

Complot à Dallas

« Y a-t-il eu vraiment conspiration ? Nous ne saurions nous prononcer sur la question… » Ah ! ces phrases toutes faites. En abordant frontalement l’assassinat de JFK, ce film ne laisse pourtant guère de doute à l’interprétation : complot il y a eu, et c’est au cœur de ce complot qu’on nous entraîne, au plus près des conspirateurs, petit groupe d’hommes de l’ombre influents qui voient en la famille Kennedy une menace durable sur l’Amérique, et leurs intérêts.

Cette thèse en vaut bien une autre. Mais le parti-pris est à la fois trop simple, et très étonnant : c’est à la mise en place du complot que l’on assiste, d’une manière totalement linéaire, brute et mécanique, à peu près sans aucune zone d’ombre. C’est étonnant, parce que ce parti-pris pose plusieurs problèmes d’un point de vue cinématographique, et donc de l’intérêt que suscite ce sujet pourtant passionnant en soit.

Premièr problème : on connaît la fin. Sans vouloir spoiler, disons que le complot va fonctionner, et que JFK va bel et bien être assassiné, un certain 22 novembre à Dallas. Oui, ça n’a l’air de rien, mais ça enlève du coup tout enjeu dramatique au truc. Dans son JFK, Oliver Stone prendra un parti-pris radicalement différent, l’assassinat étant le point de départ du truc. Pas d’enquête ici, mais un simple déroulé des faits dont le principal intérêt est de voir comment les faits connus sont intégrés à la théorie du scénario.

Deuxième problème : le film adopte le point de vue de conspirateurs, d’hommes froids et calculateurs pour qui la violence et le meurtre sont des solutions « normales ». Difficile de s’attacher à quelque personnage que ce soit. Sans doute la perception a-t-elle changé depuis 1973. A l’époque, dix ans tout juste après les faits, le film de David Miller était le premier à remettre ouvertement en cause les conclusions de la commission Warren. Ce simple fait suffisait sans doute à rendre le film spécial. En 2019, ça ne suffit clairement plus.

Pas désagréable, mais froid et impersonnel, pour le coup. A l’image de Robert Ryan, dans l’un de ses derniers rôles, qui se contente de traverser le film sans avoir l’air réellement impliqué. A vrai dire, seul Burt Lancaster réussit à insuffler un petit quelque chose d’humain à son personnage. Par petites touches, il suggère un lourd passé et une violence latente qui emporte tout, y compris sa propre santé. Sans pour autant chercher à le rendre sympathique ou attachant. Même dans un film moyen, Burt est grand.

L’Appât (The Naked Spur) – d’Anthony Mann- 1953

Posté : 8 juillet, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, MANN Anthony, RYAN Robert, STEWART James, WESTERNS | Pas de commentaires »

L'Appât

Le plus simple, le plus épuré, et peut-être le plus intense des westerns tournés par le duo James Stewart – Anthony Mann. L’intrigue tient en quelques lignes : un homme en traque un autre pour la prime liée à sa capture, et doit composer avec des rencontres impromptues.

De cet homme, de ces hommes même, on ne saura pas grand-chose. Pas tout en tout cas. Mais Mann n’a pas besoin de dévoiler tous les mystères pour faire ressentir l’intensité des rapports humains, ou le trouble qui habite chacun. Et l’intensité, ici, est omniprésente, avec des personnages qui semblent tous trimbaler des tombereaux de douleurs.

La palme, bien sûr, à James Stewart, exceptionnel de rage de moins en moins contenue, dont la voix chevrotante n’a peut-être jamais été aussi douloureuse qu’ici. La scène des rapides, où il refuse de laisser partir le corps qu’il veut ramener à tout prix, est absolument bouleversant, tant elle en dit sur la souffrance du gars.

Et puis il y a la manière dont Mann filme ses acteurs dans les décors naturels, peut-être unique dans l’histoire du western, voire du cinéma. La définition même de l’épure : pas un détail de ce décor n’est là par hasard, le moindre recoin, le moindre rocher, la moindre branche apparaissant à l’écran joue un rôle dans l’action.

Rien n’est laissé au hasard, tout est précis, juste et direct. Un parti-pris qui donne au film une force, une évidence, et une immédiateté uniques. The Naked Spur est un chef d’œuvre d’une densité impressionnante.

Les Douze Salopards (Dirty Dozen) – de Robert Aldrich – 1967

Posté : 15 avril, 2018 @ 8:00 dans 1960-1969, ALDRICH Robert, RYAN Robert | Pas de commentaires »

Les Douze Salopards

Un classique qu’on ne présente plus, bien sûr, d’une efficacité imparable et d’une grande violence, dont la construction a inspiré des tas de films de guerre depuis, jusqu’au Full Metal Jacket de Kubrick vingt ans plus tard : une première partie consacrée à l’entraînement des soldats, une seconde à la mission elle-même. Et entre les deux, une spectaculaire rupture de ton.

Si le film reste à ce point marquant cinquante ans après, ce n’est peut-être pas tant pour sa violence et son efficacité, qui ont été égalées voire dépassées depuis, mais pour la trajectoire de ses personnages, douze salopards donc, condamnés à mort ou à de très lourdes peines de prison, qui trouvent une sorte de rédemption dans la mission suicide pour laquelle ils ont été choisis.

Il y a une approche presque christique dans le personnage de Lee Marvin, officier chargé de mener ces repris du justice vers un combat juste. Christique avec une forte propension à défourailler et à mettre des coups, certes, mais christique tout de même. La fameuse rupture entre les deux parties du film est d’ailleurs une scène de repas où les douze salopards sont attablés côte à côte, le long d’une table couverte de victuailles, autour d’un Lee Marvin qui apporte la bonne parole. La référence à la Cène est alors évidente.

Quant aux douze apôtres, on peut dire qu’ils ont de la gueule : Donald Sutherland, Charles Bronson, John Cassavettes, Clint Walker, Jim Brown, Trini Lopez… et Telly Savalas dans le rôle d’un Judas pour qui on ne va pas s’embarrasser d’un quelconque pardon ! Une sacrée distribution, donc, à laquelle il faut ajouter Robert Ryan, Ernest Borgnine, George Kennedy ou Richard Jaeckel. Que du bon tout ça !

Pris au piège (Caught) – de Max Ophüls – 1949

Posté : 25 février, 2018 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, OPHÜLS Max, RYAN Robert | Pas de commentaires »

Pris au piège Caught

Ce n’est pas le plus célèbre des films américains d’Ophüls. Tourné juste après sa superbe adaptation de Lettres d’une inconnue (qui l’impose enfin à Hollywood après des années d’errements), Caught a en commun avec le précédent film qu’il est le portrait d’une jeune femme aux idéaux très forts, confrontée à ce que la relation amoureuse peut avoir de plus fort.

La comparaison s’arrête à peu près là. Car si le personnage de Louis Jourdan était un salaud par omission, celui de Robert Ryan, dont je ne dirais jamais assez qu’il est un acteur fabuleux, est un homme réellement machiavélique. Un vrai méchant de cinéma, à peine crédible tant il est odieux et dénué de toute compassion. Une pure ordure, donc, qui aurait facilement pu tomber dans le grand-guignol. Mais c’est Robert Ryan, donc, et ce type a un talent inouï pour être constamment juste quel que soit son emploi. Il l’est, ici encore.

L’héroïne, c’est Barbara Bel Geddes, qui sera la poteau de James Stewart dans Sueurs froides, et qui trouve ici l’un de ses plus beaux rôles : celui d’une femme qui croit trouver le prince charmant et réalise trop tard qu’elle est tombée sur un monstre. Et que le prince charmant, le vrai, est un médecin pauvre mais désintéressé, qu’interprète James Mason, sorte de double négatif de Ryan.

Soyons honnête : il faut une bonne demi-heure pour qu’Ophüls impose réellement son style et se démarque de l’imagerie habituelle du film noir. Il y a comme un air de déjà vu dans cette première partie. Mais la cruauté qui finit par se dégager, associée à une superbe humanité, finissent par créer une atmosphère inattendue et envoûtante, renforcée par des ellipses audacieuses et magnifiques.

Le génie d’Ophüls fait le reste. Ce travelling superbe qui traverse les pièces du cabinet médical laisse carrément béat d’admiration. Et cette scène, toute simple, où Mason et son pote médecin parlent avec une chaise vide entre eux, détail qui souligne subtilement et de manière évidente l’absence de la jeune femme, est un moment d’une grande beauté.

La Femme aux maléfices (Born to be bad) – de Nicholas Ray – 1950

Posté : 30 avril, 2017 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, RAY Nicholas, RYAN Robert | Pas de commentaires »

La Femme aux maléfices

On la voit venir de loin, la Joan Fontaine, avec son air de sainte-nitouche et son petit sourire de chacal. Une authentique femme fatale dont on imagine dès sa première apparition qu’elle va semer le malheur sur son passage. Hélas, c’est bien là la plus grande faiblesse du film : sans doute Joan Fontaine a-t-elle été choisie (par Howard Hughues, qui venait de prendre le contrôle de la RKO) parce qu’elle est l’image même de la douceur et de la bonté. Mais alors, pourquoi avoir rendu d’emblée si évidentes les intentions de la fausse douce ?

L’actrice est irréprochable, apportant un heureux mélange de passion et de machiavélisme à un personnage pas si simple que cela. Mais le film aurait sans doute gagné à laisser planer le mystère plus longtemps sur la présence de cette louve dans la bergerie. C’est d’autant plus dommage que le pur film noir qui nous ai promis réserve bien des surprises, en jouant constamment sur la nuance des sentiments, et sans tomber dans le noir profond.

Nicholas Ray, encore jeune dans le métier (c’est son cinquième film, il n’a pas encore 40 ans), sait mettre en avant ces petits détails qui révèlent les failles des personnages et de leurs sentiments. La séquence où Joan Fontaine instille la suspicion dans le couple formé par Joan Leslie et Zacharie Scott est en cela formidable, parce que rien n’y est surjoué ou lourdement asséné.

Le cinéaste peut, c’est vrai, compter sur un casting exceptionnel, avec aussi Mel Ferrer, et surtout Robert Ryan, dont je continue à me demander s’il sait mieux que personne choisir les bons films, ou si c’est sa simple présence qui donne aux films dans lesquels il joue cette dimension si particulière. Encore une fois, il fait mieux que donner une épaisseur à son personnage d’amant éconduit : il crée une sorte de lien intangible entre tous les personnages de ce drame. Si le film est une réussite, c’est au moins en partie grâce à lui.

Sept secondes en enfer (Hour of the Gun) – de John Sturges – 1967

Posté : 11 décembre, 2016 @ 8:00 dans 1960-1969, RYAN Robert, STURGES John, WESTERNS, Wyatt Earp / Doc Holiday | Pas de commentaires »

Sept secondes en enfer

Le réalisateur du classique Règlement de comptes à OK Corral qui renoue avec le plus célèbre gunfight de l’histoire de l’Ouest. C’est une bien belle idée, d’autant plus que ce western-là commence exactement là où beaucoup d’autres s’arrêtent : par le fameux règlement de compte à O.K. Corral.

Sturges ne signe pas pour autant une suite de son classique : les acteurs sont différents, le ton est différent, la situation même est différente. D’ailleurs un carton l’annonce au début : c’est l’histoire véridique que l’on va découvrir. Bon… c’est vrai que ce genre de carton est là pour attester bien des versions radicalement différentes de la vie de Earp.

Un beau film, et surtout un beau personnage : le célèbre marshall Wyatt Earp, tiraillé entre sa soif de vengeance familiale, et ce sens du devoir et de la loi qu’il tente douloureusement de conserver. Un homme de l’Ouest pris en étau entre deux visions de la vie, deux époques aussi : celle de l’Ouest sauvage, et celle de l’Est qui représente la civilisation. Un thème archi rabâché dans le western, mais qui se renouvelle joliment ici, notamment avec cette figure du juge encore impuissant face à la violence, qui doit se résoudre à laisser en liberté ceux qu’il sait coupables. Mais le système est en place, le changement c’est pour bientôt.

Réussie aussi, l’amitié virile et touchante entre Holliday (Jason Robards, excellent mais très loin du personnage imposé par Kirk Douglas dans le classique de Sturges) et Earp (James Gardner, qui reprendra ce rôle 20 ans plus tard dans le malin Meurtre à Hollywood de Blake Edwards), qui atteint une sorte d’apogée nostalgique dans cet étonnante maison de repos du Colorado, où « Doc » va affronter son pire ennemi : lui-même, ses démons.

Le film privilégie l’attente et la psychologie des personnages. Mais Sturges y place de belles fulgurances dans l’action, avec cette violence sèche et brutale qui sort de n’importe où : un coup de feu à travers une fenêtre fermée dans le calme d’une salle de billard, un duel entre deux hommes fatigués (Robert Ryan, dans le rôle de Ike Clanton, est une nouvelle fois formidable).

Il y a pourtant quelque chose qui ne prend pas totalement dans ce film. Difficile de mettre le doigt sur ce « quelque chose », tant Sturges semble inspiré dans sa manière de mener l’action, de diriger ses comédiens… Malgré toutes ses qualités, malgré le vrai plaisir qu’on y prend, l’alchimie des grands westerns de Sturges ne se retrouve pas complètement.

Nous avons gagné ce soir (The Set-Up) – de Robert Wise – 1949

Posté : 4 novembre, 2016 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, RYAN Robert, WISE Robert | Pas de commentaires »

Nous avons gagné ce soir

Superbe film au noir et blanc somptueux, peinture glauque et sans concession d’un monde qui semble sans grand espoir : celui de la boxe et de ses petits combats minables qui se succèdent sans passion.

Robert Ryan, une nouvelle fois formidable, incarne l’un de ces boxeurs, un « vieux » de 35 ans qui enchaîne les défaites et qui ne parvient pas à raccrocher les gants. Un homme fatigué qui trimbale sa carcasse usée en rêvant vaguement d’une autre vie avec la femme qu’il aime.

Celle qu’il aime… Le film ne sort que rarement du gymnase où les boxeurs s’affrontent, et où elle n’a pas voulu se rendre ce soir-là. Pourtant, elle semble omniprésente, dans le regard angoissé de Ryan.

Pour parler de boxe, Robert Wise filme les gens : les boxeurs qui attendent dans « l’antichambre » où ils se préparent, et où certains rêvent de seconde chance ; mais aussi les spectateurs dans le public, habités par une rage insoupçonnable à première vue, comme cette dame digne qui se met à hurler « tue-le, tue-le », ou ce jeune homme qui n’a plus le moindre regard pour sa petite amie, ou cet autre qui avale toutes les cochonneries du monde au fil des combats.

Une véritable faune interlope, dont le « spécimen » le plus étonnant est un aveugle qui assiste au combat, accompagné par un ami qui lui décrit les coups, et qui vit les affrontements comme s’il était sur le ring. Qui est-il ? Wise laisse libre court à l’imagination du spectateur… Ici, le passé ne peut être qu’imaginé, et l’avenir semble bien incertain.

Non, ce n’est pas un chant d’amour pour la boxe. Rien de glorieux dans ce combat montré in extenso: quatre rounds de trois minutes âpres et d’une violence qui n’a rien de romantique. Et les regards désabusés des habitués ne laisse guère de place aux espoirs démesurés.

Mais Wise signe un pur film d’amour. Il y a quelque chose de tragique dans l’absence de cette jeune femme (Audrey Totter) qui n’assiste pas au combat de cet homme, et dans son errance nocturne. Comme il y a quelque chose de déchirant dans la manière dont lui, Ryan, scrute la salle pour tenter de la retrouver. Quant au suspense final, dans une poignée de séquences qui flirtent avec le film noir, il ne conduit que vers une violence libératrice, l’un des happy ends les plus douloureux et les plus émouvants qui soient…

La Femme sur la plage (Woman on the Beach) – de Jean Renoir – 1947

Posté : 28 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, RENOIR Jean, RYAN Robert | Pas de commentaires »

La Femme sur la plage

Contrairement à d’autres réfugiés français pendant l’occupation (Duvivier ou Gabin, par exemple), Jean Renoir n’a pas fait qu’un passage éclair à Hollywood : il s’y est installé longuement, prenant même la nationalité américaine. Il ne gardera pourtant pas un grand souvenir de cette période, marquée par ses difficultés à rentrer dans le moule hollywoodien.

On sent clairement ces difficultés dans Woman on the Beach, le dernier de ses films tournés sur le sol américain. Il y a bien quelques moments très beaux, comme cette tendresse soudaine qui rapproche Joan Bennett et son mari Charles Bickford au coin du feu, ou cette scène où Robert Ryan chevauche sur une plage baignée par la brume, comme dans un rêve éveillé. Mais il y a surtout une impression de maladresse, parfois presque gênante, qui se dégage de l’ensemble.

Renoir a pourtant participé au scénario (il est crédité, en tout cas). Mais l’évolution des personnages laisse par moments dubitatifs. On a en tout cas toutes les peines à s’attacher à ce triangle amoureux (pourtant interprété par de grands comédiens) qui semble annoncer un pur film noir.

Produit par la RKO, le film ressemble à effectivement à s’y méprendre à un film noir. Un anti-héros hanté par la guerre (Ryan), une femme que l’on devine fatale (Bennet), un mari aveugle (mais l’est-il vraiment ?) et gênant (Bickford)… Avec des personnages comme ceux-là, on voit venir le truc de loin. Et effectivement, Ryan va se décider à éliminer son rival. Sauf que ce n’est pas si simple…

Jouer avec les codes de ce genre si américain aurait pu inspirer Renoir. Mais le réalisateur semble constamment trop contraint, mal à l’aise avec des scènes et une atmosphère qu’on lui a sans doute imposés. Woman on the Beach est un film plutôt agréable, et qui ne manque pas d’un certain charme, par moments. Mais il était temps que Renoir se décide à quitter Hollywood, tout de même…

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