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Archive pour la catégorie 'DUPIEUX Quentin'

Daaaaaali ! – de Quentin Dupieux – 2023

Posté : 5 mars, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, DUPIEUX Quentin | Pas de commentaires »

Daaaaaali

Dupieux donne parfois l’impression de se foutre un peu de la gueule du monde, comme s’il se contentait d’une idée forte pour bâtir ses films, en se contentant de cercles concentriques répétitifs autour de cette idée. Ce sentiment effleure, comme souvent, à la vision de Daaaaaali !. Et comme souvent, quelque chose de nettement plus ambitieux, et de plus fin, finit par effleurer, puis par s’imposer.

L’idée forte (et plus très neuve) : faire jouer Dali par six acteurs différents, parti-pris qui permet de régler des problèmes d’emploi du temps sur le tournage, et d’illustrer la multiplicité des facettes d’un personnage, voire sa schizophrénie. Avec un personnage comme Dali, on est servi. Même si, bien sûr aurais-je envie d’ajouter, ce n’est pas un biopic que signe Dupieux.

En tout cas pas d’un biopic traditionnel. Mais il est bel et bien question de Salvador Dali, du personnage qu’il s’est créé, et de son œuvre dont on ne voit pas grand-chose si ce n’est un piano d’où coule un large filet d’eau, et des modèles prenant une pose improbable dans le désert. Pourtant, Dupieux nous plonge constamment dans l’œuvre surréaliste de l’artiste.

Comme dans les tableaux de Dali, le film de Dupieux se joue du temps et de sa perception, des recommencements perpétuels, des boucles temporelles ou des paradoxes. Dali arpente un couloir d’hôtel dans un mouvement qui semble ne jamais finir, gag un peu facile réalisé par la seule grâce du montage. Une scène tournée à l’envers trouble la perception du spectateur. Dali voit apparaître son double nettement plus âgé…

Et toujours, les scènes qui se répètent avec de légères variations, un cauchemar dont on croit être sorti mais qui ne cesse de se terminer, encore et encore, des boucles démentes que n’aurait pas renié le David Lynch de Lost Highway. C’est assez fou et excessif, et pour tout dire un peu répétitif. Et comme pour le drôle de rêve que raconte le prêtre, on a finalement l’impression que ça ne s’arrêtera jamais…

D’où ce sentiment d’avoir vu un film généreux et audacieux, mais un peu bancal, qui doit finalement beaucoup à ses acteurs : Edouard Baer, Pio Marmaï, Gilles Lellouch et surtout Jonatan Coen en Dali, mais aussi Romain Duris, génial le temps de trois ou quatre scènes en producteur excessif dans la bienveillance comme dans la grossièreté, et Anaïs Demoustier.

C’est elle, finalement, le pivot du film, ex-pharmacienne devenue journaliste et bien décidée à consacrer un documentaire à Dali, cet artiste qui ne cesse de la rabrouer et face auquel, in fine, elle s’efface, pour ne laisser la place qu’à la plus belle (ou la pire?) des créations de Dali : Dali lui-même. Quel qu’il soit.

Au poste ! – de Quentin Dupieux – 2018

Posté : 12 septembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, DUPIEUX Quentin | Pas de commentaires »

Au poste

Séduit et intrigué, plus que réellement convaincu par Incroyable mais vrai… Une deuxième plongée dans l’univers de Dupieux s’imposait rapidement. Verdict : séduit et intrigué, plus que réellement convaincu.

Cette fois encore, le marketing autour du film est imparable, avec son affiche qui évoque très ouvertement les polars de Belmondo des années 70, du genre Peur sur la ville. Pourtant, le dispositif choisi par Dupieux évoque moins le Bebel flamboyant qu’un autre classique un rien plus tardif : Garde à vue, avec son face-à-face entre un flic et un suspect dans un commissariat quasi-désert.

Mais on est bien chez Dupieux, et clairement pas chez Claude Miller. Dans Au poste !, le face-à-face relève également du plaisir de l’acteur, mais bien d’avantage du côté de l’absurde et du non-sens. Voire même du surréalisme, jusqu’à un rebondissement final en forme de mise en abîme pour le moins audacieuse… qui laisse pour le moins dubitatif.

Dans ce huis-clos étonnant, le suspect joué par Grégoire Ludvig (l’un des membres du Palmashow) est interrogé par le commissaire Benoît Poelvoorde. Et dans le rôle de Guy Marchand… pardon, du flic chargé de surveiller le suspect, Marc Fraize, extraordinairement lunaire et décalé. Devant la caméra de Dupieux, tous les flics ont une curieuse particularité physique. Benoît Poelvoorde a un trou dans la poitrine qui laisse échapper la fumée de sa cigarette. Marc Fraize a un œil comme gommé de son visage. Même Philippe Duquesne a une jambe engoncée dans un appareillage volumineux.

C’est très drôle, et c’est surtout du décalage que vient l’humour. L’absurdité de l’interrogatoire, la rencontre hallucinante entre Poelvoorde et son fils joué par Orelsan, jeune homme dépressif qui lance à son père : « La semaine dernière j’ai voulu me suicider, mais j’ai regardé la télé à la place. » Formidable utilisation des flash-backs aussi : des souvenirs dans lesquels les personnages du présent s’incrustent et interagissent. Séduisant, et intriguant. Une troisième plongée dans l’univers Dupieux s’impose…

Incroyable mais vrai – de Quentin Dupieux – 2022

Posté : 24 août, 2022 @ 8:00 dans 2020-2029, DUPIEUX Quentin, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Incroyable mais vrai

Il était grand temps que je plonge dans l’univers de Quentin Dupieux, à côté duquel j’étais jusqu’à présent totalement passé. Incroyable mais vrai, c’est en premier lieu un grand succès marketing. Parce que la bande annonce (omniprésente au moment de la sortie) intrigue et enthousiasme à la fois. On pressent qu’il y a là une authentique gourmandise de cinéma : à la fois dans la volonté de surprendre et dans le plaisir du jeu d’acteurs.

Ce qui frappe en premier dans le film de Dupieux, c’est décalage discret mais constant entre la modernité et un côté ouvertement rétro. Incroyable mais vrai a ainsi une esthétique très années 80 au premier coup d’œil. Mais il est question de nouvelles technologies très avancées, flirtant même avec la science-fiction. L’histoire se passe de nos jours, mais les détails semblent sortir d’un passé relativement proche, celui de la jeunesse des personnages peut-être. Chabat joue à un jeu vidéo première génération sur un écran d’ordinateur bien d’aujourd’hui… Petit décalage qui crée mine de rien une atmosphère un peu irréelle.

La narration se joue ouvertement de la temporalité. C’est même le sujet principal du film, à de multiples échelles. Difficile d’ailleurs d’en dire trop sans déflorer les surprises du film. Disons simplement que l’histoire, absurde et énorme, repose sur deux couples, deux secrets improbables, et deux manières d’évoquer la vanité et le mythe de la jeunesse éternelle.

Par l’absurde, par le fantastique, et grâce à des acteurs formidables (Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel, Anaïs Demoustier), Dupieux évoque une humanité qui fait face comme elle le peut au poids du temps qui passe, au regard des autres. Il souligne aussi l’absurdité de la modernité à tout prix, que Dupieux oppose in fine à un retour à la nature tendre et émouvant, mais pas non plus débordant d’enthousiasme. C’est tantôt drôle, tantôt touchant, tantôt lourdingue. Toujours étonnant en tout cas, et franchement séduisant.

 

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