Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie 'MARSHALL George'

Femme ou démon (Destry rides again) – de George Marshall – 1939

Posté : 18 décembre, 2018 @ 8:00 dans 1930-1939, DIETRICH Marlene, MARSHALL George, STEWART James, WESTERNS | Pas de commentaires »

Femme ou démon

1939, grande année pour le western qui sort de la torpeur dans laquelle il végétait depuis l’échec de The Big Trail, presque dix ans plus tôt. Stagecoach est le déclencheur et le symbole de cette renaissance. Il n’est pas le seul. Parmi les autres pépites westerniennes qui sont sorties de l’usine à rêve cette année-là, Destry rides again est un peu à part.

Alors que le genre affichait un certain sérieux, le film de George Marshall se permet des digressions humoristiques. Sur un fond sombre et même franchement noir, d’accord, mais quand même : le ton adopté par le réalisateur apparente souvent le film à une comédie. Ce qu’il n’est pas tout à fait.

Quand même : la première apparition de James Stewart (après vingt minutes de film) est totalement irrésistible, et annonce la couleur. Ce personnage là, le premier de Stewart dans l’univers du western, dont il deviendra l’une des grandes figures quelques années plus tard, n’a strictement rien à voir avec ceux qu’il interprétera dans les années 50. Ou avec la figure traditionnelle du héros de western, d’ailleurs.

L’homme, attendu comme le messie (vengeur) pour remettre de l’ordre dans une ville livrée à la violence et à la corruption, apparaît une ombrelle à la main, une cage à oiseaux dans l’autre… et sans arme à la ceinture. Une apparition irrésistible, d’autant plus qu’elle contraste avec les postures de dur de Jack Carson, toujours impec en grande gueule un peu ridicule.

L’homme, donc, refuse de porter une arme, mais ce n’est pas sa plus grande singularité. Ce qui marque surtout, c’est son assurance bonhomme, cette manière qu’il a de systématiquement désamorcer la violence qui ne demande qu’à exploser, en acceptant d’être le fruit des moqueries. Une ode à la non-violence ce type, qui gagne le respect de tous en prenant à peu près le contre-pied systématique de tous les durs de western qui l’ont précédé ou qui le suivront dans l’histoire du genre.

Le film est très réussi : George Marshall a rarement été aussi inspiré qu’ici, avec une mise en scène pleine de rythme et d’emphase, et de superbes mouvements d’appareil qui mettent particulièrement valeur les décors de la ville, dans lesquels chacun des habitants semble avoir un rôle à jouer. Mais malgré toutes ses (nombreuses) qualités, le film ne serait pas le même, sans doute pas aussi mémorable, sans James Stewart.

L’acteur, pourtant, n’est qu’un choix de replis : le film avait d’abord été proposé à Gary Cooper, qui l’a refusé semble-t-il parce qu’il n’était pas assez payé. Tant mieux : Stewart, acteur génial de comédie, réinvente littéralement la notion de héros de film d’action, avec ce mélange unique de candeur, d’amusement, de dureté et de tragique.

Et non, je n’oublie pas Marlene Dietrich, merveilleuse en garce sans morale qui s’humanise peu à peu au contact de cet ovni de James Stewart. Pour elle aussi, c’est une première incursion dans le genre. Et comme Stewart, le film lui offre une belle occasion de jouer sur des registres différents, entre la comédie (avec une bagarre homérique entre deux femmes dans un saloon), le drame… et la chanson bien sûr.

Le film est marqué par plusieurs chansons de la belle, non pas comme des intermèdes, mais comme autant de façons de recentrer l’action et ses enjeux. Là aussi, la mise en scène de Marshall est parfaite, et évite cette sensation souvent gênante selon laquelle les morceaux musicaux seraient des scènes à part. Pas de ça ici : tout est d’une remarquable fluidité, jusqu’à la montée en puissance finale, où l’humour est reléguée pour de bon aux arrières-plans.

