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Archive pour la catégorie 'CURTIS Tony'

LIVRE : I am Spartacus (id.) – de Kirk Douglas – 2013

Posté : 27 octobre, 2024 @ 8:00 dans CURTIS Tony, DOUGLAS Kirk, KUBRICK Stanley, LIVRES, MANN Anthony | Pas de commentaires »

LIVRE I am Spartacus

Avec Le Fils du chiffonnier, Kirk Douglas avait déjà signé l’une des autobiographies d’acteur les plus stimulantes, les plus honnêtes, et accessoirement l’une des mieux écrites aussi, révélant à un âge relativement avancé un vrai talent d’écrivain.

Il confirme largement ce latent avec I am Spartacus !, écrit à… 95 ans. Loin d’être une redite de son précédent livre, celui-ci se concentre exclusivement sur une période bien précise : la préparation et le tournage de Spartacus, dont le grand Kirk semble se souvenir du moindre détail.

A-t-il une mémoire phénoménale ? Se base-t-il sur des notes conservées quelque part ? Qu’importe : la narration est précise, le style emballant, et l’honnêteté totale. Douglas lui-même s’en amuse, s’autorisant parfois des « pauses » dans le récit pour commenter sa propre arrogance d’autrefois, ses manières parfois brutales, avec la gêne de celui qui appris tardivement le plaisir d’observer les roses (c’est lui qui le dit).

Si le livre est si passionnant, c’est aussi parce qu’il y est question, tout à la fois, d’un tournage chaotique (Anthony Mann viré, Kubrick ingérable, Jean Simmons remplaçant la pauvre Sabina Bethmann, un budget explosé), d’une aventure épique (plus d’un an de tournage), et d’une Chasse aux sorcières qui vit encore de belles heures, et que Spartacus contribuera à balayer.

Kirk Douglas est évidemment le personnage principal du récit : il en est le narrateur, et le pivot du film. Mais la figure de Dalton Trumbo, scénariste blacklisté et œuvrant incognito sur le film jusqu’à ce que Douglas impose son nom au générique, est une figure passionnante, et édifiante dans ce qu’elle dit de l’Amérique d’alors, et d’Hollywood.

Ah ! Et en plus, le livre est aussi une magnifique déclaration d’amour à Anna, la seconde femme de Kirk, avec qui venait d’avoir deux fils, et qui était encore en 2013 à ses côtés.

Certains l’aiment chaud (Some like it hot) – de Billy Wilder – 1959

Posté : 25 juin, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, CURTIS Tony, WILDER Billy | Pas de commentaires »

Certains l'aiment chaud

Il y a comme ça des films tellement définitifs qu’on sait bien qu’on n’aura rien de plus à dire que tous les éloges qui lui ont été faits depuis des décennies. Some like it hot est donc un monument, et franchement je ne vois pas ce qu’on peut rajouter…

On pourrait à la rigueur souligner que le triomphe du film a en quelque sorte conditionné la fin de carrière de Billy Wilder. Lui qui alternait les genres d’un film à l’autre (ses trois films précédents : une épopée historique, une comédie romantique, et un film de procès) va désormais se concentrer sur la comédie (à de rares exceptions). Wilder sera désormais inséparable de Jack Lemmon (qui jouera dans six de ses dix derniers films), et surtout de son coscénariste I.A.L. Diamond.

Il y a dans ce film une liberté de ton exceptionnelle, un humour ravageur, une envie gourmande de rendre hommage aux films de gangsters, mais aussi une audace rare pour l’époque : filmer des hommes (dont Tony Curtis, grande star à l’époque) travestis en femme, aborder ainsi l’homosexualité… Quel autre film américain avait déjà osé ça auparavant ?

Curtis et Lemmon sont irrésistibles en « Daphne » et « Josephine », vraiment très drôles sans jamais être graveleux. Wilder trouve cet équilibre juste, constamment, entre le gag immédiat et une certaine élégance, qui franchit admirablement l’épreuve du temps. Voyez donc ce film avec de jeunes enfants, des ados et des adultes dans la même pièce : l’enthousiasme partagé est aussi flagrant que rare.

