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Archive pour la catégorie 'LIVRES'

LIVRE : Paul Newman, la vie extraordinaire d’un homme ordinaire (The Extraordinary Life of an Ordinary Man) – de Paul Newman, Stewart Stern et David Rosenthal – 1986-2022

Posté : 15 juillet, 2024 @ 8:00 dans LIVRES, NEWMAN Paul | Pas de commentaires »

LIVRE Paul Newman la vie extraordinaire d'un homme ordinaire

Paul Newman n’est pas juste l’une des plus belles incarnations de la cool attitude (avec Steve McQueen). C’est aussi un grand acteur, dont la carrière est belle (Luke la main froide, La Chatte sur un toit brûlant… même s’il n’y avait que ces deux films-là…). C’est aussi, accessoirement, un type qui a mis son image et son fric au service d’une entreprise solidaire (les sauces Newman’s Own), et la moitié de l’un des plus beaux couples de l’histoire d’Hollywood.

De là à dire que Newman est un mec bien et attachant, il n’y a qu’un pas que je franchis allégrement. Même après avoir lu cette pas-tout-à-fait-autobiographie dans laquelle il ne cesse d’écorner sa propre image et de présenter ses faiblesses et ses défauts. Parce qu’à force d’insister sur sa froideur, sur son absence d’empathie et d’autres tares qui feraient de lui un être insensible et distant, Newman ne réussit qu’une chose : renforcer cette impression qu’avant d’être une star, il est un être humain.

Un peu embarrassé par son statut d’icône et de sex-symbol, mais pas hypocrite non plus, et en aucun cas coupable d’une quelconque fausse-modestie. Bref, j’aimais Newman avant de lire cette pas-tout-à-fait-autobiographie. Je l’aime d’avantage encore après. Et oui : Newman est un type bien. Pas parfait, c’est sûr. Complexe, évidemment. Mais bien. Et passionnant, parce que humain.

La forme même de cette pas-tout-à-fait-autobiographie l’est aussi, passionnante. Il est bien difficile de dire qui en est le véritable auteur, d’ailleurs. A l’origine du livre, paru en 2022 il y a le projet de biographie auquel s’attelle Newman en 1986 avec son ami scénariste Stewart Stern, ce dernier enregistrant les souvenirs de l’acteur et les témoignages de nombreuses personnes qui l’ont connu à différentes étapes de sa vie.

Les enregistrements et les notes sont restés longtemps enfermés, sans que le projet aboutisse. Newman est mort. Stern aussi. Et les enfants de la star sont finalement tombés sur ces trésors parfois intimes, pas toujours à la gloire de l’homme et du père de famille. Restait plus qu’à trouver un troisième larron pour mettre tout ça en forme (David Rosenthal)… Et voilà un ouvrage atypique, vivant et passionnant.

LIVRE : Mémoires / Mes 400 coups (My wicked, wicked ways) – d’Errol Flynn – 1959

Posté : 18 juin, 2024 @ 8:00 dans LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Mémoires d'Errol Flynn

Beaucoup d’acteurs se sont évertués à s’inventer une mythologie. Ce n’est visiblement pas le cas d’Errol Flynn, dont la vie a réellement été une suite d’aventures, parfois incroyables. Petit délinquant, planteur, trafiquantFlynn n’a cessé de courir le monde, éternellement en quête de liberté, si ce n’est de frisson. Y compris après être devenu une star, alors qu’il se précipite au cœur de la guerre d’Espagne.

Est-ce le goût de l’aventure, est-ce le dégoût d’Hollywood, cette Babylone trop policée pour un homme plus attiré par la vérité des bas-fonds que par les strass de la vie de star ? Les deux, sans doute. Une chose est sûre : Flynn ne fait rien pour se rendre sympathique dans cette autobiographie écrite dans ce qu’il ne savait pas être les derniers mois de sa vie.

Flynn y fait montre d’au moins deux qualités. D’abord, un vrai talent d’écrivain, qui fait de cette lecture un plaisir (souvent dérangeant, j’y reviens) de chaque instant. Et puis et surtout, une honnêteté assez incroyable : Flynn ne se donne pas le beau rôle, assume ses échecs et ses erreurs, ne gomme pas les aspects les plus sombres de sa personnalité.

