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Archive pour la catégorie 'LECONTE Patrice'

Maigret – de Patrice Leconte – 2022

Posté : 2 avril, 2022 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 2020-2029, d'après Simenon, LECONTE Patrice, Maigret | Pas de commentaires »

Maigret

Presque soixante ans que le cinéma français ne s’était pas intéressé au plus populaire des policiers de la littérature francophone. Comme si Jean Gabin avait à ce point dévoré le rôle qu’il interdisait à quiconque de lui succéder. Sur grand écran, on a quand même eu droit à un Maigret italien (Gino Cervi dans Maigret à Pigalle) et un autre allemand (Heinz Rühman dans Maigret fait mouche), tous deux dans les années 60. Mais depuis, seule la télévision avait osé s’emparer du personnage créé par Simenon. Et elle ne s’est pas privée, les séries et téléfilms pullulant dans le monde entier.

Quand même, voir Depardieu se mettre dans la peau du commissaire avait quelque chose d’exaltant (il entre d’ailleurs dans le club très fermé des acteurs ayant incarné à la fois Maigret et Jean Valjean, après Harry Baur et Jean Gabin), surtout qu’il avait déjà frôlé le personnage avec le Bellamy de Chabrol. C’est donc avec un mélange d’excitation et d’angoisse qu’on entre dans la salle… et c’est avec un mélange de satisfaction et de frustration qu’en en sort.

Le film de Patrice Leconte est sincère et généreux, on ne peut pas lui retirer ça. Il est aussi, en l’occurrence, très appliqué, mais pas très incarné. Ce qui est le plus beau dans les romans de Simenon, c’est la manière dont Maigret se glisse jusqu’à s’oublier dans l’atmosphère d’un lieu, d’un microcosme, dont il fait siennes les habitudes, le rythme, les odeurs même. Mais la reconstitution du Paris des années 1950 (l’époque à laquelle est écrit Maigret et la jeune morte, dont le film de Leconte est une adaptation) est tellement propre et dénuée d’aspérité qu’elle maintient constamment une certaine distance.

Plus gênant encore : la lenteur appuyée avec laquelle les dialogues sont prononcés, manière maladroite de donner corps au rythme langoureux des romans. Mais il y a de belles choses, à commencer par le personnage lui-même, et l’incarnation qu’en fait Depardieu. Radicalement différent de Gabin dans son approche de Maigret, on peut pourtant en dire à peu près la même chose : il se glisse véritablement dans la peau du personnage, tout en le transformant à sa manière.

Et c’est un Depardieu vieillissant, fatigué et physiquement très imposant qui fait de Maigret un policier en bout de course, qui sait proche la fin du voyage, et dont le parcours et les drames personnels se confondent avec son enquête à ce stade de sa carrière et de sa vie. Un homme qui continue à réfléchir au rythme des verres bus dans les bistrots, mais qui a dû se résoudre à abandonner la pipe. Ce qui donne paradoxalement les séquences les plus savoureuses du film, celles où la pipe fumée par d’autres occupe une place centrale dans l’esprit de Maigret/Depardieu.

On aimerait que ce film ne soit qu’un nouveau départ, qu’il soit une enquête parmi d’autres, et que Depardieu ait d’autres occasions de creuser le personnage, peut-être avec d’autres cinéastes plus exaltants. Ce n’est clairement pas l’ambition affichée avec ce film, dont la simplicité du titre annonce la couleur : Leconte et son co-scénariste Jérôme Tonnerre signent non pas une enquête policière, mais le portrait sincère d’un homme. Leur vision du personnage.