« Nobody’s perfect », l’interminable tango, Tony Curtis qui tente de garder son sang froid malgré ses lunettes embuées face à une Maryline Monroe sensuelle en diable (ou plutôt en ange, tant elle est d’une innocence désarmante)… Les moments cultes et inoubliables se succèdent, en même temps que les éclats de rire.

Mais Wilder réussit aussi à ancrer son film dans une vieille tradition de cinéma de genre, tirant de la naphtaline un George Raft comme sorti de Scarface. Cet aspect policier flirte constamment avec la parodie, mais Wilder crée de belles scènes noires et tendues, notamment dans la première partie.

Rythme imparable, trio d’acteurs au top, intelligence de la mise en scène… C’est culte, c’est drôle, c’est génial. Un chef-d’œuvre, oui.

Allen in movieland (id.) – de Dick McDonough – 1955

Posté : 14 février, 2019 @ 8:00 dans 1950-1959, CURTIS Tony, EASTWOOD Clint (acteur), McDONOUGH Dick, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Allen in movieland

Voilà une curiosité dans la carrière de Clint Eastwood. 25 ans, sous contrat à la Universal depuis quelques mois, Clint venait alors de décrocher sa première panouille à l’écran dans La Revanche de la créature (sorti trois mois plus tôt dans les salles américaines). Et il fait ici sa toute première apparition télévisée, dans un programme destiné à promouvoir les dernières productions de la Universal.

Intéressant à plus d’un titre, ce programme démontre d’abord qu’à l’époque, on ne se contentait pas de diffuser les bandes annonces. Allen in movieland met en scène Steve Allen, vedette de la télévision choisie pour incarner Benny Goodman dans un biopic, que l’on voit découvrir les studios dans une série de scènes humoristiques.

Il y croise de nombreuses vedettes maison : Tony Curtis qui répète des cascades de son nouveau film (Les Années sauvages), Audie Murphy qui évoque son film autobiographique L’Enfer des hommes, Piper Laurie qui pousse la chansonnette, ou encore Jeff Chandler. Ce dernier présente son dernier film (La Muraille d’or avec Jane Russell), prouve qu’il a un beau timbre de voix… et devient le premier à prononcer le nom de Clint Eastwood à l’écran !

Le narrateur du programme explique le fonctionnement du studio, et notamment la politique visant à prendre des jeunes talents sous contrats pour les former (et les avoir sous la main). C’est ce que connaît Clint à cette époque, et le voilà jouant les utilités auprès de deux autres jeunes acteurs (Rex Reason et Grant Williams) dans un court métrage adapté de Bright Victory.

Il y est d’ailleurs très bien, même si son rôle n’est qu’un contrepoint à ceux de ses deux comparses : un jeune soldat devenu aveugle qui s’en prend amèrement à l’officier qui tente de l’aider, sans réaliser que ce dernier a lui-même perdu la vue. Un simple observateur, à l’exception d’une réplique percutante qui « ouvre les yeux » du jeune soldat.

Comme un petit signe du destin : ce passage est suivi par un numéro dansant sur la musique de « That all black magic », chanson de Harold Arlen et Johnny Mercer que Clint Eastwood utilisera quelques décennies plus tard dans Minuit dans le jardin du bien et du mal (chantée alors par Kevin Spacey).

Et puis, pour ce grand amoureux de jazz, cette expérience a dû être marquante : dans la scène finale de Allen in movieland, tout le cast se réunit autour de Steve Allen et de Benny Goodman lui-même, qui se lancent dans un duo piano-clarinette. On y voit très clairement Clint Eastwood dodelinant de la tête et affichant un large sourire derrière l’épaule de Goodman. Classe.

