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Archive pour la catégorie 'WYLER William'

Ben-Hur (id.) – de William Wyler – 1959

Posté : 18 mai, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, WYLER William | Pas de commentaires »

Ben-Hur

Soirée grand classique, avec cette giga-production qui reste le recordman du nombre d’Oscars (avec Titanic et Le Seigneur des Anneaux)… et dont les séquences d’action restent autrement plus impressionnantes que celles du Retour du Roi, étouffées par les effets numériques. En 1959, bien sûr, chaque figurant à l’écran est véritablement un figurant sur le plateau. Et pour certaines scènes, ça devait faire un sacré plateau.

Surtout, il y a cette fameuse course de chars, si souvent copiée (jusque dans Star Wars I), long moment de bravoure qui est l’un des points de convergences du film (l’autre étant le chemin de croix de Jésus). Comment qualifier cette scène des chars?… En un mot, disons : incroyable. Pour elle seule, la vision de ce film-fleuve de plus de 3h30 se justifierait, tant elle est impressionnante.

On ne peut qu’imaginer la vision et le travail de préparation qu’il a fallut pour réussir une séquence aussi longue, aussi spectaculaire, et aussi dense émotionnellement. Et elle reste, 65 ans après, un chef d’œuvre d’intensité, avec une caméra virtuose mais jamais gratuitement, qui filme à la fois la puissance des chars et des chevaux qui les tirent, et les visages des acteurs au cœur de l’action.

Cette séquence est la partie immergée d’un immense iceberg (encore que dans la chaleur étouffante de la Judée, l’image n’est peut-être pas la plus judicieuse). Parce que Ben-Hur est un film particulièrement touffu, et ambitieux, qui raconte dans le même mouvement l’affrontement de deux amis d’enfance devenus ennemis farouches, et l’opposition du peuple juif et de l’oppresseur romain, à l’époque de Jésus.

Le roman de Lewis Wallace dont le film est l’adaptation s’appelle d’ailleurs Ben-Hur : a tale of the Christ. Ce qui peut faire craindre aux indécrottables athées comme moi une grosse production prosélyte comme Hollywood a su en faire. On n’en est pas loin à de brefs moments (la scène d’ouverture avec l’étoile du berger qui s’allume comme un phare, ou le miracle final). Mais pour l’essentiel, le film évite habilement toute religiosité pour dépeindre un pays oppressé, qui trouve l’espoir dans la parole d’un prêcheur très convaincant.

Mieux que ça : le propos de Ben-Hur reste terriblement d’actualité, à plus d’un titre, dressant le constat d’une humanité qui est quand même rudement douée pour gâcher les belles choses. Comme les amitiés fraternelles, en l’occurrence, le cœur du film : cet affrontement si terrible et absurde entre Ben-Hur et Messala, Charlton Heston (dans son rôle le plus iconique) et Stephen Boyd (dans son rôle le plus célèbre), deux amis d’enfance si proches séparés par la marche du monde.

Ben-Hur reste un film parfaitement efficace, et souvent très beau. Il y a bien quelques moments pesants, dus pour l’essentiel à une volonté d’étaler à l’écran les gigantesques moyens à disposition, et qui auraient gagnés à être plus resserrés, plus modestes. Mais Wyler sait tirer de beaux moments intimes des innombrables morceaux de bravoure, ne s’éloignant jamais de ce qui est au cœur du film : l’humanité.

Un amour désespéré (Carrie) – de William Wyler – 1952

Posté : 11 décembre, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, WYLER William | Pas de commentaires »

Un amour désespéré

Rien à voir avec la Carrie de Stephen King et Brian De Palma… Celle-ci est une jeune fille de la campagne qui quitte le cocon familial pour aller tenter sa chance dans la grande ville, Chicago en l’occurrence, où elle rejoint sa grande sœur qui a eu la chance d’épouser un ouvrier. Pour elle, l’aventure s’avère plus difficile. Un petit boulot qu’elle perd, et la voici paumée, sans le sou, forcée d’accepter l’épaule bienveillante d’un bon gars un peu lourdaud qu’elle avait croisé dans le train.

Mais il y a le directeur du beau restaurant où le bon gars l’emmène, un homme élégant vivant dans le luxe avec femme et grands enfants, plus vieux qu’elle et bien installé… Et ces deux-là tombent désespérément amoureux. Fin de la première partie. La seconde sera une longue descente aux enfers, dans le genre gros mélo hollywoodien bien plombant, remarquablement lénifiant, dont on sort abattu et sans même l’envie de pleurer.

Malgré tout le savoir-faire de William Wyler, malgré la qualité de la production, la beauté des images et des décors, l’interprétation impeccable de Jennifer Jones et Laurence Olivier, cette seconde moitié désespérante a quelque chose d’assez convenu, et même un peu agaçante. Parce qu’elle transforme en simple mélodrame à gros effets une histoire qui s’annonçait bien plus profonde et audacieuse.

