Les Volets verts – de Jean Becker – 2022
Deuxième adaptation de Simenon pour Depardieu cette année, et deuxième film en forme de bilan de santé. Qui ne s’est pas franchement amélioré depuis Maigret. Et plus encore que dans ce dernier, Les Volets verts semble mettre en scène Depardieu jouant Depardieu.
Le scénario (le dernier signé Jean Loup Dabadie) s’y prête évidemment : c’est l’histoire d’un acteur boulimique dans tous les sens du terme, enchaînant les tournages (et les pièces de théâtre) et les bouteilles de vodka. Et quand on ajoute un ancien amour qu’il ne parvient pas à se sortir de la tête et du cœur et que joue Fanny Ardant, l’ombre de La Femme d’à côté resurgit inévitablement. Celle du Dernier Métro aussi, dans le jeu de séduction entre les comédiens sur la scène d’un théâtre.
Ces ombres omniprésentes participent au charme du film. Ça ne va d’ailleurs pas beaucoup plus loin : Jean Becker filme cette histoire avec un regard qui oscille entre la sagesse et la mollesse. Et l’émotion ne pointe le bout de son nez que lorsque la balance penche du côté de la sagesse. Un long gros plan sur une très jeune femme avec qui l’acteur vieillissant a une relation platonique, au son de la chanson de Reggiani « Il suffirait de presque rien » (cliché sur le papier, joli et émouvant à l’écran). Ou la tendresse de Fanny Ardant dans ce qui ressemble à une scène d’adieu. Ou encore la belle complicité avec le meilleur ami joué par Benoît Poelvoorde (excellent).
Trop souvent hélas, on est plutôt du côté de la mollesse, et le film semble désincarné. Ce devrait être prenant et bouleversant. Ce pourrait être une sorte de variation sur le thème de La Fin du Jour de Duvivier, avec ces vieux comédiens incapables de raccrocher, et qui enchaînent des tournages qui paraissent de plus en plus miteux. L’émotion souvent ne fait qu’affleurer, mais il y a les acteurs. Même si les dialogues ne sont pas les plus fins de Dabadie, ils sont admirablement dits par l’impressionnante distribution. Depardieu en tête, intense et complexe, attachant et pathétique. Il est l’initiateur et la raison d’être de ce film.