Play it again, Sam

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Archive pour mai, 2015

La Dame de Shanghai (The Lady from Shanghai) – de Orson Welles – 1947

Posté : 28 mai, 2015 @ 1:06 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, WELLES Orson | Pas de commentaires »

La Dame de Shanghai

De tous les films noirs que Welles a tourné (et celui-ci suit directement Le Criminel), La Dame de Shanghaï est celui qui ressemble le plus à l’idée que l’on se fait du genre. Dès la première séquence, d’ailleurs, le cinéaste s’amuse à en respecter consciencieusement les règles : une ville (New York) la nuit, un homme désœuvré qui se promène (Welles), une femme trop belle que l’on devine fatale (Rita Hayworth), et cette voix off qui annonce la tragédie en marche.

Mais ces règles qu’il respecte, on sent bien qu’il ne les prend pas vraiment au sérieux. Le dialogue débité par sa voix off joue avec la caricature (« Dès que mes yeux se posèrent sur elle, mon jugement m’abandonna durant un bon moment. »), et la bagarre qui scelle la rencontre dans un Central Park en carton pâte a un aspect un peu grotesque et figé.

D’ailleurs, la suite prend systématiquement le contre-pied des grands classiques du genre, avec ces paysages baignés de lumière et le dépaysement du grand large. Un road movie en pleine mer ? Mais le voyage lui-même n’a d’importance que pour le dépaysement qu’il apporte, et pour le déracinement de ses personnages (le titre est suffisamment évocateur).

Et puis il y a ce mari cocu, interprété par un génial Everett Sloane, tantôt touchant par sa fragilité, tantôt odieux et effrayant, qui fait beaucoup pour le malaise constant qui ne tarde pas à s’installer. Le voyage est troublant et fascinant, et Welles privilégie les gros plans sur des visages malades et opaques, sur des regards qui semblent s’amuser de la bonne poire qu’est le personnage de Welles.

Tromperie, faux-semblants, trahison… Tout converge vers cette séquence extraordinaire qui fait partie de la légende du cinéma (comme la chevelure rousse de Rita Hayworth que Orson Welles sacrifia pour le film, déclenchant des tollés parmi les fans) : la fusillade dans le palais des glaces. Un sublime exercice de style qui place les personnages face à leurs doubles maléfiques, et au poids de leurs actes. Un chef d’oeuvre.

Vera Cruz (id.) – de Robert Aldrich – 1954

Posté : 28 mai, 2015 @ 1:03 dans 1950-1959, ALDRICH Robert, COOPER Gary, LANCASTER Burt, WESTERNS | Pas de commentaires »

Vera Cruz

Un face-à-face entre Gary Cooper et Burt Lancaster, ça ne se rate pas. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne déçoit pas dans ce classique qui fait partie des quelques westerns qui marquent la profonde mutation du genre durant cette décennie, et qui annoncent les westerns spaghettis de la décennie suivante.

Et quel face-à-face! Dès leur première rencontre, le génie des deux stars, leurs jeux radicalement différents, et même les deux familles de cinéma qu’ils représentent (le vieil Hollywood pour l’un, une approche plus moderne et décomplexée pour l’autre), s’opposent et se complètent miraculeusement. Entre le Gary Cooper bon et droit (enfin, la droiture en prend quand même un sacré coup avec ce personnage de mercenaire) et le Burt Lancaster au sourire arrogant et dangereux, ce sont deux visions du western, et du cinéma en général, qui cohabitent et s’affrontent.

C’est en tout une sorte d’adieu à un certain western hollywoodien que Cooper représente, et auquel il tourne le dos ouvertement. Comme si l’un de ses anciens personnages héroïques et irréprochables était obligé de tourner le dos à son passé et à ses convictions… Bon, la notion de bien et de mal est toujours bien là dans cet affrontement. Mais le mal trouve sinon des excuses, au moins une justification dans l’enfance. Et le bien, comme le « bon » pour Sergio Leone, est tout relatif.

