Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie 'FANTASTIQUE/SF'

Histoires fantastiques : Vanessa (Amazing Stories : Vanessa in the garden) – s.1 e.12 – de Clint Eastwood – 1985

Posté : 20 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (réal.), FANTASTIQUE/SF, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Histoires Fantastiques Vanessa

Depuis la fin de Rawhide, Clint Eastwood n’a plus jamais retravaillé pour la télévision, comme il l’avait fait à plusieurs reprises à ses débuts, enchaînant les rôles plus ou moins importants dans des séries plus ou moins mémorables. A une exception près : la réalisation d’un épisode d’Histoires fantastiques, la série anthologique produite (et souvent écrite) par Steven Spielberg.

Vanessa in the garden est donc l’unique réalisation du cinéaste pour la télé. C’est aussi son unique court métrage, et la toute dernière fois qu’il dirige Sondra Locke, près de dix ans et six longs métrages en commun après Josey Wales. Tant qu’on est aux premières et aux dernières, c’est aussi l’unique participation d’Harvey Keitel à un film d’Eastwood.

L’acteur, pas dans sa période la plus glorieuse (c’était bien après Taxi Driver et bien avant La Leçon de piano), incarne un peintre à la fin du XIXe siècle, qui ne vit et ne peint que pour son épouse, Vanessa, jouée par Sondra Locke. Qui meurt écrasée à la suite d’un accident causé par un coup de tonnerre soudain.

Et voilà l’artiste incapable ni de vivre, ni de peindre, qui est bientôt sujet à d’étranges apparitions : Vanessa, qui semble reprendre vie dans les postures dans lesquelles son mari l’a peinte. Est-ce une hallucination ? Le peintre sombrerait-il dans la folie ? Ou y a-t-il de la magie là dedans… Qu’importe : c’est surtout, de nouveau et plus que jamais, une source d’inspiration sans fin pour l’artiste amoureux.

C’est un joli court métrage que signe Eastwood, dans une atmosphère un peu cotonneuse, presque évanescente, qui rappelle certaines scènes de Sudden Impact, le dernier long métrage dans lequel il dirigeait sa compagne d’alors. Pourtant, l’émotion qu’il a su faire naître dans quelques-uns de ses plus beaux films, de Breezy à Sur la route de Madison, reste très contenue, comme si ces vingt minutes étaient trop courtes pour qu’il puisse s’exprimer pleinement.

La musique y est peut-être pour quelque chose. Elle est pourtant signée par son fidèle complice Lennie Niehaus (mais avec le thème de John Williams, fidèle complice, lui, de Spielberg), mais n’a pas la délicatesse de ses meilleurs scores, comme calibrée pour donner une cohérence sonore, très datée années 80, à la série. Ça n’en reste pas moins une jolie curiosité.

Longlegs (id.) – d’Osgood « Oz » Perkins – 2024

Posté : 14 novembre, 2024 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2020-2029, FANTASTIQUE/SF, PERKINS Osgood "Oz" | Pas de commentaires »

Longlegs

« Le meilleur film de serial killer depuis Le Silence des Agneaux », peut-on lire sur la jaquette de Longlegs. Une phrase tirée d’un obscur média, et c’est ça qui est bien avec Internet : vue la profusion de blogs (comme le mien), il est nettement plus facile de trouver des avis dithyrambiques sur n’importe quels films. Allez savoir, peut-être Playitagain sera-t-il un jour immortalisé sur un boîtier de blu ray…

Tout ça pour dire que, non, Longlegs n’est pas « le film le plus effrayant de la décennie », ni même « inoubliable » (autres citations). Mais c’est un petit film d’horreur assez flippant (vous saisissez la nuance?), et plutôt original, qui a un défaut majeur : le malaise assez dense qu’il distille dans ses premières minutes a une sérieuse tendance à se dissiper au fil du métrage. Le choc des dernières images est alors très supportable, voire très attendu.

La référence au Silence des Agneaux, cela dit, est assez évidente (et la comparaison un peu rude pour le film de Perkins). Là aussi, l’héroïne est une jeune agent du FBI qui fait ses débuts sur le terrain, et qui est confrontée à un mystérieux tueur en série sévissant depuis trente ans. Avec un aspect surnaturel assumé d’emblée : la jeune femme a des intuitions de dingue, aussi troublantes que le mode opératoire du tueur, qui semble « téléguider » les crimes, massacres de familles sans histoire.

