Coup de fouet en retour (Backlash) – de John Sturges – 1956
Voilà un bien beau western, basé sur un superbe scénario, proche dans ses influences de la tragédie grecque : un « orphelin » confronté à son père… Ce face à face tient toutes ses promesses avec cette histoire d’un aventurier à la recherche de l’homme censé avoir laissé mourir son père. Cet homme, c’est Richard Widmark, dont la fausse assurance et la vraie fragilité font des merveilles dans ce rôle tout en ambiguïté.
Tout est mensonge dans ce film. Mais des mensonges que l’on se fait à soi-même pour se voiler la cruauté de la réalité. Le personnage de Widmark est totalement dans cette logique, homme solitaire qui passe à côté de la vie pour poursuivre des mirages, des fantômes. John Sturges joue joliment sur cet aspect, lors de la rencontre longtemps différée entre Widmark et John McIntire, sorte de rendez-vous manqué où le seul contact se fait par l’intermédiaire d’un miroir quasi-opaque, ou à travers une vitre brisée. Un moment absolument magnifique.
Il y a comme ça quelques moments de pure grâce dans ce western original et audacieux, pour sûr l’un des sommets de la filmographie de Sturges.
Un bémol quand même : le personnage de Donna Reed peine à convaincre. L’actrice représente l’argument charme de la production, rien de plus, rien de moins non plus. Mais Coup de fouet en retour est un film d’hommes : tous les personnages masculins sont passionnants. Celui de Widmark, forcément formidable en homme hanté par sa jeunesse volée, et confronté à la pire des vérités. Mais aussi celui du shérif sans envergure, mais tenu par son devoir. Ou encore celui de Barton McLane, intense.
John Sturges a signé un paquet de westerns mémorables. Celui-ci n’est pas le plus connu. C’est pourtant l’un des tout meilleurs.