Vera Cruz tient toutes les promesses de son affiche. Mais Robert Aldrich va bien au-delà de son duel de star. Il signe une merveille de film d’action, enchaînant les moments de bravoure tout en restant au plus près de ses personnages. C’est aussi ce qui est remarquable dans ce film : la manière dont Aldrich met en scène ses décors (spectaculaires) et ses figurants (nombreux), tout en évitant l’étalage vain. A la fois grandiose et intime.

Le Port de l’Angoisse (To have and have not) – de Howard Hawks – 1944

Posté : 27 mai, 2015 @ 5:59 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, BOGART Humphrey, HAWKS Howard | Pas de commentaires »

Le Port de l'Angoisse

Il suffit d’une scène pour que ce film, et une jeune actrice débutante baptisée Lauren Bacall par Hawks qui l’a découverte, entrent dans la légende : sa toute première apparition, dans l’embrasure d’une porte, demandant une cigarette à un Bogart qui, tout d’un coup, se retrouve face à son équivalent féminin en matière d’insolence… Et puis une phrase, « You’ll just have to whistle », dont Bacall se souviendra des années plus tard sur la tombe de Bogie.

On est dans le mythe absolu. Du genre qui file des frissons et un sourire béat. Hawks s’est attaqué au roman d’Hemingway jugé inadaptable comme un défi. Pour cela, il a fait appel à un géant de la littérature américaine : William Faulkner, sous contrat à Hollywood et accroc au whisky. Le genre de personnages improbables qui inspireront les frères Coen pour leur Barton Fink.

Son véritable apport au film reste mystérieux (Jules Furthman est également crédité en tant que co-scénariste). Mais on aime penser que c’est à lui qu’on doit le fameux « Was you ever bit by a dead bee ? » lancé par Walter Brennan à tous ceux qu’il rencontre. Etrange interrogation, comme l’appel désespéré d’un alcoolique à l’âme d’enfant, incapable de se plier au cynisme de la société. Magnifique et terriblement émouvant, Brennan semble être le vieux gamin qui scellera l’amour du couple naissant…

L’histoire rappelle celle de Casablanca ? Hawks s’en moque. Contrairement à Curtiz avec son chef d’oeuvre, lui ne s’intéresse qu’à ses personnages, et aux moments de grâce qui naissent autour d’eux, de leur alchimie quasi-magique. On n’est pas dans le romanesque ici, mais dans l’action brute. Bacall et Bogart se font la cour comme ils boxeraient. Et les scènes d’action sont d’une violence sèche implacable : un coup de feu à travers un bureau, une fusillade dans la brume au large, un « civil » tué par une balle perdue…

Comme dans ses plus grands films, Hawks ne s’intéressent qu’à ses moments de magie qui s’enchaînent sans baisse de tension. Sans pour autant négliger une intrigue parfaitement ciselée, et nettement moins opaque que celle du Grand Sommeil, qui réunira une nouvelle fois Bogart et Bacall deux ans plus tard, toujours sur un scénario de Faulkner et Furthman.

L’Aigle des frontières (Frontier Marshall) – de Allan Dwan – 1939

Posté : 27 mai, 2015 @ 5:55 dans 1930-1939, BOND Ward, CARRADINE John, DWAN Allan, WESTERNS, Wyatt Earp / Doc Holiday | Pas de commentaires »

L'Aigle des frontières

En l’espace d’à peine douze ans, le livre de Stuart N. Lake évoquant la rencontre de Wyatt Earp et Doc Holiday, et le fameux duel à O.K. Corral a été adapté trois fois : en 1934 par Lewis Seiler, en 1939 par Allan Dwan, et bien sûr en 1946 par John Ford avec le mythique My Darling Clementine. Si le film de Ford est incontestablement au-dessus du lot, celui de Dwan est plutôt pas mal non plus.