Dans le rôle principal, Maika Monroe est très intense. Trop, même : le trauma qu’elle trimballe est total, absolu, ne laissant la place à rien d’autre qu’une boule compacte de douleurs que tout son corps traduit constamment. Peu de places pour la nuance, ni même pour la profondeur, d’ailleurs.

Face à elle, les apparitions du tueur sont presque libératrices. Il faut dire que derrière le latex du maquillage, c’est un Nicolas Cage que l’on ne reconnaît que dans la folie de son jeu, too much et génial comme il sait l’être. Faire passer une telle intensité derrière un maquillage aussi épais relève du tour de force.

Original et prenant, pas révolutionnaire et plutôt attendu. Convainquant et intriguant dans sa première partie, le film finit par s’empêtrer dans un mélange des genres (le thriller virant à l’horreur et au film de possession) plus bancal que maîtrisé.

L’Etrange histoire de Benjamin Button (The Curious Case of Benjamin Button) – de David Fincher – 2008

Posté : 8 novembre, 2024 @ 8:00 dans 2000-2009, FANTASTIQUE/SF, FINCHER David | Pas de commentaires »

L'Etrange histoire de Benjamin Button

C’est l’histoire la plus folle qu’a filmée David Fincher, et c’est pourtant le film qui a entériné, avec Zodiac l’année précédente, son statut de grand cinéaste classique. Sans rejeter les fulgurances formelles qui ont marqué les premiers longs métrages de celui qui a fait ses armes en révolutionnant le clip musical, le style de Fincher se fait plus élégant, plus discret… avec une maîtrise sans doute plus affirmée.

Libre adaptation d’une nouvelle de Scott Fitzgerald, le film raconte l’histoire d’un homme né avec la morphologie d’un vieillard, et dont le corps ne cesse de rajeunir au fil de la vie. Une sorte de fable improbable dont Fincher relève tous les écueils potentiels. L’aspect fantastique du postulat n’étouffe jamais le récit, constamment humain et sensible : c’est l’histoire d’un homme forcé de vivre sa vie à rebours qui est racontée, un homme en marge de l’humanité, comme Fincher les aime depuis toujours.

Incarnant le rôle de l’enfance aux airs de vieillesse au grand âge juvénile, Brad Pitt (pour la troisième fois devant la caméra de Fincher, après Seven et Fight Club) trouve l’un de ses grands rôles, avec une intensité que ne gâchent pas des maquillages et effets spéciaux très convaincants. Une intensité toute en intériorité, sans grands effets lacrymaux, mais qui se révèle bouleversante quand il réalise le destin que sa biologie inversée lui réserve.

C’est le film le plus ample de Fincher, grande fresque qui commence en 1918 pour s’achever de nos jours. C’est aussi l’un de ses films les plus intimes, dont le cœur est cette histoire d’amour absolue qui unit Benjamin et Daisy (Cate Blanchett), amour contrarié qui ne peut s’exprimer qu’au carrefour où leurs deux vies inversées se croisent : à cet âge charnière entre jeunesse et vieillesse, où tous deux se retrouvent enfin.

A part dans sa filmographie, loin pour une fois des influences du cinéma de genre, Benjamin Button confirme le statut de cinéaste ambitieux et classique de David Fincher, l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération, à la fois ancré dans son époque, et passeur d’un cinéma hollywoodien à l’ancienne, qui donne leurs lettres de noblesse à l’émotion et aux beaux sentiments.

Mission to Mars (id.) – de Brian De Palma – 2000

Posté : 26 octobre, 2024 @ 8:00 dans 2000-2009, DE PALMA Brian, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Mission to Mars

Il y a quasi 25 ans, quand Mission to Mars était sorti au cinéma, il m’avait fait l’effet d’une sorte de blague, ou d’un pari un peu pourri qu’aurait relevé un Brian De Palma alors pourtant très inspiré. Le revoir (pour la première fois) aujourd’hui n’est pas loin de me renverser, tant je sors touché, et pour tout dire bouleversé, de ce film de SF plus naïf que métaphysique. Et c’est un compliment.

Il y a évidemment du 2001 dans cette histoire d’astronautes qui découvrent une force mystérieuse sur Mars. Il y a aussi, avec beaucoup d’avance, du Interstellar. Mais il y a surtout du Rencontres du 3e type, et une volonté évidente, dans cet univers de science-fiction avec beaucoup d’effets spéciaux (souvent approximatifs, jamais envahissants), d’être humain, à hauteur d’hommes.