Les Vikings (The Vikings) – de Richard Fleischer – 1958

Posté : 5 octobre, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, CURTIS Tony, DOUGLAS Kirk, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

Les Vikings

Mel Gibson rêve depuis des années de réaliser le film ultime sur les Vikings. Mais il ferait mieux de réviser sa cinéphilie : ce film ultime existe déjà, même qu’il s’appelle très sobrement Les Vikings, et que c’est l’excellent Richard Fleischer qui l’a réalisé il y presque 60 ans. Même qu’il y a Kirk Douglas et Tony Curtis en (demi-) frères ennemis là-dedans, que Janet Leigh y est sexy comme jamais, et que Ernest Borgnine y est un truculent et réjouissant chef Viking.

Voilà donc un très grand film d’aventures tourné en Cinemascope et dans un Technicolor magnifique : la photo, signée Jack Cardiff, est sublime, aussi bien dans les scènes intérieures de beuverie que dans les extérieurs en décors naturels, ou sur la mer baignée de brouillard. Mais Les Vikings est plus que ça. Les moyens conséquents dont Fleischer dispose permettent d’offrir une reconstitution d’une rare ambition, fascinante par sa précision, que ce soit pour filmer le quotidien du village Viking (dans des paysages à couper le souffle), ou la défense qui s’organise dans le château anglais assiégé.

Cette ambition n’écrase jamais Fleischer, qui se montre aussi à l’aise dans la superproduction que dans les séries B de ses débuts. Ici, il réussit constamment le plan juste et souvent inattendu : une contre-plongée sur le pont-levis qui se baisse, une plongée vertigineuse sur Kirk et Tont qui se battent au sommet du château, ou ce magnifique travelling filmant en gros plan les visages des Vikings prêts à affronter la mort… C’est du très grand cinéma hollywoodien, visuellement superbe.

Le scénario relève de la même ambition, avec cette histoire de deux ennemis qui découvrent trop tard qu’ils ont le même père. Les regards perdus des deux acteurs dans leur ultime scène ensemble sont inoubliables, image digne des plus grandes tragédies. Même l’histoire d’amour (avec un tendre baiser entre Janet et Tony que Jamie Lee doit se repasser en boucle) dépasse les conventions du genre, lors de cette scène où Janet Leigh laisse transparaître une attirance trouble pour la brute Einar, tout en clamant son amour pour Eric.

On la comprend bien d’ailleurs : face à un Tony Curtis un peu effacé derrière sa barbe, Kirk Douglas (également producteur et au sommet de sa carrière, entre Les Sentiers de la gloire et Le Dernier Train de Gun Hill) est extraordinaire d’intensité, inquiétant et séduisant à la fois. Un grand rôle, dans un grand film.

La Chaîne (The Defiant Ones) – de Stanley Kramer – 1958

Posté : 11 septembre, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, CURTIS Tony, KRAMER Stanley | Pas de commentaires »

La Chaîne

« Ils doivent être des millions, et aucun ne se comprend ! » Tony Curtis et Sidney Poitier, prisonniers en cavale enchaînés l’un à l’autre, parlent des animaux qui les entourent, mais on jurerait que c’est d’eux-mêmes qu’il s’agit en fait : deux hommes que tout oppose dans ce Sud des Etats-Unis où leur couleur de peau respective représente une barrière infranchissable entre eux.

Le racisme qu’ils affichent l’un comme l’autre est de circonstance, et ne souffre aucune explication, aucune justification. Ils se détestent tout simplement parce que l’un est blanc, et l’autre et noir. « Negro » ? Ce n’est même pas une insulte, juste une vérité absolue. « Et il n’y a rien que tu puisses y faire », lance Curtis. Dans des circonstances « normales », ces deux-là ne se seraient pas parlé. Dans des circonstances exceptionnelles, ils auraient pu d’entre-tuer.