A l’exception notable de quelques scènes de dialogues particulièrement raides et manquant singulièrement de conviction, ce Frontier Marshall deuxième du nom est même une petite merveille de concision au rythme parfait. L’éternelle question de la véracité des faits qui nous sont présentés a peu d’importance : les innombrables films évoquant le parcours de Wyatt Earp adoptent à peu près tous des vérités différentes. Mais le mythe Earp est bien là, tout comme son amitié dangereuse avec Holiday, interprété ici avec sobriété par César Romero.

Difficile quand même de ne pas penser au film de Ford : ce dernier s’est visiblement inspiré de pans entiers du film de Dwan, en particulier dans la première moitié. Cela donne d’ailleurs quelques scènes passionnantes au regard du film de 1946, les deux s’enrichissant mutuellement : voir par exemple le rôle plus important donné ici à Indian Charlie, l’ivrogne que Earp met hors d’état de nuire au début du film et qui l’amène à devenir shérif, qui n’apparaîtra que brièvement chez Ford, mais qui a ici un rôle nettement plus conséquent. Il s’agit d’ailleurs du même acteur dans les deux films, Charles Stevens.

Un autre acteur apparaît dans les deux films (ainsi que dans celui de Lewis Seiler), mais dans des rôles différents : le fordien Ward Bond, qui se contente ici d’une apparition. Autre figure fordienne : John Carradine, évidemment en bad guy.

Quant à Randolph Scott, dans le rôle de Earp, il est aux antipodes des fêlures de Henry Fonda. Raide et sûr de lui, souriant et visiblement sans démon, pas vraiment du genre à se coucher face aux coups de feu. Il reste droit sans chercher à esquiver les balles dans des scènes de fusillade, souvent nocturnes, sèches et brutales. Étonnantes et remarquables.

* DVD dans la collection Westerns de Légende chez Sidonis-Calysta, avec les présentations habituelles par Patrick Brion et Yves Boisset.

Big Easy / Le Flic de mon coeur (The Big Easy) – de Jim McBride – 1986

Posté : 27 mai, 2015 @ 5:48 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, McBRIDE Jim | Pas de commentaires »

Big Easy

Voilà simplement l’un des meilleurs films policiers de la décennie. Une histoire a priori assez classique de corruption policière, complexe et passionnante mais pas révolutionnaire pour autant, que le réalisateur Jim McBride dépasse largement. Moins que l’aspect polar, ce sont les personnages qui l’intéressent. Et La Nouvelle Orléans, où il a choisi de tourner un film qui devait à l’origine se dérouler à Chicago.

Si le film est aussi réussi, c’est notamment par la manière dont le cinéaste s’empare de son décor. Loin des clichés habituels de La Nouvelle Orléans (la moiteur, les marais, les mystères nocturnes), McBride filme une ville lumineuse et grouillante de vie, où la musique est omniprésente, et où la légèreté n’est qu’apparence. Plus qu’un décor : une véritable atmosphère, qui baigne tout le film dès le générique de début, jusqu’à l’inattendue dernière scène.

Il y a là une vraie enquête policière, une réflexion forte sur la corruption ordinaire. Mais c’est avant tout le portrait d’un homme confronté à ses propres actes, tiraillés entre sa « famille » et son sens du devoir. Un sujet vieux comme le cinéma, mais que le film réinvente d’une manière brillante.

Et la prestation de Dennis Quaid n’y est pas pour rien. De l’arrogance à la déchéance, du doute à l’obstination, il est extraordinaire. Le rôle de sa vie, sans doute : il donne à son personnage une présence physique et charnelle impressionnante, et pas seulement dans les très belles séquences sensuelles, voire sexuelles, avec Ellen Barkin, également formidable. Totalement décalée en flic des affaires internes, elle donne à son personnage une sensualité rare en cette période pré-Basic Instinct.