Et quel final : une horde de femmes qui mettent brutalement fin au grand affrontement entre les gentils et les méchants, et qui investissent soudain le saloon, lieu de débauche. A vrai dire, c’est l’écran tout en entier qu’elles semblent occuper, dévorer même. Une scène à peu près unique en son genre, qui confirme à sa manière le sort que le film réserve à la violence en général : ce parti-pris très fort selon lequel les morts les plus violentes ne sont pas montrées. Un western à part, je vous dis…

La Vallée de la poudre (The Sheepman) – de George Marshall – 1958

Posté : 1 mai, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, MARSHALL George, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Vallée de la poudre

Étrange d’écrire ça à propos d’un réalisateur qui a dirigé Laurel et Hardy ou W.C. Fields, mais la légèreté ne convient pas vraiment à George Marshall. Dans ce western en tout cas, auquel il essaye vainement de donner un rythme de comédie.

L’idée est belle, et Glenn Ford fait des efforts bien louables pour donner du peps à son personnage, renouvelant ainsi la figure de l’étranger qui débarque dans une ville qui lui est hostile. Pour faire sa place, lui estime que la meilleure solution est de s’en prendre aux plus costauds des environs, histoire que tout le monde sache qu’il n’est pas question de lui faire peur.

Cela donne une première séquence originale, mais jamais complètement crédible. Ford fait ce qu’il peut, et le fait plutôt très bien, avec un vrai dynamisme. Mais la mise en scène de Marshall peine à suivre le mouvement. Et puis en dehors du personnage principal, les seconds rôles sont tout de même très archétypaux.

Ce qui l’est moins, tout de même, c’est l’idée centrale du scénario. Si le héros débarque en faisant le coup de poing, c’est pour habituer la ville à ce qu’il leur amène : un troupeau de moutons dans un pays où le bovin est roi, et où l’ovin est vu comme un animal nuisible qui ruine les pâturages et pollue les cours d’eau.

Pour le reste, on est en terrain connu : deux anciens partenaires (Glenn Ford et Leslie Nielsen) s’affrontent, et se disputent une jolie jeune femme (Shirley MacLaine, dont le caractère sauvage est rapidement dompté par le scénario).

Formellement, c’est plutôt réussi, si ce n’est la propension malheureuse de Marshall à user et abuser de transparences assez laides qui cassent le rythme. Surtout, le film échoue à trouver son équilibre entre comédie et drame, et c’est dans l’action que Marshall se montre le plus à l’aise. C’est d’ailleurs dans la dernière partie, lorsqu’il laisse l’humour de côté, qu’il est le plus percutant, jusqu’à un final original et parfaitement tendu.

Le Sang de la Terre (Tap Roots) – de George Marshall – 1948

Posté : 19 février, 2016 @ 8:00 dans 1940-1949, BOND Ward, MARSHALL George, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Sang de la terre

Évacuons tout de suite la comparaison incontournable pour toute grande production évoquant l’irruption de la guerre de Sécession dans un grand domaine du Sud : oui, Le Sang de la Terre lorgne du côté de Autant en emporte le vent, non seulement pour son décor, mais aussi pour son couple vedette, une héritière au caractère bien trempé et un séducteur un rien cynique…

Voilà pour la comparaison. Mais ce beau western romanesque et spectaculaire vaut bien plus qu’un sous-quoi que ce soit. Ne serait-ce que pour son sujet, original et passionnant : dans le Sud sur le point de faire sécession, une vallée riche et paisible décide à son tour de faire sécession de l’état sécessionniste dont elle refuse d’épouser la cause et surtout la posture belliqueuse.

Plutôt rare de faire de ses héros des hommes et des femmes qui désirent plus que tout rester en dehors de l’histoire en marche. A vrai dire, le film ne va pas tout à fait au bout de ce sujet fort, restant surtout très évasif à propos de la condition des noirs qui travaillent dans cette vallée, et n’évoquant que subrepticement la question de l’esclavagisme.

Pourtant, la guerre civile prend un visage plus absurde que jamais avec cette vallée idyllique qui finit par voler en éclat à force de vouloir rester à l’écart, la lutte fratricide se résumant même à un affrontement totalement personnel et intime. Belle idée, qui trouve son épilogue lors d’une bataille d’une grande intensité au coeur des marais, superbe scène intense et tragique.

George Marshall n’est ni Raoul Walsh, ni Anthony Mann, mais il « fait le job » très efficacement, avec un sens du rythme parfait, et en réussissant toutes les grandes scènes clés du film. Souvent avec sobriété, comme lorsque le personnage de Van Heflin affronte du regard, sans un mot, la foule venue le lyncher. Ou lors de l’accident de cheval qui paralyse Susan Hayward, accident que l’on ne voit tout simplement pas.

