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Archive pour la catégorie 'ALTMAN Robert'

The Gingerbread Man (id.) – de Robert Altman – 1998

Posté : 15 mars, 2021 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, ALTMAN Robert | Pas de commentaires »

The Gingerbread Man

John Grisham a le vent en poupe dans les années 90, à la fois en librairie et au cinéma. De là à voir un cinéaste comme Robert Altman s’intéressait au roi du thriller judiciaire, il y avait un pas qu’on n’aurait pas franchi facilement, surtout que le gars sortait de quelques-uns de ses films les plus marquants, notamment Short Cuts.

Grisham est le roi des intrigues complexes. Altman signe un film à l’intrigue étonnamment simple, voire simpliste. Loin de la paranoïa retorse de La Firme, Gingerbread Man met en scène des ploucs et des faibles, dans une machination bas de gamme vouée à l’échec.

L’histoire se passe à Savannah, mais c’est clairement un autre univers que celui de Minuit dans le jardin du bien et du mal. Le héros, avocat joué par Kenneth Branagh, est certes un nantis, mais il s’aventure dans les quartiers les plus populaires, sur les docks, dans les bois marécageux alentours. Loin du glamour et du monde des puissants qu’Eastwood mettait en scène l’année précédente.

La beauté de ce film réside dans l’atmosphère, dans ces ambiances feutrées typiques du Sud de l’Amérique, ou couvertes par la tempête qui gronde. Tout le film se déroule à l’approche d’une tornade dans une ville qui se prépare à souffrir : une sorte d’entre-deux dont Altman capte parfaitement le caractère incertain et angoissant.

Le trouble vient aussi du visage d’Embeth Davidz, beau, fragile et insondable, objet de désir et de fascination pour l’avocat qui en fait sa maîtresse et une sorte de mirage pour sa propre grandeur d’âme supposée… avocat cynique, père absent, mari divorcé, arrogant et égocentré.

Altman, ce n’est pas nouveau, sait donner de l’espace à ses acteurs, jusqu’aux plus petits rôles. Branagh est excellent, Robert Duvall formidable le temps de quelques scènes en vieil ermite inquiétant, Darryl Hannah (l’assistante fidèle) comme Famke Janssen (l’ex-épouse), deux facettes évocatrices de la vie du « héros ». Robert Downey Jr, surtout, avant d’être absorbé par Iron Man, a un charisme fou dans le rôle secondaire mais attachant du détective privé. Il s’inscrit là dans la grande lignée des seconds rôles de l’âge d’or d’Hollywood.

Quintet (id.) – de Robert Altman – 1979

Posté : 26 février, 2015 @ 5:44 dans 1970-1979, ALTMAN Robert, FANTASTIQUE/SF, NEWMAN Paul | Pas de commentaires »

Quintet

L’unique incursion d’Altman et de Newman dans la science-fiction est une œuvre d’un pessimisme et d’une noirceur extrêmes, un film post-apocalyptique à peu près totalement dénué d’espoir… à l’exception de l’apparition fugitive d’une simple oie sauvage survolant les étendues glacées de ce monde mort.

Dans cette micro-société installée dans les ruines d’une ville prise dans la glace, les derniers vestiges d’humanité et de société explosent littéralement devant la caméra d’Altman, et l’avenir avec. Le monde que le cinéaste décrit est terrifiant : recouvert de neige et de glace, où la notion de famille et d’amitié a disparu, ou plus personne ne naît, ou les cadavres sont laissés aux chiens qui rodent comme les vautours dans un ancien temps dont personne ne semble se souvenir… une sorte de dernier carré désabusé qui attend la fin de l’humanité comme une délivrance.

Un film glacial dans tous les sens du terme, pas loin de l’abstraction, entièrement basé sur un jeu totalement obscur, dont la vérité cachée ne sera dévoilée qu’à la fin du film, sans qu’elle apporte grand-chose d’ailleurs.
Scénar un peu léger quand même, et musique pas toujours très inspirée. Mais Altman, en choisissant le dépouillement et la quasi-absence de couleur (seul le rouge du sang vient percer le blanc omniprésent), réussit à instaurer une ambiance assez fascinante.

Le cinéaste retrouve étrangement des motifs qu’il avait déjà utilisés dans John McCabe, western lui aussi pessimiste mais nettement moins austère : la neige, le jeu comme refuge, l’homme traqué… Dans le rôle principal, Paul Newman en fait tellement peu qu’il est formidable, tout comme Bibi Andersson, qui apporte une vraie complexité à un personnage sans grande vie apparente.