Entre ces deux-là, il y a un jeu de séduction, ou plutôt de désir, qui est le moteur du film. Il y a aussi un jeu constant d’amour-haine souvent proche de la grande comédie américaine des années 40. Un beau film noir avec la vivacité et la brillance d’une screwball comedie ? Jim McBride réussit un véritable coup de maître ici…

* DVD chez Sidonis, avec une présentation par Patrick Brion, ainsi que par François Guérif qui évoque avec passion une interview qu’il a réalisée de Jim McBride.

L’Indésirable Mr. Donovan (Cover Up) – d’Alfred E. Green – 1949

Posté : 26 mai, 2015 @ 4:56 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, GREEN Alfred E. | Pas de commentaires »

L'Indésirable Mr Donovan

A priori, on est dans du polar pur jus : un enquêteur des assurances qui découvre qu’un client suicidé a en fait été victime d’un meurtre, une petite ville aussi séduisante que la Bedford Falls de La Vie est belle où chacun devient vite un suspect potentiel, un shérif trouble… Mais dès la première séquence, au cours de laquelle un chauffeur de bus évoque avec un large sourire la mort de la victime, rien n’est exactement comme on l’attend…

C’est tout le charme de ce polar en trompe-l’œil tombé dans l’oubli : ne jouer avec les codes du genre que pour mieux les détourner, et en prendre le contre-pied. Jusqu’au personnage principal de l’enquêteur : le choix de Dennis O’Keefe, dont on connaît surtout les rôles sombres et intenses chez Mann (La Brigade du suicide, Marché de brutes), faisait attendre un flic violent et taciturne. C’est tout le contraire : affable et souriant, il va jusqu’à s’essuyer les pieds avant d’entrer dans une maison…

Même surprise du côté de William Bendix, habitué aux rôles de gentils idiots ou de violents idiots, qui interprète ici un shérif attachant et inquiétant, le réalisateur jouant constamment avec l’image que le spectateur peut en avoir. Pour mieux, une nouvelle fois, nous plonger dans le doute et la surprise.

Et que penser d’un « whodunit » dont on ne voit jamais la victime, et dont le coupable… Ben non, pas question de dévoiler le dénouement forcément inattendu confirme toute la singularité de ce film.

Alfred E. Green n’a pas écrit le film, dont le scénario est co-signé par un certain Jonathan Rix, pseudo de Dennis O’Keefe. Mais le réalisateur mérite sans doute d’être redécouvert : l’année précédente, il dynamitait les codes du western dans 3000 dollars mort ou vif, autre réjouissance totalement à part. De là à y voir le signe d’un auteur que la postérité aurait sous-estimé…

* Cette curiosité est exhumée par Sidonis/Calysta dans sa collection « perles noires », avec une belle qualité d’image, et d’intéressantes présentations du film (et d’Alfred E. Green) par François Guérif et Patrick Brion.

Peaky Blinders (id.) – saison 1 – créée par Steven Knight – 2013

Posté : 26 mai, 2015 @ 4:51 dans * Films de gangsters, * Polars européens, 2010-2019, BATHURST Otto, HARPER Tom, KNIGHT Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Peaky Blinders saison 1

D’abord, il y a la beauté envoûtante des premières images, plongée dans les bas-fonds du Birmingham de 1919 qui se résume à quelques décors à la présence quasi-fantastique. Et puis il y a les premières notes du mythique « Red Right Hand » de Nick Cave, qui tiendra lieu de générique et qui plante l’atmosphère unique de cette série absolument géniale.

Peaky Blinders a été rapidement présenté comme une version british et télévisée du Gangs of New York de Scorsese. Mais la comparaison est un peu rapide, basée sur l’ampleur de la reconstitution historique, et sur le poids de la violence sur la construction d’une société. Mais Peaky Blinders est avant tout une sorte de tragédie familiale, finalement plus près du Parrain de Coppola, avec un héros revenu transformé de la guerre : cette bataille de la Somme dont on ne verra rien d’autre que de fugitives réminiscences, mais qui hante l’ensemble de cette première saison.

