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Archive pour la catégorie 'VAN DYKE W.S.'

San Francisco (id.) – de W.S. Van Dyke – 1936

Posté : 9 janvier, 2022 @ 8:00 dans 1930-1939, VAN DYKE W.S. | Pas de commentaires »

San Francisco

Suite de ce petit cycle Clark Gable… et c’est du lourd, du très lourd, San Francisco, soit l’un des plus grands chefs d’œuvre de la première grande période du film catastrophe (avec L’Incendie de Chicago et La Mousson), basée sur un fait historique bien réel : le tremblement de terre qui a ravagé San Francisco en 1906.

Hollywood oblige, le séisme apparaît comme un châtiment divin pour laver la ville de toute sa salissure morale, symbolisée en l’occurrence par un seul homme : Blacky, patron du plus grand cabaret de la Barbary Coast, ce quartier aux immeubles vieillissants et prompts à l’embrasement, où se concentrent le vice et la corruption.

Tout en symboles lourdement appuyés, le film aurait pu tourner au prêchi-prêcha insupportable. La jeune héroïne, chanteuse à la voix cristalline qui débarque en ville, est tiraillée entre son amour pour Blacky le voyou, et la grande musique pure que lui offre le patron de l’opéra. Entre le vice et la vertu, avec pour arbitre un prêtre au regard bienfaisant. Et reconnaissons que dans les deux dernières minutes, le film plonge tête la première dans la religiosité hollywoodienne.

Mais il le fait avec un souffle et un style indéniable. Et avant ça, avant ces deux dernières minutes tellement too much, W.S. Van Dyke signe tout simplement un grand film, triomphe du système des studios où tout, mais vraiment tout, fonctionne parfaitement. Un scénario formidable pour commencer (signé Anita Loos, auteur de Rose de Minuit ou Femmes), et un cinéaste en état de grâce qui donne rythme, atmosphère et émotion à cette histoire pleine de musique et de mouvements.

Et il y a les acteurs : Jeanette Mac Donald, aussi bonne actrice que grande chanteuse ; Spencer Tracy, parfait en prêtre au visage constamment bienveillant ; et Clark Gable, quasiment de tous les plans, et absolument renversant. A-t-il jamais été aussi bon que dans ce rôle de mauvais garçon au grand cœur ? A-t-il jamais été aussi profondément émouvant qu’à ce moment précis où il voit les deux êtres qu’il aime le plus lui tourner le dos par sa faute ?

Il y a dans ce film une vie incroyable, une intensité folle qui n’attend pas le tremblement de terre lui-même, qui arrive d’ailleurs fort tard, et qui n’occupe qu’une petite partie du long métrage. Mais quelle partie, chef d’œuvre de montage serré au cordeau qui tire le meilleur de trucages certes spectaculaires et généreux, mais qui sentent bon le décor de studio. Ce montage si dynamique rend palpable la violence du séisme et la cruauté de ses effets.

Rien à jeter dans ce San Francisco qui reste un modèle du genre, et un exemple triomphal du savoir-faire des grands studios hollywoodiens (la MGM en l’occurrence). Chef d’œuvre.

Cette femme est mienne (I take this woman) – de W.S. Van Dyke (et Josef Von Sternberg, et Frank Borzage) – 1940

Posté : 1 avril, 2019 @ 8:00 dans 1940-1949, BORZAGE Frank, VAN DYKE W.S., VON STERNBERG Josef | Pas de commentaires »

Cette femme est mienne

Une production chaotique, de multiples interruptions de tournage, une valse des réalisateurs : Von Sternberg débarqué, remplacé brièvement par Borzage, puis par W.S. Van Dyke qui signe le film, un couple d’acteurs qui semble ne pas s’être super bien entendu… I take this woman a toutes les raisons d’être un film bâtard et poussif. Ô miracle, il n’en est rien.

C’est même un très joli film que réussit… ce triumvirat informel. Et un film qui commence fort, avec Spencer Tracy qui met K.O. Hedy Lamar d’un coup de poing en pleine figure tout à fait volontaire, après deux minutes à peine ! Il faut dire que la belle, riche oisive plaquée par son amoureux, était sur le point de se jeter à l’eau, en pleine traversée de l’Atlantique. Il faut dire aussi que Spencer est toubib, et qu’il est donc bien placé pour savoir quand un bon coup de poing est l’unique solution pour calmer une hystérique.

