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Archive pour la catégorie 'FANTASTIQUE/SF'

Indiana Jones et le cadran de la destiné (Indiana Jones and the dial of destiny) – de James Mangold – 2023

Posté : 14 juillet, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, ACTION US (1980-…), FANTASTIQUE/SF, FORD Harrison, MANGOLD James | Pas de commentaires »

Indiana Jones et le cadran de la destinée

Quinze ans déjà qu’on avait quitté notre aventurier préféré, vieillissant mais encore fringuant, à l’issue d’un épisode pour le moins faiblard malgré quelques beaux moments. Quinze ans d’annonces et de rendez-vous manqués, et voilà qu’il revient à l’aube du grand âge, et sans le regard d’un Spielberg qu’on croyait immuable. Sans Lucas aussi, ce qui pour le coup est plutôt rassurant.

Et curieusement, ce grand âge et ce regard neuf sont sans doute les meilleures nouvelles de ce cinquième opus tardif (42 ans depuis le premier film quand même) et enthousiasmant, qui nous cueille d’emblée avec une longue séquence introductive qui nous ramène à la grande période de la trilogie originelle. Même époque ou presque (la fin de la guerre en l’occurrence), mêmes ennemis (les Nazis), même rythme effréné, même nonchalance rigolarde d’un Harrison Ford rajeuni numériquement.

L’illusion est presque parfaite. Presque, parce qu’on n’échappe pas tout à fait à une espèce de lissage numérique, qui dresse une petite distance entre l’action et le spectateur. Plutôt bluffant quand même, et mené à un rythme d’enfer par un James Mangold dont on attendait le meilleur, et qui ne nous offre rien d’autre, bien plus qu’un disciple appliqué : un cinéaste enthousiasmant qui garde son identité tout en s’inscrivant ouvertement dans la lignée de Spielberg.

Après ces vingt premières minutes de pure nostalgie, la transition est brutale, et rude. Vingt-cinq ans ont passé. L’archéologue aventurier est désormais un universitaire vieillissant sur le point de sa retraite. Et c’est dans un appartement sans charme de New York qu’on le retrouve, émergeant difficilement d’une nuit trop courte. Corps fatigué, visage accusant ses 80 printemps, voix un peu plus éraillée, regard lessivé par les années et les drames récents de sa vie.

Et là, la claque : qu’un héros aussi mythique, incarné par une aussi grande star, dans une saga aussi importante, assume à ce point son âge, sans tricher, sans même rien en cacher (jamais Harrison Ford n’avait encore dévoilé aussi frontalement les effets de l’âge sur son corps), voilà qui tranche pour le moins radicalement avec le tout venant des grosses productions hollywoodiennes. Et le fait de retrouver d’abord Harrison Ford comme revenu d’une autre époque ne fait que renforcer la brutalité de ce vieillissement, qui sera constamment l’un des thèmes forts du film, si ce n’est son axe central.

Le film de Mangold séduit aussi par son refus de céder à peu près à toutes les tendances mortifères du cinéma hollywoodien actuel : il évite la surenchère gratuite, ne cède pas au fan service jusqu’au-boutiste, et ne tire pas un trait sur les événements du quatrième volet, ce que bien d’autres sagas (de Terminator à Halloween) ne se sont pas gênés de faire. Au contraire : ce qui pouvait sembler être des boulets tout pourris fournissent les éléments les plus émouvants de ce film. Et non, on ne peut pas en dire sans gâcher quelques surprises, et une conclusion magnifique qui remuera les fans de la première heure.

Il y a, quand même, tout ce qu’on attend d’un Indiana Jones : des escales dans plusieurs continents, quelques réminiscences des premiers épisodes (le retour de Sallah notamment, dans un rôle modeste mais truculent et nostalgique), des courses-poursuites dans les modes de transport les plus inattendus (séquence géniale dans un tuk tuk à Tanger, séquence rigolote à cheval dans la fameuse parade des héros de la lune à New York), et un artefact aux pouvoirs mystérieux, en l’occurrence un cadran imaginé par Archimède il y a 2000 ans, censé permettre le voyage dans le temps.

