Certains l’aiment chaud (Some like it hot) – de Billy Wilder – 1959
Il y a comme ça des films tellement définitifs qu’on sait bien qu’on n’aura rien de plus à dire que tous les éloges qui lui ont été faits depuis des décennies. Some like it hot est donc un monument, et franchement je ne vois pas ce qu’on peut rajouter…
On pourrait à la rigueur souligner que le triomphe du film a en quelque sorte conditionné la fin de carrière de Billy Wilder. Lui qui alternait les genres d’un film à l’autre (ses trois films précédents : une épopée historique, une comédie romantique, et un film de procès) va désormais se concentrer sur la comédie (à de rares exceptions). Wilder sera désormais inséparable de Jack Lemmon (qui jouera dans six de ses dix derniers films), et surtout de son coscénariste I.A.L. Diamond.
Il y a dans ce film une liberté de ton exceptionnelle, un humour ravageur, une envie gourmande de rendre hommage aux films de gangsters, mais aussi une audace rare pour l’époque : filmer des hommes (dont Tony Curtis, grande star à l’époque) travestis en femme, aborder ainsi l’homosexualité… Quel autre film américain avait déjà osé ça auparavant ?
Curtis et Lemmon sont irrésistibles en « Daphne » et « Josephine », vraiment très drôles sans jamais être graveleux. Wilder trouve cet équilibre juste, constamment, entre le gag immédiat et une certaine élégance, qui franchit admirablement l’épreuve du temps. Voyez donc ce film avec de jeunes enfants, des ados et des adultes dans la même pièce : l’enthousiasme partagé est aussi flagrant que rare.
« Nobody’s perfect », l’interminable tango, Tony Curtis qui tente de garder son sang froid malgré ses lunettes embuées face à une Maryline Monroe sensuelle en diable (ou plutôt en ange, tant elle est d’une innocence désarmante)… Les moments cultes et inoubliables se succèdent, en même temps que les éclats de rire.
Mais Wilder réussit aussi à ancrer son film dans une vieille tradition de cinéma de genre, tirant de la naphtaline un George Raft comme sorti de Scarface. Cet aspect policier flirte constamment avec la parodie, mais Wilder crée de belles scènes noires et tendues, notamment dans la première partie.
Rythme imparable, trio d’acteurs au top, intelligence de la mise en scène… C’est culte, c’est drôle, c’est génial. Un chef-d’œuvre, oui.