Étrangement, c’est même l’un des films les plus intimes de De Palma, comme s’il avait eu besoin de toutes ces contraintes en termes de décors et d’effets spéciaux, pour ne s’intéresser qu’à ses personnages, reléguant l’intrigue et tout ce qui n’est pas exclusivement basé sur les rapports humains aux oubliettes.

Alors oui, c’est beau. Ça l’est même dès ce long plan-séquence qui ouvre le film (presque une habitude pour De Palma) et qui présente en un seul mouvement tous les personnages et les premiers enjeux du film. Ça l’est encore plus avec l’échange nocturne entre les trois amis que jouent Don Cheadle, Tim Robbins et Gary Sinise, le premier étant le capitaine de la toute première mission partant pour Mars, le deuxième celui de la seconde, et le troisième celui qui en a été écarté.

Dans l’espace, ce sont les liens fraternels et amoureux réduits à leur expression la plus pure, ce qui n’empêche pas De Palma de faire preuve d’une belle ambition formelle, jouant (avec les moyens du bord) avec les règles de la (de l’a-) pesanteur, notamment dans un plan renversant dans tous les sens du terme, hommage assumé à Kubrick.

Mais c’est l’émotion qui prime. Et me voilà conquis, bien tardivement, mais bien sincèrement. Parce que c’est bien la sincérité qui s’impose dans ce beau film méprisé à sa sortie, et oublié depuis.

Monsieur Ed, le cheval qui parle (Mister Ed) s2 e25 : Clint Eastwood meets Mr. Ed – épisode réalisé par Arthur Lubin – 1962

Posté : 20 octobre, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (acteur), FANTASTIQUE/SF, LUBIN Arthur, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Clint Eastwood meets Mr Ed

Il y a des tas de raisons d’affirmer que le parcours de Clint Eastwood ne ressemble à aucun autre dans le cinéma américain. Il y en a une, en tout cas, qui ne souffre aucune contestation : qui d’autre que lui peut se vanter d’avoir tourné avec deux ânes qui parlent ?

Eh oui ! Sept ans après avoir effectué ses premières cascades dans Francis in the Navy (déjà réalisé par Arthur Lubin), Clint est devenu une vedette grâce à sa série Rawhide, et il est l’invité d’un show télé très populaire à l’époque autour d’un autre équidé, digne descendant de Francis : Mister Ed. Un âne doué de la parole, donc, qui a été le faire-valoir du comique Alan Young 143 épisodes durant.

Aucun des 142 autres épisodes ne figurera sans doute sur ce blog dans un avenir plus ou moins proche. Mais celui-ci, tourné en 1962 alors que Clint était l’un des cowboys les plus populaires de la télévision américaine, se voit avec un certain plaisir, en tout cas avec une vraie curiosité. Ne serait-ce que parce qu’on y devine le statut qu’Eastwood avait à l’époque : une vedette suffisamment connue pour donner son nom à un épisode du show, et suffisamment accessible pour lui proposer.

Sur la prestation du futur homme sans nom, pas grand-chose à dire : Eastwood s’y montre charmant, le sourire rigolard de celui qui ne prend pas la chose au sérieux, et qui sait qu’on n’attend rien d’autre de lui que d’apporter un contrepoint vaguement prestigieux aux pitreries d’Alan Young et de son âne qui parle. Une curiosité bien sympa.

Megalopolis (id.) – de Francis Ford Coppola – 2024

Posté : 11 octobre, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, COPPOLA Francis Ford, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Megalopolis

Alors ? Tu as aimé ? – Euh… Repose moi la question dans dix ans, histoire de me laisser le temps de digérer tout ça… Petit dialogue à la sortie de Megalopolis, ce projet fou et démesuré porté par Coppola depuis quarante ans. Ne serait-ce que pour ça, pour cette attente à peu près aussi longue que mon parcours personnel de cinéphile, voir Megalopolis est une expérience qui ne ressemble à aucune autre. Et qui mérite, donc, largement, d’être vécue.

Une autre raison, aussi : ce sentiment que l’on a durant plus de deux heures d’être embarqué dans les méandres du cerveau de Coppola, de toucher du doigt toutes les idées qu’il a accumulées au fil des années, pour ce qui restera quoi qu’il arrive le projet de sa vie. Ce qui, pour un cinéaste aussi important, audacieux et visionnaire que Coppola, n’est pas rien.

Mais alors ? C’est bien ? Franchement, impossible de répondre simplement à cette question, tant la vision de Coppola est radicale, grandiose, foisonnante, et naïve à la fois. Utopie futuriste, relecture de l’empire romain avant la chute, tragédie familiale qui doit plus à Shakespeare qu’au ParrainMegalopolis est tout ça à la fois : une œuvre totale et, oui, radicale, qui ne fait pas grand-chose pour plaire au grand public.

Dès les premières secondes, un carton l’annonce : c’est une fable qui va nous être présentée. Avec des personnages qui sont donc des incarnations de certaines idées, souvent extrêmes d’ailleurs. Au cœur du film, il y a le rêve de ville idéale et globale incarné par Adam Driver, bâtisseur vivant presque reclus dans sa tour, capable de manier le temps, de l’arrêter au fil de ses inspirations créatrices.

Autour de lui : la politique, et l’argent, deux forces qui s’opposent à sa vision pour des raisons radicalement différentes. D’un côté : le maire joué par Giancarlo Esposito, dont la fille (Nathalie Emmanuel, que je découvre avec plaisir vu qu’elle n’a fait à peu près que des Fast and Furious avant ça) tombe amoureuse de l’ennemi juré, le bâtisseur. De l’autre : le banquier fat Jon Voight et son odieux petit-fils Shia LaBeouf, incarnations d’une décadence tout droit héritée de la culture romaine antique.

Les parallèles avec l’empire romain sont un peu lourdement appuyés, avec musique ad hoc, toges et patronymes qui vont avec, et même une course de chars où on jurerait avoir aperçu Charlton Heston. Ce qui, on l’a bien compris, n’est pas possible. C’est là que l’aspect « fable » de l’entreprise touche un peu ses limites, à force de trop vouloir rapprocher deux mondes et deux époques (l’empire romain et les Etats-Unis du XXIe siècle). Qui ont, certes, sans doute des points communs.

Il y a quoi qu’il en soit une vraie vision de (grand) cinéaste derrière cette fable. Et malgré sa richesse extrême, excessive même, qui multiplie les pas de côté et nous submergent littéralement d’idées, il y a là une incontestable maîtrise, un mouvement fascinant et d’une grande cohérence qui nous fait accepter tous les excès, et des moments de pur et de grand cinéma comme on a rarement l’occasion d’en voir.

Megalopolis est sans doute un film très imparfait, voire bancal. Ou peut-être est-il simplement génial, après tout… Franchement, il me paraît bien difficile d’avoir un avis tranché sur la question avant de l’avoir revu, et surtout de l’avoir laissé infuser… Quoi qu’il en soit : c’est l’œuvre d’un cinéaste immense, qui n’a cessé d’inventer de nouvelles formes au fil de sa carrière, quitte à risquer sa propre fortune. C’est ce qu’il fait plus que jamais pour ce projet fou. Et le voir, à 80 ans passés, miser autant d’argent personnel sur un film dont il rêvait depuis si longtemps, a quelque chose de magnifique.

Dracula (Bram’s Stoker Dracula) – de Francis Ford Coppola – 1992

Posté : 28 septembre, 2024 @ 8:00 dans 1990-1999, COPPOLA Francis Ford, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Dracula 1992

Quitte à choquer les puristes, le Dracula de Coppola me semble toujours bien être la meilleure adaptation du roman de Bram Stocker. Oui, meilleure que le Nosferatu de Murnau, c’est dire. Comme ce dernier, que Coppola cite régulièrement tout au long du film, ce Dracula version 1992 est extrêmement fidèle au récit original, et à sa construction épistolaire.

L’histoire se déroule d’ailleurs en 1897, l’année même où le roman est publié. L’occasion pour Coppola d’ajouter à cette grande histoire d’horreur baroque une déclaration d’amour au cinéma. Le comte Dracula, arrivé à Londres, assiste en effet à une projection de film. La manière dont Coppola filme les éléments fantastiques est aussi une manière de s’inscrire dans ce cinéma des origines.

Pas d’effets numériques, en effet, dans ce film visuellement éblouissant : tous les effets spéciaux sont réalisés directement sur le plateau, avec des trucages dont certains auraient pu être utilisés par Murnau lui-même. Et c’est, ne serait-ce que sur ce plan technique, une immense réussite, qui inscrit Dracula dans la lignée des grands films « expérimentaux » de Coppola, de Apocalypse Now à Coup de Cœur.