Bien sûr, ces deux-là vont tomber amoureux. Et bien sûr, ces deux-là vivent dans des mondes radicalement différents : lui soigne les pauvres dans une clinique gratuite, et il est particulièrement heureux de sa situation. Elle cherche un sens à sa vie, elle va le trouver grâce à lui… Le thème est très borzagien, ce qui laisse penser que notre cinéaste préféré s’est investi un peu plus que ce qu’on veut bien dire dans la production. Le film s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans sa filmographie : on y retrouve son romantisme, le naturel de ses histoires d’amour, mais aussi son refus du manichéisme.

Spencer Tracy aussi, que Borzage a déjà dirigé dans trois très beaux films, et qui est encore une fois formidable de naturel et d’intensité. Le couple qu’il forme avec Hedy Lamar, malgré les tensions sur le plateau, est irrésistible. Il faut dire que l’actrice est absolument magnifique dans ce rôle humble et presque en retrait. Il se dégage de ce couple comme une évidence que l’on retrouve dans tous les couples du cinéma de Borzage.

Et puis on croise Louis Calhern, Jack Carson ou Paul Cavanagh, et des tas de seconds rôles filmés avec une bienveillance réjouissante. Un pur plaisir, donc. Quand même… la dernière scène lorgne tellement ouvertement du côté de Frank Capra que ce final manque de naturel pour le coup, et que l’émotion qu’on en entend reste superficielle. Un simple bémol, rien de plus…

L’Ombre de l’Introuvable (Shadow of the Thin Man) – de W.S. Van Dyke – 1941

Posté : 17 novembre, 2010 @ 3:53 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, VAN DYKE W.S. | Pas de commentaires »

L'Ombre de l'Introuvable

Quatrième volet des aventures de Nora et Nick Charles (et dernier réalisé par Van Dyke), L’Ombre de l’Introuvable est bien dans la continuité des trois précédents. Depuis le génial premier film (L’Introuvable, en 1934), l’effet de surprise a disparu, et l’acidité du ton s’est quelque peu émoussée, mais le couple Myrna Loy – William Powell fonctionne si bien que c’est avec un vrai bonheur qu’on les retrouve. Flanqués, cette fois, d’un enfant qui a bien grandi : le bébé du précédent film est devenu un garçonnet qui donne une ou deux scènes plutôt amusantes, mais dont les scénaristes ne tardent pas à se débarrasser pour revenir aux fondamentaux de la série : une comédie domestique sur fond d’intrigue policière.

Comme dans les précédents, pas de surprise : on se contrefiche totalement de cette intrigue, qu’on suit d’un œil plutôt distrait. Seuls nous intéressent les personnages et les situations, souvent plus drôles qu’inquiétantes, dans lesquels ils se retrouvent au cours de leur enquête. C’est une nouvelle fois le mélange des genres qui fait mouche, même si, cette fois, Van Dyke n’évite pas les temps morts. C’est quand il est dans les extrêmes qu’il est le plus convaincant : que ce soit l’humour (les Charles « escorté » par un policier de la route, qui les mène à une allure plus que modérée) ou les brusques accès de noirceur (la découverte du corps pendant au bout d’une corde, dans une scène très sombre, avec de très beaux jeux d’ombre).

Le film remplit donc parfaitement son cahier des charges, mais sans aller plus loin. A l’image de Nick Charles qui doit troquer ses cocktails contre un verre de lait, pour montrer l’exemple à son fils, la série commence sérieusement à s’embourgeoiser. Ça reste de l’excellent cinéma, mais de moins en moins politiquement incorrect.

Notons aussi que, après James Stewart dans le deuxième film (Nick, gentleman détective), c’est sa future partenaire de La Vie est belle, Donna Reed, qui apparaît dans ce quatrième opus.