Tout ça pour revenir à la première moitié du film, passionnante et pour le coup beaucoup plus troublante. On y assiste donc à la naissance d’une histoire d’amour dont on se demande constamment s’il ne s’agirait pas plutôt d’une histoire de désespoir… Elle, vivant à la bonne et dans le déshonneur (on est au début du XXe siècle) avec un homme certes gentil, mais avec qui elle n’est pas mariée, et aspirant à tout autre chose. Lui, homme mal marié qui étouffe avec une épouse qu’il n’aime pas, et des enfants suffisamment grands pour ne plus avoir besoin de lui…

Ce sont deux êtres qui n’en peuvent plus de leurs carcans que filme Wyler, avec l’intensité du désespoir. Deux êtres qui semblent se raccrocher l’un à l’autre comme on se raccroche à une ultime branche avant de sombrer. Et mine de rien, c’est une critique assez radicale des conventions et de la bien-pensance que signe Wyler, à travers ce couple naissant au destin de tragédie.

La Maison des Otages (Desperate Hours) – de William Wyler – 1955

Posté : 23 décembre, 2016 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, BOGART Humphrey, WYLER William | Pas de commentaires »

La Maison des Otages

Un Wyler mineur, un Bogart mineur… Bref, on n’est pas dans les sommets du film noir, avec cette histoire de gangsters qui prennent en otage une honnête famille de la classe moyenne américaine, histoire dont Michael Cimino tournera un remake fidèle et inattendu trente-cinq ans plus tard. Dans le genre, et sur un thème similaire, on est quand même très loin de l’atmosphère étouffante et oppressante de Key Largo

Plutôt efficace, cela dit, avec un rythme qui ne baisse jamais. Mais outre l’esthétique trop proprette, sans aspérité, on regrette surtout l’absence de complexité des personnages, quels qu’ils soient. La famille d’otage est attachante, mais elle semble trop parfaite. Cimino lui-même en sera visiblement conscient, puisqu’il en fera une famille en crise sur le point d’éclater. Ce qui n’est pas du tout le cas ici.

Même linéarité pour Humphrey Bogart, qui interprète ici l’un de ces grands méchants tout d’un bloc qu’il enchaînait avant High Sierra (où son « méchant » était autrement plus complexe). Un pur salaud, sans la moindre ombre d’humanité. Ah si, quand même : une lueur fugitive lorsque son petit frère se fait la malle. Là, pour quelques instants, la carapace se fissure. Avant de se refermer aussi sec.

Ce petit frère pourrait être plus intéressant, mais il reste constamment en retrait, en tout cas jusqu’à sa fin, grotesque et magnifique. Le personnage du flic joué par l’excellent Arthur Keneddy aussi était plein de promesses : un détective intègre plongé au cœur d’une police bouffée par la connerie et le cynisme. La charge, d’ailleurs, est franchement lourdingue, dans la dernière partie, où le film se transforme tardivement en un plaidoyer contre les violences policières.

Le meilleur reste quand même les face-à-face entre le trio de gangsters et la famille, dans cette grande maison où tout semble tourner autour du hall d’entrée, comme si la vie se focalisait sur cette porte dissimulant le monde extérieur. Desperate Hours est alors un huis-clos efficace et passionnant. Et la fin est particulièrement réussie, Wyler opérant habilement un renversement du rapport de force entre ce père qui abandonne sa passivité, et ce bad guy qui perd inexorablement de sa superbe. Jusqu’à un final formidablement pathétique.

Histoire de détective (Detective Story) – de William Wyler – 1951

Posté : 13 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, DOUGLAS Kirk, WYLER William | Pas de commentaires »

Histoire de détective

Il ne faut pas se fier au titre : le film n’a rien à voir avec un polar. Ou plutôt si, fions-nous au titre : c’est bel et bien l’histoire d’un détective que raconte Wyler, mais uniquement par le versant humain du personnage. La première fausse piste passée, et une fois avéré le fait que l’enquête autour de ce médecin avorteur joué par George Macready n’a d’autre intérêt que l’impact qu’il a sur le détective en question, alors le film se dévoile pour ce qu’il est vraiment : le portrait d’un homme malade.

L’homme malade, c’est Kirk Douglas, formidable en flic trop obnubilé par des principes qui cachent (mal) le traumatisme d’une jeunesse ratée. Un jusqu’au-boutiste rigide et incapable de la moindre sensibilité, un bloc inflexible qui, comme le dit l’un de ses collègues (l’excellent William Bendix), arrêterait sa propre mère.

