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Romance à Manhattan (Romance in Manhattan) – de Stephen Roberts – 1935

Posté : 18 octobre, 2021 @ 8:00 dans 1930-1939, ROBERTS Stephen | Pas de commentaires »

Romance à Manhattan

Cette charmante bluette aborde mine de rien un thème très fort : celui de l’immigration et de la difficulté que rencontre un étranger pour s’intégrer dans la société américaine. Le film est traité comme une comédie, un rien naïve, où l’on sait parfaitement que tout finira par de grands sourires béats. Mais quand même, l’humour est constamment teinté d’une amertume bien présente.

La séquence d’ouverture est particulièrement forte. On y découvre le personnage principal, un jeune Tchécoslovaque mettant le pied avec enthousiasme sur le sol new-yorkais, un large sourire aux lèvres, la confiance de celui qui touche du doigt le rêve pour lequel il a bataillé des années. C’est Francis Lederer, acteur tchèque découvert dans le Loulou de Pabst, qui fait comme son personnage ses premiers pas en Amérique.

Mais le rêve, pour le personnage, est voilé par une réalité certes édulcorée par la bonté ambiante, mais tout de même assez rude. En résumé, l’homme doit être expulsé, avant même d’avoir la chance de trouver sa place sur le sol américain. Alors il se sauve, se cache, et rencontre une jeune comédienne sans le sou. Et comme c’est un film optimiste, la jeune femme est un grand cœur, et elle a les traits de Ginger Rogers. Ce qui a tendance à conforter l’immigré dans son envie de ne voir que les bons aspects de chaque chose.

Le réalisateur Stephen Roberts n’a pas le talent d’un Gregory La Cava ou d’un Preston Sturges. Il n’a ni leur fantaisie, ni leur sens du rythme. Mais il se montre plutôt habile lorsque, comme dans cette belle séquence d’ouverture, il met en scène la cruauté, voire l’inhumanité de la machine étatique, en la filmant comme une scène de pure comédie.

Naïf et ancré dans le réel. Le film confronte les personnages à un véritable rouleau compresseur sans visage. Mais il reste surtout l’humanité : l’histoire d’amour de deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer, et la bienveillance de tous ceux qui les entourent, jusqu’aux policiers du quartier, dont le principal est incarné par la sympathique vieille baderne J. Farrell MacDonald, qui se transformeront en anges gardiens dans un final digne des grandes fables humanistes de Frank Capra.

Si j’avais un million (If I had a million) – de James Cruze, H. Bruce Humberstone, Ernst Lubitsch, Norman Z. McLeod, Stephen Roberts, William A. Seiter, Norman Taurog – 1932

Posté : 7 avril, 2017 @ 8:00 dans 1930-1939, COOPER Gary, CRUZE James, HUMBERSTONE Bruce, LUBITSCH Ernst, McLEOD Norman Z., ROBERTS Stephen, SEITER William A., TAUROG Norman | Pas de commentaires »

si j'avais un million

Un milliardaire soi-disant en fin de vie et agacé par son entourage décide de dilapider sa fortune en distribuant un million de dollars à plusieurs inconnus choisis strictement au hasard… Et c’est le point d’un départ (réalisé par Norman Taurog) d’un film à sketchs totalement indépendant les uns des autres (le milliardaire lui-même s’éclipsant de plus en plus au film du métrage), et très inégaux, forcément.

Le meilleur ? Le segment signé Lubitsch, de loin le plus court du film, sorte de concentré en une poignée de minutes du style, du rythme et de l’obsession des portes du cinéaste. Un employé de bureau (joué par un Charles Laughton tout en rondeur) reçoit l’un des chèques, se lève, quitte son open space et franchit portes après portes pour monter toujours plus haut dans l’immeuble où il travaille, jusqu’à arrivée au sommet, devant l’ultime porte : celle du grand patron, qu’il ouvre, avant de faire une langue et de refermer la porte !

Le reste est plus inégal et plus anodin, avec quand même des ruptures de ton assez audacieuses. Le film passe ainsi d’un segment burlesque avec W.C. Field et des tas de voitures détruites (réalisé par Norman Z. McLeod) à un autre franchement tragique (signé James Cruze) mettant en scène un condamné à mort qui se croit à tort sauvé parce qu’il est devenu riche.

Tout aussi cynique : le destin de ce petit gangster recherché par la police et qui risque la prison à vie (George Raft, dans un segment réalisé par Bruce Humberstone), incapable d’encaisser ce chèque qui le tirerait d’affaire, et qui finit par le donner au gérant d’un dortoir miteux juste pour pouvoir dormir…

Le thème est presque similaire, en nettement plus léger, avec le segment réalisé par William Seiter mettant en scène Gary Cooper en jeune soldat qui ne pense qu’à s’amuser, et qui passera lui aussi à côté de la fortune…

Rien d’inoubliable là-dedans, et on retiendra plutôt le tendre segment (réalisé par Stephen Roberts) racontant la prise de pouvoir d’une maison de retraite trop stricte par ses pensionnaires. Roberts signe aussi un autre segment évoquant les rêves d’une prostituée.

Du très bon, du plus dispensable… Si j’avais un million vaut finalement surtout pour son improbable distribution. Fields, Cooper et Laughton sur une même affiche, ça ne se refuse pas.

 

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