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Archive pour septembre, 2014

Rio Bravo (id.) – de Howard Hawks – 1959

Posté : 18 septembre, 2014 @ 2:35 dans 1950-1959, BOND Ward, HAWKS Howard, WAYNE John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Rio Bravo

Bon, ben voilà : Rio Bravo est un chef d’œuvre, immense, parfait, insurpassable, mythique, passionnant et génial. Et j’aurais presque envie d’arrêter là, parce que franchement, il n’y a pas la moindre nuance à apporter à ce monument du western, peut-être le sommet du cinéma hawksien.

Dès la longue séquence d’introduction, muette et magistrale, le ton est donné : dans le décor unique d’une petite ville de western tout ce qu’il y a de classique, Hawks nous invite à une déambulation extraordinaire à travers les codes du genre, qui replace le langage cinématographique et la force de l’image au cœur du film, comme à l’apogée du cinéma muet. L’utilisation du son en plus…

L’histoire est on ne peut plus classique : un shérif a arrêté un membre d’une puissante famille prête à tout pour le sortir de prison, et ne peut compter sur l’aide que d’un alcoolique et d’un vieil éclopé. Une trame au cœur de nombreux westerns, ce qui n’est pas un hasard : Rio Bravo est la réponse de Hawks à High Noon, que le cinéaste avait détesté, critiquant ouvertement le comportement du shérif interprété par Gary Cooper, qui passait son temps à quémander de l’aide auprès des habitants qu’il est censé protéger.

Hawks, lui, a une vision nettement plus virile et héroïque du western. Son héros, John T. Chance, ne pouvait donc pas être interprété par un autre que John Wayne. Dans un rôle qui pourrait être la caricature de tous ceux qu’il a tenu auparavant, Duke est absolument impérial, dans un rôle qui est pourtant, sur le papier, loin d’être le plus intéressant du film.

Dean Martin est sublime en ancien homme de loi ravagé par sa dépendance à l’alcool. Ricky Martin, malgré ses airs de jeune star en vogue, est lui aussi parfait dans la peau d’un jeune cow-boy posé. Angie Dickinson est belle à damner en femme libre et amoureuse. Et Walter Brennan, bien sûr, est fabuleux, irrésistible en vieux grincheux aux mimiques irrésistibles.

Chacun d’entre eux trouve le rôle de sa vie dans ce film, où tout sonne juste, tout est d’une fluidité extraordinaire, tout arrive comme une évidence. Pourtant, il ne se passe pas grand-chose dans Rio Bravo : malgré quelques rares éclats de violence, le film se résume dans sa plus grande partie à une interminable attente, se concentrant sur les allers et venues et sur les petits riens que vivent une poignée de personnages acculés.

Et le film est passionnant. Car ces temps morts qui font l’essentiel de Rio Bravo regorgent de vie. A travers ces quelques personnages, Hawks semble condenser les drames humains de toute une vie, et donne corps aux grandes figures de l’Ouest. Tout ça avec une grande simplicité, et dans un quasi huis-clos, ne sortant jamais de l’enceinte de cette petite ville, dont les décors sont formidablement utilisés.

On a tout dit sur cette image extraordinaire de la goutte de sang dans le verre de bière. Des séquences mythiques comme celle-là, il y en a tout au long de ce film d’une intensité incroyable. Durant ces quelques jours d’attente, une romance impossible qui se noue, un alcoolique qui lutte contre ces démons, des amitiés qui se nouent, qui se révèlent dans la durée. C’est une sorte de comédie humaine, y compris dans les moments les plus anodins. Jusqu’à l’apogée, une parenthèse dans ce western tendu. Hawks, profitant de la présence de deux acteurs stars de la chanson, fait une pause inattendue dans son récit, et permet à Dean Martin et Ricky Nelson de pousser la chansonnette. Une bulle de bien-être, qui est l’un des plus beaux passages de ce film merveilleux, un film magique grâce à un metteur en scène en état de grâce, qui réussit à trouver l’alchimie en toute chose.

La Légende de l’épée magique (The Golden Blade) – de Nathan Juran – 1953

Posté : 18 septembre, 2014 @ 2:32 dans 1950-1959, FANTASTIQUE/SF, JURAN Nathan | Pas de commentaires »

La Légende de l'épée magique

Une princesse amoureuse d’un homme du peuple, un méchant vizir qui veut être calife à la place du calife… Pas de doute, on est dans la grande tradition hollywoodienne du cinéma d’aventures orientales. Le film s’inscrit dans la droite lignée de nombreux films du genre produits par la Universal à cette époque. Cette fois, c’est Rock Hudson qui s’y colle dans le rôle de l’étranger qui va à la rencontre de son destin, mais cela aurait pu être Tony Curtis, l’autre vedette maison. D’ailleurs, c’est la partenaire fétiche de ce dernier, Piper Laurie, qui interprète la belle princesse tiraillée entre son sens du devoir et son goût pour la liberté.

Côté scénario, pas grand-chose de nouveau donc, si ce n’est cette épée magique qui donne son titre au film, et qui semble tout droit sortie des Romans de la Table Ronde, plutôt que des contes des 1001 nuits. Jusqu’à s’inspirer clairement, dans la dernière partie, de la légende d’Excalibur. Mais cette épée est surtout un ressors dramatique assez fascinant, dont le scénario tire habilement toutes les possibilités.

Le film trouve le parfait compromis entre la légèreté et la noirceur. Un pur film d’aventures, mais avec un aspect sombre inhabituel, qui surprend au détour de quelques scènes. Inquiétant lorsque l’épée s’enfonce inexorablement dans la pierre, semblant sceller le destin des personnages. Envoûtant lorsque, drogué à son insu, Rock Hudson donne l’impression de flotter sans maîtrise lors d’une longue séquence onirique totalement inattendue et parfaitement maîtrisée.

Cinéaste inégal, Nathan Juran se révèle très à l’aise dans la fantaisie orientale. Son film, vif et passionnant, est une belle réussite.

• Le film vient d’être édité en DVD dans la collection « Universal Classic », à petit prix et sans bonus.

Le Retour de l’Inspecteur Harry (Sudden Impact) – de Clint Eastwood – 1983

Posté : 18 septembre, 2014 @ 2:27 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.) | 1 commentaire »

Le Retour de l'Inspecteur Harry

« Go ahead, make my day ! »

En 1983, Clint Eastwood a 53 ans et reste une star toute puissante, mais un cinéaste pas encore tout à fait reconnu par la critique. L’année précédente, son magnifique Honkytonk Man n’a pas déchaîné les enthousiasmes, pas plus que le très beau et très personnel Bronco Billy, faux western déroutant et comédie douce-amère à la Capra. A cette époque, Eastwood est en plein dans sa logique « un film personnel – un film commercial ». Après les échecs commerciaux de ses deux films précédents, quoi de mieux, donc, que de renouer avec son personnage le plus populaire, Dirty Harry en personne.

Ce retour n’avait alors rien d’évident : le dernier film de la série, le faiblard The Enforcer remontait déjà à sept ans, et Clint s’était éloigné depuis du polar pur et dur : sa seule incursion dans le genre, L’Epreuve de force, relevait avait un aspect parodique poussé à l’extrême. D’ailleurs, en retrouvant son personnage fétiche, et en assurant lui-même la réalisation de ce quatrième volet (c’est le seul Dirty Harry qu’il signe), Eastwood entend bien en faire ce qu’il veut. C’est-à-dire ne pas prendre au sérieux ce personnage qu’il a jusque là interprété au premier degré, mais dont il fait ici une sorte de parodie de lui-même.

Flic las et écoeuré, Harry Calahan se transforme dans Sudden Impact en une sorte de chevalier moderne privé d’affect et de perspective, et qui semble attirer toute la violence et toute la haine de San Francisco. Le film, surtout dans sa première partie, enchaîne ainsi les fusillades sans raison ni logique, comme s’il remplissait un simple cahier des charges. Le scénario est fait de multiples rebondissements, grotesques et inutiles, et donne la part belle aux petites phrases censées restées dans l’histoire. C’est d’ailleurs réussi : que reste-t-il de Sudden Impact si ce n’est « Smith, Wesson, and me » et « Go ahead, make my day », deux phrases cultes qu’Eastwood sort dans la même scène, en quelques secondes seulement.

Mais parfois, au détour d’un plan qui s’allonge plus qu’il ne faudrait, des accords de jazz se mettent à résonner, et la patte d’Eastwood apparaît subrepticement. La vérité, c’est qu’Eastwood semble peu intéressé par ce personnage condamné à revivre inlassablement les mêmes écueils (fusillades, embuscades, et bureaucratie), et dont il fait une machine affublée d’un chien pêteur !

Ce qui l’intéresse visiblement beaucoup plus, c’est le personnage joué par Sandra Locke (leur dernier film en commun, si on exclut Vanessa, l’épisode de la série Amazing Stories), hantée par un viol dont elle et sa sœur ont été victimes dix ans plus tôt. La descente aux enfers de cette jeune femme en apparence si fragile, mais lancée dans une croisade vengeresse et violente, est le vrai sujet du film.

Là, on retrouve toute l’ambiguïté du personnage de Harry. Où se situe la justice ? Jusqu’où peut-on aller quand l’institution n’est pas efficace ? Là, enfin, le film devient troublant et fascinant, à mesure que Callahan paraît tiraillé par cette interrogation. Jusqu’à une séquence finale virtuose et crépusculaire dans un parc d’attraction à l’abandon. Laissé pour mort, Callahan réapparaît comme s’il sortait de la nuit, silhouette menaçantee et presque surnaturelle, une apparition fantômatiqu, figure redondante du cinéma d’Eastwood, de L’Homme des hautes plaines à Impitoyable.

Sans un mot, Eastwood impose alors sa marque. Avec nettement plus de force que lorsqu’il enchaîne les bons mots un peu lourdingues et les rebondissements inutiles.

• Pour l’intégrale Harry Callahan, voir aussi L’Inspecteur Harry, Magnum Force, L’Inspecteur ne renonce jamais et La Dernière Cible.

La Danseuse des Folies Ziegfeld (Ziegfeld Girl) – de Robert Z. Leonard – 1941

Posté : 18 septembre, 2014 @ 2:18 dans 1940-1949, LEONARD Robert Z., STEWART James | Pas de commentaires »

La Danseuse des Folies Ziegfeld

Deux heures dix dans les coulisses du plus célèbre music-hall des années 30 et 40 ? Hmmm… La présence derrière la caméra de Robert Z. Leonard, réalisateur pas toujours très inspiré, pouvait laisser craindre le pire. Mais il y a à l’écran une poignée de stars qu’on ne s’attend pas forcément à voir dans le genre généralement très lisse de la comédie musicale, au côté de Judy Garland : Lana Turner et Heddy Lamar, deux actrices à la réputation plutôt sulfureuses, et James Stewart pour sa seule incursion dans le genre.

Pour être précis, Stewart ne pousse pas la chansonnette pas plus qu’il ne danse. Il se contente d’un rôle sympathique mais un peu en retrait du love interest de Lana Turner. Et pour être honnête, Heddy Lamar est très sage (et très belle) en épouse tiraillée entre sa nouvelle carrière de « girl » pour le music-hall de Ziegfeld, et son amour pour un mari qu’elle finit par délaisser. Aussi sage (et belle) que Judy Garland, dans un rôle d’étoile montante taillé sur mesure pour elle.

Seule Lana Turner apporte un peu de noirceur à son personnage, jeune femme simple et douce promise à un mariage d’amour, qui se laisse étourdir par l’argent facile et la grande vie que lui offre le vedettariat. Le contraste est fort, et marquant, entre l’adorable liftière du début du film, et l’alcoolique qui se laisse offrir des verres dans les arrières-salles de cafés peu fréquentables. Plutôt osé pour un film par ailleurs très comme il faut.

C’est un nouvel hommage énamouré au grand Ziegfeld, homme de théâtre qui a souvent inspiré le cinéma (William Powell l’a interprété à deux reprises dans Le Grand Ziegfeld, déjà réalisé par Robert Z. Leonard en 1936, et dix ans plus tard dans Ziegfeld Folies de Minnelli). Mais cette fois, l’hommage se fait indirect. L’homme semble omniprésent, son nom est sur toutes les lèvres, et il donne l’impression d’avoir la main sur tout ce qui se passe dans le film. Pourtant, jamais il n’apparaît à l’écran.

La véritable vedette, c’est le music-hall lui-même : les nombreux numéros, merveilleusement mis en scène et filmés par le grand Busby Berkeley (véritable co-réalisateur du film), et les nombreuses girls symbolisées par les trois personnages principaux, qui résument à elles seules les trois destins auxquels les vedettes peuvent s’attendre : devenir une grande star, préférer la vie d’une femme mariée, ou se brûler les ailes. Mais comme le dit le metteur en scène du show : « Vous ne pouvez pas blâmer Ziegfeld. Tout ce qui vous arrivera vous serait arrivé de toute façon. Peut-être moins rapidement, et moins fort… »

Jack et la mécanique du cœur – de Mathias Malzieu et Stéphane Berla – 2013

Posté : 18 septembre, 2014 @ 2:13 dans 2010-2019, BERLA Stéphane, DESSINS ANIMÉS, MALZIEU Mathias | Pas de commentaires »

Jack et la mécanique du cœur

C’est ce qu’on appelle l’œuvre d’une vie. L’histoire de ce jeune homme né le jour le plus froid du monde, dont le cœur, gelé à la naissance, a été remplacé par une horlogerie fragile qui lui interdit toute sensation forte et toute histoire d’amour, est sortie de l’imagination de Mathias Malzieu. Il en a tiré un roman, avant de l’adapter avec le groupe Dionysos dont il est le leader, dans un album concept assez mémorable, la quintessence de l’univers musical de la formation. Quoi de plus logique, donc, que cette histoire ait droit à une troisième vie, qui prolonge à la fois le livre et l’album…

Le dessin animé qu’il en tire, dont il est à la fois le scénariste, le co-réalisateur et l’acteur principal (prêtant sa voix à Jack), prouve une nouvelle fois la bonne santé du cinéma d’animation français. Chant d’amour au monde du spectacle et au cinéma des premiers temps (l’un des personnages principaux n’est autre que George Méliès, à qui Jean Rochefort donne son timbre de voix inimitable), le film est une évocation visuelle de la folie et de l’imagination sans borne des artistes de music-hall et des pionniers du 7ème art.

D’Edimbourgh à l’Andalousie en passant par Paris, le film propose un voyage d’une carte postale à l’autre, avec un beau sens de l’ellipse (les voyages en train sont étonnants et envoûtants) et une poésie de chaque instant, malgré un ventre creux qui traîne un peu en longueur.

Mais la vraie vedette du film, c’est la musique, et les chansons, dont beaucoup figuraient déjà sur l’album. L’occasion d’entendre le regretté Alain Bashung, l’album étant sorti avant sa mort. Malzieu a conçu un conte musical à l’ancienne, mais avec une musique bien d’aujourd’hui, portée par des interprètes à la personnalité forte, d’Olivia Ruiz à Grand Corps Malade en passant par Arthur H.

• Quelques bonus sympathiques (des interviews des principaux acteurs-chanteurs), et surtout un second disque sur lequel figure la captation d’un concert exceptionnel avec tous les interprètes du film, sur le blue ray édité chez Europa.

Le Génie du mal (Compulsion) – de Richard Flesicher – 1959

Posté : 16 septembre, 2014 @ 3:37 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

Le Génie du mal

En 1924, deux jeunes garçons trop gâtés de la haute société de Chicago décident d’assassiner froidement un enfant du quartier choisi par hasard, parce qu’ils ont la certitude que leur intelligence supérieure leur permettra de commettre le crime parfait. Arrêtés à cause d’un petit détail, les jeunes meurtriers sont défendus par un avocat vedette, farouche opposant de la peine de mort, qui leur évite la pendaison à l’issue d’une plaidoirie magistrale.

Ce fait divers authentique et glaçant a inspiré une pièce de théâtre que Hitchcock adaptera : La Corde. Trente ans après les faits, il a aussi abouti à l’écriture d’un best seller resté comme une référence, précurseur du De sang froid de Truman Capote. Il faut souligner que, même si le livre est écrit longtemps après les faits, l’auteur, Meyer Levin, en est un témoin direct. Non seulement il avait suivi l’affaire en tant que jeune journaliste, mais il connaissait personnellement les tueurs, qu’il fréquentait sur les bancs de la fac. Tous les noms ont été modifiés, y compris le sien : Sid, le personnage du jeune journaliste, c’est lui bien sûr.

C’est ce livre qu’adapte peu après sa sortie Richard Flesicher, à la fois description presque clinique du crime et de l’enquête qui a suivi, et plongée vertigineuse dans la logique glaciale de ces deux tueurs. C’est aussi le portrait d’une époque, d’une classe sociale, et des rapports humains qui est au cœur de Compulsion, dont le noir et blanc tranche avec celui plus romantique des premiers films noirs de Fleischer.

Un aspect très réaliste, et même quotidien, quasiment de cinéma-vérité, qui contribue pour beaucoup à la puissance du film. Que ce soit dans la préparation du crime, ou dans la manière dont les deux jeunes tueurs (Dean Stockwell et Bradford Dillman) assument leurs actes et font face à l’enquête, il y a quelque chose de vraiment glaçant dans ce film. Leur froideur contraste cruellement avec leurs visages juvéniles, et leur absence revendiquée de sentiments est soudain contredite par de brefs accès de sincérité…

Tête d’affiche, Orson Welles n’apparaît que dans la dernière demi-heure, mais dès son entrée en scène, il donne une nouvelle direction au film : le cinéma vérité se transforme alors en un plaidoyer inattendu contre la peine de mort. La folie du cinéaste-acteur est parfaitement bridée par Fleischer, et la prestation de Welles est l’une des plus belles de sa carrière. Sa lassitude, son regard qui semble revenu de tout, font merveille dans l’inoubliable (et longue) plaidoirie qui clôt le film. Puissante, fascinante et bouleversante.

• Un blue ray de haute volée vient de sortir aux éditions Rimini. Le film est présenté dans une copie parfaite, et le disque s’enrichit de bonus très intéressants : un long documentaire consacré à l’affaire qui a inspiré le film, une présentation par François Guérif du livre de Meyer Levin, une introduction de Richard Fleischer (tirée d’un entretien de 1996), un retour sur les films noirs de Fleischer, et surtout une évocation par l’historienne du cinéma Linda Tahir de la carrière d’acteur d’Orson Welles.

L’Inspecteur ne renonce jamais (The Enforcer) – de James Fargo – 1976

Posté : 16 septembre, 2014 @ 3:31 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, EASTWOOD Clint (acteur), FARGO James | Pas de commentaires »

L'Inspecteur ne renonce jamais

Dans le premier Dirty Harry, de loin le meilleur, Eastwood, Siegel et les scénaristes posaient les bases d’un personnage de flic hors norme qui se heurtait au politiquement correct dans son opposition quotidienne à la lie de l’humanité. La première séquelle, Magnum Force, était une réponse parfois maladroite, mais sincère, aux critiques idiotes qui avaient entouré le premier film, taxant le personnage, et l’acteur, de réactionnisme. On pouvait alors penser que la boucle était bouclée, et que le personnage avait sorti tout ce qu’il avait à sortir…

A la vision de ce troisième « Harry », cette intuition se confirme quand même nettement. Deux ans après le précédent opus, ce numéro trois se contente largement de ressasser les mêmes thèmes. Assez incroyable, même, de voir à quel point le moindre élément du scénario, le moindre second rôle (et le pauvre John Mitchum en sait quelque chose, reprenant son rôle de co-équipier – faire-valoir), le moindre dialogue, semble n’être là que pour donner le beau rôle à Clint-Harry. En cela, le premier quart d’heure, totalement inutile pour l’intrigue principale du film, est édifiant : un prolongement gratuit et grotesque des deux premiers films.

Après cette introduction feuilletonesque mais maladroite, le film dévoile enfin ses intentions, généralement très bonnes. Il est alors question de thèmes brûlants et modernes : le terrorisme d’une part, et surtout la question des quotas dans la fonction publique. Car Callahan se retrouve flanqué d’un co-équipier qui est une co-équipière, interprétée par Tyne Daly. Et c’est la meilleure idée de casting du film. Alors que les méchants, comme les flics secondaires, sont insupportablement caricaturaux, la fliquette est un personnage surprenant et original.

Pas vraiment séduisant (d’ailleurs il n’est jamais question d’attirance physique, et encore moins de love story), ni même extrêmement féminin, c’est une sorte de Harry Calahan version féminine et débutante, qui fait d’ailleurs vaciller les idées très arrêtée de Calahan lors de leur première rencontre…

Le film est bourré de clichés maladroits, de méchants caricaturaux, et de rebondissements téléphonés. Il est réalisé par un James Fargo sans génie, qui se contente visiblement de répondre aux attentes d’un Eastwood tout puissant mais peu ambitieux sur ce coup-là. Et il a pris un coup de vieux assez phénoménal. Mais il y a là quelques belles intentions, qui donnent parfois lieu à des scènes plutôt réussies. Rien d’inoubliable, certes : ce Dirty Harry est sans doute le moins réussi des cinq, le moins aimable, le plus approximatif, et le plus démodé…

• Pour l’intégrale Harry Callahan, voir aussi L’Inspecteur Harry, Magnum Force, Sudden Impact et La Dernière Cible.

 

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