C’est généreux et inventif, avec ce petit plus qui change tout : Indiana Jones est vieux. Et il le sait. « Those days are come and gone », lance-t-il à son vieil ami avant de s’envoler pour une aventure qui ressemble furieusement à un ultime baroud d’honneur pour un homme qui se sait en bout de course. Mais il a de beaux restes, pour le moins, et tiens largement sa place dans les nombreux morceaux de bravoure.

Et puis Mangold réussit haut la main là où Spielberg et Lucas avaient échoué en 2008 : avec le sidekick d’Indy, et avec le grand méchant. Oublié l’agaçant personnage de Shia LaBeouf. Dans le rôle de la filleule d’Indiana Jones, Phoebe Waller-Bridge apporte une fraîcheur et une fausse légèreté assez parfaites. Dans celui du Nazi de service, Mads Mikkelsen est formidable, évitant les clichés faciles, et s’imposant comme le méchant le plus fascinant de la saga.

Et cette dernière scène, dont on ne peut rien dire, mais qui assure au personnage une sortie digne de lui. Le film offre deux heures trente de pur plaisir nostalgique. Mais même s’il n’y avait que cette dernière scène, elle justifierait que Harrison Ford renfile son Fedora pour cette cinquième et ultime fois. Et puis, qu’une saga basée sur une idée presque cartoonesque de l’action se conclue sur un épisode abordant frontalement le vieillissement, ça a quand même pas mal de gueule…

* Voir aussi : Les Aventuriers de l’Arche perdueIndiana Jones et le Temple maudit, Indiana Jones et la Dernière Croisade et Indiana Jones et le Royaume du Crâne de cristal.

Ghostbusters : l’héritage (Ghostbusters : Afterlife) – de Jason Reitman – 2021

Posté : 10 juillet, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, FANTASTIQUE/SF, REITMAN Jason | Pas de commentaires »

Ghostbusters  l'héritage

Dans l’immense collection actuelle des suites-remakes-reboots et toute autre manière d’exploiter jusqu’à la lie les recettes éprouvées pour assurer un succès sans trop de risques, ce retour-ci a quelque chose de joliment rafraîchissant. Quelque chose qui ressemble à de la douce nostalgie sans doute.

Le fait que le scénariste et réalisateur de ce troisième (ou quatrième, si on compte le remake au féminin récent et déjà oublié) opus soit le fils d’Ivan Reitman n’est évidemment pas anodin. Comme ne l’est pas le fait que la jeune héroïne du film ait 12 ans, soit exactement l’âge qu’avait Jason lorsque son père tournait SOS Fantômes 2.

Tout est dans ce parti-pris là : la sincérité de cette suite tardive, le respect, l’amour, et aussi l’envie de trouver ses propres marques. Ce Ghostbusters là fait en gros ce qu’un fils fait avec un père qu’il aime : il lui rend un hommage vibrant, tout en s’en démarquant ouvertement. L’esprit est là, les références aux deux premiers films sont omniprésentes, mais Jason Reitman, tout en signant une suite directe (avec la même menace, les mêmes fantômes, les mêmes gadgets), signe un film assez différent.

Le décor du film n’est pas anodin : loin de New York, le fils Reitman situe son action dans le coin le plus paumé d’Amérique. Les acteurs des deux premiers films, très présents par références interposées, n’apparaissent en fait que quelques minutes, farouchement nostalgiques et un peu déconnectées du récit. Surtout, le fait de recentrer le film sur des enfants et adolescents fait de cet Afterlife un peu plus qu’un hommage au Ghostbusters original : un hommage à tout un pan du cinéma des années 1980, symbolisé par les Goonies.

Jason Reitman est un réalisateur plutôt habile (on lui doit Juno), et pour tout dire nettement plus emballant que son père. Et ça se sent dès les premières images : même s’il touche visiblement à ses limites dans les scènes d’action, pas très immersives, il révèle d’emblée une ambition formelle et un sens du rythme qui renvoie les deux premiers films à une sorte de préhistoire du genre. Attachant, le film trouve un étrange équilibre, hommage tendre sincère, et nouveau départ qui apporte un vrai vent de fraîcheur à la saga.