Nick joue et gagne (Another Thin Man) – de W.S. Van Dyke – 1939

Posté : 19 octobre, 2010 @ 6:19 dans * Films noirs (1935-1959), 1930-1939, VAN DYKE W.S. | Pas de commentaires »

Nick joue et gagne (Another Thin Man) - de W.S. Van Dyke - 1939 dans * Films noirs (1935-1959) nick-joue-et-gagne

Troisième épisode de la série The Thin Man, après le génial L’Introuvable et le très réussi Nick, gentleman détective. La recette reste la même, et le plaisir de retrouver Nick et Nora Charles, couple de riches oisifs qui passe le temps en faisant les détectives, est toujours là. Mais cette fois, Van Dyke et ses scénaristes poussent la nonchalance un peu loin : on se contrefiche totalement de cette histoire de menace qui pèse sur le vieil homme qui gère la fortune des Charles. On se fiche d’ailleurs totalement aussi de ce vieil homme joué sans beaucoup de conviction par l’incontournable C. Aubrey Smith, dont la mort ne nous fait ni chaud ni froid.

Alors que dans les premiers films, l’intrigue était tout de même prétexte à de jolis moments de suspense, et servait au moins de fil rouge, on ne s’intéresse vraiment ici qu’au couple formé par Myrna Loy (toujours craquante) et William Powell (toujours élégant). C’est de leur relation, une nouvelle fois, que vient le plaisir certain que l’on prend devant ce film. Avec une petite frustration, tout de même : les Charles sont parents d’un petit Nick Junior, ce qui pouvait laisser espérer quelques beaux moments de comédie. Mais on sent que les scénaristes n’ont pas su quoi faire de ce bébé annoncé à la fin du deuxième film, et qu’ils l’ont simplement posé dans un coin…

Le meilleur, dans ce Nick joue et gagne, c’est la manière dont Van Dyke présente ce couple qui, mine de rien, lutte difficilement contre le confort des habitudes, et cherche à retrouver la flamme qui les animait jadis. Cela donne une très belle séquence dans un cabaret, avec un Nick toujours flegmatique, mais qui dissimule mal sa jalousie devant une Nora entourée d’hommes qui la courtisent…

Un Nick étonnamment sobre : depuis les deux premiers films (code Hays oblige), le détective a nettement levé le pied sur l’alcool. Tout change, ma brave dame…

Nick, gentleman détective (After the Thin Man) – de W.S. Van Dyke – 1936

Posté : 6 octobre, 2010 @ 6:24 dans * Films noirs (1935-1959), 1930-1939, BOND Ward, STEWART James, VAN DYKE W.S. | Pas de commentaires »

Nick, gentleman détective (After the Thin Man) - de W.S. Van Dyke - 1936 dans * Films noirs (1935-1959) nick-gentleman-detective

Après le plaisir immense pris avec L’Introuvable, le premier épisode de la série The Thin Man, je me suis précipité sur la première des cinq suites, avec un bonheur tout aussi grand, même si l’effet de surprise n’est plus là. Toujours réalisé par W.S. Van Dyke, ce Nick, Gentleman détective fonctionne parfaitement, malgré un scénario un peu plus paresseux que pour le premier film. Ici, on a un peu de mal à croire vraiment en l’intrigue, et le vrai coupable saute aux yeux, tellement le scénario et la mise en scène font tout pour qu’il soit insoupçonnable. C’était d’ailleurs déjà le cas du film précédent. Et ici aussi, c’est au cours d’une réception à laquelle participent tous les protagonistes de l’intrigue que Nick démasquera le coupable, dans un final que n’aurait pas renié Agatha Christie.

Qu’importe si les recettes sont éculées : l’intérêt de cette série repose ailleurs, essentiellement sur l’alchimie étonnante entre Myrna Loy et William Powell. Et même sans l’effet de surprise, ces deux-là sont toujours aussi réjouissants. Toujours aussi imbibés, aussi : malgré le code Hayes mis en place dans l’intervalle, ce couple de riches oisifs qui s’amusent en enquêtant (ici, sur la disparition inquiétante du mari de la cousine de Myrna Loy), picole à la moindre occasion. C’est ici un peu moins appuyé, et un peu moins drôle, que dans L’Introuvable, mais une telle résistance à l’alcool force le respect (un exemple à ne pas suivre, cela va sans dire…).

Il y a dans Nick, gentleman détective un mélange des genres savoureux, poussé à son extrême : Van Dyke enchaîne des scènes très sérieuses et inquiétantes (la découverte du corps dans le sous-sol, après une longue séquence hyper angoissantes), et de purs moments de comédie, comme cette incroyable séquence où Nick et Nora tentent de récupérer un papier important dont leur incontournable chien Asta s’est emparé. On est en plein suspense, et le film se permet cette longue digression comique qui n’en finit pas. Et ça marche !