Il y a dans Peaky Blinders une immense ambition esthétique : pour le créateur Steven Knight et ses réalisateurs, chaque plan est construit comme un tableau aux couleurs chaudes. D’où quelques (rares) excès, en particulier dans les premiers épisodes : une propension aux ralentis pas toujours nécessaires. Mais la beauté des images reste constamment au service de l’atmosphère, soulignant le sentiment d’assister à une tragédie en marche, inéluctable.

Peaky Blinders est un show plein de fureurs et de violence. C’est aussi une série qui sait prendre son temps, et ose les longues pauses, pour mieux faire exister des personnages fascinants qui, tous, portent leur part d’ombre comme une croix. C’est évidemment le cas de Tommy Shelby, le « chef de gang » dangereux et touchant à la fois, incarné avec une puissance rare par Cillian Murphy. C’est aussi le cas de son double négatif, le superflic Campbell aux méthodes pas si éloignées de ceux qu’il traque (Sam Neill, magnifique revenant). Mais aussi de la belle Grace Burgess, superbe trait d’union entre les deux antagonistes.

Six épisodes seulement pour cette première saison, mais d’une intensité renversante, sans la moindre baisse de régime. Jamais complaisante dans sa manière d’aborder la violence, ne cédant jamais à une quelconque facilité scénaristique, Peaky Blinders est une merveille absolue, un chef d’oeuvre dont on attend avec une impatience rare la deuxième saison…

* Double blue ray indispensable édité chez Arte, qui rend parfaitement hommage à la beauté visuelle de la série (avec en bonus un beau making of de 15 minutes).

* Voir aussi la saison 2 et la saison 3.

La Flèche et le flambeau (The Flame and the Arrow) – de Jacques Tourneur – 1950

Posté : 26 mai, 2015 @ 4:43 dans 1950-1959, LANCASTER Burt, TOURNEUR Jacques | Pas de commentaires »

La Flèche et le flambeau

Les qualités athlétiques de Burt Lancaster et son passé de trapéziste n’ont jamais été si bien utilisés que dans ce superbe film d’aventures en Technicolor. Décidément à l’aise dans tous les genres, Jacques Tourneur signe un film dans la droite lignée des Aventures de Robin des Bois (dont le film utilise d’ailleurs une partie des décors), mais dont l’arrière-plan historique (la Lombardie du Moyen-Âge) semble n’être qu’un prétexte pour multiplier les scènes de bravoure dans lesquelles il s’ingénue à placer les arts du cirque au centre de l’action…

Un parti pris radical et joyeusement décalé que l’on sent guidé par le passé d’athlète circassien de Burt Lancaster, dans son premier grand rôle physique. Souriant et bondissant, il est tout à la fois l’âme, le cœur et le corps de ce grand spectacle romanesque et ouvertement excessif, dans lequel il saute, court, voltige, et utilise toutes les ficelles des arts du cirque les plus spectaculaires.

Au passage, Tourneur réussit quelques très belles scènes dramatiques, à commencer par un duel à l’épée entre Burt Lancaster et le traître. Banal, dans le cinéma d’aventure ? A cela près que Tourneur, après avoir fait monter la pression, plonge l’action dans l’obscurité la plus complète, rendant la violence de l’échange totalement invisible, et d’autant plus foudroyante.

Tourné en Technicolor, avec de magnifiques clairs-obscurs, La Flèche et le flambeau est un film d’aventure archétypal sur le papier. Mais ses partis-pris, et les nombreuses idées de mise en scène, en font une oeuvre visuelle totalement à part. Un pur spectacle cinématographique, pour un pur plaisir de spectateur.

* Le film existe en DVD chez Warner dans sa collection « Légendes du cinéma », avec en bonus deux courts métrages Warner Bros de 1950 : So you’re going to have an operation (avec George O’Hanlon dans le rôle de Joe McDoakes, héros d’une série de courts métrages), et le dessin animé Strife with Father.