C’est là aussi que la lecture dérange à de multiples reprises : dans le rapport pour le moins problématique de Flynn avec les femmes. Sans doute ces rapports sont effectivement complexes. Et à le lire, il semble effectivement qu’il en ait fait les frais plus d’une fois. Mais que penser quand même d’un homme qui attire dans son lit une jeune autochtone à peine pubère, en bon colonialiste qu’il était. Ou du même pour qui un viol n’existe que si l’homme a fracassé la femme avec une chaise avant d’en faire ce qu’il voulait

Il semble que la réponse ait été moins claire en 1959 qu’elle ne l’est aujourd’hui, bien sûr. En creux, ce récit passionnant dit aussi beaucoup de l’évolution de la société, et de la condition des femmes, ces dernières décennies.

Difficile donc de dire que le portrait que dresse Flynn de lui-même est attachant. Mais les innombrables rebondissements de sa vie en font une lecture passionnante, jusque dans sa manière de raconter ses années de disgrâce et son vieillissement prématuré, et les secrets qu’il révèle de sa vie à Hollywood, souvent édifiante.

Un exemple : après la mort de John Barrymore, avec qui Flynn entretenait une amitié de longue date, leurs amis communs (dont Raoul Walsh) ont eu l’idée d’une blague de fort bon goût. « Empruntant » le corps de Barrymore, ces derniers l’ont amené discrètement dans la villa de Flynn où tant de fêtes ont eu lieu, et l’ont disposé sur un fauteuil face à la porte, jusqu’à ce que l’acteur entre chez lui. Il paraît que sa réaction a été extrême…

LIVRE : Robert Mitchum – de François Guérif – 2003

Posté : 4 juin, 2024 @ 8:00 dans LIVRES, MITCHUM Robert | Pas de commentaires »

LIVRE Robert Mitchum

Grand amoureux du polar sous toutes ses formes, et du film noir américain en particulier, François Guérif ne pouvait pas ne pas être un fan de Robert Mitchum, peut-être la meilleure incarnation du genre. Qu’il lui consacre une biographie n’a donc rien d’étonnant.

Le gars a une plume alerte, la personnalité de Mitchum est assez fascinante. Du coup ce Robert Mitchum au titre sans fioriture se dévore avec gourmandise, embrassant en 350 pages joliment illustrées une carrière pleine de chefs d’œuvre que l’on meure d’envie de revoir, mais aussi de nanars que l’on meure un peu moins d’envie de découvrir.

Cela étant dit, la simplicité du titre n’est pas anodine. Elle illustre le parti-pris de Guérif : celui de faire de ce livre une sorte de concentré des autres biographies consacrées à l’acteur, vers lesquelles l’auteur nous renvoie régulièrement, un digest qui survole la vie et la carrière de Mitchum en n’oubliant aucun film, aucune période.

On n’y apprend donc pas grand-chose, à moins de ne rien savoir de la vie du grand Bob, de son goût pour la boisson et pour les femmes, et surtout de la posture dont il ne sortira jamais selon laquelle il ne prendrait pas son métier d’acteur au sérieux, posture que ceux qui le connaissaient et avec qui il a travaillait ont constamment mis en doute.

Ce Robert Mitchum se lit avec gourmandise et avec plaisir. On en sort à la fois avec l’envie de se remettre quelques bons DVD, mais aussi avec une petite frustration, l’envie de se plonger dans une biographie plus consistante.

LIVRE : Pierre-Auguste Renoir, mon père – de Jean Renoir – 1962

Posté : 17 novembre, 2023 @ 8:00 dans LIVRES, RENOIR Jean | Pas de commentaires »

LIVRE Pierre-Auguste Renoir mon père

C’est la première fois qu’un livre consacré à un peintre a droit à une chronique sur ce blog entièrement dédié au cinéma. Et il y a une bonne raison à cela : cette biographie de Renoir est signée par son fils Jean, l’un de nos plus grands cinéastes, et aussi un écrivain à la plume personnelle et enthousiasmante.

Ses mémoires personnelles (Ma vie et mes films), lues il y a bien des années, m’avaient déjà laissé un fort souvenir. Ce livre qu’il consacré à son père, plus de quarante ans après sa mort, témoigne des mêmes qualités : acuité, précision, sens du détail… et de la digression. Parce que Jean Renoir est un homme chez qui on devine un esprit foisonnant.

Son livre est ainsi fait d’allers et retours constants. Une idée en entraîne une autre, sans la chasser. Ce récit d’une vie de peinture n’est au fond que digressions passionnantes, comme lente promenade qui laisserait constamment la place au hasard des découvertes, à la curiosité, et au temps long.

Jean Renoir fait aussi partie de ces cinéastes qui ont une voix. Au sens propre, comme d’autres passionnés comme Bertrand Tavernier. Comme lui, lire Renoir éveille instantanément le souvenir de sa voix et de son phrasé si particulier, de cet accent populaire dont il ne s’est jamais défait, et qui colle merveilleusement avec le portrait qu’il dresse de son père.

Au-delà du peintre, immense, Pierre-Auguste se révèle comme un homme droit, attaché à la simplicité et à la vérité des êtres et des choses. On le découvre avec le regard chargé d’amour d’un fils qui témoigne de ses propres souvenirs, et de ceux qu’il a récoltés directement auprès de l’intéressé, alors que lui était démobilisé suite à une blessure sur le front de la Grande Guerre, et que son père était diminué par la maladie.

Si ce livre a droit à une chronique sur ce blog dédié au 7e Art, ce n’est pas seulement parce qu’il écrit par un cinéaste, mais aussi parce que, au fond, il dit presque autant de Jean que de Pierre-Auguste. On y apprend beaucoup de détails passionnantes sur la vie de ce dernier, ses rencontres (avec Gounod notamment), ses amitiés (avec Monet surtout)… On y découvre aussi en creux les années fondatrices du premier, qui ne deviendra réalisateur qu’après la mort de son père.

C’est beau, et c’est plein de vie.

LIVRE : Bernard Blier, un homme façon puzzle – de Jean-Philippe Guérand – 2009

Posté : 25 septembre, 2023 @ 8:00 dans LIVRES | Pas de commentaires »

Bernard Blier, un homme façon puzzle

Bernard Blier est le plus grand acteur du cinéma français. Oui, cette affirmation est sujette à débat, et je pourrais moi-même me rétorquer que Gabin et Jouvet, c’est pas de la merde non plus. Qu’il y a aussi Raimu, Jean Rochefort, Harry Baur et Kev Adams… Ah non, pas Kev Adams (tiens : je n’avais jamais écrit « Kev Adams » sur ce blog, voilà qui est fait trois fois !).

Mais je l’affirme tout de même avec force et avec cœur : Bernard Blier est le plus grand acteur du cinéma français. Parce qu’il est génial dans la grandiloquence comme dans le pathétique, dans le comique comme dans le tragique, dans des premiers rôles comme dans des panouilles…

Qu’importe finalement l’importance et la nature du rôle, il est immense. Petit rôle dans Hôtel du Nord ou rôle central dans Quai des Orfèvres. Grotesque dans Les Tontons flingueurs ou dramatique dans Le Septième Juré… la même présence, la même intensité, toujours le même et toujours différent dans sa manière de dire les dialogues.

Sur ce point au moins, il est le digne héritier de Louis Jouvet, son maître et ami, dont il restera jusqu’au bout le disciple, mais un disciple qui a su très tôt prendre son propre chemin, passant des petits rôles aux personnages de premiers plans avant de privilégier volontairement des rôles plus secondaires dans la dernière partie de sa carrière. Inégale, mais passionnante de bout en bout.

Le biographie que lui consacre Jean-Philippe Guérand est à la hauteur de ce parcours unique à travers une grande partie du cinéma français du XXe siècle. Un beau portrait d’homme aussi, documenté et humain, dont on découvre l’enfance, les amitiés, les rencontres fondatrices, la passion pour la montagne ou les livres. Un homme beau, dont ce livre donne une furieuse envie de revoir les films…

LIVRE : Henri ou Henry – de Didier Decoin – 2006

Posté : 1 avril, 2023 @ 8:00 dans DARRIEUX Danielle, DECOIN Henri, LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Henri ou Henry

Une petite frustration : le peu de place que Didier Decoin accorde au cinéma de son père. Il est question de Danielle Darrieux bien sûr, avec qui Decoin père a formé l’un des plus beaux couples du cinéma français. Mais Si Didier parle de Danielle, c’est avant tout pour évoquer son père en tant qu’éternel amoureux.

Homme à femmes, Henri ? L’homme a enchaîné les conquêtes, mais son fils souligne surtout le fait que pour lui, chaque femme a été le grand amour d’une vie. Un amoureux total, qui envisageait chaque relation comme celle qui l’accompagnerait jusqu’à son dernier souffle.

Un homme entier, passionné, multiple… Decoin fils évoque le parcours de Decoin père (avant qu’il devienne père, et avant qu’il devienne cinéaste). Tanneur de fourrures quand il était minot, grand nageur sélectionné aux Jeux Olympiques de 1912, militaire durant la Grande Guerre, journaliste sportif… le livre de Didier Decoin évoque l’incroyable parcours d’un homme qui semble avoir eu mille vies avant de devenir celui que la postérité a retenu.

Parcours fascinant, livre passionnant, dans lequel l’actuel président de l’Académie Goncourt signe une déclaration d’amour enthousiasmant à ce père disparu depuis si longtemps, livrant l’image d’un homme bien, d’un passionné, d’un père aimant. Parmi les surprises, notons le film mort-né que Henri et Didier ont failli faire ensemble. Un épisode de leur vie commune que l’on découvre avec beaucoup d’émotions…

LIVRE : Louis Jouvet – d’Olivier Rony – 2021

Posté : 26 novembre, 2022 @ 8:00 dans LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Louis Jouvet

Il y a des biographes qui délayent commentent longuement pour combler des vides, des lacunes… Et il y a Olivier Rony, déjà auteur d’un livre de référence sur Jules Romains, qui signe la biographie définitive sur le plus fidèle interprète de l’auteur de Knock. Ce Louis Jouvet est à l’image de ce titre si dénué d’artifice : il est précis, complet, total, et dénué de toute lacune. Si, si.

C’est en tout cas le sentiment que l’on a à la lecture de ces 375 pages incroyablement denses. C’est bien simple : il n’y a pas une phrase sans une information. Le livre s’ouvre sur la naissance du petit Louis Jouvet, se referme sur sa mort soixante-quatre ans plus tard. Entre les deux : le quotidien d’un homme qui a placé le théâtre au cœur de sa vie, travaillant sans s’accorder de repos jusqu’au tout dernier instant.

Fascinant parcours de cet homme dont la vie semble réellement commencer avec sa découverte du théâtre, dont Olivier Rony détaille les rencontres, les influences, les amitiés, les amours. Et les projets théâtraux surtout, dont on découvre les coulisses avec un sens du détail fascinant : les échanges avec les auteurs, les doutes, les problèmes de décors, les choix de mise en scène…

Le livre est si bien documenté qu’il nous donne le sentiment d’être dans la salle, ou sur le plateau, ou dans les loges. Bref, aux côtés du maître, dont on partage la flamme et les colères. L’homme n’est pas oublié : son premier mariage, son histoire d’amour avec Madeleine Ozeray, mais aussi son attitude ambiguë durant les années d’Occupation, qu’il a passées en tournée sur le continent américain.

Le cinéma occupe dans le livre la place qu’il occupait vraisemblablement dans la vie de Jouvet : relativement annexe. Non pas qu’il méprisait les films : on sent chez lui un vrai plaisir à s’autoriser ces distractions. Mais un plaisir qu’il s’autorise avant tout pour financer ses productions théâtrales. Rony accorde toutefois quelques beaux passages à une poignée de chefs d’œuvre (Hôtel du Nord ou Quai des Orfèvres notamment), écartant en quelques lignes d’autres jugés moins importants (l’éternellement sous-estimé Les Amoureux sont seuls au monde).

La dernière partie du livre est peut-être la plus belle. La santé déclinante de Jouvet, la disparition successive de plusieurs proches très importants dans son parcours (Jean Giraudoux d’abord, puis Jacques Copeau et Charles Dullin coup sur coup)… La mort hante le comédien dans les derniers mois de sa vie. La manière dont Olivier Rony raconte ses derniers instants, avec cette précision qu’il a adoptée dès la première page, est bouleversante.

LIVRE : 5e Avenue, 5 heures du matin : Audrey Hepburn, Diamants sur canapé et la genèse d’un film culte (Fifth Avenue, 5 A.M. : Audrey Hepburn, Breakfast at Tiffany’s, and the Dawn of the Modern Woman) – de Sam Wasson – 2010

Posté : 9 décembre, 2021 @ 8:00 dans LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE 5e Avenue 5 heures du matin

L’objet, pour commencer, est magnifique : couverture épaisse et élégante, papier glacé qui évoque les grands magazines américains, et ce générique qui nous dévoile dans les premières pages les lieux de l’intrigue et les personnages principaux. On y croise Truman Capote, Audrey Hepburn, Billy Wilder, Hubert de Givenchy et même Colette… De quoi donner envie de plonger dans ces pages.

Le livre de Sam Wasson ne ressemble pas aux habituels récits de tournage. C’est normal : c’est bien plus que ça. C’est un peu le destin croisé d’Audrey Hepburn et de Holly Golightly, le personnage qu’elle incarne dans Diamants sur canapé, adaptation mythique et en demi-teinte du superbe Breakfast at Tiffany’s de Capote.

Simple et épuré, et pourtant formidablement ambitieux, le livre tire mine de rien les innombrables ficelles qui toutes convergent vers la sortie du film en 1961. Cela implique donc l’écriture du roman, les rapports (difficiles) de Capote avec Halloween, les trahisons des producteurs et des scénaristes, le choix de Blake Edwards et son penchant pour le burlesque (peut-on vraiment lui pardonner le personnage de Michey Rooney?), et bien sûr Audrey Hepburn.

La personnalité de Miss Golightly est centrale. Celle d’Audrey Hepburn l’est tout autant : ce rôle qui lui est indissociable plus qu’aucun autre, et pour lequel on n’imaginerait pas une autre actrice aujourd’hui, était pourtant loin d’être une évidence pour elle, incarnation même de la jeune fille douce qui se retrouve dans la peau d’une jeune femme qui vit de ses charmes (pour rester aussi prude que l’est le film). Un rôle en tout cas qui marquera sa carrière et sa vie.

Sam Wasson a un style, une manière d’aller à l’essentiel dans des chapitres courts et percutants. Son livre est d’autant plus attachant que l’auteur n’amoindrit pas les défauts flagrants du film, et des personnages que lui met en scène. Mel Ferrer, encore marié à Audrey Heburn, en fait les frais. Michey Rooney aussi. Wasson égratigne aussi gentiment Blake Edwards, et Truman Capote lui-même. Mais c’est surtout George Peppard qui en prend pour son grade. Transparent à l’écran, et imbu de sa personne sur le plateau, pour faire simple.

LIVRE : Frank Borzage, un romantique à Hollywood – d’Hervé Dumont – 1993/2013

Posté : 15 juin, 2019 @ 8:00 dans BORZAGE Frank, FARRELL Charles, LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Frank Borzage un romantique à Hollywood

Voilà sans doute la meilleure façon de découvrir l’univers d’un cinéaste, de vraiment le découvrir : enchaîner en trois ou quatre mois 35 de ses films, tout en lisant un pavé de 1000 pages qui lui est consacré. Le voyage a en tout cas été passionnant, et je l’écris ici pour la postérité : Frank Borzage est un cinéaste immense, peut-être le plus grand de tous les grands cinéastes mésestimés.

Il y a bien longtemps que j’aime passionnément ses grands chefs d’œuvre muet avec le couple Janet Gaynor-Charles Farrel. Mais quelle découverte, quel voyage fascinant : ses débuts en tant qu’acteur puis réalisateur de petits westerns déjà très intéressants (The Pilgrim), ses premières œuvres personnelles (The Circle), son premier âge d’or (Seventh Hour), mais aussi le passage au parlant (They had to see Paris).

Et ces extraordinaires années 30, émaillée d’immenses chefs d’œuvre (Man’s Castle, Three Comrades), et d’une richesse inépuisable. Rien à jeter, ou presque, dans cette décennie, où même ses films considérés comme mineurs (Shipmates forever) recèlent des moments de pure magie, sans même compter tous les bijoux méconnus, trop vite oubliés (Living on velvet, Stranded, Big City…).

A vrai dire, sa carrière reste passionnante de bout en bout. Ses années 40 sont souvent méprisées ? A tort : même si les grands chefs d’œuvres sont plus rares, le plus romantique des cinéastes hollywoodiens a toujours ce don pour faire naître une émotion immense, et pour filmer l’intimité naissante entre ses personnages. Et quel directeur d’acteur, qui tire le meilleur de ses comédiens, de Deanna Durbin (His butler’s sister) à Van Heflin (Seven Sweetheart).

Bref, une mine inépuisable pour Hervé Dumont, qui signe l’ouvrage de référence sur Borzage. Moins une biographie à proprement parler qu’une étude détaillée de sa filmographie. Sans doute est-ce dû à la discrétion du cinéaste, Dumont ne s’attarde qu’à de rares occasions sur des épisodes personnelles de sa vie, ne livrant que très peu d’anecdotes. Trop peu à mon goût d’ailleurs : c’est uniquement à travers ses films qu’on découvre l’homme.

A une exception près quand même : Dumont s’intéresse longuement, très longuement, à l’appartenance de Borzage à la franc-maçonnerie, dont il fait le socle de toute la filmographie du cinéaste, en tout cas dans sa première moitié. Quitte à surinterpréter certains de ses films, sans doute.

Cela dit, le livre de Dumont est d’une grande précision sur le travail de Borzage, détaillant longuement les films majeurs du cinéaste (à tel point qu’il vaut mieux avoir vu les films, pour ne pas s’en gâcher le plaisir), balayant un peu trop vite certaines œuvres plus mineurs, en réhabilitant d’autres… Pas la plus intime des biographies, mais un livre important pour plonger dans l’œuvre si méconnue d’un si grand cinéaste.

LIVRE : Mireille Balin, la star foudroyée – de Frank Bertrand – 2014

Posté : 18 janvier, 2019 @ 8:00 dans LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Mireille Balin La star foudroyée

Est-ce le regard de Mireille Balin, ses lèvres qui esquissent un sourire, ou ce corps qu’elle met en valeur avec une liberté évidente ? Les photos que l’on trouve dans ce livre sont fascinantes, comme si l’actrice, les yeux tournés vers l’objectif, lançait un défi à quiconque oserait la juger…

Mireille Balin, c’est l’une des grandes actrices oubliées du cinéma français. Deux fois partenaire de Jean Gabin (Pépé le Moko et Gueule d’amour), dont elle fut la maîtresse avant d’être celle de Tino Rossi, la jeune femme a eu la mauvaise idée de tomber amoureuse d’un officier allemand pendant l’occupation, et de ne pas même chercher à faire profil bas. Elle fut donc l’une des grandes victimes de l’épuration : enfermée et violée à la libération, l’homme de sa vie sans doute assassiné (son corps n’a jamais été identifié), elle terminera sa vie seule et miséreuse…

Une destinée tragique que Frank Bertrand (auteur qui vient de mourir) évoque avec une passion communicatives. Plutôt qu’une biographie traditionnelle, La star foudroyée est bien une évocation de cette vie fulgurante, sous la forme d’une enquête, autour de seize cahiers écrits par un personnage-prétexte et retrouvés par hasard par le narrateur, qui découvre en même temps que le lecteur le pouvoir de fascination de la Balin.

Quel personnage ! Femme libre, femme détachée aussi, sans doute, pour le meilleur et pour le pire. Mireille Balin traverse sa carrière de star naissante comme elle traversera sa déchéance à venir : avec un détachement dont on ne sait s’il relève de la fierté ou d’une certaine indifférence à son propre sort. Un beau livre en tout cas, dont on ressort avec un vrai sentiment de révolte, et une envie de revoir ses grands films…

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