A défaut d’être ébouriffant (le film reste quand même très sage), l’approche est séduisante, et même touchante. Suite, reboot, hommage… Qu’importe, le plaisir est bien là.

Get out (id.) – de Jordan Peele – 2017

Posté : 6 juillet, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, PEELE Jordan | Pas de commentaires »

Get out

Il fait fort, Jordan Peele, avec ce premier long métrage venu d’on ne sait où. Ou plutôt si, certaines influences sont assez évidentes, mais on ne saurait trop en dire sans déflorer les surprises, nombreuses, du film. Soulignons quand même que la toute première scène inscrit ouvertement Get out dans une sorte d’héritage du cinéma de John Carpenter. C’est en partie le cas, avec quelques effets de styles clairement inspirés du maître.

Comme Carpenter, Peele s’empare des codes du film de genre dans ce qu’il a de plus décomplexé, pour livrer une vision glaçante et sans concession de la société actuelle. Mais à l’opposée du réalisateur de They live !, lui fait naître l’angoisse de détails anodins, réalistes et terriblement quotidiens : la manière dont une communauté blanche bien sous tout rapport accueille un jeune homme noir, sans la moindre hostilité apparente, mais avec de petits gestes, des regards, des mots qui n’ont l’air de rien, mais qui créent une brèche dans les sourires si bienveillants.

Il n’aurait pas dû accepter de se rendre chez sa belle-famille blanche, ce jeune photographe afro-américain. Son pote lui avait dit. Et on lui dirait bien aussi de se sauver en courant. Mais non, il l’aime tellement, sa jeune fiancée, qu’il est prêt à affronter le long week-end d’épreuves sociales qui l’attend. Et quelles épreuves ! D’abord ce père trop copain, puis cette mère trop posée, ce fils étrangement agressifs, et encore ces invités aux silences troublants. Et ces deux serviteurs noirs surtout, aux trop larges sourires et comme étrangers à eux-mêmes…

Il y a un tournant radical dans le film, dont on ne dira pas grand-chose, si ce n’est qu’avant ce tournant, Peele signe avec Get out une chronique glaçante et radicale du racisme banal et du masque de la bien-pensance. Pour faire monter l’angoisse, qui atteint des sommets, Peele ne se refuse rien, jouant à la fois sur les effets à la Carpenter (une silhouette qui apparaît, une note de musique qui cingle), sur la mise en scène de comportements pour le moins décalés, ou sur le souvenir traumatisant de la première scène.

Et puis le film fait un virage brusque vers autre chose, vers un cinéma de genre assez radical comme on n’en fait finalement plus guère depuis les années 1940. En tout cas pas avec un tel regard, et une telle efficacité. Flippant et engagé, dérangeant et fascinant… Et si le premier digne héritier de Carpenter était enfin né ?

Alien 3 (id.) – de David Fincher – 1992

Posté : 13 avril, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, FANTASTIQUE/SF, FINCHER David | Pas de commentaires »

Alien 3

Ridley Scott et James Cameron était de tout jeunes cinéastes quand ils ont réalisé Alien et Aliens (deuxième film pour le premier, troisième pour le second). Pour le troisième opus, c’est à un jeune talent à la fois débutant et expérimenté que les producteurs font appel : David Fincher, qui n’a encore rien réalisé pour le cinéma, mais qui a à son actif des dizaines de clips vidéo qui lui ont valu une belle réputation.

Cette première expérience a été un cauchemar pour un Fincher perfectionniste qui n’a cessé de batailler avec le studio pour tenter d’imposer sa vision. En vain : Fincher n’a cessé de renier le film, et s’en est retourné aussi vite dans l’univers des clips, où il serait peut-être encore si on ne lui avait proposé le scénario de Seven. La suite est une autre histoire, mais c’est avec une certaine perplexité que j’ai revu Alien 3… ou plutôt Alien 3 : le film, qui m’avait fait une assez forte impression en 1992, est-il si mauvais que Fincher ne l’affirme.