Quant au casting, il est aussi improbable qu’impeccable, entre Van Heflin (dont la voix profonde donne une intensité rare à la moindre de ses répliques) et Susan Hayward (un rôle en or pour cette belle actrice mésestimée), entre Ward Bond (formidable en patriarche) et Boris Karloff (étonnant dans l’un de ses rares rôles totalement positifs), sans oublier l’incontournable Arthur Shields, une nouvelle fois en pasteur.

Bref, que du bon dans ce western épique et dramatique, qui offre un regard original sur les ravages de la guerre et l’impossible neutralité…

La Conquête de l’Ouest (How the West was won) – de Henry Hathaway, John Ford et George Marshall (et Richard Thorpe) – 1962

Posté : 19 mars, 2013 @ 6:48 dans 1960-1969, FORD John, HATHAWAY Henry, MARSHALL George, STEWART James, THORPE Richard, WAYNE John, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Conquête de l’Ouest (How the West was won) – de Henry Hathaway, John Ford et George Marshall (et Richard Thorpe) – 1962 dans 1960-1969 la-conquete-de-louest

La démesure est le mot qui définit le mieux ce western hors norme, expérience à peu près unique dans l’histoire du cinéma. Près de trois heures de métrage, un écran qui n’en finit plus de s’élargir (le film est tourné en Cinérama, un procédé qui a fait long feu, qui implique l’utilisation de trois caméras simultanément, et la projection sur trois écran, plongeant ainsi le spectateur au cœur de l’action), des tas de stars parfois réduites à des apparitions (John Wayne, James Stewart, Henry Fonda, Gregory Peck et beaucoup, beaucoup d’autres), et même trois grands réalisateurs : Ford, Hathaway et Marshall.

L’ambition, surtout, est de réunir dans un même film toutes les grandes figures du western. A travers le destin d’une famille de pionniers, c’est toute la conquête de l’Ouest qui est racontée : plus de trente ans d’épopée à travers trois générations de cette famille Prescott : Agnes Moorehead, Karl Malden et leurs descendants.

Le long voyage des colons, les guerres indiennes, la guerre civile, la construction du chemin de fer, l’arrivée de la loi dans l’Ouest encore sauvage… Le film est une suite de cinq épisodes inégaux et à peu près indépendants (la famille Prescott sert de fil conducteur) auxquels il manque sans doute un peu plus de cohérence. Mais à travers ces destins hors normes, c’est toute l’histoire américaine du XIXème siècle que le film retrace, rien moins.

Hathaway signe la majeure partie du film : trois des cinq épisodes qui ouvrent et ferment le film, lui donnant ses bases et son rythme. Ford, lui, signe le plus court, et visuellement le plus impressionnant : celui consacré à la guerre civile, dont on ne voit pas grand-chose, si ce n’est les conséquences sur les hommes. Pas de scène de bataille, dans cette parenthèse très sombre, mais deux dialogues en parallèle, au soir de la bataille de Shiloh, l’une des plus meurtrières de toute cette guerre : le général Sherman (Wayne) qui réconforte le général Grant, et deux soldats de base, l’un Nordiste l’autre Sudiste, qui partagent la même horreur des combats. C’est là que figure le plus beau moment du film : le jeune Nordiste (George Peppard) boit de l’eau dans la rivière, lui trouve un goût étrange, et réalise qu’elle est rouge du sang des centaines de morts…

Quant à l’épisode consacré au chemin de fer (signé Marshall), il est le plus spectaculaire, utilisant merveilleusement le Cinerama dans une séquence de fusillade sur le train lancé à pleine vitesse. Impressionnant, comme cette hallucinante cavalcade de centaines de bisons qui dévastent tout sur leur passage, ne laissant derrière eux que morts et ruines.

Pourtant, malgré sa démesure et ces quelques morceaux de bravoure, cette énorme production laisse un sentiment nostalgique et cruel. Ce qui marque dans cette épopée de l’Ouest américain, ce sont les sacrifices humains, et le poids du temps qui passe. Les hommes meurent, laissant les femmes passer le témoin à leur place. Les générations passent, et c’est avec ces morts que la société avance, pour le meilleur ou pour le pire.