Sauf que tous deux courent (au sens propre) pour leur liberté, poursuivis par des policiers et leurs chiens. Et que la chaîne qui les relie par le poignet les oblige à courir ensemble, à se reposer ensemble, à affronter ensemble les danger, et à s’entraider plutôt que s’entre-tuer, parce que la survie de l’un dépend de celle de l’autre, tout simplement.

Le dispositif est habile, et la mise en scène est parfaite. Plutôt que de surjouer la haine et le rejet de l’autre, Stanley Kramer préfère filmer les doutes qui naissent dans le regard de l’un et de l’autre. Les interrogations que l’on devine aussi : au fond, pourquoi devrait-on se haïr ? Si les hommes ne se comprennent pas, c’est peut-être simplement parce qu’ils ne se parlent pas.

Dans le rôle du « Negro », qui d’autre que Sidney Poitier ? L’acteur allait devenir le symbole hollywoodien de la cause noire, et sa filmographie est parsemée de films (souvent excellents) dénonçant le racisme. Du coup, c’est plutôt Tony Curtis qui surprend. Loin de ses rôles de jeunes premiers, il est d’une intensité assez impressionnante, tout en laissant sourdre une émotion à fleur de peau.

En contrepoint de leur course en avant, le groupe de policiers est lui aussi joliment écrit, du flic va-t-en guerre joué par Charles McGraw au shérif débonnaire interprété par Theodore Bikel, deux personnalités qui disent beaucoup du rapport à l’autre souvent difficile. Dans ce road movie sans route, on croise d’ailleurs beaucoup d’êtres profondément seuls, de cet ancien bagnard que joue Lon Chaney Jr, à la mère de famille désespérément en manque d’amour (Cara Williams).

Finalement, la chaîne qui unit nos deux fuyards ressemble presque au symbole d’un nouveau départ, tourné vers l’autre. Au-delà du suspense très efficace, une belle leçon de vie.

LIVRE : La Fille derrière le rideau de douche (The Girl in Alfred Hitchcock’s shower) – de Robert Graysmith – 2010

Posté : 14 décembre, 2015 @ 12:49 dans COPPOLA Francis Ford, CURTIS Tony, HITCHCOCK Alfred, LIVRES | Pas de commentaires »

La Fille derrière le rideau de douche

Robert Graysmith s’est fait un nom avec deux livres-enquêtes consacrés au fameux tueur du Zodiac (qui a sévit dans l’Amérique des années 60 et 70), livres adaptés par David Fincher. Avec La Fille derrière le rideau de douche, l’auteur se lance dans une autre enquête, plus inattendue, et cherche à retracer le parcours de la jeune femme qui a doublé Janet Leigh pour la scène de la douche dans Psychose.

Elle s’appelle Marli Renfro, a totalement disparu de la circulation depuis des décennies, et Robert Graysmith avoue éprouver pour cette pin-up dont les courbes sont dans la mémoire de tous les cinéphiles (grâce à Hitchcock) une véritable fascination depuis son adolescence. Il affirme aussi avoir pensé à ce livre depuis des décennies…

Cette fascination est palpable, et contagieuse, à travers les 450 pages de ce livre-portrait qui fait revivre une période passionnante de libération sexuelle. Adepte du naturisme, beauté totalement décomplexée, modèle pour grands photographes et pour magasines de charmes, figure centrale et inconnue de l’une des séquences les plus célèbres de toute l’histoire du cinéma… Marli Renfro est un personnage effectivement assez fascinant, dont le parcours accompagne à la fois la disparition du vieux Las Vegas, l’âge d’or des magazines de charme, et la naissance du Nouvel Hollywood.

Robert Graysmith a en fait une double ambition : parallèlement au parcours de Marli Renfro, il raconte celui de Sonny Busch, sorte de double (bien réel celui-là) de Norman Bates, dont la fascination pour le film d’Hitchcock aurait libéré les pulsions meurtrières. Partant d’un malentendu colporté par la presse il y a quelques années (selon laquelle Marli Renfro aurait été assassinée par ce tueur, ce qui s’est révélé faux), l’auteur crée un faux suspense construit de toutes pièces autour de ces deux êtres dont les destins seraient irrémédiablement liés par le film d’Hitchcock. Une manipulation du lecteur qui convient mal à l’exercice de l’enquête.

Autre limite du livre : la propension de Graysmith à répéter à l’envi ses impressions, et à appuyer lourdement sur les messages qu’il veut faire passer (combien de fois répète-t-il que Marli est une femme totalement libérée et sans vanité ?). Comme s’il ne faisait confiance ni à l’intelligence du lecteur, ni même à sa propre écriture…

Dommage, parce que le parcours de la belle Marli est passionnant, et peuplé de belles (ou moins belles d’ailleurs) rencontres, de Hitchcock au jeune Coppola (avec qui elle tourne son premier film, Tonight for Sure) en passant par Tony Curtis ou Steve McQueen. Son parcours, au début de ces années 60, n’avait pas besoin de l’alibi du polar…

* La Fille derrière le rideau de douche, de Robert Graysmith, Le Livre de Poche.

Spartacus (id.) – de Stanley Kubrick (et Anthony Mann) – 1960

Posté : 14 août, 2015 @ 12:23 dans 1960-1969, CURTIS Tony, DOUGLAS Kirk, KUBRICK Stanley, MANN Anthony | Pas de commentaires »

Spartacus

Kubrick a décidément marqué tous les genres qu’il a abordés. Avec Spartacus (commencé par Anthony Mann, à qui on doit les premiers plans du film), c’est tout simplement l’un des plus beaux péplums du monde qu’il réalise. Pour ne pas dire LE plus beau. Superproduction et drame intime, le film est une merveille sur tous les plans. Si le film est si réussi, c’est parce que malgré l’ampleur des moyens et la beauté fulgurante des images, c’est le couple Jean Simmons-Kirk Douglas qui est au coeur de tout, incarnation superbe de tous les rêves brisés de ces esclaves.

« Did they hurt you? » murmure Spartacus le gladiateur à la belle esclave jouée par Jean Simmons avec laquelle il a noué une relation uniquement basée sur le regard, privés de tout autre contact. Et ce simple murmure, bouleversant, équivaut à la plus déchirante des déclarations d’amour. Cette histoire d’amour est, tout au long des trois heures du film, le fil conducteur, le moteur et l’âme de Spartacus, fresque grandiose dont les moyens immenses sont toujours au service des personnages.

La mise en scène de Kubrick est exceptionnelle. Parfois minimaliste, comme cette série de plans très simples dans les cellules qui souligne l’isolement extrême et cruel des gladiateurs. Avec, aussi, une utilisation très intelligente des ellipses, qui évitent l’accumulation de scènes de combats qui n’auraient rien apporté au propos. Mais même s’il ne se complaît pas dans l’étalage de ses moyens, Kubrick assume l’aspect superproduction de son film, avec de superbes plans de foule ou encore l’impressionnante marche des légions romaines lors de la grande bataille.

Sans jeu de mots pourri, les morceaux de bravoure sont légions. Les moments de calme en sont d’autant plus forts, comme cette parenthèse bouleversante durant laquelle le personnage de Tony Curtis dit un poème aux esclaves en fuite, sublime partage des beautés et des espoirs de la vie.

Le film trouve le parfait équilibre entre ces moments de pure beauté et les scènes d’action, durant lesquelles les acteurs donnent de leur personne. Y compris la star Kirk Douglas, dont on voit bien pendant l’évasion qu’il a lui-même fait ses cascades. Aussi formidable pour sa présence physique hors norme que pour le mélange de force et de douleur qu’il apporte à son personnage. L’un des plus beaux moments du film est son regard perdu lorsque le gladiateur joué par Woody Strode (magnifique dans un rôle quasi-muet) refuse de le tuer, signant par là-même son propre arrêt de mort.

Comme dans la plupart des grosses productions de l’époque, Kubrick a droit à une distribution très prestigieuses. Souvent un cadeau empoisonné, avec la difficulté que l’on imagine pour que chacun trouve sa place. Mais le cinéaste parvient à faire exister chacun d’entre eux, et de quelle manière. Laurence Olivier, Charles Laughton (monstrueux et terriblement humain), Peter Ustinov, John Gavin (inattendu en César), Charles McCraw, John McIntire… tous trouvent ici l’un de leurs meilleurs rôles.

Spartacus est un chef d’oeuvre comme le péplum en a peu connu. Le génie de Kubrick y est pour beaucoup, l’implication totale de l’acteur et producteur Kirk Douglas aussi. Quant au scénario, signé Dalton Trumbo, il est lui aussi exceptionnel, osant « infliger » au spectateur une ultime demi-heure d’une noirceur et d’un pessimisme déchirants.

Francis, le mulet qui parle (Francis) – de Arthur Lubin – 1950

Posté : 6 novembre, 2014 @ 2:06 dans 1950-1959, CURTIS Tony, FANTASTIQUE/SF, LUBIN Arthur | Pas de commentaires »

Francis le mulet qui parle

J’ai dû un peu trop abuser du whisky ce soir, mais il m’a semblé que le personnage principal de ce gros succès de 1950 était un mulet qui parlait (avec la voix de Chill Wills). Oui, en fait c’est même l’unique raison d’être de ce film, adaptation d’un best seller paraît-il, et véritable carton en salles au point d’avoir donné naissance à une interminable série de films : sept au total jusqu’en 1956, tous réalisés par Arthur Lubin et interprétés par Donald O’Connor, à l’exception du dernier, Francis in the Haunted House, signé Charles Lamont avec Mickey Rooney en tête d’affiche.

On est chez Universal, mais on pourrait être chez Disney : cette histoire d’une mule qui parle à un soldat en pleine guerre du Pacifique, lui confiant des secrets militaires qui lui permettent de devenir un héros… et de passer pour un fou, est fait pour amuser la famille. Le procédé, cela dit, est amusant cinq minutes. Pas désagréable, le film a tendance à se répéter, jouant jusqu’à plus soif sur les running-gags (le soldat dont chaque action de bravoure le conduit à l’asile).

Pas grand-chose à se mettre sous la dent, donc, si ce n’est quelques surprises du côté du casting : la prestation toute en dérision de l’excellent John McIntire en officier au bord de la crise de nerf face à un mulet récalcitrant, la participation dans un rôle sans grand relief hélas de Zasu Pitts, vedette du muet dont la prestation dans Les Rapaces reste inoubliable.

Mais le plus marquant peut-être, c’est l’apparition du jeune Tony Curtis, silhouette en uniforme dans deux petites scènes (et avec autant de répliques). C’est l’un des premiers petits rôles de celui qui n’allait pas tarder à devenir la star maison de Universal. Quelques années plus tard, dans un autre film de la série (Francis in the Navy), c’est un autre illustre inconnu qui allait jouer les faire-valoir en attendant de connaître la gloire : Clint Eastwood. A défaut d’être vraiment mémorable, ce mulet a un talent sûr pour dénicher les jeunes acteurs prometteurs…

• Le film a été édité en DVD chez Universal, sans le moindre bonus.

Le Voleur de Tanger (The Prince who was a thief) – de Rudolph Maté – 1951

Posté : 21 août, 2014 @ 1:47 dans 1950-1959, CURTIS Tony, MATÉ Rudolph | Pas de commentaires »

Le Voleur de Tanger

Tony Curtis, à la jeunesse insolente, virevolte et sautille autant qu’il le peut (et il le peut beaucoup) dans ce très joli film « d’aventures orientales », genre alors très en vogue et dont la Universal s’était fait une spécialité. Et dans la longue liste des films du genre produits par le studio cette décennie-là, celui-ci est une vraie merveille.

Aux commandes, Rudolph Maté donne un rythme fou à ce film léger et enthousiasmant, aux antipodes du film noir dont il a signé quelques perles (D.O.A. surtout). Respectant toutes les figures imposées du genre (la poursuite dans le souk, les murailles que l’on gravit, les danses orientales…), il construit tout son film autour de la personnalité et du dynamisme irrésistibles de Curtis et de celle qui allait devenir sa partenaire privilégiée (c’est leur premier film ensemble), Piper Laurie.

L’actrice est craquante en petite sauvageonne cracra et indomptable, dont la souplesse impressionnante donne lieu à quelques scènes de cambrioles très étonnantes. Le rôle de Curtis est plus convenu, mais il apporte la légèreté et le dynamisme qu’il faut à ce voleur au grand cœur qui s’élève face au roi tyrannique, voleur qui est en fait le prince héritier sauvé d’un assassinat par le plus grand voleur de Tanger, alors qu’il n’était qu’un bébé…

Puis il y a la musique romanesque à souhait de Hans Salter, et le Technicolor flamboyant merveilleusement utilisé par le chef opérateur Irving Glassberg. Ses images sont d’une grande beauté, en particulier les séquences nocturnes, où quelques discrets points de lumière chaude percent constamment la pénombre, créant une atmosphère envoûtante et pleine de mystère. Avec mêmes quelques passages joliment émouvants. Le plus beau plan du film ? La silhouette de Piper Laurie se découpant dans un beau clair-obscur alors que son prince disparaît. Simple, sobre, et magnifique.

• Un DVD sans bonus et à petit prix vient d’être édité chez Universal.

Le Cavalier au masque (The Purple Mask) – de Bruce Humberstone – 1955

Posté : 15 août, 2014 @ 3:03 dans 1950-1959, CURTIS Tony, HUMBERSTONE Bruce | Pas de commentaires »

Le Cavalier au masque

Une question me taraude : les spectateurs américains de 1955 trouvaient-ils normal que l’on entende des cris de singe dans une forêt française ? S’étonnaient-ils de voir Bonaparte traverser lui-même le pays, aller et retour, pour aller confier une mission à quelqu’un ? Bon… Le moins que l’on puisse dire, c’est que le film de Bruce Humberstone prend des libertés avec la vraisemblance, et que sa vision du folklore français paraît bien curieux.

Bruce Humberstone, c’est l’un des co-réalisateurs de Si j’avais un million (avec notamment Lubitsch), mais on lui doit aussi, et surtout plusieurs Charlie Chan dans les années 30 (avec Warner Oland), et des Tarzan dans les années 50 (avec Gordon Scott). Autant dire, pas vraiment un auteur, ni un grand formaliste. Il ne fallait donc pas s’attendre à un grand film d’aventures à la hauteur des grands classiques du genre, dont Tyrone Power ou Errol Flynn furent les plus grands interprètes.

Mais dans la longue lignée des ersatz de Zorro, celui-ci est plutôt très sympathique. Kitsch, mais sympathique. A condition quand même de se laisser amuser par la vision d’un Tony Curtis jouant les grandes précieuses dans le civil, et revêtant un costume et un masque pourpre (c’est dans le titre original) du plus bel effet… particulièrement discret pour une embuscade en pleine nature.

Le film respecte parfaitement le cahier des charges du genre : des duels, des chevauchées, une romance, et un arrière plan historique dont il vaut mieux ne pas connaître grand-chose, tant on est dans la caricature. Dans le rôle titre, Tony Curtis, la grande vedette Universal de l’époque, est charismatique, bondissant. Sans surprise, mais très à l’aise dans la comédie, comme dans les scènes d’action.

• Universal vient d’éditer le DVD du film dans sa collection « Universal Classics » à petit prix, sans bonus, et dans un format 4/3 bien loin du Cinemascope d’origine.

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