Question simple, réponse simple : non. Il y a même de très belles choses dans ce troisième opus. Une esthétique sombre et léchée qui rappelle le passé clipesque de Fincher, et annonce d’une certaine façon Seven. Une évolution assez passionnante du personnage de Ripley, qui redécouvre sa féminité en même temps qu’elle en perd les attributs habituels (en se rasant le crâne et en revêtant une tenue de taulard). Un scénario assez habile qui rompt avec le grand spectacle du film de Cameron sans retomber dans le huis clos de Scott. Une réflexion sur la maternité qui avait déjà été abordée dans le précédent film, et qui aboutit ici à une dernière scène forte, qui conclue assez joliment la trilogie.

Cela étant dit, le film est effectivement malade. On sent bien que Fincher n’a pas eu les coudées franches, et qu’il est contraint par des décors un peu kitsch et des effets spéciaux franchement cheap qui ont nettement plus vieilli que ceux des deux premiers films. Et puis, malgré la violence extrême de l’histoire, malgré son décor (une planète-pénitencier habitée par la lie de l’humanité) le film reste étonnamment lisse et propret, loin du film originel de la saga.

Une réussite en demi-teinte, donc, portée par la présence toujours enthousiasmante de Sigourney Weaver, qui n’a cessé de faire évoluer ce personnage, de film en film.

Didier – d’Alain Chabat – 1997

Posté : 23 mars, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, CHABAT Alain, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Didier

Oui c’est con : un chien, laissé en garde à un type un peu largué, se réveille dans le corps d’un homme sans qu’on sache pourquoi. C’est con, et c’est voué à l’échec. Et oui, ça a un intérêt purement cinématographique assez limité. Mais la magie n’opère pas uniquement dans cette transformation.

Et si le film est si réjouissant, c’est parce qu’Alain Chabat est aux manettes, qu’il ose et qu’il y croit pour son premier film derrière la caméra. Et surtout, parce que personne d’autre que lui n’aurait pu être si… ne disons pas réaliste, non, mais crédible, en chien. Et parce que face à lui, il y a Jean-Pierre Bacri, acteur génial en toutes circonstances, y compris en quadra largué qui réalise que le type à poil qu’il découvre au petit déj dans le panier du chien… c’est le chien.

Didier n’est pas un grand film, pas même un film totalement réussi : on sait gré à Chabat de ne pas avoir chercher une quelconque explication à son miracle, mais ce faux suspense dans les coulisses (pourries) du football paraît franchement superflu. D’ailleurs, si on met de côté les prestations exceptionnelles de Chabat et Bacri, le film est une comédie sympa mais lambda, embarrassée par une quantité de seconds rôles sympas mais lambdas, qui n’apportent pas grand-chose.

Mais il y a ces deux-là, sans qui le film aurait été un fiasco garanti, mais grâce à qui il est devenu (instantanément) l’une des comédies cultes du cinéma français des années 90, et l’une de celles qui a le mieux vieilli. Grâce soit rendu à Chabat et à son regard de labrador. Grâce soit rendu à Bacri et à son sens de la réplique. « Qu’est-ce que je disais, moi?… Ah oui : on ne sent le cul de personne ! »

Astérix et Obélix : l’empire du milieu – de Guillaume Canet – 2023

Posté : 15 mars, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, CANET Guillaume, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Astérix et Obélix L'Empire du Milieu

Pierre Richard, alias le druide Panoramix, qui s’enfonce dans des sables mouvants devant Obélix (jadis interprété par son compère de La Chèvre Depardieu). « C’est oui ou bien c’est non ? » interroge Falbala, reprenant le titre d’une chanson de son interprète Angèle. Un super-guerrier romain joué par Zlatan Ibrahimovic qui sort du champ de bataille sur blessure et demande son remplacement… Il est comme ça, le Astérix de Guillaume Canet : ultraréférencé, parsemé d’une infinité de clins d’œil à la culture populaire sous toutes ses formes.

Le casting lui-même est à l’avenant, offrant des apparitions à Macfly et Carlito, Orelsan ou Bigflo et Oli, pour ne citer qu’eux. Apparitions franchement inconsistantes, comme si l’unique ambition de Canet était d’accumuler les références. C’est un peu léger comme ligne de conduite, surtout que 80 % des blagues tombent à plat, et qu’on ne peut pas compter sur un quelconque suspense pour assurer l’intérêt : c’est Astérix, et même si le film est basé sur un scénario original, l’univers est ultrabalisé.

On sent bien que Canet rêve de réaliser « son » Mission Cléopâtre. Mais il n’est pas Chabat. Et si sa mise en scène est propre, efficace et même assez généreuse, son sens de la comédie pure reste à prouver. Surtout, il manque d’un univers comique marqué. Là où l’ex-Nul marquait de son empreinte son adaptation pour signer un film personnel, lui se contente d’enchaîner jeux de mots, effets spéciaux et guests. La seule fois où on reconnaît un peu la patte de Canet, c’est dans les toutes dernières secondes, lorsque les deux amis de toujours se retrouvent enfin après avoir passé deux heures à se faire la gueule.

Canet lui-même est pas mal en Astérix. Mais il laisse clairement la vedette à Jonathan Cohen, qui fait efficacement du Jonathan Cohen en faux gaulois fort en gueule, et à son complice Gilles Lellouche, digne successeur de Depardieu en Obélix. Il est celui qui tire le mieux son épingle du jeu, avec Vincent Cassel, qui s’amuse autant qu’il nous amuse en Jules César, orgueilleux et fou d’amour pour la belle Cléopâtre (Marion Cotillard, qui en fait beaucoup).

Entretien avec un vampire (Interview with the vampire) – de Neil Jordan – 1994

Posté : 10 mars, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, CRUISE Tom, FANTASTIQUE/SF, JORDAN Neil | Pas de commentaires »

Entretien avec un vampire

Il fut un temps où Tom Cruise était un acteur caméléon. A cette époque où, devant la caméra de Brian De Palma, il tournait l’adaptation d’une série TV un peu vieillotte (qui n’était pas encore la plus enthousiasmante des franchises d’action), il passait allégrement d’un genre à l’autre, d’un univers à l’autre : comédie romantique (Jerry Maguire), thriller paranoïaque (La Firme), grand film introspectif (Eyes Wide Shut).

Et voilà qu’il s’empare, contre l’avis de l’autrice Anne Rice, d’un personnage de vampire déjà culte dans la littérature : Lestat, grand blond athlétique qu’il incarne avec une conviction sans faille, révélant une intensité, une menace et des fêlures à côté desquelles beaucoup d’observateurs étaient passés jusqu’alors. Bien sûr, il y avait déjà eu Né un 4 juillet, mais le personnage de Ron Kovic, tel qu’il l’incarne dans sa jeunesse d’avant la guerre, n’était pas si loin de l’image de tête brûlée qui a fait la gloire de l’acteur.

Rien de tout ça dans Lestat, vampire apparemment sans état d’âme, sans empathie pour les mortels ou pour ses semblables, qui habite la Nouvelle Orléans de la fin du XVIIIe siècle comme un seigneur ou un demi-dieu ayant droit de vie et de mort sur les habitants de la ville. Un personnage auquel Tom Cruise apporte une profondeur et des failles inattendues, qui ne sont jamais assénées, toujours suggérées par des gestes, des regards…

C’est là qu’il « enfante » un autre vampire : un riche propriétaire ravagé après la mort de sa femme, qui rencontre ce vampire lui proposant de passer de l’autre côté, de renoncer à sa vie de mortel pour être son compagnon de vie… ou de mort… ou d’éternité. C’est Brad Pitt, et c’est son personnage qui est au cœur du récit. Et lui aussi est formidable, aussi intense et complexe que Cruise. Un mort-vivant, dans tous les sens du terme, qui laisse passer la vie et son humanité sans réagir, avec une fausse passivité qui ne trompe que lui.

Cela fait beaucoup d’éloges pour les deux stars, et encore pas grand-chose sur le film lui-même. C’est que revoir Entretien avec un vampire presque trente ans après me laisse à peu près la même impression que la première vision, et que le souvenir qu’elle m’avait laissé. La mise en scène de Neil Jordan est impeccable, et nous offre une plongée assez saisissante dans les nuits humides du Sud américain. La violence, parfois extrême, et le sang, souvent en profusion, créent un malaise authentique. Mais non, impossible de se laisser emporter vraiment et totalement.