Les Bronzés font du ski – de Patrice Leconte – 1979

Posté : 22 mars, 2019 @ 8:00 dans 1970-1979, LECONTE Patrice | Pas de commentaires »

Les Bronzés font du ski

« Vous avez de la pâte ? Vous avez du suc ? Avec la pâte vous faites des crêpes, et vous mettez du suc dessus ! »

« Excusez moi monsieur, mais vous êtes en train d’uriner sur ma voiture. »

« Vous êtes fous, vous savez pas c’qu’ils bouffent. »

« Ça les arrange pas… à cause de l’argent. »

« Je ne vous colle pas mon poing sur la gueule, je pense que ce n’est pas la peine. »

« Ça c’est mes skis, ils ont fait deuxièmes à Crans Montana. »

« J’crois que toi et moi on a un peu le même problème, c’est-à-dire qu’on peut pas vraiment tout miser sur notre physique, surtout toi. »

« On t’aurait pas reconnu. – D’ailleurs on t’a pas reconnu. »

« Tu m’aides pas là ? – Non, pas là, non… »

Je pourrais continuer longtemps comme ça : Les Bronzés font du ski est une machine à répliques cultes. Et on a beau avoir vu le film 20 fois, avoir entendu ces répliques 50 fois, on marche encore, quarante ans.

Rien à dire sur le style, ou sur la mise en scène : le talent de Patrice Leconte, pour cette suite bien plus réussie que le premier Bronzés, est de filmer des comédiens-scénaristes en état de grâce qui construisent leur mythe et s’amusent à pousser leurs personnages très loin dans la méchanceté commune et la mesquinerie.

Les Bronzés font du ski ne peut pas être jugé comme n’importe quel film : il ne vaut que pour les répliques, et pour le jeu de Balasko, Jugnot, Clavier, Lhermitte, Chazel ou Blanc, tous formidables (sans oublier Moynot, Lavanant, Chevit, et même Roland Giraud, qui réussit à être génial en 1 minute de présence à l’écran).

C’est le film d’une génération. A moins d’être totalement allergique à l’humour du Splendid, comment peut-on juger ce film autrement que par les rires francs et régressifs qu’il procure. C’est culte, c’est indémodable, et c’est jouissif. Et ça rappelle que ces acteurs, quels que soient les choix parfois (souvent) discutables qu’ils ont fait par la suite, ont quand même un sacré potentiel comique.

Les Grands Ducs – de Patrice Leconte – 1996

Posté : 12 novembre, 2017 @ 8:00 dans 1990-1999, LECONTE Patrice | Pas de commentaires »

Les Grands Ducs

Il y a du bon et du moins bon dans cette comédie que Leconte n’a sans doute imaginée que pour une seule raison : réunir Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle. Une vraie bonne idée d’ailleurs : le plaisir évident que ces trois-là ont à se retrouver est très communicatif, tellement communicatif qu’on leur pardonne volontiers d’en faire trop. Après tout, ces trois grands comédiens incarnent trois petits comédiens, moins talentueux que passionnés par leur carrière en bout de course.

Rochefort en vieux beau gominé, et Noiret en vieux cabot ravagé par le trac, sont excessifs juste ce qu’il faut, et ont l’intelligence de ne rien faire pour se mettre en valeur, acceptant et renforçant leur vieillissement avec une jolie sincérité qui n’a jamais rien de pathétique. Mais c’est Marielle qui dévore l’écran à chaque apparition. Magistral, il est hilarant en barjot grande gueule qui semble avoir renoncé à toute idée de convenance sociale. Le regard consterné qu’il lance au public occupé à rire est extraordinaire.

Leconte réussit aussi son hommage au métier du spectacle, en filmant le quotidien d’une petite troupe en tournée en province. Mais sur ce thème, il s’était montré plus tendre et émouvant dans son beau Tandem. A l’émotion, Leconte préfère ici une grande liberté de ton… et de mise en scène, souvent caméra à l’épaule et à la va-comme-je-te-pousse.

Cela donne parfois du rythme au film, mais parfois aussi une impression de bâclage. C’est surtout flagrant lors de toutes les apparitions du pauvre Michel Blanc, totalement caricatural dans un rôle de méchant grotesque qui gâche un peu le plaisir que l’on a de retrouvé ce grand trio de cinéma.

 

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