Porco Rosso (Kurenai no buta) – de Hayao Miyazaki – 1992

Posté : 26 mai, 2015 @ 4:38 dans 1990-1999, DESSINS ANIMÉS, FANTASTIQUE/SF, MIYAZAKI Hayao | Pas de commentaires »

Porco Rosso

Avec ses pirates plus bêtes que vraiment dangereux, avec son méchant plus grotesque qu’antipathique, Porco Rosso fait ouvertement partie de la veine « légère » de Miyazaki : celle du Château de Cagliostro plutôt que celle du Voyage de Chihiro. Sauf que, bien sûr, ce n’est pas si simple : le patron de Ghibli, au début des années 90, n’est pas encore unanimement salué dans le monde (ce long métrage fera beaucoup pour sa notoriété mondiale), mais a déjà du génie.

Porco Rosso est un vrai récit d’aventure : l’histoire d’un pilote d’avion transformé en mercenaire dans l’Italie fasciste (les années 20, sans doute, en tout cas l’entre-deux-guerre), et en cochon par on ne sait quel sort mystérieux. Un combattant solitaire et héroïque, mais qui cache mal un amour tu depuis toujours pour la belle Gina…

Le film ne manque pas de scènes spectaculaires, en particulier des batailles aériennes impressionnantes. Miyazaki adopte aussi par moments un ton humoristique très appuyé, quasi parodique (la scène du duel surtout, assez fendarde). Mais le plus beau, ce sont les longs moments de creux, où le cinéaste installe une superbe atmosphère nostalgique, porté par de sublimes plans romantiques et par la musique de Joe Hisaichi.

Notons aussi la qualité de la version française, en particulier le doublage du personnage français, assuré par Jean Réno. L’acteur n’a jamais été aussi bien qu’en donnant sa voix à Porco Rosso. Une voix monocorde et profonde, volontaire et pleine d’humanité, qui semble porter en elle tout le passé obscur, sombre et lumineux à la fois du personnage.

Secret d’état (Kill the Messenger) – de Michael Cuesta – 2014

Posté : 26 mai, 2015 @ 4:34 dans 2010-2019, CUESTA Michael | Pas de commentaires »

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Dans les années 80, un journaliste d’un obscur quotidien de San Jose découvre des liens entre la CIA et le trafic de drogue pour financer une révolution au Nicaragua, et se retrouve seul contre tous. L’histoire est vraie, et on voit bien ce qui a attiré Michael Cuesta là-dedans : la possibilité de ressusciter le film-dossier à la mode des années 70, genre Les Hommes du Président voire Les Trois Jours du Condor.

Tout est là : le journaliste intègre et habité par sa mission, la théorie du complot, l’obsession et la solitude, la menace qui pèse sur l’entourage du héros… Dans le rôle, Jeremy Renner est très convainquant, et apporte une intensité bienvenue à son personnage, tiraillé entre un boulot vécu comme un sacerdoce, et une famille hantée par un passé douloureux : les deux pans majeurs de sa vie, qui menacent d’imploser au fur et à mesure que son enquête et ses révélations avancent…

Tout ça est assez passionnant, filmé dans un style classique très seventies, avec des dialogues secs et percutants. Mais Cuesta échoue dans l’aspect le plus important du film : illustrer l’obsession de l’enquêteur et la complexité de ce qu’il déniche… Tout s’enchaîne trop vite, avec trop d’évidence et trop de facilité pour qu’on y croie vraiment.

Le moindre indice conduit à une découverte majeure, comme un jeu de piste ludique, dont chaque étape est marquée par un second rôle de prestige. Robert Patrick, Barry Pepper, Andy Garcia, Ray Liotta… Que du bon, certes, mais sous-employé et condamnés à de fugitives apparitions pour faire avancer l’intrigue. Réjouissant et frustrant, donc…

* DVD chez Metropolitan, avec un commentaire audio du réalisateur, une poignée de scènes coupées et quelques featurettes promotionnelles.

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