Lost Continent (The Lost Continent) – de Sam Newfield – 1951
C’est un petit film fantastique bien sympathique qu’a réalisé là Sam Newfield. Spécialiste de la série Z, le réalisateur signe une production inhabituellement ambitieuse pour lui : on est ici dans la série C, voire même B, avec de grands décors (en carton pâte), des effets spéciaux, un crash d’avion, et même des dinosaures qui ne sont pas uniquement des iguanes filmés en gros plan. Bref, un vrai film d’aventure bien torché et mené sans le moindre temps mort.
Bien sûr, le film reste un nanar. Un nanar sympathique, mais un nanar quand même : le crash est filmé avec une maquette qui fait maquette, la montagne que les personnages doivent escalader fait carton pâte, et la forêt qu’ils traversent semblent sortir de Jardiland. Mais pour ceux que ces détails ne rebutent pas, il faut reconnaître à Newfield un vrai savoir-faire.
L’histoire n’est qu’un prétexte à enchaîner les situations les plus périlleuses : un missile s’est perdu sur une île mystérieuse, et une expédition constituée de militaires et de scientifiques est envoyée pour le retrouver. Ils y découvrent une terre hostile peuplée de dinosaures. Le film se contente d’éviter (adroitement) tous les temps morts, s’appuyant sur des personnages plutôt pas mal dessinés (pour des stéréotypes en tout cas).
Newfield a même le grand luxe de diriger César Romero, pas exactement la star du siècle, mais une vedette au charisme indiscutable, parfait en leader de l’expédition. Alors que la menace soviétique s’impose dans la conscience américaine, le film se permet même d’avoir un petit discours humaniste, avec un personnage de Russe dont tout le monde se méfie (y compris le spectateur) avant de dévoiler son véritable visage, beaucoup plus complexe et humain.
Pour autant, Lost Continent n’est pas un film qui se prend au sérieux. Sam Newfield filme simplement et efficacement une histoire pleine de rebondissements. En l’occurrence, on ne lui en demande pas plus.