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Archive pour la catégorie 'TSUI Hark'

Time and Tide (Zhì qu weihu shan) – de Tsui Hark – 2000

Posté : 7 février, 2020 @ 8:00 dans * Polars asiatiques, 2000-2009, TSUI Hark | Pas de commentaires »

Time and Tide

Deux amis se retrouvent dans deux camps adverses, qui vont être amenés à s’entre-tuer : thème fondamental du polar, et notamment du polar hong-kongais. Ça paraît simple sur le papier, ça l’est pendant deux minutes à l’écran, et puis on perd le fil, et puis on le rattrape, on se raccroche… Et bientôt, on s’en fout.

On s’en fout parce que Tsui Hark lui-même se moque de son scénario, histoire simple sur la frontière ténue entre le bien et le mal, qu’il s’amuse à opacifier à l’extrême, par un montage elliptique et syncopé, et une voix off qui doit autant au film noir qu’à la rêverie sous acide…

On se moque du scénario, parce qu’on sent bien que Time and Tide est pour Tsui Hark l’occasion de faire tout ce qu’il n’a pas pu faire durant sa courte parenthèse américaine (deux films, deux Van Damme : Double Team et Piège à Hong Kong) : un pur film de mise en scène, avec des scènes d’action tellement virtuoses qu’elles frôlent l’abstraction.

Toute la première partie n’a qu’une raison d’être : nous diriger vers la deuxième heure du film, où tout n’est plus qu’action pure, longue séquence de suspense et de fusillades où Tsui Hark expérimente autour de l’art de la mise en scène. Encore que le terme « expérimente » est sans doute impropre, tant le cinéaste maîtrise parfaitement son sujet.

Lui qui s’amusait à nous perdre sur un scénario pourtant très simple rend cette fois limpide une action d’une complexité sidérante. Il joue sur l’espace comme personne, dans une fusillade impliquant des tas de personnages dans deux immenses immeubles en vis-à-vis.

La manière dont Tsui Hark maîtrise l’espace et les déplacements est impressionnante. Sans temps mort, il passe de ces immeubles, avec un mouvement tridimensionnel et notamment vertical, à une gare où tout n’est plus que déplacements horizontaux. Une rupture de style qui, loin de casse la logique du film, redonne du souffle à l’action.

Le choix des décors n’est pas anodin : il est la raison d’être de ces scènes, et de ces films. Qu’importe les raisons pour lesquelles les personnages arrivent dans ces lieux : seuls comptent les effets que Tsui Hark peut en tirer. Le combat au-dessus du stade, gratuit et virtuose, est la meilleur démonstration.

Double Team (id.) – de Tsui Hark – 1997

Posté : 3 décembre, 2012 @ 10:47 dans 1990-1999, TSUI Hark | Pas de commentaires »

Double Team

La manière de juger ce film dépend du point de vue que l’on adopte : celui de l’admirateur effréné d’un Tsui Hark qui sortait d’une période créatrice enchantée (il venait d’enchaîner The Lovers et The Blade à Hong Kong, deux de ses chef d’œuvre), ou celui du fan de Jean-Claude Van Damme. Alors au sommet de sa gloire et de son succès international, le Belge philosophe avait alors droit à de grosses productions, et devenait le sésame hollywoodien des grands cinéastes hong-kongais.

C’est avec Chasse à l’homme que John Woo a fait ses débuts en Amérique, ce sera avec Risque Maximum que Ringo Lam fera les siens, et c’est avec ce Double Team que l’immense Tsui tente l’aventure US. Du point de vue de Van Damme, c’est une chance inespérée : les films qu’il tourne sous la direction de ces cinéastes sont, et de loin, les meilleurs de sa carrière (il y a même une authentique perle : Replicant, de Ringo Lam).

Du point de vue du réalisateur, évidemment, le résultat est bien moins glorieux. Car si Double Team (comme Chasse à l’homme) marque une date dans la filmo de JCVD, il représente plutôt un abysse dans celle de Tsui Hark (comme dans celle de Woo). La patte du cinéaste est parfois perceptible, mais uniquement d’un aspect purement visuel, grâce à quelques beaux plans bien construits et des corps à corps spectaculaires qui sauvent le film du naufrage.