Entretien avec un vampire est un film souvent impressionnant, esthétiquement parfait, mais étrangement froid. Plutôt que d’être réellement happé, on admire avec un peu de recul la prestation de Cruise et Pitt, ou celle d’Antonio Banderas, Christian Slater et surtout Kirsten Dunst, vampire enfermée à jamais dans un corps d’enfant. Etrange expérience de spectateur, finalement pas si loin de celle que vit le personnage de Pitt.

Avatar, la voie de l’eau (Avatar : The Way of Water) – de James Cameron – 2022

Posté : 1 mars, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, CAMERON James, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Avatar La Voie de L'Eau

Treize ans d’attente (enfin… un peu pour ceux qui, comme moi, ont attendu fin 2022 pour découvrir Avatar), treize ans sans long métrage de fiction, treize ans de frustration pour les amoureux d’Abyss et Terminator 2 (ses deux chefs d’œuvre, n’est-ce pas?). Et la seule question qui se posait vraiment… Non pas : est-ce qu’Avatar 2 se montrera à la hauteur stratosphérique des précédents films du réalisateur ? Mais : est-ce que Cameron a toujours cette patte qui n’appartient qu’à lui ? Cette façon de rendre évidentes les situations les plus complexes, les plus chaotiques…

Disons pour faire simple que Cameron a un langage cinématographique qui s’apparente à la fameuse ligne claire de la bande dessinée. Et oui, il l’a toujours, avec la même acuité, le même sens inné de la narration et de l’action. Bref : Cameron reste sans conteste l’un des grands narrateurs du cinéma contemporain. L’un des plus ambitieux visuellement aussi. Et, hélas, l’un des très rares habitués des blockbusters pour qui les effets spéciaux et le grand spectacle sont, toujours, au service du film, et pas leur seul objectif.

En cela, James Cameron est peut-être le seul (en tout cas l’un des rares) cinéaste que l’on puisse comparer à Spielberg. Comme son aîné, il a inventé une forme ultime de divertissement, que beaucoup ont copié en ne gardant que l’aspect spectaculaire innovant, et en oubliant qu’il y avait derrière ça le regard d’un auteur. Cameron est un auteur, c’est une évidence. Et ça l’est particulièrement dans cette (première) suite tardive, qui prolonge l’expérience du premier film, tout en étant une sorte de synthèse de toute l’œuvre du cinéaste.

Avatar 2 est un film passionnant. C’est aussi un film frustrant. Parce qu’il semble acter le fait que Cameron va passer le reste de sa carrière sur Pandora, et parce qu’il n’apporte pas grand-chose de neuf. OK, la forêt a laissé la place à la mer. Mais à part ça ? On reprend les mêmes, ou presque, et on recommence. Deux personnages phares (interprétés par Sigourney Weaver et Stephen Lang) ont disparu ? On trouve des solutions un peu faciles pour les faire revenir d’une manière ou d’une autre… C’est l’avantage des avatars : ça permet beaucoup de choses.

Pour le reste, l’histoire se résume à quelques rebondissements, et le film, qui dure plus de trois heures, aurait pu sans problème être deux fois moins long sans qu’on n’y perde grand-chose. C’est spectaculaire et grisant (même en 2D), mais ni plus ni moins que le premier film. Et le grand morceau de bravoure qui vient clore le film, à bord d’un bateau en pleine déroute, s’apparente à une sorte d’immense best-of du cinéma cameronien, citant dans la même scène Titanic, T2, Abyss et le premier Avatar. Cameron n’a rien perdu de son savoir-faire, mais on aimerait qu’il se remette à nous surprendre. Juste une dernière fois.

Aliens, le retour (Aliens) – de James Cameron – 1986

Posté : 12 janvier, 2023 @ 8:00 dans 1980-1989, CAMERON James, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Aliens le retour

James Cameron a un univers bien à lui, pas de doute. Son troisième long métrage est autant une suite du chef d’œuvre de Ridley Scott que le premier volet d’un triptyque personnel qui se poursuivra avec Abyss et Avatar. Entre ses trois « films en A », la cohérence esthétique et thématique est assez frappante.