Pas de grand héroïsme ici. Même les plus braves (comme le personnage de James Stewart), qui accomplissent les actions les plus nobles, meurent seuls. Le film, qui se veut une ode à l’esprit d’entreprise des pionniers américains, porte clairement la marque de vieux briscards qui ne se font plus guère d’illusion sur la vie et leur place dans le monde…

Le Dahlia Bleu (The Blue Dahlia) – de George Mashall – 1946

Posté : 28 janvier, 2013 @ 4:14 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, LAKE Veronica, MARSHALL George | Pas de commentaires »

Le Dahlia Bleu (The Blue Dahlia) – de George Mashall – 1946 dans * Films noirs (1935-1959) le-dahlia-bleu

Le Dahlia bleu est resté dans l’histoire pour avoir donné son surnom à Elisabeth Short, victime d’un meurtre resté irrésolu à Los Angeles, que les journalistes ont vite fait d’appeler le « dahlia noir », alors que le film de Marshall venait de faire un tabac.

Mais on aurait tort de réduire ce film à un fait divers qui inspirera à James Ellroy l’un de ses meilleurs livres (dont la suite, L.A. Condidential, rendra hommage à Veronica Lake, justement héroïne de ce Dahlia bleu… vous suivez ?). Ce film noir post-deuxième guerre mondiale, relativement méconnu aujourd’hui, est une véritable merveille, réalisée par un George Marshall très inspiré et parsemé d’éclats de génie (la séquence du guet-apens…), et surtout basé sur un scénario absolument magnifique signé Raymond Chandler, excusez du peu.

Doit-on attribuer la réussite du film au réalisateur ou au scénariste ? Sans doute aux deux, mais aussi à tous les talents associés au film, du chef op qui signe des séquences nocturnes de toute beauté, au producteur qui a reforme le couple Veronica Lake / Alan Ladd… Il y a une alchimie entre ces deux-là qui relève du miracle. En poignée de scènes seulement, et grâce aussi à des dialogues merveilleux, tout en sous-entendues et en non-dits, le couple marque le film de son empreinte.

L’une des grandes idées de Chandler est d’avoir clairement installé son histoire dans l’Amérique de l’immédiat après-guerre. Un trio d’amis ayant servi dans la même unité est de retour à L.A. après une longue absence. Rien ni personne ne les attend, pas plus l’avocat (Hugh Beaumont) qui retrouve sa piaule minable, que la brute au grand cœur jouée par le génial William Bendix, victime de migraines insupportables depuis qu’il s’est pris un éclat d’obus derrière l’oreille.

Quant à Johnny, Alan Ladd, il retrouve sa femme qui s’est fait beaucoup d’amis depuis son départ… et la mort de leur enfant. Pas de pathos dans ce film noir sec et viril. Pourtant, la séquence où Johnny apprend la vérité sur la mort de son fils est bouleversante, avec un Alan Ladd impressionnant en bloc de fureur et de douleur contenues.
La femme ne tarde pas à être assassinée, et bien sûr c’est Johnny que tout le monde accuse. Johnny qui prend la fuite et rencontre la belle Veronica Lake, dont il ne sait pas qu’elle est la femme de l’amant de feu son épouse. Les rebondissements, d’ailleurs, n’ont pas grand intérêt.

Marshall s’amuse à nous balloter dans une incertitude constante : qui a tué ? et pourquoi ? Mais surtout, il filme (et bien) des personnages exceptionnellement bien dessinés. Car à côté de Ladd, Lake et Bendix, les stars du film, le moindre second rôle est passionnant. Du flic raide et désabusé, au détective de l’hôtel, maître chanteur pathétique qui se rêve en flic ; du mari de Veronica Lake au passé trouble, au patron d’un hôtel miteux et interlope ; du G.I. bagarreur qui apparaît dans une courte scène au début du film, au bras droit du Dahlia Bleu qui prend le temps de faire un bain de pied alors qu’il vient d’enlever le héros… Tous interprétés par d’excellents acteurs à qui le film laisse le temps d’exister.

Il y a bien un minuscule ventre mou, au milieu du film, où le rythme s’essouffle un peu. Mais la première demi-heure est absolument exceptionnelle, modèle cinématographie, intelligent et percutant. Et puis la fin est elle aussi géniale et inattendue. Du grand, du très grand film noir.

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr