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Archive pour la catégorie 'VERNEUIL Henri'

La Vache et le prisonnier – de Henri Verneuil – 1959

Posté : 11 février, 2022 @ 8:00 dans 1950-1959, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

La Vache et le prisonnier

Il y a du bon dans la qualité française, tant décriée par les jeunes loups de la Nouvelle Vague. Le film de Henri Verneuil est sorti la même année que Les 400 coups et A bout de souffle. Forcément, dans ce contexte, il a des allures de relique d’un autre temps. Mais la nouvelle génération de cinéaste n’étant pas l’alpha et l’oméga du 7e Art, on peut juste constater que La Vache et le prisonnier est un film qui ne révolutionne rien, mais qui se regarde toujours avec un authentique plaisir.

Fernandel y trouve l’un de ses rôles les plus fameux, celui d’un soldat français coincé depuis de longs mois avec trois congénères avec qui il ne partage rien, si ce n’est le quotidien d’une ferme allemande où ils sont consignés dans le cadre du STO. C’est la première particularité de ce film hyper populaire en son temps (et pour les générations qui ont suivi) : filmer le quotidien de ces prisonniers de guerre que l’on envoyait prêter main forte dans les fermes, les usines ou les scieries d’Allemagne.

L’autre particularité, c’est le rythme imposé par l’idée étonnante au cœur du récit : pour rejoindre la France en toute discrétion, le personnage de Fernandel choisit de se faire accompagner par une vache, alibi parfait pour tromper la vigilance des soldats allemands, et dont il adopte l’allure forcément nonchalante. Ce rythme si particulier est pour beaucoup dans la réussite du film, l’odyssée de Fernandel étant un périple bourré de temps morts, de demi-tours et d’attentes.

Le résultat est un film profondément attachant, aussi loin de la noirceur de La Traversée de Paris que de la farce de La Grande Vadrouille, deux références auxquelles le film de Verneuil renvoie instinctivement. Du cinéma de papa ? Oui, mais papa aussi savait faire de bons films.

Brelan d’as – d’Henri Verneuil – 1952

Posté : 13 septembre, 2021 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, d'après Simenon, Maigret, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

Brelan d'as

Monsieur Wens, Lemmy Caution et le commissaire Maigret : trois grands enquêteurs de la littérature policière, à l’affiche d’un même film. J’avoue que cette curiosité m’avait totalement échappé jusqu’à présent. Le projet, pourtant, est particulièrement séduisant. Le résultat l’est aussi, ne serait-ce que pour sa forme, déclaration d’amour à une certaine littérature populaire : la série noire, le polar, le thriller… Peu importe comment elle l’appelle, puisqu’elle brasse des univers très différents.

Le film s’ouvre donc sur une série de plans de Paris, où on découvre une employée du métro, un gamin, un vieil homme digne, un homme d’affaires… Tous plongés dans des lectures de la fameuse Série Noire de Gallimard, tandis qu’une voix off malicieuse ironise sur le caractère honteux de ce sous-genre. Avant d’introduire les trois héros que l’on s’apprête à voir en action : trois héros qui ont connu, connaissent ou vont connaître leur heure de gloire sur grand écran. Et qui ne se croisent pas hélas, dans cette succession de trois sketchs indépendants, que réalise le tout jeune Henri Verneuil d’après trois nouvelles.

Le principe, donc, est très sympathique. Les sketchs, eux, sont franchement inégaux, allant du médiocre à l’excellent. Allons y dans l’ordre…

C’est par un héros qui fut très populaire que commence le film : Monsieur Wens, l’enquêteur surdoué créé par S.A. Steeman, dont c’est l’une des dernières apparitions au cinéma après une demi-douzaine de films au cours de la décennie précédente. Pas que du bon, certes, mais le personnage reste mémorable pour l’interprétation qu’en donne Pierre Fresnay dans Le Dernier des Six et surtout L’Assassin habite au 21 (Pierre Jourdan dans Le Furet, aussi…). Pierre Fresnay à qui un clin d’œil amusant est réservé, par le biais d’une mystérieuse imitatrice.

Ici, c’est Raymond Rouleau qui interprète Wens, détective (et pas inspecteur cette fois) chargé de protéger une richissime femme, qui meurt quasiment sous ses yeux, lui-même devenant le parfait alibi de son mari, qui aurait fait un suspect idéal. Intrigue maline, rythme parfait, mélange de suspense et de légèreté pour une enquête prenante à défaut d’être renversante. Et un Rouleau parfait en Wens gentiment égocentré et franchement goujat.

Le segment central est, de loin, le plus faible : celui consacré à Lemmy Caution, héros de romans qui n’allait pas tarder à connaître une gloire cinématographique sous les traits d’Eddie Constantine, dans une bonne dizaine de longs métrages. Pour l’heure, il apparaît sous les traits de John Van Dreelen, acteur néerlandais trop lisse et pas bien convaincant en Américain mal dégrossi. Pas aidé par un scénario bâclé, une mise en scène paresseuse et des dialogues aberrant. Difficile de prendre du plaisir à cette traque à travers l’Europe.

Difficile même d’imaginer que c’est le même réalisateur, et les mêmes scénaristes, qui ont adapté une nouvelle de Simenon pour le dernier segment, un excellent Maigret à la fois rude et tendre, où le commissaire prend sous son aile un gamin témoin d’un meurtre mais enfermé dans un mensonge par peur des représailles. Verneuil, qui avait déjà adapté Simenon pour son précédent film, Le Fruit défendu (d’après Lettre à mon juge), apporte un soin particulier à ce troisième sketch, comme si, au fond, il n’avait tourné le film que pour celui-ci.

Michel Simon, pour son unique incarnation du commissaire, est formidable, balayant le souvenir d’Albert Préjean, et disputant le titre de meilleur Maigret à Pierre Renoir et Harry Baur (en attendant Gabin). Un Maigret fort, instinctif, mais aussi fragile et humain, que l’on découvre dépassé, angoissé, physiquement malade aussi, alité et houspillé par une Mme Maigret nettement moins docile qu’à l’accoutumée. Simon, sur le papier, est un Maigret discutable. A l’écran, il est une évidence. Et ce court métrage est une grande réussite. Pour lui, Brelan d’as mérite d’être redécouvert.

Un singe en hiver – de Henri Verneuil – 1962

Posté : 24 août, 2021 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

Un singe en hiver

Un roman alcoolisé de Blondin, les dialogues d’Audiard, un Gabin qui s’engage dans la décennie la plus plan plan de sa carrière, Verneuil derrière la caméra… Sur le papier, Un singe en hiver n’a pas exactement les attraits d’un grand film audacieux. Mais la magie opère. Dans ces années 60 dominées par les films aimables et paresseux de Le Chanois, La Patellière et même Grangier (dont les films sont nettement plus enthousiasmants durant la décennie précédente), c’est avec Verneuil que Gabin tourne ses meilleurs films, les plus surprenants et les plus aboutis.

De cette virée alcoolisée dans les rues désertes d’une petite ville normande du bord de mer, le réalisateur tire toute la belle dimension nostalgique, déchirante. Gabin, homme vieillissant qui n’a même plus l’alcool pour digérer ses souvenirs du Yang-Tse-Tiang, autrement dit de sa jeunesse disparue, de la liberté qu’il a goûtée le temps de quelques mois qui continuent à le hanter. Et Belmondo, jeune père de famille à la recherche d’un bonheur perdu, qui arrive dans cette petite ville paumée pour retrouver sa fille. Il n’y croise d’abord que Gabin, patron d’hôtel avec qui il se découvre une communauté de cafard.

On rit, beaucoup, parce que les deux acteurs sont formidables, et parce que les dialogues d’Audiard sont aux petits oignons. Mais on rit jaune, l’éclat de rire aux lèvres et la boule au ventre, les deux sentiments constamment liés par une soif de liberté et de folie qui, l’alcool aidant, n’a plus la moindre limite. « Je crois que ta femme va être fâchée » lâche Belmondo à Gabin au cœur de cette virée de la dernière chance : la conscience de la réalité du quotidien est toujours là, bien présente derrière l’apparente légèreté.

Verneuil n’est pas un cinéaste renversant, c’est un fait. Sa mise en scène est discrète, sobre, effacée même. Elle est surtout modeste, toujours au service du texte et des personnages. Entre les deux monstres, le vieux et le jeune, l’alchimie est magnifique. Trente ans les sépare, mais une filiation évidente apparaît dès la première rencontre, une même gourmandise, une même soif de vivre qui semble n’éclater vraiment qu’au contact l’un de l’autre.

Leur rencontre dépasse toutes les qualités ou les défauts du film. Ils passent beaucoup de temps ensemble, et il se passe constamment quelque chose : une sorte de communion de folie, ou l’écho d’une jeunesse évanouie. « Tiens, t’es mes 20 ans ! » lance Gabin avant d’embrasser Belmondo. De la première série de verres partagés dans le « bar chinois » au tir de feux d’artifices sur la plage en passant par la scène de tauromachie au carrefour, Un singe en hiver c’est avant tout ça : la rencontre réjouissante et émouvante de deux âges.

Des gens sans importance – d’Henri Verneuil – 1956

Posté : 28 décembre, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, GABIN Jean, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

Des gens sans importance

Henri Verneuil, cinéaste fasciné par le film de genre américain, a souvent souffert cruellement de la comparaison avec ses grands modèles. Avec Des gens sans importance, la première ses quatre collaborations avec Jean Gabin, ses références sont clairement assumées, mais ce qu’il en fait est magnifique. Et en mot, son film est un chef d’œuvre. Si.

La toute première image est saisissante. Un restaurant isolé au bord d’une route balayée par les vents, relai routier qui semble sorti du Facteur sonne toujours deux fois… C’est d’emblée une ambiance de film noir qu’installe Verneuil. Pas de crime, ni de femme fatale, mais le destin implacable, et quotidien d’un homme comme les autres.

C’est Gabin, fatigué, superbe, dont on se demande s’il tient plutôt de Robert Mitchum, de John Garfield ou de John Wayne. Gabin, immense, homme entre deux âges qui trimballe au volant de son camion le poids d’une vie sans joie et sans satisfaction. Une épouse avec qui il ne partage plus que de la rancœur, sans rien avoir à lui reprocher, des enfants qui sont comme des étrangers, une vie qui se limite au bitume qu’il avale… Et cette rencontre avec une femme, Françoise Arnoul, qui pourrait être sa fille. Comme la promesse d’une nouvelle jeunesse.

Tout somme juste et vrai. Le sens de la camaraderie, les soirées trop longues sur la route, les repas minables au coin d’une table, la fatigue, l’espoir d’un nouveau départ, et le couple de Gabin et de sa femme, pathétique et déchirant, superbe incarnation de la jeunesse envolée.

Verneuil s’inspire du cinéma américain, mais signe un film que l’on sent très personnel, et très français. Il s’approprie l’esthétique des grands cinéastes de l’âge d’or, citant John Ford dans un plan d’une beauté sidérante, signe de son modèle : Françoise Arnoul, serveuse maltraitée par ses clients, ouvre la porte qui donne sur une sorte de no man’s land, plan fordien qui semble l’isoler du monde… Magnifique.

Peur sur la ville – de Henri Verneuil – 1974

Posté : 9 décembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1970-1979, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

Peur sur la ville

Henri Verneuil aime le cinéma américain, et ça se sent dans ce polar dont on voit bien qu’il doit beaucoup à Dirty Harry et French Connection, deux films alors récents qui ont dynamité le genre. Le film tient plutôt bien la route, et reste l’un des thrillers français les plus efficaces de l’époque.

Belmondo y est un flic obsessionnel qui enquête sur un détraqué qui sème la terreur à Paris, tuant de jeunes femmes à la sexualité trop libre à son goût. Sauf que l’obsession du flic, ce n’est pas cette enquête, mais la traque d’un caïd qui lui a échappé après un bain de sang, et qui réapparaît après une longue disparition.

Belle idée, cette obsession qui pousse le super-flic à bâcler son enquête, et à prendre les agissements du maniaque à la légère dans un premier temps. Cette idée, hélas, n’occupe Verneuil que pendant le premier tiers du film, après quoi il s’en désintéresse totalement, se recentrant sur les exploits physiques de son acteur principal.

C’est la faiblesse du film : la présence de Belmondo atténue la noirceur du personnage, Verneuil préférant multiplier les morceaux de bravoure qui mettent l’acteur-cascadeur en valeur. C’est aussi, paradoxalement, la force du film : l’histoire est simpliste et la résolution de l’intrigue franchement bâclée, mais ces morceaux de bravoure restent pour la plupart mémorables.

Qu’il gambade sur les toits de Paris ou sur un métro en marche, Belmondo a une présence physique incontestable. Verneuil sait le filmer dans l’action, comme il sait mettre en boîte une poignée de scènes à suspenses très efficaces et très sombres. Manque finalement un scénario vraiment solide et original, et un cinéaste à la vision bien structurée qui aurait donné au film la cohérence qui lui manque.

Le Président – d’Henri Verneuil – 1961

Posté : 15 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, d'après Simenon, GABIN Jean, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

Le Président

Un ancien président du Conseil vit sa retraite dans sa demeure reculée de l’Eure. Alors qu’il écrit ses mémoires, il se souvient de son dernier combat de président, de ses rêves prématurés d’Europe, de ses ambitions, et des trahisons…

Le Président est adapté d’un Simenon atypique. Pas de petites gens pour une fois, mais un homme qui fut tout puissant et que le cynisme a fini par vaincre… ou presque. Verneuil en tire un film un peu sage souvent, mais dont la langueur finit par créer un sentiment bien agréable, sur le fil.

Michel Audiard lui-même met plutôt la pédale douce. Quelques répliques sont mémorables (« Il y a des patrons de gauche, je vous l’apprends – Oui, comme il y a des poissons volants, mais ils ne dominent pas l’espèce ! »), mais les bons mots ne dominent jamais le sens.

Cette langueur de la retraite du président est émaillée de flash-backs plus tendus, plus passionnés : ce baroud d’honneur d’un Gabin fabuleux en chef d’état amoureux de son pays, qui affronte tout un parterre de politiciens intéressés lors de ce qui reste l’un des plus beaux discours politiques du cinéma.

Le film manque sans doute d’intensité, et la mise en scène de fièvre. Mais cette séquence de Gabin pointant du doigt les intérêts personnels et les connivences des députés, tout en vantant les mérites d’une Europe à construire, reste un superbe fantasme démocratique. De ces moments qui donnent envie de se lever et d’applaudir.

A l’inverse, Blier est formidable (lui aussi) en symbole de cette politique tournée vers l’ambition personnelle. Sa déroute, in fine, renforce la tendresse que l’on ressent pour ce vieux président, ravi d’en avoir encore sous le pied, malgré tout.

Mélodie en sous-sol – de Henri Verneuil – 1962

Posté : 11 février, 2018 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, GABIN Jean, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

Mélodie en sous-sol

Henri Verneuil n’est sans doute pas le cinéaste le plus enthousiasmant qu’ait engendré le cinéma français, mais on peut pas lui enlever un authentique savoir-faire. Ce Mélodie en sous-sol, classique du film de braquage made in France, n’arrive certes pas à la hauteur de ses illustres modèles américains, Quand la ville dort ou Les Sept voleurs (le film d’Hathaway, qui raconte également le cambriolage d’un casino, est sorti à peine deux ans plus tôt), mais Verneuil signe un film à la mécanique implacable, d’où jaillit une réjouissante ironie.

Cette ironie repose en grande partie sur la dernière partie, assez formidable et pas seulement pour son idée géniale (des sacs de billets, une piscine…). Dans cette dernière séquence quasi-muette, le film ne repose plus que sur la mise en scène et le brillant montage. Autant la mécanique peut paraître un rien glacée durant la majorité du film, autant elle est fascinante dans ces ultimes minutes.

A l’opposée, le film s’ouvre sur une séquence également brillante, mais pour d’autres raisons. Vieux taulard tout juste sorti de prison, Jean Gabin retrouve son pavillon à Sarcelles, désormais entouré par les tours et les barres d’immeubles, loin du coin de verdure qu’il avait laissé quelques années plus tôt. Une belle idée qui n’apporte pas grand-chose à l’histoire, et qui se base sur un contexte authentique : la reconstruction de Sarcelles sur un modèle qui révolutionnait alors la notion de modernité.

Entre-deux, de la belle ouvrage, propre et efficace, qui repose moins sur le casse lui-même, sans réelle surprise, que sur le face-à-face (le premier de leurs trois films communs) entre Gabin et le jeune Alain Delon, qui s’est battu pour obtenir le rôle face à ce mythe qu’il vénère visiblement. Surprise : c’est lui, Delon, qui s’en sort le mieux. Dans un rôle très physique, qui éclipse de fait celui de Gabin dans les moments clés du film, Delon est formidable, mélange d’arrogance et de modestie qui fait des merveilles.

Gabin, lui, est en roue libre dans un rôle que l’on sent lissé pour lui aller comme un gant. Le voir se confronter à la nouvelle génération a un côté réjouissant et émouvant. Mais il se contente d’être là, laissant la vedette à Delon, sans pouvoir former un véritable duo, comme il le faisait l’année précédente avec Belmondo dans Un singe en hiver, déjà devant la caméra de Verneuil.

Le Clan des Siciliens – de Henri Verneuil – 1969

Posté : 5 septembre, 2017 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, GABIN Jean, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

Le Clan des Siciliens

Gabin, Delon, Ventura… On pouvait craindre le pire de l’association de ces trois monstres du cinéma français, s’attendre à une simple formule pour créer l’événement. D’où la très agréable surprise à revoir ce petit classique du « cinéma de papa ».

D’accord, les trois stars sont en terrain connu, et se contentent de rejouer les personnages que l’on attend d’eux, sans surprise et sans éclat. Gabin, surtout, ronronne un peu en patriarche d’une famille de gangsters siciliens installés à Paris, abhorrant la violence. Oui, Gabin en Sicilien, déjà, ça n’aide pas à croire énormément au personnage…

Ventura en flic, ce n’est pas non plus une nouveauté. Mais son personnage, un peu en retrait, n’est pas inintéressant. Totalement débordé par les événements, il séduit même franchement par ses regards dépassés et fatigués, apportant une (petite) touche de légèreté à un film plutôt sombre et tendu par ailleurs.

Quant à Delon, il apporte beaucoup de nuances à un personnage mutique et inquiétant. Un sourire à peine ébauché à l’évocation d’un souvenir d’enfance, un regard plein de désir vers une femme trop facile par qui le malheur arrivera… Il réussit à rendre humain un homme qui semble a priori sans aspérité.

Mais Le Clan des Siciliens est moins un film de personnage qu’une remarquable mécanique scénaristique. Adapté (par Verneuil lui-même avec José Giovanni et Pierre Pelegri) d’un roman d’Auguste Le Breton, l’auteur de Razzia sur la chnouf, le film est un modèle de construction, où les personnages se croisent et participent constamment à une sorte de mouvement perpétuel, à l’image de Delon passant d’un véhicule à un autre dans cette scène au suspens imparable.

Et puis il y a la musique de Morricone (très réussie), un duel final très westernien (Verneuil multiplie d’ailleurs les clins d’œil à Vera Cruz), quelques excès de violence particulièrement marquants (la scène, courte et brutale, dans la chambre de la prostituée), et une ambition désinhibée qui fait plaisir dans le polar français de cette époque : le contraste entre le détournement réussi d’un avion au-dessus de New York et la banale histoire de tromperie donne au film une belle amertume.

 

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