Unité de temps, unité de lieu (ou presque)… Le film est l’adaptation (par Philip Yordan) d’une pièce à succès de Sidney Kingsley qui raconte la descente aux enfers, en une soirée, d’un flic confronté à ses propres démons. Wyler n’évite d’ailleurs pas toujours le carcan du théâtre filmé, avec des dialogues qui semblent un peu trop découpés et théâtraux.

Et paradoxalement, ce sont les quelques plans filmés à l’extérieur du commissariat qui rappellent le plus les origines théâtrales du projet, tant elles rompent le rythme du récit. A l’exception quand même de la scène du « panier à salade », admirablement tendue. Lorsqu’il reste confiné à l’intérieur de cette grande pièce, Wyler utilise en tout cas parfaitement son décor, faisant naître un sentiment de claustrophobie grandissant.

Mais plus le film avance, plus le personnage de Kirk Douglas dévoile ses fêlures, et plus la caméra se rapproche de lui, faisant constamment monter la tension, jusqu’à une conclusion bouleversante. Wyler, il est vrai, peut s’appuyer sur des acteurs formidables et, pour le coup, pas du tout théâtraux. A commence par Kirk lui-même, clairement dans la plus grande période de sa carrière : celle de ses plus grands films et de ses plus grands défis d’acteur. Ce personnage, peu aimable, en est clairement un.

Il y a quand même une exception, une actrice dont le jeu semble prendre le contrepoint de tous les autres : Lee Grant, dans le rôle de la petite voleuse à la tire qui hante tout le film de sa présence. Elle en fait des tonnes, trop sans doute, mais il se dégage une étrange émotion de ce personnage un peu cinglé. C’est elle en tout cas qui décrochera un prix d’interprétation à Cannes, pour ce rôle.

La Rue sans issue (Dead End) – de William Wyler – 1937

Posté : 22 janvier, 2014 @ 1:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1930-1939, BOGART Humphrey, BOND Ward, SIDNEY Sylvia, WYLER William | Pas de commentaires »

Rue sans issue

La carrière de Bogart n’a pas commencé avec Le Faucon maltais et High Sierra. Dans les années qui ont précédé ces deux monuments, le futur mythe est apparu dans de nombreux films plus ou moins marquants, souvent dans des rôles de brute. Beaucoup de seconds rôles, dans des productions pas toujours mémorables. Mais aussi quelques pépites, en particulier ce Dead End absolument formidable, où Bogie ne tient que le troisième rôle, mais crève littéralement l’écran.

Cette « rue sans issue », c’est un quartier pauvre de New York : une rue qui ne conduit que sur les berges sales du fleuve, et dont les habitants semblent condamnés à ne jamais en sortir… Les décors (de Richard Day) sont exceptionnels, et font beaucoup pour l’atmosphère unique de ce film noir et incroyablement cruel, adapté d’une pièce à succès (Wyler en respecte d’ailleurs parfaitement l’unité de lieu et de temps) de l’époque.

Cette rue grouillante de vie et de misère est le seul décor du film. C’est aussi le seul horizon de ces jeunes (les Dead End Kids, groupe d’adolescents que l’on retrouvera dans de nombreux films dans les années qui suivent, notamment dans l’excellent Je suis un criminel de Busby Berkeley), mais aussi des quelques adultes qui ont grandi là et n’ont jamais pu partir de ce lieu sans avenir.

C’est le cas du couple vedette : la craquante Sylvia Sidney en grande sœur courage, et Joel McCrea, architecte sans emploi qui vit de petits boulots. Ces deux-là pourraient s’aimer passionnément, mais sont continuellement ramenés à leur condition miséreuse par leur entourage, par leurs difficultés au quotidien, et par l’apparition d’immeubles luxueux. Censé remplacer à terme leurs appartements insalubres, ce nouveau voisinage menace jusqu’à leur existence, les privant définitivement du moindre avenir.

Les deux stars sont parfaites, mais dans des rôles un peu monochromes. Celui de Bogart, par contre, est extraordinaire. Célèbre gangster recherché par les polices de tout le pays, Baby Face revient contre toute attente dans le quartier où il a grandi, par nostalgie. Un vrai dur qui a tout connu : le luxe, l’aventure, les femmes. Mais qui n’aspire qu’à revoir sa vieille mère et son premier amour, qui n’ont jamais quitté le quartier.

Dans ce décor de son enfance, rien ne semble avoir changé. Mais la confrontation avec ses souvenirs sera bien cruelle : sa mère rejette le tueur qu’il est devenu. Quant à son ex, que le temps a idéalisé, il la retrouve abîmée par la vraie vie : pute malade, personnage déchirant que l’immense Claire Trevor (qui n’avait pas encore tourné Stagecoach) parvient à rendre inoubliable en quelques minutes de présence à l’écran seulement. Le vrai couple de ce film désespéré, c’est bien celui-là, et c’est déchirant.

 

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