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Archive pour la catégorie 'LIVRES'

L’Espace du rêve (Room to dream) – de David Lynch et Krstine McKenna – 2018

Posté : 9 avril, 2025 @ 8:00 dans LIVRES, LYNCH David | Pas de commentaires »

LIVRE L'Espace du rêve

Le cinéma de David Lynch ne ressemble à aucun autre. Sa biographie non plus. L’Espace du rêve est à la fois une biographie et une autobiographie, un récit classique et chronologique, et un voyage intime fascinant. Le livre est signé par Kristine McKenna et par David Lynch lui-même. Il n’a pourtant pas été à proprement écrit à quatre mains.

L’autrice, amie du cinéaste, respecte en fait à peu près toutes les règles du genre, racontant la vie et le parcours artistique de Lynch en se basant sur de nombreux témoins à qui elle donne la parole : famille, proches, collaborateurs. Le livre sort pourtant des sentiers battus de la biographie habituelle, parce que chaque chapitre de la vie de Lynch alterne avec une « réponse » de Lynch lui-même, qui réagit à la manière dont McKenna raconte sa vie en livrant ses propres souvenirs, ses sentiments, corrigeant parfois, ou prenant des chemins de traverse pour évoquer tout autre chose.

Et c’est doublement passionnant. Parce que se dégage de ce double récit le sentiment d’entrer littéralement dans l’esprit de Lynch, comme on entre dans l’esprit de ses personnages dans ses plus grands films. Et parce que, même en étant un amoureux inconditionnel du cinéaste, découvrir un être aussi attachant relève… de la révélation. David Lynch était un immense artiste. C’était aussi un homme vivant, généreux et bienveillant. Un homme bien, en fait.

Il se révèle aussi passionné et d’une honnêteté réjouissante, aussi bien lorsqu’il évoque l’échec de Dune, ou sa propre fascination pour Laura Palmer, la tragique héroïne de Twin Peaks. Multipliant les anecdotes sur le tournage au long cours d’Eraserhead, ne se donnant pas le beau rôle dans ses nombreuses histoires d’amour, gardant une candeur et un amour de la vie qui tranchent étrangement avec son œuvre.

On sort de L’Espace du rêve avec un amour démultiplié pour l’homme et pour son cinéma. Et avec le sentiment renouvelé que sa disparition est le signe définitif qu’il y a quelque chose de franchement déprimant, ces temps-ci…

LIVRE : I am Spartacus (id.) – de Kirk Douglas – 2013

Posté : 27 octobre, 2024 @ 8:00 dans CURTIS Tony, DOUGLAS Kirk, KUBRICK Stanley, LIVRES, MANN Anthony | Pas de commentaires »

LIVRE I am Spartacus

Avec Le Fils du chiffonnier, Kirk Douglas avait déjà signé l’une des autobiographies d’acteur les plus stimulantes, les plus honnêtes, et accessoirement l’une des mieux écrites aussi, révélant à un âge relativement avancé un vrai talent d’écrivain.

Il confirme largement ce latent avec I am Spartacus !, écrit à… 95 ans. Loin d’être une redite de son précédent livre, celui-ci se concentre exclusivement sur une période bien précise : la préparation et le tournage de Spartacus, dont le grand Kirk semble se souvenir du moindre détail.

A-t-il une mémoire phénoménale ? Se base-t-il sur des notes conservées quelque part ? Qu’importe : la narration est précise, le style emballant, et l’honnêteté totale. Douglas lui-même s’en amuse, s’autorisant parfois des « pauses » dans le récit pour commenter sa propre arrogance d’autrefois, ses manières parfois brutales, avec la gêne de celui qui appris tardivement le plaisir d’observer les roses (c’est lui qui le dit).

Si le livre est si passionnant, c’est aussi parce qu’il y est question, tout à la fois, d’un tournage chaotique (Anthony Mann viré, Kubrick ingérable, Jean Simmons remplaçant la pauvre Sabina Bethmann, un budget explosé), d’une aventure épique (plus d’un an de tournage), et d’une Chasse aux sorcières qui vit encore de belles heures, et que Spartacus contribuera à balayer.

Kirk Douglas est évidemment le personnage principal du récit : il en est le narrateur, et le pivot du film. Mais la figure de Dalton Trumbo, scénariste blacklisté et œuvrant incognito sur le film jusqu’à ce que Douglas impose son nom au générique, est une figure passionnante, et édifiante dans ce qu’elle dit de l’Amérique d’alors, et d’Hollywood.

Ah ! Et en plus, le livre est aussi une magnifique déclaration d’amour à Anna, la seconde femme de Kirk, avec qui venait d’avoir deux fils, et qui était encore en 2013 à ses côtés.

LIVRE : Paul Newman, la vie extraordinaire d’un homme ordinaire (The Extraordinary Life of an Ordinary Man) – de Paul Newman, Stewart Stern et David Rosenthal – 1986-2022

Posté : 15 juillet, 2024 @ 8:00 dans LIVRES, NEWMAN Paul | Pas de commentaires »

LIVRE Paul Newman la vie extraordinaire d'un homme ordinaire

Paul Newman n’est pas juste l’une des plus belles incarnations de la cool attitude (avec Steve McQueen). C’est aussi un grand acteur, dont la carrière est belle (Luke la main froide, La Chatte sur un toit brûlant… même s’il n’y avait que ces deux films-là…). C’est aussi, accessoirement, un type qui a mis son image et son fric au service d’une entreprise solidaire (les sauces Newman’s Own), et la moitié de l’un des plus beaux couples de l’histoire d’Hollywood.

De là à dire que Newman est un mec bien et attachant, il n’y a qu’un pas que je franchis allégrement. Même après avoir lu cette pas-tout-à-fait-autobiographie dans laquelle il ne cesse d’écorner sa propre image et de présenter ses faiblesses et ses défauts. Parce qu’à force d’insister sur sa froideur, sur son absence d’empathie et d’autres tares qui feraient de lui un être insensible et distant, Newman ne réussit qu’une chose : renforcer cette impression qu’avant d’être une star, il est un être humain.

Un peu embarrassé par son statut d’icône et de sex-symbol, mais pas hypocrite non plus, et en aucun cas coupable d’une quelconque fausse-modestie. Bref, j’aimais Newman avant de lire cette pas-tout-à-fait-autobiographie. Je l’aime d’avantage encore après. Et oui : Newman est un type bien. Pas parfait, c’est sûr. Complexe, évidemment. Mais bien. Et passionnant, parce que humain.

La forme même de cette pas-tout-à-fait-autobiographie l’est aussi, passionnante. Il est bien difficile de dire qui en est le véritable auteur, d’ailleurs. A l’origine du livre, paru en 2022 il y a le projet de biographie auquel s’attelle Newman en 1986 avec son ami scénariste Stewart Stern, ce dernier enregistrant les souvenirs de l’acteur et les témoignages de nombreuses personnes qui l’ont connu à différentes étapes de sa vie.

Les enregistrements et les notes sont restés longtemps enfermés, sans que le projet aboutisse. Newman est mort. Stern aussi. Et les enfants de la star sont finalement tombés sur ces trésors parfois intimes, pas toujours à la gloire de l’homme et du père de famille. Restait plus qu’à trouver un troisième larron pour mettre tout ça en forme (David Rosenthal)… Et voilà un ouvrage atypique, vivant et passionnant.

LIVRE : Mémoires / Mes 400 coups (My wicked, wicked ways) – d’Errol Flynn – 1959

Posté : 18 juin, 2024 @ 8:00 dans LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Mémoires d'Errol Flynn

Beaucoup d’acteurs se sont évertués à s’inventer une mythologie. Ce n’est visiblement pas le cas d’Errol Flynn, dont la vie a réellement été une suite d’aventures, parfois incroyables. Petit délinquant, planteur, trafiquantFlynn n’a cessé de courir le monde, éternellement en quête de liberté, si ce n’est de frisson. Y compris après être devenu une star, alors qu’il se précipite au cœur de la guerre d’Espagne.

Est-ce le goût de l’aventure, est-ce le dégoût d’Hollywood, cette Babylone trop policée pour un homme plus attiré par la vérité des bas-fonds que par les strass de la vie de star ? Les deux, sans doute. Une chose est sûre : Flynn ne fait rien pour se rendre sympathique dans cette autobiographie écrite dans ce qu’il ne savait pas être les derniers mois de sa vie.

Flynn y fait montre d’au moins deux qualités. D’abord, un vrai talent d’écrivain, qui fait de cette lecture un plaisir (souvent dérangeant, j’y reviens) de chaque instant. Et puis et surtout, une honnêteté assez incroyable : Flynn ne se donne pas le beau rôle, assume ses échecs et ses erreurs, ne gomme pas les aspects les plus sombres de sa personnalité.

C’est là aussi que la lecture dérange à de multiples reprises : dans le rapport pour le moins problématique de Flynn avec les femmes. Sans doute ces rapports sont effectivement complexes. Et à le lire, il semble effectivement qu’il en ait fait les frais plus d’une fois. Mais que penser quand même d’un homme qui attire dans son lit une jeune autochtone à peine pubère, en bon colonialiste qu’il était. Ou du même pour qui un viol n’existe que si l’homme a fracassé la femme avec une chaise avant d’en faire ce qu’il voulait

Il semble que la réponse ait été moins claire en 1959 qu’elle ne l’est aujourd’hui, bien sûr. En creux, ce récit passionnant dit aussi beaucoup de l’évolution de la société, et de la condition des femmes, ces dernières décennies.

Difficile donc de dire que le portrait que dresse Flynn de lui-même est attachant. Mais les innombrables rebondissements de sa vie en font une lecture passionnante, jusque dans sa manière de raconter ses années de disgrâce et son vieillissement prématuré, et les secrets qu’il révèle de sa vie à Hollywood, souvent édifiante.

Un exemple : après la mort de John Barrymore, avec qui Flynn entretenait une amitié de longue date, leurs amis communs (dont Raoul Walsh) ont eu l’idée d’une blague de fort bon goût. « Empruntant » le corps de Barrymore, ces derniers l’ont amené discrètement dans la villa de Flynn où tant de fêtes ont eu lieu, et l’ont disposé sur un fauteuil face à la porte, jusqu’à ce que l’acteur entre chez lui. Il paraît que sa réaction a été extrême…

LIVRE : Robert Mitchum – de François Guérif – 2003

Posté : 4 juin, 2024 @ 8:00 dans LIVRES, MITCHUM Robert | Pas de commentaires »

LIVRE Robert Mitchum

Grand amoureux du polar sous toutes ses formes, et du film noir américain en particulier, François Guérif ne pouvait pas ne pas être un fan de Robert Mitchum, peut-être la meilleure incarnation du genre. Qu’il lui consacre une biographie n’a donc rien d’étonnant.

Le gars a une plume alerte, la personnalité de Mitchum est assez fascinante. Du coup ce Robert Mitchum au titre sans fioriture se dévore avec gourmandise, embrassant en 350 pages joliment illustrées une carrière pleine de chefs d’œuvre que l’on meure d’envie de revoir, mais aussi de nanars que l’on meure un peu moins d’envie de découvrir.

Cela étant dit, la simplicité du titre n’est pas anodine. Elle illustre le parti-pris de Guérif : celui de faire de ce livre une sorte de concentré des autres biographies consacrées à l’acteur, vers lesquelles l’auteur nous renvoie régulièrement, un digest qui survole la vie et la carrière de Mitchum en n’oubliant aucun film, aucune période.

On n’y apprend donc pas grand-chose, à moins de ne rien savoir de la vie du grand Bob, de son goût pour la boisson et pour les femmes, et surtout de la posture dont il ne sortira jamais selon laquelle il ne prendrait pas son métier d’acteur au sérieux, posture que ceux qui le connaissaient et avec qui il a travaillait ont constamment mis en doute.

Ce Robert Mitchum se lit avec gourmandise et avec plaisir. On en sort à la fois avec l’envie de se remettre quelques bons DVD, mais aussi avec une petite frustration, l’envie de se plonger dans une biographie plus consistante.

LIVRE : Pierre-Auguste Renoir, mon père – de Jean Renoir – 1962

Posté : 17 novembre, 2023 @ 8:00 dans LIVRES, RENOIR Jean | Pas de commentaires »

LIVRE Pierre-Auguste Renoir mon père

C’est la première fois qu’un livre consacré à un peintre a droit à une chronique sur ce blog entièrement dédié au cinéma. Et il y a une bonne raison à cela : cette biographie de Renoir est signée par son fils Jean, l’un de nos plus grands cinéastes, et aussi un écrivain à la plume personnelle et enthousiasmante.

Ses mémoires personnelles (Ma vie et mes films), lues il y a bien des années, m’avaient déjà laissé un fort souvenir. Ce livre qu’il consacré à son père, plus de quarante ans après sa mort, témoigne des mêmes qualités : acuité, précision, sens du détail… et de la digression. Parce que Jean Renoir est un homme chez qui on devine un esprit foisonnant.

Son livre est ainsi fait d’allers et retours constants. Une idée en entraîne une autre, sans la chasser. Ce récit d’une vie de peinture n’est au fond que digressions passionnantes, comme lente promenade qui laisserait constamment la place au hasard des découvertes, à la curiosité, et au temps long.

Jean Renoir fait aussi partie de ces cinéastes qui ont une voix. Au sens propre, comme d’autres passionnés comme Bertrand Tavernier. Comme lui, lire Renoir éveille instantanément le souvenir de sa voix et de son phrasé si particulier, de cet accent populaire dont il ne s’est jamais défait, et qui colle merveilleusement avec le portrait qu’il dresse de son père.

Au-delà du peintre, immense, Pierre-Auguste se révèle comme un homme droit, attaché à la simplicité et à la vérité des êtres et des choses. On le découvre avec le regard chargé d’amour d’un fils qui témoigne de ses propres souvenirs, et de ceux qu’il a récoltés directement auprès de l’intéressé, alors que lui était démobilisé suite à une blessure sur le front de la Grande Guerre, et que son père était diminué par la maladie.

Si ce livre a droit à une chronique sur ce blog dédié au 7e Art, ce n’est pas seulement parce qu’il écrit par un cinéaste, mais aussi parce que, au fond, il dit presque autant de Jean que de Pierre-Auguste. On y apprend beaucoup de détails passionnantes sur la vie de ce dernier, ses rencontres (avec Gounod notamment), ses amitiés (avec Monet surtout)… On y découvre aussi en creux les années fondatrices du premier, qui ne deviendra réalisateur qu’après la mort de son père.

C’est beau, et c’est plein de vie.

LIVRE : Bernard Blier, un homme façon puzzle – de Jean-Philippe Guérand – 2009

Posté : 25 septembre, 2023 @ 8:00 dans LIVRES | Pas de commentaires »

Bernard Blier, un homme façon puzzle

Bernard Blier est le plus grand acteur du cinéma français. Oui, cette affirmation est sujette à débat, et je pourrais moi-même me rétorquer que Gabin et Jouvet, c’est pas de la merde non plus. Qu’il y a aussi Raimu, Jean Rochefort, Harry Baur et Kev Adams… Ah non, pas Kev Adams (tiens : je n’avais jamais écrit « Kev Adams » sur ce blog, voilà qui est fait trois fois !).

Mais je l’affirme tout de même avec force et avec cœur : Bernard Blier est le plus grand acteur du cinéma français. Parce qu’il est génial dans la grandiloquence comme dans le pathétique, dans le comique comme dans le tragique, dans des premiers rôles comme dans des panouilles…

Qu’importe finalement l’importance et la nature du rôle, il est immense. Petit rôle dans Hôtel du Nord ou rôle central dans Quai des Orfèvres. Grotesque dans Les Tontons flingueurs ou dramatique dans Le Septième Juré… la même présence, la même intensité, toujours le même et toujours différent dans sa manière de dire les dialogues.

Sur ce point au moins, il est le digne héritier de Louis Jouvet, son maître et ami, dont il restera jusqu’au bout le disciple, mais un disciple qui a su très tôt prendre son propre chemin, passant des petits rôles aux personnages de premiers plans avant de privilégier volontairement des rôles plus secondaires dans la dernière partie de sa carrière. Inégale, mais passionnante de bout en bout.

Le biographie que lui consacre Jean-Philippe Guérand est à la hauteur de ce parcours unique à travers une grande partie du cinéma français du XXe siècle. Un beau portrait d’homme aussi, documenté et humain, dont on découvre l’enfance, les amitiés, les rencontres fondatrices, la passion pour la montagne ou les livres. Un homme beau, dont ce livre donne une furieuse envie de revoir les films…

LIVRE : Henri ou Henry – de Didier Decoin – 2006

Posté : 1 avril, 2023 @ 8:00 dans DARRIEUX Danielle, DECOIN Henri, LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Henri ou Henry

Une petite frustration : le peu de place que Didier Decoin accorde au cinéma de son père. Il est question de Danielle Darrieux bien sûr, avec qui Decoin père a formé l’un des plus beaux couples du cinéma français. Mais Si Didier parle de Danielle, c’est avant tout pour évoquer son père en tant qu’éternel amoureux.

Homme à femmes, Henri ? L’homme a enchaîné les conquêtes, mais son fils souligne surtout le fait que pour lui, chaque femme a été le grand amour d’une vie. Un amoureux total, qui envisageait chaque relation comme celle qui l’accompagnerait jusqu’à son dernier souffle.

Un homme entier, passionné, multiple… Decoin fils évoque le parcours de Decoin père (avant qu’il devienne père, et avant qu’il devienne cinéaste). Tanneur de fourrures quand il était minot, grand nageur sélectionné aux Jeux Olympiques de 1912, militaire durant la Grande Guerre, journaliste sportif… le livre de Didier Decoin évoque l’incroyable parcours d’un homme qui semble avoir eu mille vies avant de devenir celui que la postérité a retenu.

Parcours fascinant, livre passionnant, dans lequel l’actuel président de l’Académie Goncourt signe une déclaration d’amour enthousiasmant à ce père disparu depuis si longtemps, livrant l’image d’un homme bien, d’un passionné, d’un père aimant. Parmi les surprises, notons le film mort-né que Henri et Didier ont failli faire ensemble. Un épisode de leur vie commune que l’on découvre avec beaucoup d’émotions…

LIVRE : Louis Jouvet – d’Olivier Rony – 2021

Posté : 26 novembre, 2022 @ 8:00 dans LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Louis Jouvet

Il y a des biographes qui délayent commentent longuement pour combler des vides, des lacunes… Et il y a Olivier Rony, déjà auteur d’un livre de référence sur Jules Romains, qui signe la biographie définitive sur le plus fidèle interprète de l’auteur de Knock. Ce Louis Jouvet est à l’image de ce titre si dénué d’artifice : il est précis, complet, total, et dénué de toute lacune. Si, si.

C’est en tout cas le sentiment que l’on a à la lecture de ces 375 pages incroyablement denses. C’est bien simple : il n’y a pas une phrase sans une information. Le livre s’ouvre sur la naissance du petit Louis Jouvet, se referme sur sa mort soixante-quatre ans plus tard. Entre les deux : le quotidien d’un homme qui a placé le théâtre au cœur de sa vie, travaillant sans s’accorder de repos jusqu’au tout dernier instant.

Fascinant parcours de cet homme dont la vie semble réellement commencer avec sa découverte du théâtre, dont Olivier Rony détaille les rencontres, les influences, les amitiés, les amours. Et les projets théâtraux surtout, dont on découvre les coulisses avec un sens du détail fascinant : les échanges avec les auteurs, les doutes, les problèmes de décors, les choix de mise en scène…

Le livre est si bien documenté qu’il nous donne le sentiment d’être dans la salle, ou sur le plateau, ou dans les loges. Bref, aux côtés du maître, dont on partage la flamme et les colères. L’homme n’est pas oublié : son premier mariage, son histoire d’amour avec Madeleine Ozeray, mais aussi son attitude ambiguë durant les années d’Occupation, qu’il a passées en tournée sur le continent américain.

Le cinéma occupe dans le livre la place qu’il occupait vraisemblablement dans la vie de Jouvet : relativement annexe. Non pas qu’il méprisait les films : on sent chez lui un vrai plaisir à s’autoriser ces distractions. Mais un plaisir qu’il s’autorise avant tout pour financer ses productions théâtrales. Rony accorde toutefois quelques beaux passages à une poignée de chefs d’œuvre (Hôtel du Nord ou Quai des Orfèvres notamment), écartant en quelques lignes d’autres jugés moins importants (l’éternellement sous-estimé Les Amoureux sont seuls au monde).

La dernière partie du livre est peut-être la plus belle. La santé déclinante de Jouvet, la disparition successive de plusieurs proches très importants dans son parcours (Jean Giraudoux d’abord, puis Jacques Copeau et Charles Dullin coup sur coup)… La mort hante le comédien dans les derniers mois de sa vie. La manière dont Olivier Rony raconte ses derniers instants, avec cette précision qu’il a adoptée dès la première page, est bouleversante.

LIVRE : 5e Avenue, 5 heures du matin : Audrey Hepburn, Diamants sur canapé et la genèse d’un film culte (Fifth Avenue, 5 A.M. : Audrey Hepburn, Breakfast at Tiffany’s, and the Dawn of the Modern Woman) – de Sam Wasson – 2010

Posté : 9 décembre, 2021 @ 8:00 dans LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE 5e Avenue 5 heures du matin

L’objet, pour commencer, est magnifique : couverture épaisse et élégante, papier glacé qui évoque les grands magazines américains, et ce générique qui nous dévoile dans les premières pages les lieux de l’intrigue et les personnages principaux. On y croise Truman Capote, Audrey Hepburn, Billy Wilder, Hubert de Givenchy et même Colette… De quoi donner envie de plonger dans ces pages.

Le livre de Sam Wasson ne ressemble pas aux habituels récits de tournage. C’est normal : c’est bien plus que ça. C’est un peu le destin croisé d’Audrey Hepburn et de Holly Golightly, le personnage qu’elle incarne dans Diamants sur canapé, adaptation mythique et en demi-teinte du superbe Breakfast at Tiffany’s de Capote.

Simple et épuré, et pourtant formidablement ambitieux, le livre tire mine de rien les innombrables ficelles qui toutes convergent vers la sortie du film en 1961. Cela implique donc l’écriture du roman, les rapports (difficiles) de Capote avec Halloween, les trahisons des producteurs et des scénaristes, le choix de Blake Edwards et son penchant pour le burlesque (peut-on vraiment lui pardonner le personnage de Michey Rooney?), et bien sûr Audrey Hepburn.

La personnalité de Miss Golightly est centrale. Celle d’Audrey Hepburn l’est tout autant : ce rôle qui lui est indissociable plus qu’aucun autre, et pour lequel on n’imaginerait pas une autre actrice aujourd’hui, était pourtant loin d’être une évidence pour elle, incarnation même de la jeune fille douce qui se retrouve dans la peau d’une jeune femme qui vit de ses charmes (pour rester aussi prude que l’est le film). Un rôle en tout cas qui marquera sa carrière et sa vie.

Sam Wasson a un style, une manière d’aller à l’essentiel dans des chapitres courts et percutants. Son livre est d’autant plus attachant que l’auteur n’amoindrit pas les défauts flagrants du film, et des personnages que lui met en scène. Mel Ferrer, encore marié à Audrey Heburn, en fait les frais. Michey Rooney aussi. Wasson égratigne aussi gentiment Blake Edwards, et Truman Capote lui-même. Mais c’est surtout George Peppard qui en prend pour son grade. Transparent à l’écran, et imbu de sa personne sur le plateau, pour faire simple.

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