Le Tueur de Boston (The Strangler) – de Burt Topper – 1964
Victor Buono, acteur adipeux au physique imposant, aux yeux clairs, et au sourire d’enfant, déshabillant une poupée d’une manière très sexuée après avoir tué une femme… Cette image dérangeante, malsaine, habite ce film noir très imparfait, mais assez marquant grâce à son acteur, monstre à la fois attachant et répugnant, qui trouve le rôle de sa vie.
Burt Topper, dont c’est le film le plus marquant, n’est pas un immense cinéaste, c’est une évidence. Sa mise en scène est la plupart du temps assez basique, et un peu raide. Mais il réussit quelques beaux de suspense, en particulier la toute dernière scène, franchement effrayante.
Mais le film prend une dimension particulière quand Victor Buono est à l’œuvre. Dès la première séquence, Topper lève le voile sur ce tueur qui sévit à Boston : c’est ce type au physique ingrat, jeune homme parfaitement intégré dans la société, mais victime d’une mère castratrice qui, à bien des égards, apparaît comme le véritable monstre du film, une mère qui étouffe son fils, le rabroue et l’humilie, pour mieux le garder pour elle seule. Une sorte de version non empaillée de Norma Bates.
Buono est terrifiant et monstrueux, oui, mais il est aussi bouleversant. Bourreau et victime à la fois, ce tueur parfois presque enfantin peut se montrer terriblement pathétique (la demande en mariage). Etrange de ressentir de la pitié pour un tel monstre…
Contrairement à ce que le titre français précise, le film ne mentionne jamais Boston. Mais ce tueur est directement inspiré par Albert Desalvo, le fameux tueur qui inspirera aussi Richard Fleischer pour son Etrangleur de Boston, et qui venait alors d’être arrêté.