Les Papillons noirs – mini-série de Olivier Abbou et Bruno Merle – 2022
Voilà une mini-série française qui tient toutes ses promesses, et dont l’ambition et la complexité, révélées d’emblée par un générique mystérieux et fascinant, sont parfaitement tenus. Il y a deux niveaux de narration, dans Les Papillons noirs. D’abord, la relation entre un jeune écrivain en panne d’inspiration et le vieil homme qui l’embauche pour qu’il écrive ses souvenirs. Ensuite, ces souvenirs eux-mêmes : l’histoire d’un couple qui a semé la mort à travers la France, pendant des années…
La série joue admirablement sur le rapport entre le passé et le présent, entre la fiction et la réalité. Avec toujours cette frontière si ténue : ce jeu un peu sadique autour de la perception. Le fait que le fil conducteur est l’écriture d’un livre que tout le monde pense être une fiction n’est pas anodin. Le vieil homme (Niels Arestrup, troublant) est le voisin que tout le monde rêverait d’avoir. Le jeune écrivain (Nicolas Duvauchelle, d’une intensité folle) est pour tous ce génie de la littérature dont l’inspiration est un trésor…
Nicolas Duvauchelle est un choix parfait, parce qu’il incarne à la fois la force brute et une vraie fragilité, toujours borderline. Il est le vrai cœur de l’histoire, y compris dans les longs flash-backs dont les horreurs baignées de soleil pèsent sur son propre destin. Les Papillons noirs, c’est avant tout sa descente à lui dans une réalité d’une noirceur insondable, et d’une intimité inattendue.
On n’en dira pas plus, pour ne pas déflorer les nombreuses surprises que réserve la série. Si la tension connaît quelques passages plus creux, le scénario machiavélique relance constamment la machine, pour réussir à surprendre épisode après épisode, emportant tout dans une spirale fascinante et lugubre. Bien plus qu’un simple thriller hyper efficace (ce qu’il est), Les Papillons noirs est un trip addictif et dérangeant dans des abîmes de noirceur.