Il y a un intérêt tout autre, aussi, à ce film : c’est la présence dans un second rôle très important du jeune James Stewart, qui n’était pas encore une star, mais qui était déjà un acteur génial. Dans un rôle taillé sur mesure pour lui, il illumine chaque scène dans lesquelles il apparaît. Il ne leur vole pas la vedette, mais il tient parfaitement sa place face à Myrna Loy et William Powell, que l’on retrouvera très vite pour le troisième film. La fin de Nick, gentleman détective apparaît d’ailleurs comme un teaser très alléchant, puisque le couple attend un heureux événement. Avec des parents alcooliques, ça promet…

L’Introuvable (The Thin Man) – de W.S. Van Dyke – 1934

Posté : 26 septembre, 2010 @ 6:00 dans * Films de gangsters, 1930-1939, VAN DYKE W.S. | Pas de commentaires »

L'Introuvable (The Thin Man) - de W.S. Van Dyke - 1934 dans * Films de gangsters lintrouvable

Eh bien, ça picolait sec, dans l’Amérique de l’époque. Quelques mois après la fin de la Prohibition, et quelques semaines seulement avant la mise en place du très pudibond code Hays, Van Dyke profite de cette minuscule parenthèse que vit l’Amérique bien-pensante, et donne l’impression de faire le plein d’alcool pour les trente prochaines années, dans cette adaptation réjouissante d’un roman de Dashiel Hammett. Des poivrots, on en a vu des tonnes depuis l’invention du cinéma. Mais peu d’entre eux avaient la descente et l’insatiabilité de Nick Charles, alias William Powell. C’est bien simple, il passe les 90 minutes du film à boire. Et il faut bien reconnaître : il tient plutôt bien le choc, même si la démarche n’est pas toujours très assurée. Ce leitmotiv (sa femme le réveille en pleine nuit ? Sa première question : « tu veux un verre ? » Quelqu’un sonne à la porte ? « Bonjour, vous voulez un verre ? »…) finit par devenir hilarant, et donne ce ton si particulier au film.

Unique, ce classique indémodable repose pourtant sur une base on ne peut plus classique : la trame est digne des romans d’Agatha Christie, et de toute cette vague de polars où l’atmosphère avait bien moins d’importance que la résolution de l’énigme. On n’échappe ni au long prologue qui met l’histoire en place, ni à la séquence finale où le détective réunit autour d’une table tous les protagonistes de l’histoire pour démasquer le coupable qui est le dernier qu’on devrait soupçonner mais que, bien sûr, on a repéré depuis une heure tellement le réalisateur s’est évertué à le faire passer pour innocent et sympathique (ben oui, en 2010, on connaît les ficelles par cœur, ce qui n’était pas forcément le cas en 34).

Oui, on a droit à tous les clichés. Et pourtant, on marche à 100%. Dans ce genre de polars, le prologue est souvent trop long, trop démonstratif, trop chiant, et on n’a qu’une envie : que le détective apparaisse enfin. Mais là, non. Dès les premières images, on est plongé dans l’action, et on a un sourire grand comme ça aux lèvres. La présence, dans les premières scènes, de William Henry, n’y est pas pour rien. Ce second rôle génial à la filmographie longue comme mon bras (avec interlignage simple), au visage taillé en lame de couteau, et à la voix fascinante de baryton, apporte beaucoup à un personnage pas facile à faire exister, puisqu’il disparaît au bout de quinze minutes à peine…

Et puis il y a le couple Myrna Loy – William Powell, bien sûr, pour qui la comédie policière semble avoir été inventé. Leurs échanges avinés sont à mourir de rire. Leur première scène commune, surtout, (lorsque Powell, qui en est à son huitième cocktail, voit sa femme débarquer dans le bar où il sévit, tirée par leur inséparable chien) est un pur chef d’œuvre de comédie. Leur couple fonctionne si bien que les producteurs, qui étaient loin de n’avoir que des idées pourries (surtout à cette époque), le reformeront à onze reprises jusqu’en 1947. Et notamment dans cinq suite de ce Thin Man également réjouissantes.

• Pour les suites, voir Nick, gentleman détective, Nick joue et gagne, L’Ombre de l’Introuvable, L’Introuvable rentre chez lui et Meurtre en musique.

 

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