• Le film est édité en DVD dans la collection Universal Classics.

John McCabe (McCabe and Mrs Miller) – de Robert Altman – 1971

Posté : 7 février, 2011 @ 11:45 dans 1970-1979, ALTMAN Robert, WESTERNS | Pas de commentaires »

John McCabe

Un western signé Altman ? Je demandais à voir… Dès les premières images, on se rend compte que la mythologie de l’Ouest américain va en prendre un coup. Bon, pour être précis, il ne s’agit pas de l’Ouest sauvage, ici, puisqu’on est au nord-est de l’Amérique, qu’on est au début du XXème siècle, et qu’il n’y a pas trace d’Indien. Pourtant, on est bel et bien dans un western. Altman en respecte scrupuleusement tous les codes : l’étranger solitaire qui arrive en ville, les saloons poisseux, les putes, le whisky et le poker, les villes-champignons, et l’éternelle guerre entre les petits propriétaires et les grands industriels…

Tout est là, donc. Et pourtant, le film s’évertue à démystifier cette époque, lui enlevant toute trace d’héroïsme. Les glorieux pionniers que l’on voit depuis les premiers temps du cinéma sont ici des hommes et des femmes d’une banalité totale. Des bouseux, mais sans excès. Des grandes gueules, mais qui préfèrent s’occuper de leurs petites affaires plutôt que de chercher la bagarre.

Quant à l’étranger, il arrive précédé d’une réputation de tueur, mais il ne faut pas bien longtemps pour comprendre (comme le tueur qui sera envoyé plus tard dans le film pour l’abattre) qu’il n’a jamais eu à tirer sur un homme. Et s’il n’est pas un lâche, il est littéralement habité par la peur, ce qu’on voit quand même rarement dans un western… Warren Beatty, dans le rôle de cet étranger nommé John McCabe, est formidable : il apporte mine de rien beaucoup de nuances à son personnage, miné par sa frustration de ne pas être assez intelligent, et par son incapacité à déclarer son amour pour cette femme dont il est visiblement dingue.

Cette femme, c’est donc Julie Christie, alias Mrs Miller, pute de luxe venue dans cette petite ville perdue de mineurs proposer à McCabe de gérer pour lui un bordel. Femme dure, bute, mais heureuse de faire son métier. Leur partenariat va faire des étincelles, mais on est pas bête, on sait bien que ces deux-là s’aiment déjà. C’est par bravade, pour faire le beau, que McCabe refuse ‘‘l’offre qu’il ne pouvait pas refuser’’ que lui fait une grande compagnie aux méthodes expéditives pour acheter son établissement. Un refus qui lui vaudra d’être condamné à mort.

Ce qui est beau, dans ce film, c’est la manière dont Altman s’évertue à rendre son western réaliste. Mieux : à plonger le spectateur au cœur de cet environnement certes beau, mais hostile. La nature est palpable, comme le froid, la solitude, la puanteur des gens, et la peur qui s’installe. Et puis il y a les chansons de Leonard Cohen, sublimes et lancinantes, qui illustrent à merveille le film (ou est-ce le contraire ?), ponctuant l’histoire de bout en bout.

Il y a aussi cette magnifique déclaration d’amour d’un McCabe qui se sait condamné, et qui se décide enfin à parler à Mrs. Miller, tournant le dos à la belle (et à la caméra), et parvenant simplement à s’excuser…

A cette scène d’une infinie délicatesse succède un autre passage obligé du western : le duel dans les rues de la ville. C’est presque un film dans le film. Cette longue séquence dans la neige, sans la moindre note de musique, utilise parfaitement le très beau décor : chaque maison, chaque rue, chaque recoin est mis à profit pour cette partie de cache-cache mortel entre McCabe et les trois tueurs venus pour lui.

Altman souligne la solitude extrême dans laquelle se retrouve alors son héros, en rassemblant tout le reste de la population autour d’un autre problème : tous se mobilisent pour éteindre un incendie qui s’est déclenché dans l’église, à peine terminée, dans un grand élan de fraternité et d’enthousiasme. McCabe, lui, est à quelques mètres, défendant sa peau sans que personne ne le remarque. Julie Christie, elle, est déjà partie…

Docteur T et les femmes (Dr T and the Women) – de Robert Altman – 2000

Posté : 23 août, 2010 @ 7:03 dans 2000-2009, ALTMAN Robert | Pas de commentaires »

Docteur T et les femmes (Dr T and the Women) - de Robert Altman - 2000 dans 2000-2009 docteur-t-et-les-femmes-300x198

C’est un Altman d’un excellent cru que ce Docteur T… Le réalisateur de Short Cuts aime explorer des univers très particuliers dans ses films, que ce soit pour le meilleur (un show radiophonique dans The Last Show, son ultime et plus beau film) ou le pire (la haute couture dans Prêt-à-porter, décidément inregardable). Un cabinet de gynécologie n’était a priori pas le plus cinématographique, ni le plus passionnant des décors… et pourtant, ce film bien plus complexe qu’on ne pouvait l’attendre est l’une des grandes réussites du monsieur.

Pourtant, les premières minutes font peur : dans la salle d’attente du cabinet du docteur T (Richard Gere), clientes et secrétaires piaillent dans un brouhaha assourdissant, dans un long plan séquence comme les aime Altman (presque un passage obligé pour lui !), dont on sort éreinté, vidé, et légèrement agacé. Après cinq minutes de film seulement. Altman aurait-il une dent contre les femmes ? L’image qu’il en donne dès les premières images n’est guère réjouissante pour la gente féminine. Mais rapidement, on comprend clairement que le discours du cinéaste est bien plus nuancé, ce dont on se doutait, connaissant sa filmo pas vraiment marquée par la misogynie. Ce que Altman critique (très violemment) dans ce film, ce sont les conventions et l’hypocrisie constante qui régissent la bourgeoisie américaine. Dans ces belles familles aisées, tout le monde se fiche plus ou moins de l’autre : tant que le sourire est affiché, et ultra bright, tout va bien. Mais ce vernis clinquant cache très mal les fêlures et le mal-être.

La phrase de la fille cadette du gynéco, qui revient comme un gimmick tout au long du film (« ne te fais pas de souci pour moi, papa ») est à la fois hilarante, déconcertante et un peu glauque. Comme l’état d’ébriété constant qu’alimente consciencieusement la belle sœur du doc (Laura Dern, épatante et très loin de Lula !) pour faire passer ce mal-être dont tout le monde se fout. Les nombreuses scènes 100% féminines sont de grands moments de mesquineries, de sourires de façades, et de petites langues de putes… Finalement, la plus humaine dans cette famille insupportable, c’est la femme du docteur (Farraw Fawcett, parfaite), devenue folle d’avoir été trop aimée ! Le docteur T a une belle phrase pour résumer l’hystérie collective des femmes entre elles, évoquant la naissance de jumeaux : « Lorsqu’il y a au moins un garçon, tout se passe bien ; c’est comme si l’ordre de sortie avait été planifié. Lorsque ce sont deux filles, alors là, c’est la lutte pour savoir qui va sortir en premier… »

Dans cette hystérie ambiante, les apparitions de Richard Gere sont comme de grosses bulles d’air frais. Il se dégage de son personnage une patience et une bonté absolue. Mais la folie de sa femme et son attirance pour une professeur de golf (Helen Hunt) révèlent petit à petit ses fêlures. Et le choix de Richard Gere (qui livre l’une de ses plus belles interprétations, toujours dans la note juste) pour ce rôle est l’une des plus belles idées du film : en apparence, le gynéco est la perfection faite homme. Beau, toujours attentif, d’un calme à toute épreuve, réconfortant et rassurant… il ne comprend en effet strictement rien aux femmes (« qu’il observe toujours par le mauvais goût », comme le dit si bien Robert Altman dans une interview en bonus du DVD), qu’il étouffe littéralement.

N’y a-t-il donc personne qui trouve grâce aux yeux d’Altman ? Si : Maryline (Liv Tyler), la demoiselle d’honneur choisie par la fille aînée du bon docteur T pour son mariage, qui ne dissimule pas son homosexualité, ni son amour pour la future mariée. Cette dernière finira, au dernier moment, par envoyer promener les conventions dans lesquelles elle a grandi, et à crier ouvertement son amour pour Maryline. Ouf !, ce monde d’apparence et de mensonges n’est pas inéluctable. Finalement, Altman est un optimiste…

 

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