Dracula est un film de commande, qui lui a été proposé par Winona Ryder. Mais Coppola en fait un grand film personnel, et un grand film tout court, comme Le Parrain 3 qu’il a tourné juste avant, et qui lui a permis de renouer avec le succès. Et peut-être d’avoir ce casting assez incroyable : Winona Ryder donc, mais aussi Keanu Reeves, Anthony Hopkins et Gary Oldman, glaçant et bouleversant en compte Dracul (dit avec l’accent transylvanien).

De cette histoire horrifique, Coppola retient surtout l’aspect extraordinairement romantique, celui-là même qui a séduit la si romanesque Winona Ryder (qui a failli jouer dans Le Parrain 3, et se rattrape merveilleusement bien ici). Il signe un film génialement bricolo, et merveilleusement grandiloquent, jonché d’images d’une puissance picturale et émotionnelle assez radicale. Un film dont on (re)tombe amoureux à chaque vision. C’est beau.

Mad Max (id.) – de George Miller – 1979

Posté : 5 août, 2024 @ 8:00 dans 1970-1979, FANTASTIQUE/SF, MILLER George | Pas de commentaires »

Mad Max

Après la claque Furiosa, une envie bien logique de replonger dans les origines du mythe. Il y a quarante-cinq ans, disons, lorsqu’un tout jeune George Miller dirigeait un encore tout jeune Mel Gibson dans une petite production sans moyen mais avec beaucoup d’idées, déjà assez dingue.

A l’origine, donc, il y a ce Mad Max de 1979. Loin, très loin du délire énorme et jouissif de Fury Road ou Furiosa. C’est la naissance du mythe, et tout est déjà là, mais tout est différent. Le chaos n’a pas encore totalement eu lieu : le monde que filme Miller est mal en point, en proie à une violence incontrôlée. Mais des bribes de société existent toujours : une police, des commerces, des familles…

Miller n’est pas du genre, dans cette saga, à aller trop loin dans l’explicité. De ce qui a amené le monde dans cette dérive, de ce que sont les rêves et les quotidiens des vrais gens, on ne saura donc pas grand-chose. Dès ce premier film, malgré toutes les différentes avec la suite du mythe, tout est bruit et fureur, devant la caméra de Miller.

Et même sans les moyens énormes qu’il aura quarante ans plus tard, Miller fait preuve d’une inventivité et d’un sens du rythme impressionnants avec ce film qui dilate l’action tout en condensant l’intensité et l’émotion contenue. Dès ce premier film, les courses poursuites prennent notamment une dimension mythique.

Techniquement, on est très loin de la perfection qu’il atteindra dans les années 2010 et 2020 : le montage est imparfait, la post-synchro carrément pourrie. Mais qu’importe : par sa rage, par son rythme, par sa violence même et par sa cruauté, Mad Max est un film fort, fondateur, profondément sombre. Fauché, bien foutu, culte.

Furiosa : une saga Mad Max (Furiosa : a Mad Max saga) – de George Miller – 2024

Posté : 19 juillet, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, ACTION US (1980-…), FANTASTIQUE/SF, MILLER George | Pas de commentaires »

Furiosa une saga Mad Max

Il y a neuf ans, Fury Road avait fait l’effet d’une bombe. George Miller ne se contentait pas de relancer, trente ans après, la saga qui l’a révélé au monde entier. Il ne se contentait pas non plus de dynamiter cette saga, renvoyant la trilogie originelle, certes culte, au statut de mythe fondateur, comme les vestiges attachants d’une époque révolue. Non : il réinventait le cinéma d’action d’une manière totalement radicale.

Bonne nouvelle : Furiosa, prequel très attendu, s’inscrit dans la même démarche jusqu’au boutiste d’un cinéma total. La manière de filmer l’action, les poursuites, la vitesse… Tout est immense et démesuré dans ce nouveau film qui, s’il ne surprend pas vraiment (il arrive après), enfonce le clou de la plus belle des manières.

On a donc droit, cette fois encore, à un paquet de séquences d’action proprement hallucinantes, dont une course-poursuite entre un camion citerne et des véhicules légers qui s’étend sur près de quinze minutes, avec une inventivité, une gourmandise et un mélange de fun et de brutalité qui ne connaît pas la moindre baisse de régime. Ce qu’on pourrait dire, d’ailleurs, des deux heures trente de ce film d’une densité sidérante.

C’est dense, et c’est pourtant presque aux antipodes de Fury Road : là où le précédent film condensait son intrigue sur une période extrêmement courte, Furiosa s’étend sur seize ans, découpés en cinq chapitres, pour évoquer la tragédie qui a poussé une fillette à devenir l’impératrice Furiosa, fascinant personnage incarné par Charlize Theron dans le précédent film, et par Anna Taylor-Joy ici (pour la partie « adulte »).

Les deux actrices sont certes très différentes, mais devant la caméra de Miller, elles deviennent en deux films les deux versants évidents d’un même personnage marqué par le destin. Ce qu’on peut dire aussi de la petite Alyla Browne qui joue Furiosa enfant… Je dois d’ailleurs avouer avoir remarqué tardivement le changement d’actrice au bout d’une heure de film, tant la transition est filmée avec évidence. Évidence placée sous le signe de la tragédie.

C’est la principale particularité de ce prequel par rapport au précédent film : la puissance déchirante du récit, le destin de cette fillette arrachée à une vie privilégiée, avec la plus grande violence. Miller, ici, prend le temps de filmer la cruauté de son univers, au-delà de sa violence extrême. Il s’autorise des pauses, et une vraie réflexion sur l’attachement, sur les obligations de la vie, sur la perte de l’innocence…

A vrai dire, Furiosa, au-delà de son côté furieusement réjouissant, peut être vu comme une somme de tout le cinéma de Miller. Il est en tout cas assurément la preuve qu’à près de 80 ans, il a une sacrée pêche, renvoyant 99 % du cinéma d’action international à la tiédeur désincarnée qui le caractérise. Lui ose, et maîtrise. Et plus il se défait des limites, plus il plonge dans une action décomplexée et inventive, plus il touche à un cinéma d’une pureté rarissime.

Et puis, réussir à transformer l’un des acteurs les plus transparents d’une génération riche en acteurs transparents, en une incarnation aussi hallucinante que celle qu’offre Chris Hemsworth… Voilà une prouesse qui suffirait à rendre Furiosa incontournable. Comme, en plus, on trouve ici un condensé de tout ce que le cinéma peut offrirUn film totalement dingue, simplement.

Nope (id.) – de Jordan Peele – 2022

Posté : 6 juillet, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, FANTASTIQUE/SF, PEELE Jordan | Pas de commentaires »

Nope

Jordan Peele est-il un petit génie ou un réalisateur malin, doué mais vain ? Me v’là pas plus avancé après avoir vu ce Nope, dont on peut dire avec certitude :

1) qu’il est fort bien réalisé, filmé avec un mélange de classicisme assez classe, et une inventivité assez folle ;

2) qu’il est pour le moins intriguant et au suspense dense ;

3) qu’il confirme le talent de Peele pour sortir d’on ne sait où un paquet d’images saisissantes, comme cette clé incrustée dans la croupe d’un cheval ;

4) qu’il distille ses effets au compte-goutte, quitte à donner le sentiment de tourner en rond et d’étirer inutilement son récit ;

5) qu’il a du mal à canaliser cette imagination et à faire des choix, et que son film gagnerait à être resserré à la manière des séries B de Carpenter auxquelles on pense inévitablement.

Tout ça pour dire : on oscille entre l’excitation de la surprise et la sensation d’être pris pour des gogos dans ce drôle (ce n’est pas le bon terme : ce n’est pas drôle) de film d’extraterrestre, un peu comme si on assistait au show westernien plein de promesses non tenues que l’on voit dans une scène clé du film.

L’esprit n’est pas si loin de Get Out. Là aussi, Peele fait surgir le fantastique d’un contexte réaliste et quotidien, basant son film sur des images fortes dont on met du temps à comprendre l’impact. A ceci près que la révélation apparaît ici nettement plus tôt, menant vers un final spectaculaire et frappant, mais finalement assez classique qui donne un coup de boost au genre plus qu’il ne le révolutionne.

Comme dans ses précédents films, Peele base sa vision de l’horreur sur un fond social fort : le racisme et les clivages sociaux là, l’omniprésence des images ici, fil rouge assez excitant dans son ambition, mais qui laisse un sentiment d’inabouti au final.

De l’ancêtre du cinéma (dont on apprend qu’il doit beaucoup à un cavalier noir) aux influenceurs des réseaux sociaux (avec un personnage dénué de visages) en passant par l’âge d’or de la télévision (avec un chimpanzé tueur dont je continue à me demander ce qu’il apporte à part des images très saisissantes)… L’image enregistrée est omniprésente dans le récit, avec une conclusion qui porte au moins à réflexion : et si le salut reposait sur la capacité de chacun à fermer les yeux ?

12345...38
 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr