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Archive pour la catégorie 'FANTASTIQUE/SF'

Le Pôle Express (The Polar Express) – de Robert Zemeckis – 2004

Posté : 27 février, 2025 @ 8:00 dans 2000-2009, DESSINS ANIMÉS, FANTASTIQUE/SF, ZEMECKIS Robert | Pas de commentaires »

Le Pôle Express

Au milieu des années 2000, Robert Zemeckis s’est pris de passion pour la motion capture, qu’il découvre pour ce Pôle Express et qu’il continuera d’explorer avec ses deux films suivants, La Légende de Beowulf et Le Drôle de Noël de Scrooge. Entre Seul au monde en 2000 et Flight en 2012, il n’a même rien tourné d’autre, aussi étonnant que cela puisse paraître.

On sait l’attirance qu’a Zemeckis pour les défis techniques, et les nouvelles technologies. Revoir Le Pôle Express vingt ans après sa sortie rappelle aussi à quel point les nouvelles technologies les plus novatrices ont une fâcheuse tendance à devenir des technologies vieillissantes et dépassées. Bref : le film, d’un strict point de vue technique et esthétique, a pris un sacré coup de vieux.

Ajoutez à ça un Tom Hanks motion-capturé qui joue à lui seul les trois quarts des rôles, et un côté « grand huit » un peu facile, destiné à mettre en valeur la 3D pré-Avatar à laquelle Zemeckis s’essaye également… Le Pôle Express ressemble souvent d’avantage à une attraction à grand spectacle qu’au film de Noël qu’il est au fond.

Sur le fond, donc, le film est plutôt très réussi. A travers cet improbable voyage nocturne vers un Pôle Nord fantasmé, à bord d’un train magique réunissant les enfants qui commencent à douter de l’existence du Père Noël, ce sont les tourments d’un enfant qui sort de son innocence virginale que met en scène Zemeckis.

Les rencontres que fait le jeune héros à bord de ce train symbolisent ces doutes, ces espoirs et ces tourments : le contrôleur (Tom Hanks) bien sûr, sorte de maître de cérémonie de ce voyage introspectif, et surtout le hobo (Tom Hanks aussi), plus mystérieux et plus ambivalent, une sorte de personnification de la rudesse de la vie qui s’ouvre à l’enfant.

Dans la dernière partie du film, Zemeckis est tiraillé entre son véritable thème (la fin de la prime innocence) et le côté « film de Noël familial », qui s’impose dans un final spectaculaire mais assez classique. La morale de Noël est sauve, et on se dit que Zemeckis se tire plutôt bien de ce numéro d’équilibriste autour du secret le mieux gardé de la petite enfance…

Terminator : Dark Fate (id.) – de Tim Miller – 2019

Posté : 14 décembre, 2024 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), FANTASTIQUE/SF, MILLER Tim | Pas de commentaires »

Terminator Dark Fate

Terminator, premier du nom, a révélé un cinéaste, James Cameron. Terminator 2 a révolutionné le cinéma hollywoodien à grand spectacle. Et depuis trente ans que Cameron est passé à autre chose, la série n’a cessé de se chercher, d’hésiter sur la voie à suivre, et même de faire demi-tour, passant de la suite-remake vaguement parodique (Terminator 3) au dynamitage en règle (Genysis), essayant même de se passer de Schwarzenegger, de toute façon occupé par sa carrière de gouverneur (Renaissance). Sans jamais convaincre.

Voir James Cameron revenir aux affaires, avec ce sixième film basé sur une histoire qu’il a imaginée, avait de quoi redonner un peu d’optimisme aux fans de la première heure. Le fait que Linda Hamilton reprenne son rôle de Sarah Connor aussi, tant elle était l’âme des deux premiers films. Quant à la volonté de tirer un trait sur les trois suites tournées depuis 1991… eh bien pourquoi pas !

L’histoire, d’ailleurs, en vaut une autre (on sent l’enthousiasme ?). Le danger Skynet écarté, on découvre que, l’homme étant indécrottable, il va quand même créer des machines qui finiront par prendre le pouvoir et à exterminer une grande partie de l’humanité. On apprend aussi qu’un espoir renaîtra grâce à une personne qui saura mobiliser les survivants. Les robots du futur envoient donc un Terminator (encore plus sophistiqué que les précédents, évidemment) pour dézinguer le futur sauveur. De son côté, la rébellion envoie un super-soldat. La routine, quoi.

On serait même dans un remake quasi parfait de l’original s’il n’y avait… Sarah Connor et le T1000 qui se joignent à la fête : Linda Hamilton et Schwarzenegger en personne, vieillis mais toujours coriaces, hantés par des années de combats pour la première… et par une vie de famille inattendue pour le second (oui, oui, c’est dire si la machine est proche de l’homme).

L’histoire n’apporte rien d’autre qu’une nouvelle occasion de relancer la machine, pour pouvoir espérer de nouvelles suites et de nouvelles rentrées d’argent. Ce qui ne serait pas si grave si Tim Miller apportait quelque chose. Le réalisateur a de l’imagination pour filmer des scènes d’action toutes plus démesurées les unes que les autres, reconnaissons lui ça, avec efficacité, et avec une certaine lisibilité de l’action, ce qui n’est pas si courant.

Mais ces scènes d’action gavées d’effets numériques envahissants ressemblent à toutes celles de l’immense majorité des blockbusters actuels : un déluge d’effets numériques envahissants, auquel il manque la patte d’un vrai cinéaste, l’aspect rugueux et tangible des premiers opus. Un réalisateur aussi puissant que James Cameron donc, voire même un solide artisan comme Jonathan Mostow (T3). Et si, quand on n’avait rien à dire, rien de neuf à ajouter, le mieux était juste de passer à autre chose…

Histoires fantastiques : Vanessa (Amazing Stories : Vanessa in the garden) – s.1 e.12 – de Clint Eastwood – 1985

Posté : 20 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (réal.), FANTASTIQUE/SF, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Histoires Fantastiques Vanessa

Depuis la fin de Rawhide, Clint Eastwood n’a plus jamais retravaillé pour la télévision, comme il l’avait fait à plusieurs reprises à ses débuts, enchaînant les rôles plus ou moins importants dans des séries plus ou moins mémorables. A une exception près : la réalisation d’un épisode d’Histoires fantastiques, la série anthologique produite (et souvent écrite) par Steven Spielberg.

Vanessa in the garden est donc l’unique réalisation du cinéaste pour la télé. C’est aussi son unique court métrage, et la toute dernière fois qu’il dirige Sondra Locke, près de dix ans et six longs métrages en commun après Josey Wales. Tant qu’on est aux premières et aux dernières, c’est aussi l’unique participation d’Harvey Keitel à un film d’Eastwood.

L’acteur, pas dans sa période la plus glorieuse (c’était bien après Taxi Driver et bien avant La Leçon de piano), incarne un peintre à la fin du XIXe siècle, qui ne vit et ne peint que pour son épouse, Vanessa, jouée par Sondra Locke. Qui meurt écrasée à la suite d’un accident causé par un coup de tonnerre soudain.

Et voilà l’artiste incapable ni de vivre, ni de peindre, qui est bientôt sujet à d’étranges apparitions : Vanessa, qui semble reprendre vie dans les postures dans lesquelles son mari l’a peinte. Est-ce une hallucination ? Le peintre sombrerait-il dans la folie ? Ou y a-t-il de la magie là dedans… Qu’importe : c’est surtout, de nouveau et plus que jamais, une source d’inspiration sans fin pour l’artiste amoureux.

C’est un joli court métrage que signe Eastwood, dans une atmosphère un peu cotonneuse, presque évanescente, qui rappelle certaines scènes de Sudden Impact, le dernier long métrage dans lequel il dirigeait sa compagne d’alors. Pourtant, l’émotion qu’il a su faire naître dans quelques-uns de ses plus beaux films, de Breezy à Sur la route de Madison, reste très contenue, comme si ces vingt minutes étaient trop courtes pour qu’il puisse s’exprimer pleinement.

La musique y est peut-être pour quelque chose. Elle est pourtant signée par son fidèle complice Lennie Niehaus (mais avec le thème de John Williams, fidèle complice, lui, de Spielberg), mais n’a pas la délicatesse de ses meilleurs scores, comme calibrée pour donner une cohérence sonore, très datée années 80, à la série. Ça n’en reste pas moins une jolie curiosité.

Longlegs (id.) – d’Osgood « Oz » Perkins – 2024

Posté : 14 novembre, 2024 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2020-2029, FANTASTIQUE/SF, PERKINS Osgood "Oz" | Pas de commentaires »

Longlegs

« Le meilleur film de serial killer depuis Le Silence des Agneaux », peut-on lire sur la jaquette de Longlegs. Une phrase tirée d’un obscur média, et c’est ça qui est bien avec Internet : vue la profusion de blogs (comme le mien), il est nettement plus facile de trouver des avis dithyrambiques sur n’importe quels films. Allez savoir, peut-être Playitagain sera-t-il un jour immortalisé sur un boîtier de blu ray…

Tout ça pour dire que, non, Longlegs n’est pas « le film le plus effrayant de la décennie », ni même « inoubliable » (autres citations). Mais c’est un petit film d’horreur assez flippant (vous saisissez la nuance?), et plutôt original, qui a un défaut majeur : le malaise assez dense qu’il distille dans ses premières minutes a une sérieuse tendance à se dissiper au fil du métrage. Le choc des dernières images est alors très supportable, voire très attendu.

La référence au Silence des Agneaux, cela dit, est assez évidente (et la comparaison un peu rude pour le film de Perkins). Là aussi, l’héroïne est une jeune agent du FBI qui fait ses débuts sur le terrain, et qui est confrontée à un mystérieux tueur en série sévissant depuis trente ans. Avec un aspect surnaturel assumé d’emblée : la jeune femme a des intuitions de dingue, aussi troublantes que le mode opératoire du tueur, qui semble « téléguider » les crimes, massacres de familles sans histoire.

Dans le rôle principal, Maika Monroe est très intense. Trop, même : le trauma qu’elle trimballe est total, absolu, ne laissant la place à rien d’autre qu’une boule compacte de douleurs que tout son corps traduit constamment. Peu de places pour la nuance, ni même pour la profondeur, d’ailleurs.

Face à elle, les apparitions du tueur sont presque libératrices. Il faut dire que derrière le latex du maquillage, c’est un Nicolas Cage que l’on ne reconnaît que dans la folie de son jeu, too much et génial comme il sait l’être. Faire passer une telle intensité derrière un maquillage aussi épais relève du tour de force.

Original et prenant, pas révolutionnaire et plutôt attendu. Convainquant et intriguant dans sa première partie, le film finit par s’empêtrer dans un mélange des genres (le thriller virant à l’horreur et au film de possession) plus bancal que maîtrisé.

L’Etrange histoire de Benjamin Button (The Curious Case of Benjamin Button) – de David Fincher – 2008

Posté : 8 novembre, 2024 @ 8:00 dans 2000-2009, FANTASTIQUE/SF, FINCHER David | Pas de commentaires »

L'Etrange histoire de Benjamin Button

C’est l’histoire la plus folle qu’a filmée David Fincher, et c’est pourtant le film qui a entériné, avec Zodiac l’année précédente, son statut de grand cinéaste classique. Sans rejeter les fulgurances formelles qui ont marqué les premiers longs métrages de celui qui a fait ses armes en révolutionnant le clip musical, le style de Fincher se fait plus élégant, plus discret… avec une maîtrise sans doute plus affirmée.

Libre adaptation d’une nouvelle de Scott Fitzgerald, le film raconte l’histoire d’un homme né avec la morphologie d’un vieillard, et dont le corps ne cesse de rajeunir au fil de la vie. Une sorte de fable improbable dont Fincher relève tous les écueils potentiels. L’aspect fantastique du postulat n’étouffe jamais le récit, constamment humain et sensible : c’est l’histoire d’un homme forcé de vivre sa vie à rebours qui est racontée, un homme en marge de l’humanité, comme Fincher les aime depuis toujours.

Incarnant le rôle de l’enfance aux airs de vieillesse au grand âge juvénile, Brad Pitt (pour la troisième fois devant la caméra de Fincher, après Seven et Fight Club) trouve l’un de ses grands rôles, avec une intensité que ne gâchent pas des maquillages et effets spéciaux très convaincants. Une intensité toute en intériorité, sans grands effets lacrymaux, mais qui se révèle bouleversante quand il réalise le destin que sa biologie inversée lui réserve.

C’est le film le plus ample de Fincher, grande fresque qui commence en 1918 pour s’achever de nos jours. C’est aussi l’un de ses films les plus intimes, dont le cœur est cette histoire d’amour absolue qui unit Benjamin et Daisy (Cate Blanchett), amour contrarié qui ne peut s’exprimer qu’au carrefour où leurs deux vies inversées se croisent : à cet âge charnière entre jeunesse et vieillesse, où tous deux se retrouvent enfin.

A part dans sa filmographie, loin pour une fois des influences du cinéma de genre, Benjamin Button confirme le statut de cinéaste ambitieux et classique de David Fincher, l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération, à la fois ancré dans son époque, et passeur d’un cinéma hollywoodien à l’ancienne, qui donne leurs lettres de noblesse à l’émotion et aux beaux sentiments.

Mission to Mars (id.) – de Brian De Palma – 2000

Posté : 26 octobre, 2024 @ 8:00 dans 2000-2009, DE PALMA Brian, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Mission to Mars

Il y a quasi 25 ans, quand Mission to Mars était sorti au cinéma, il m’avait fait l’effet d’une sorte de blague, ou d’un pari un peu pourri qu’aurait relevé un Brian De Palma alors pourtant très inspiré. Le revoir (pour la première fois) aujourd’hui n’est pas loin de me renverser, tant je sors touché, et pour tout dire bouleversé, de ce film de SF plus naïf que métaphysique. Et c’est un compliment.

Il y a évidemment du 2001 dans cette histoire d’astronautes qui découvrent une force mystérieuse sur Mars. Il y a aussi, avec beaucoup d’avance, du Interstellar. Mais il y a surtout du Rencontres du 3e type, et une volonté évidente, dans cet univers de science-fiction avec beaucoup d’effets spéciaux (souvent approximatifs, jamais envahissants), d’être humain, à hauteur d’hommes.

Étrangement, c’est même l’un des films les plus intimes de De Palma, comme s’il avait eu besoin de toutes ces contraintes en termes de décors et d’effets spéciaux, pour ne s’intéresser qu’à ses personnages, reléguant l’intrigue et tout ce qui n’est pas exclusivement basé sur les rapports humains aux oubliettes.

Alors oui, c’est beau. Ça l’est même dès ce long plan-séquence qui ouvre le film (presque une habitude pour De Palma) et qui présente en un seul mouvement tous les personnages et les premiers enjeux du film. Ça l’est encore plus avec l’échange nocturne entre les trois amis que jouent Don Cheadle, Tim Robbins et Gary Sinise, le premier étant le capitaine de la toute première mission partant pour Mars, le deuxième celui de la seconde, et le troisième celui qui en a été écarté.

Dans l’espace, ce sont les liens fraternels et amoureux réduits à leur expression la plus pure, ce qui n’empêche pas De Palma de faire preuve d’une belle ambition formelle, jouant (avec les moyens du bord) avec les règles de la (de l’a-) pesanteur, notamment dans un plan renversant dans tous les sens du terme, hommage assumé à Kubrick.

Mais c’est l’émotion qui prime. Et me voilà conquis, bien tardivement, mais bien sincèrement. Parce que c’est bien la sincérité qui s’impose dans ce beau film méprisé à sa sortie, et oublié depuis.

Monsieur Ed, le cheval qui parle (Mister Ed) s2 e25 : Clint Eastwood meets Mr. Ed – épisode réalisé par Arthur Lubin – 1962

Posté : 20 octobre, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (acteur), FANTASTIQUE/SF, LUBIN Arthur, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Clint Eastwood meets Mr Ed

Il y a des tas de raisons d’affirmer que le parcours de Clint Eastwood ne ressemble à aucun autre dans le cinéma américain. Il y en a une, en tout cas, qui ne souffre aucune contestation : qui d’autre que lui peut se vanter d’avoir tourné avec deux ânes qui parlent ?

Eh oui ! Sept ans après avoir effectué ses premières cascades dans Francis in the Navy (déjà réalisé par Arthur Lubin), Clint est devenu une vedette grâce à sa série Rawhide, et il est l’invité d’un show télé très populaire à l’époque autour d’un autre équidé, digne descendant de Francis : Mister Ed. Un âne doué de la parole, donc, qui a été le faire-valoir du comique Alan Young 143 épisodes durant.

Aucun des 142 autres épisodes ne figurera sans doute sur ce blog dans un avenir plus ou moins proche. Mais celui-ci, tourné en 1962 alors que Clint était l’un des cowboys les plus populaires de la télévision américaine, se voit avec un certain plaisir, en tout cas avec une vraie curiosité. Ne serait-ce que parce qu’on y devine le statut qu’Eastwood avait à l’époque : une vedette suffisamment connue pour donner son nom à un épisode du show, et suffisamment accessible pour lui proposer.

Sur la prestation du futur homme sans nom, pas grand-chose à dire : Eastwood s’y montre charmant, le sourire rigolard de celui qui ne prend pas la chose au sérieux, et qui sait qu’on n’attend rien d’autre de lui que d’apporter un contrepoint vaguement prestigieux aux pitreries d’Alan Young et de son âne qui parle. Une curiosité bien sympa.

Megalopolis (id.) – de Francis Ford Coppola – 2024

Posté : 11 octobre, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, COPPOLA Francis Ford, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Megalopolis

Alors ? Tu as aimé ? – Euh… Repose moi la question dans dix ans, histoire de me laisser le temps de digérer tout ça… Petit dialogue à la sortie de Megalopolis, ce projet fou et démesuré porté par Coppola depuis quarante ans. Ne serait-ce que pour ça, pour cette attente à peu près aussi longue que mon parcours personnel de cinéphile, voir Megalopolis est une expérience qui ne ressemble à aucune autre. Et qui mérite, donc, largement, d’être vécue.

Une autre raison, aussi : ce sentiment que l’on a durant plus de deux heures d’être embarqué dans les méandres du cerveau de Coppola, de toucher du doigt toutes les idées qu’il a accumulées au fil des années, pour ce qui restera quoi qu’il arrive le projet de sa vie. Ce qui, pour un cinéaste aussi important, audacieux et visionnaire que Coppola, n’est pas rien.

Mais alors ? C’est bien ? Franchement, impossible de répondre simplement à cette question, tant la vision de Coppola est radicale, grandiose, foisonnante, et naïve à la fois. Utopie futuriste, relecture de l’empire romain avant la chute, tragédie familiale qui doit plus à Shakespeare qu’au ParrainMegalopolis est tout ça à la fois : une œuvre totale et, oui, radicale, qui ne fait pas grand-chose pour plaire au grand public.

Dès les premières secondes, un carton l’annonce : c’est une fable qui va nous être présentée. Avec des personnages qui sont donc des incarnations de certaines idées, souvent extrêmes d’ailleurs. Au cœur du film, il y a le rêve de ville idéale et globale incarné par Adam Driver, bâtisseur vivant presque reclus dans sa tour, capable de manier le temps, de l’arrêter au fil de ses inspirations créatrices.

Autour de lui : la politique, et l’argent, deux forces qui s’opposent à sa vision pour des raisons radicalement différentes. D’un côté : le maire joué par Giancarlo Esposito, dont la fille (Nathalie Emmanuel, que je découvre avec plaisir vu qu’elle n’a fait à peu près que des Fast and Furious avant ça) tombe amoureuse de l’ennemi juré, le bâtisseur. De l’autre : le banquier fat Jon Voight et son odieux petit-fils Shia LaBeouf, incarnations d’une décadence tout droit héritée de la culture romaine antique.

Les parallèles avec l’empire romain sont un peu lourdement appuyés, avec musique ad hoc, toges et patronymes qui vont avec, et même une course de chars où on jurerait avoir aperçu Charlton Heston. Ce qui, on l’a bien compris, n’est pas possible. C’est là que l’aspect « fable » de l’entreprise touche un peu ses limites, à force de trop vouloir rapprocher deux mondes et deux époques (l’empire romain et les Etats-Unis du XXIe siècle). Qui ont, certes, sans doute des points communs.

Il y a quoi qu’il en soit une vraie vision de (grand) cinéaste derrière cette fable. Et malgré sa richesse extrême, excessive même, qui multiplie les pas de côté et nous submergent littéralement d’idées, il y a là une incontestable maîtrise, un mouvement fascinant et d’une grande cohérence qui nous fait accepter tous les excès, et des moments de pur et de grand cinéma comme on a rarement l’occasion d’en voir.

Megalopolis est sans doute un film très imparfait, voire bancal. Ou peut-être est-il simplement génial, après tout… Franchement, il me paraît bien difficile d’avoir un avis tranché sur la question avant de l’avoir revu, et surtout de l’avoir laissé infuser… Quoi qu’il en soit : c’est l’œuvre d’un cinéaste immense, qui n’a cessé d’inventer de nouvelles formes au fil de sa carrière, quitte à risquer sa propre fortune. C’est ce qu’il fait plus que jamais pour ce projet fou. Et le voir, à 80 ans passés, miser autant d’argent personnel sur un film dont il rêvait depuis si longtemps, a quelque chose de magnifique.

Dracula (Bram’s Stoker Dracula) – de Francis Ford Coppola – 1992

Posté : 28 septembre, 2024 @ 8:00 dans 1990-1999, COPPOLA Francis Ford, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Dracula 1992

Quitte à choquer les puristes, le Dracula de Coppola me semble toujours bien être la meilleure adaptation du roman de Bram Stocker. Oui, meilleure que le Nosferatu de Murnau, c’est dire. Comme ce dernier, que Coppola cite régulièrement tout au long du film, ce Dracula version 1992 est extrêmement fidèle au récit original, et à sa construction épistolaire.

L’histoire se déroule d’ailleurs en 1897, l’année même où le roman est publié. L’occasion pour Coppola d’ajouter à cette grande histoire d’horreur baroque une déclaration d’amour au cinéma. Le comte Dracula, arrivé à Londres, assiste en effet à une projection de film. La manière dont Coppola filme les éléments fantastiques est aussi une manière de s’inscrire dans ce cinéma des origines.

Pas d’effets numériques, en effet, dans ce film visuellement éblouissant : tous les effets spéciaux sont réalisés directement sur le plateau, avec des trucages dont certains auraient pu être utilisés par Murnau lui-même. Et c’est, ne serait-ce que sur ce plan technique, une immense réussite, qui inscrit Dracula dans la lignée des grands films « expérimentaux » de Coppola, de Apocalypse Now à Coup de Cœur.

Dracula est un film de commande, qui lui a été proposé par Winona Ryder. Mais Coppola en fait un grand film personnel, et un grand film tout court, comme Le Parrain 3 qu’il a tourné juste avant, et qui lui a permis de renouer avec le succès. Et peut-être d’avoir ce casting assez incroyable : Winona Ryder donc, mais aussi Keanu Reeves, Anthony Hopkins et Gary Oldman, glaçant et bouleversant en compte Dracul (dit avec l’accent transylvanien).

De cette histoire horrifique, Coppola retient surtout l’aspect extraordinairement romantique, celui-là même qui a séduit la si romanesque Winona Ryder (qui a failli jouer dans Le Parrain 3, et se rattrape merveilleusement bien ici). Il signe un film génialement bricolo, et merveilleusement grandiloquent, jonché d’images d’une puissance picturale et émotionnelle assez radicale. Un film dont on (re)tombe amoureux à chaque vision. C’est beau.

Mad Max (id.) – de George Miller – 1979

Posté : 5 août, 2024 @ 8:00 dans 1970-1979, FANTASTIQUE/SF, MILLER George | Pas de commentaires »

Mad Max

Après la claque Furiosa, une envie bien logique de replonger dans les origines du mythe. Il y a quarante-cinq ans, disons, lorsqu’un tout jeune George Miller dirigeait un encore tout jeune Mel Gibson dans une petite production sans moyen mais avec beaucoup d’idées, déjà assez dingue.

A l’origine, donc, il y a ce Mad Max de 1979. Loin, très loin du délire énorme et jouissif de Fury Road ou Furiosa. C’est la naissance du mythe, et tout est déjà là, mais tout est différent. Le chaos n’a pas encore totalement eu lieu : le monde que filme Miller est mal en point, en proie à une violence incontrôlée. Mais des bribes de société existent toujours : une police, des commerces, des familles…

Miller n’est pas du genre, dans cette saga, à aller trop loin dans l’explicité. De ce qui a amené le monde dans cette dérive, de ce que sont les rêves et les quotidiens des vrais gens, on ne saura donc pas grand-chose. Dès ce premier film, malgré toutes les différentes avec la suite du mythe, tout est bruit et fureur, devant la caméra de Miller.

Et même sans les moyens énormes qu’il aura quarante ans plus tard, Miller fait preuve d’une inventivité et d’un sens du rythme impressionnants avec ce film qui dilate l’action tout en condensant l’intensité et l’émotion contenue. Dès ce premier film, les courses poursuites prennent notamment une dimension mythique.

Techniquement, on est très loin de la perfection qu’il atteindra dans les années 2010 et 2020 : le montage est imparfait, la post-synchro carrément pourrie. Mais qu’importe : par sa rage, par son rythme, par sa violence même et par sa cruauté, Mad Max est un film fort, fondateur, profondément sombre. Fauché, bien foutu, culte.

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