The Oath / Le Serment d’Hippocrate (Eidurinn) – de Baltasar Kormakur – 2016
Vaut-il mieux être un réalisateur lambda à Hollywood ou une icône dans son (petit) pays ? Baltasar Kormakur n’a jamais vraiment eu à choisir. Depuis que l’acteur-réalisateur, multi-récompensé en Europe, a fait ses premiers pas en Amérique, il mène une carrière internationale assez impressionnante. Et après deux grosses productions (2 Guns et Everest), c’est en Islande et avec un budget nettement plus restreint qu’il signe l’un de ses meilleurs films.
Avec The Oath (« le serment »), thriller noir captivant et troublant, Kormakur signe un film forcément personnel : réalisateur, producteur, scénariste, il en est aussi l’acteur vedette, présent quasiment dans chaque plan. En chirurgien qui décide de prendre les choses en main pour sauver sa fille, sous la coupe d’un dealer, la police étant impuissante, il est un peu le double négatif d’un Charles Bronson des mauvais jours.
Car si le scénario empreinte dans un premier temps le chemin du vigilante, c’est pour mieux s’en détourner, et souligner la terrible impasse de la violence. Kormakur, acteur, est absolument formidable dans ce rôle tout en intériorité. Pas besoin de grande expansion pour que soit perceptible la panique du père, et le profond malaise de ce chirurgien qui s’enferme dans une spirale de violence qui va le pousser à jouer avec une vie humaine.
Aucun héroïsme, aucune gloire derrière le sacrifice de ce père acculé, qui s’enfonce plus ou moins consciemment vers le point de non-retour. Pas d’espoir ni de solution miracle non plus : dans ces paysages somptueux et mornes à la fois, la violence et le mal-être semblent omniprésents. Kormakur filme ces paysages avec une sorte de langueur superbe, porté par une très belle musique, qui donne à son film un rythme fascinant.
D’une efficacité redoutable et d’une grande justesse, The Oath est un thriller intime et inconfortable, assez magnifique.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.