Mais Double Team, pourtant bourré d’idées intéressantes, est taillé avant tout pour le marché vidéo, dont Van Damme était alors le rois absolu. Un marché qui n’aime pas les films trop longs. Alors pour rester en deçà de l’heure et demi, il a fallu trancher. Le montage à la machette interdit absolument toute immersion, et gâche irrémédiablement toutes les ébauches d’idées originales.

L’île transformée en prison high tech d’ex-agents secrets évoque le village de la série Le Prisonnier ; des moines-enquêteurs au rôle mystérieux… Ces pistes auraient dû être au cœur même du film, mais perdent absolument toute consistance au montage. Le scénario, de toute façon, est totalement con, et les dialogues parfaitement ineptes sont plombés par des bons mots à double-sens, clins d’œil lourdingue au basket pour justifier la présence en sidekick de Jean-Claude de l’ex star de la NBA Dennis Rodman.

Finalement, le film se résume à une histoire de vengeance, entre JCVD et un Mickey Rourke assez impressionnant. On imagine ce que Tsui Hark en aurait fait avec la liberté qui était la sienne à Hong Kong. Comme on imagine que le futur réalisateur de Time and Tide aurait fait des décors en trois dimensions de la fête foraine, platement utilisée vers le début du film. Mais pour revoir Tsui Hark à son meilleur, il faudra attendre la fin de son interlude américain, qui se résume à deux Van Damme : le fendard Piège à Hong Kong suivra, surréaliste et hallucinant.

The Blade (Dao) – de Tsui Hark – 1995

Posté : 23 août, 2011 @ 8:36 dans 1990-1999, TSUI Hark | Pas de commentaires »

The Blade

Au milieu des années 90, Tsui Hark est le producteur-réalisateur le plus important de Hong-Kong. En tant que réalisateur, il a révolutionné le wu-xia-pian (le film de sabres) notamment avec Il était une fois en Chine ; en tant que producteur, il a dynamité le film de gangster avec Le Syndicat du crime. Bref, il est de tous les bons coups. Et en 1994-95, il enchaîne deux des plus grands films hong-kongais de la décennie, dans des genres radicalement différents : le sublime et romantique The Lovers, et ce sommet insurpassable du wu-xia-pan, The Blade, monument de fureur et de violence, qui fut longtemps considéré comme son chant du cygne. A partir de là, la carrière de Tsui Hark allait décliner, en particulier avec son expérience américaine où il a tourné deux films pour Jean-Claude Van Damme. Heureusement, les années 2000 marqueront son retour en grâce…

The Blade est une énième version d’un mythe très présent dans le cinéma chinois depuis les années 60 : celui du chevalier manchot. Un mythe popularisé par toute une série de films, qui trouve son origine dans la littérature japonaise, mais que Hong-Kong s’est approprié au fil des décennies, avec des films tantôt sombres, tantôt loufoques. Le film de Tsui Hark en est sans doute la version ultime.

L’histoire se déroule dans le Moyen-Âge chinois, dans une époque d’insécurité et de violence. Dans la plus grande fabrique de sabres du pays, deux amis amoureux de la fille de leur patron vivent en paix, jusqu’à ce qu’ils assistent au meurtre sauvage d’un moine errant, battu à mort par des bandits sanguinaires qui sèment la terreur dans le pays. Peu après, l’un des deux jeunes hommes apprend que son père, mort alors qu’il n’était qu’un bébé, avait lui aussi été assassiné par l’un de ces bandits, tueur jugé invincible. Il prend la route, décidé à se venger. Après un premier combat particulièrement sauvage avec les bandits, il perd un bras. Laissé pour mort, il se réfugie dans une petite ferme isolée. De nouveau victime d’une attaque des bandits, il met au point une technique de kung-fu adaptée à sa condition de manchot…

Le film est parsemé de combats d’une violence assez incroyable, crue et hargneuse. Mais les images sont aussi d’une beauté sidérante, à la fois dans les scènes de combat, et dans les moments en creux. La scène d’ouverture, avec cette lumière presque magique tombant sur les lames des sabres, est l’une des plus belles que l’on ait pu voir dans le cinéma de Tsui Hark. Sublime image de paix et de quiétude, elle tranche évidemment avec la fureur de ce qui va suivre, comme le visage enfantin et doux de Chiu Man Chuk (que Tsui Hark avait révélé en lui confiant la lourde tâche de succéder à Jet Li dans le rôle du mythique Wong Fei-hong pour La Danse du Dragon, le quatrième volet de la saga Il était une fois en chine) tranche avec la rage qui l’anime.

Au sommet de son art, Tsui Hark signe un film dur et cruel, mais aussi profondément émouvant. Un chef d’œuvre.

Seven Swords (Chat gim) – de Tsui Hark – 2004

Posté : 3 septembre, 2010 @ 2:45 dans 2000-2009, TSUI Hark | Pas de commentaires »

Seven Swords

Les premières images, dans une sorte de bichro assez laide, font craindre le pire : Tsui Hark s’est-il laissé débordé par ses ambitions (énormes) dans ce qui est à ce jour son film le plus énorme ? Heureusement, non : après cette première séquence très violente et un peu déroutante, le grand Tsui Hark, celui qui a signé quelques-uns des plus beaux films des années 90 (Ah ! Green Snake… Aaahhhhh ! The Lovers…) est toujours digne de sa légende : l’un des plus grands cinéastes de Hong Kong, si ce n’est « le » plus grand, n’a pas perdu son âme lors de sa double expérience Van Dammienne, et Time and Tide, extraordinaire film de gangsters au début des années 2000, n’était pas un dernier sursaut.

Qu’on se le dise : en renouant avec le Wu Xia Pian (le film de sabre), genre qu’il avait modernisé, et même révolutionné avec la saga Il était une fois en Chine, le cinéaste signe une œuvre presque aussi forte que The Blade, son chef d’œuvre insurpassable. Tsui Hark retrouve la même rage hallucinante dans les (nombreuses) scènes de bataille, et la même inspiration lorsqu’il s’agit de filmer les paysages, magnifiques, et les personnages dans les scènes apaisées. Les femmes, en particulier, ont toujours été magnifiées par la caméra de Tsui : Maggie Cheung dans L’Auberge du Dragon ou Valerie Chow dans The Blade, étaient simplement sublimes. C’est encore le cas ici, avec Charley Young (déjà vue dans The Lovers et Dans la Nuit des Temps, de Tsui Hark), ou la Coréenne So-yeun Kim, l’un des plus rôles du film.

Les femmes jouent d’ailleurs un rôle central dans ce film pourtant riche en testostérones. Parce que l’un des « sept sabres » du titre est utilisé par une femme (l’un des pires méchants est aussi une méchante), mais aussi parce que tous les ressorts dramatiques reposent sur les personnages féminins, à commencer par la décision de sauver l’étranger du lynchage. Bref, il y a bien un cœur romantique qui bat derrière cette façade de brute.

L’histoire se déroule vers 1660, dans une contrée reculée de Chine, alors que l’Empereur a interdit toute pratique du kung-fu, sous peine de mort. Une armée impitoyable est envoyée pour décimer des villages entiers (femmes et enfants compris), soupçonnés de pratiquer encore cet art ancestral. Un étranger leur vient en aide, mais est condamné par la population qui reconnaît en lui un ancien tortionnaire. Grâce à une jeune villageoise et au futur beau-fils du chef du village, il parvient à s’échapper et va demander l’aide d’un vieux sage au sommet d’une montagne, qui demande à quatre grands guerriers de sortir de leur retrait… Le groupe de sept revient pour sauver le village, menacé par des centaines d’hommes.

Le film est adapté d’une nouvelle chinoise, mais l’influence des Sept Samouraïs est évidente : les rebondissements sont différents, mais la toile de fond est la même. Avec Les Sept Mercenaires, John Sturges avait signé un remake purement américain, mais très imprégné de l’influence du film de Kurosawa. Avec Seven Swords, Tsui Hark boucle la boucle : le film a quelque chose de westernien, qui évoque le film de Sturges, mais n’en est pas moins une œuvre purement chinoise, où les traditions sont respectées. Sept Samouraïs, sept mercenaires, sept sabres… le mythe n’a cessé de s’enrichir en changeant de continent. Contrairement à Ang Lee, qui avait un peu perdu l’âme des wu xiao pang avec Tigre et Dragons (qui singeait les films chinois plus qu’il ne s’en inspirait), Tsui Hark a su enrichir son style (et le genre) en s’imprégnant de cultures étrangères, tout en restant fidèle à un cinéma dont il reste l’un des plus grands représentants.

 

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