Dans chacun des trois films : le cinéma fantastique et les gros moyens du blockbuster illustrent des drames personnels et familiaux, où le thème de la maternité est central. Ajoutez ça l’opposition entre les éléments et des machines destructrices, et la présence de commandos militaires hyper-armés et hyper-entraînés…

C’est ce qu’on appelle le début d’une œuvre, donc. Et c’est aussi une belle manière de donner une suite à un (déjà) classique en en prenant le contre-pied. Scénariste, c’est aussi l’approche qu’il avait choisie pour écrire Rambo 2. Une véritable trahison. Ce n’est pas le cas avec Aliens, qui respecte l’esprit du premier film, mais avec des choix narratifs et visuels radicalement différents.

Le premier Alien se résumait assez vite finalement à l’affrontement de Ripley (Sigourney Weaver) et de la créature, avec le chat pour témoin, et dans un espace très confiné. Dans Aliens, Cameron expédie le chat, ouvre son décor, met en scène de nombreux personnages (tous parfaitement identifiés et marquants) et les confronte à d’innombrables monstres.

Ça mitraille, ça charcute, ça explose dans tous les sens. Mais c’est Cameron : l’action est toujours extrêmement lisible, et le gigantisme est au service d’une étonnante intimité. La scène explicitant la maternité de Ripley a été coupée au montage, mais cette vérité (sa fille est morte de vieillesse pendant qu’elle était dans sa capsule à travers l’espace) est bien perceptible : elle est au cœur du film, sorte de parcours intime déchirant avant même d’être une machine de guerre hyper efficace.

La relation que le personnage de Sigourney Weaver noue avec Newt, la fillette perdue sur cette planète de mort, est magnifique, annonçant la profondeur d’Abyss. Et c’est là que réside la grandeur de Cameron. Derrière ses blockbusters révolutionnaires, qui repoussent constamment les possibilités du cinéma d’action et des effets spéciaux, c’est un cinéaste sensible et intime qui se cache.

La Nuit fantastique – de Marcel L’Herbier – 1942

Posté : 23 décembre, 2022 @ 8:00 dans 1940-1949, FANTASTIQUE/SF, L'HERBIER Marcel | Pas de commentaires »

La Nuit fantastique

Un étudiant en philosophie, contraint de travailler la nuit aux halles pour payer ses études, est tellement fatigué par son rythme de vie qu’il s’endort à la moindre occasion, et plonge dans des rêves où lui apparaît immanquablement une silhouette blonde, toute de blanc vêtue, dont il tombe profondément amoureux.

Toute la première partie du film est absolument magnifique : cette espèce de triangle amoureux entre le jeune homme (Fernand Gravey, formidable), une fiancée rêche et cassante (Christiane Nère) et une apparition fantomatique (Micheline Presle) inspire à L’Herbier un marivaudage lunaire et poétique enthousiasmant, où le verbe (superbes dialogues d’Henri Jeanson) et le jeu des acteurs, Gravey en tête, insufflent un charme irrésistiblement désuet. Et comme il y a Bernard Blier qui joue les témoins de cet étrange drame avec la gouaille réaliste qu’on lui connaît, le film atteint réellement des sommets.

Puis, les irruptions sporadiques des rêves tandis que le héros somnole finissent par devenir le corps du film, lorsque les somnolences se transforment en sommeil profond. Là, le film se révèle plutôt convainquant, et souvent fascinant. Ce qui pourrait aussi être traduit par «partiellement réussie ». Les premiers pas dans ce long rêve sont en tout cas étonnants : quand Fernand Gravey franchit les portes de ce premier bar, c’est un peu comme si L’Herbier, qui rend ici un hommage vibrant au cinéma des origines de Méliès, annonçait les occupants de la Loge Noire dans Twin Peaks : perception brouillée, dialogues dits à l’envers, absurde assumé… L’Herbier s’impose en précurseur inattendu de David Lynch.

Tout n’est pas du niveau de cette première scène, cela dit. L’ambition immense du film est parfois contredite par une approche esthétique un peu timorée. Mais quand L’Herbier désaxe ses cadres, insiste sur le phrasé traînant de Saturnin Fabre ou confronte ses personnages à des visions nocturnes coupées de toute réalité, cette Nuit fantastique atteint des sommets que peu de cinéastes approcheront dans les décennies suivantes.

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